Les Snowbirds des forces armées sont une équipe de voltige militaire. Ils s’appellent officiellement le 431e Escadron de démonstration aérienne. Depuis 1971, l’équipe a fait des performances à travers l’Amérique du Nord, devant des millions de personnes. Les Snowbirds ont été reconnus comme l’une des meilleures équipes de voltige en formation au monde, et de vols solos avec croisement à séparation minimale entre les avions.
Histoire
L’héritage des Snowbirds fait partie d’une riche tradition canadienne de spectacles aériens qui commence au début du 20e siècle. Les Canadiens ont une fascination pour les avions depuis que J.A.D. McCurdy a piloté son Silver Dart dans le ciel de Baddeck en Nouvelle-Écosse le 23 février 1909. Les premiers engins plus lourds que l’air, construits en toile et en bois, stimulent l’imagination. Très vite, des pilotes américains et canadiens de voltige foraine emballent le public avec leurs exploits audacieux, vols à basse altitude, boucles, vrilles, et éventuellement les vols renversés. Ces cirques aériens deviennent les points forts des étés canadiens, et se transforment au fil des décennies en une impressionnante industrie du spectacle aérien. En tant qu’événements pour les spectateurs nord-américains, les spectacles aériens arrivent au deuxième rang tout de suite après le base-ball de la ligue nationale.
La première démonstration connue d’une formation aérienne au Canada remonte à l’Exposition nationale canadienne (ENC) de Toronto, en 1919. L’équipe est dirigée par l’as de chasse le plus décoré de l’aviation du Canada pendant la Première Guerre mondiale, le lieutenant-colonel William G. Barker, CV, DSO, MC. Avec trois autres vétérans de la guerre aérienne, ils effectuent des performances quotidiennes à l’ENC, à bord d’un Fokker D. VII, un avion « trophée de guerre. » En 1929, la première équipe officielle de voltige aérienne, les Siskins, est formée à la base de Borden, en Ontario. C’est seulement cinq ans après la création de l’aviation royale canadienne, le 1er avril 1924. Les Siskins se produisent pendant quatre saisons. En 1931, ils participent au Trans Canada Air Pageant, où des milliers de Canadiens à travers le pays peuvent voir leur force aérienne en action, plusieurs d’entre eux pour la première fois.
Les Siskins sont suivis par une variété d’équipes à travers le Canada, en plus de la 1re Division aérienne de l’ARC en Europe, en 1953. On trouve parmi les équipes les Blue Devils, les Easy Aces, les Prairie Pacific, les Sky Lancers, les Grey Ghosts (la Marine royale canadienne) et les Red Knights.
Les Golden Hawks de l’Aviation royale canadienne
Si les Snowbirds doivent leur héritage à une seule équipe, c’est aux Golden Hawks de l’ARC. Les Hawks sont formés en 1959 pour célébrer le 35e anniversaire de l’ARC et le 50e anniversaire des avions à moteur au Canada. L’équipe effectue 317 spectacles aériens en cinq ans avant d’être dissoute le 7 février 1964, en raison de coupes budgétaires. Cependant, ils génèrent beaucoup de publicité et de bonne volonté partout en Amérique du Nord, et leur popularité est la cause directe de la formation d’une nouvelle équipe en 1967 appelée « Golden Centennaires », qui participe à la célébration du centenaire du Canada.
Les Golden Centennaires
Les Centennaires forment une équipe de huitavions à réaction Canadair CT-114 Tutor, qui servent à l’entraînement, et est complétée par deux biplans Avro-504K d’époque, un duo de chasseurs supersoniques comprenant le Starfighter CF-104 de Canadair et le Voodoo CF-101 de McDonnell, ainsi que le célèbre Red Knigh (un Silver Star T-33 de Canadair peint en rouge). À la fin de l’année du Centenaire, l’équipe a établi un record de vols de spectacles aériens en une seule saison, après avoir effectué cent spectacles publics au Canada et huit autres aux États-Unis. Sa tournée canadienne dure 184 jours entre les mois de mai et d’octobre 1967, et elle débute et se termine à l’Expo 67, ayant couvert près de trois millions de kilomètres, et ayant été vue par plus de quatre millions de Canadiens. (Voir aussi Célébrations du Centenaire du Canada, 1967.)
Fondation des Snowbirds
Malgré la dissolution des Centennaires à la fin de 1967, de nombreuses personnes croient que les Canadiens désirent une équipe militaire de voltige permanente. Parmi ces personnes se trouve le commandant d’escadrille O.B. Philp, DFC, commandant de la BFC Moose Jaw en Saskatchewan, la plus grande base d’entraînement de vol du Canada, et le foyer de toute la flotte de Tutors de l’Armée de l’air. En 1971, il met sur pied une équipe non officielle de « formation » de sept avions, utilisant l’avion blanc Tutor. Les pilotes sont tous des instructeurs expérimentés sélectionnés parmi les volontaires de deux des Écoles de pilotage des Forces canadiennes.
Le 11 juillet 1971 se déroule à Moose Jaw le plus important spectacle aérien d’un jour en Amérique du Nord. Le spectacle est surnommé le « Saskatchewan Homecoming Airshow », et son attraction principale est une équipe appelée, pour la première fois, les Snowbirds (l’équipe prend ce nom à la suite d’un concours organisé pour les enfants de l’école primaire locale). L’équipe se produit ensuite au spectacle aérien d’Abbotsford et à l’exposition nationale canadienne (ENC) de Toronto, et reçoit des critiques positives, inaugurant ainsi une ère nouvelle pour la voltige militaire canadienne.
Le combat pour la survie
Malgré la rapidité du succès et de la renommée des Snowbirds, l’équipe doit constamment lutter pour obtenir du financement dans le budget serré des Forces armées. Il devient rapidement évident, par contre, que l’équipe est un outil de relations publiques important et efficace pour les Forces armées canadiennes. Les Snowbirds offrent des démonstrations de voltige professionnelles et divertissantes, des séances d’autographes après les représentations, des visites dans les écoles et les hôpitaux et ils participent également à tout un large éventail d’activités sociales avec le public. À mesure que la réputation de l’équipe grandit, les demandes pour leurs démonstrations augmentent également.
L’équipe poursuit ses activités d’année en année avec un budget très serré jusqu’en septembre 1977, lorsque les Snowbirds atteignent un certain niveau de permanence et qu’ils sont enfin désignés comme l’équipe de démonstration aérienne des Forces canadiennes. Ensuite, le 1er avril 1978, les Snowbirds accomplissent ce qu’aucun de leurs prédécesseurs n’a réussi à accomplir et ils atteignent le statut d’escadron complet et sont nommés 431eEscadron de démonstration aérienne. En octobre 1999, le 431e Escadron reçoit son drapeau de la Reine, dénotant 25 années de service actif, d’abord en tant qu’escadron de bombardiers de la Deuxième Guerre mondiale, puis en tant qu’équipe de démonstration des Sabres F-86, très brièvement, en 1954, et enfin en tant que Snowbirds.
L’équipe des Snowbirds
L’équipe est composée d’environ 80 personnes, dont 11 pilotes, techniciens et personnel de soutien. De ce nombre, 24 personnes forment l’équipe de spectacles. Ces personnes sont toutes des membres des forces armées qui ont postulé pour faire partie de l’équipe. Les techniciens sont choisis méticuleusement en fonction de leurs compétences et de leur expérience, et les pilotes doivent passer une série de tests de vol rigoureux. L’équipe continue de piloter les appareils d’entraînement Tutor CT-114 de Canadair, bien que cet avion ait été retiré de l’entraînement de base de l’armée de l’air à la fin de 1999, après 35 ans.
Chaque saison, un tiers de l’équipe des Snowbirds change afin de maintenir un niveau uniforme d’expertise d’année en année. Les pilotes sont invités à participer aux vols de sélection chaque automne, à Moose Jaw, et trois pilotes sont sélectionnés pour occuper les postes de pilotage vacants au sein de l’équipe. La durée de service de chaque pilote est de trois ans. Le chef d’équipe des Snowbirds est sélectionné séparément parmi les pilotes qui ont précédemment effectué une tournée et qui ont atteint le grade de major. Le personnel d’entretien peut rester avec l’équipe pendant plusieurs années. Cette équipe au sein de l’équipe maintient les 11 avions de l’escadron en parfait état de vol.
La saison d’entraînement commence immédiatement après la fin des sélections à la fin du mois de novembre, et elle se termine à la mi-avril lorsque l’entraînement final a lieu à Comox, en Colombie-Britannique. Au total, chacun des 9 pilotes de démonstration aura participé à plus de 120 sorties d’entraînement à la fin de la formation. Lorsque la saison des spectacles commence, c’est une routine ininterrompue de déplacements, de pratiques et de spectacles pendant six mois, partout en Amérique du Nord.
Spectacle des Snowbirds
Le spectacle des Snowbirds évolue au fil des années. Il est désormais considéré comme l’un des plus excitants spectacles au monde dans son genre. En 1971, l’équipe pilote sept avions qui ne font que des manœuvres non acrobatiques. L’année suivante, deux avions solos sont ajoutés à l’équipe et effectuent des acrobaties aériennes frontales. L’autre année suivante, l’équipe a l’autorisation d’exécuter des manœuvres acrobatiques et en 1974, elle adopte les couleurs rouge, blanc et bleu qui la distinguent encore aujourd’hui. Cette équipe est aussi la première au monde à chorégraphier son spectacle en musique.
Le spectacle est différent chaque année et n’a d’autre limite que l’imagination des pilotes et un critère primordial: toutes les manœuvres doivent être sécuritaires pour les pilotes et les spectateurs. Aujourd’hui, un spectacle des Snowbirds comprend une série complexe de manœuvres acrobatiques en formations, et des fractionnements entrecoupés par des acrobaties de précision exécutées à basse altitude par les deux pilotes solos, le tout marqué par les traînées de fumée qui permettent aux spectateurs de suivre les motifs complexes.
Ces démonstrations exigent un niveau de concentration extraordinaire de la part de chaque pilote qui utilise une coordination main, œil et pied pour maintenir sa position relative à quelques pieds de l’avion qui se trouve à côté de lui. En formation, les jets volent à environ 1,2 mètre (4 pieds) de distance les uns des autres, à des vitesses qui varient entre 200 et 600km à l’heure. Les avions solos sont à approximativement dix mètres de distance lorsqu’ils se croisent en passes frontales. Les pilotes de formation endurent jusqu’à 5 G de pression durant la démonstration. C’est l’équivalent d’une force exercée sur leur corps qui vaut cinq fois leur propre poids corporel. Les deux pilotes solos peuvent ressentir jusqu’à 7 G de force durant leur routine.
La fierté du Canada
En 2020, on estime que les Snowbirds ont effectué plus de 2700 spectacles aériens officiels devant des millions de spectateurs au cours de leur existence. Au fil des ans, ils se sont produits à chaque événement majeur ayant lieu au Canada, incluant les Jeux olympiques, les Jeux du Commonwealth, la Coupe Grey, l’Expo 86, et les célébrations de la fête nationale du Canada, chaque année à Ottawa. Ils ont également fait partie de tous les spectacles aériens importants en Amérique du Nord.Accidents et décès
Bien que les Snowbirds soient déterminés à assurer la sécurité des membres de l’équipe ainsi que des spectateurs, l’escadron a été impliqué dans plusieurs accidents. La nature même de la voltige et du vol en formation comporte de sérieux risques. Depuis 1971, sept pilotes et deux passagers sont décédés lors de vols d’entraînement ou de performance: Captain Lloyd Waterer (1972), Captain Gordon de Jong (1978), Captain Shane Antaya (1989), Captain Michael VandenBos (1998), Captain Miles Selby (2004), Captain Shawn McCaughey (2007), Captain Bryan Mitchell et le photographe militaire Sergeant Charles Senecal (2008), et l’officière des affaires publiques Captain Jennifer Casey (2020). En 1988, Captain Wes Mackay est décédé des suites d’un accident de la route, après une performance.