Société Radio-Canada - Enregistrements
Société Radio-Canada - Enregistrements. C'est en 1945 que la SRC réalise à Montréal ses premiers enregistrements d'oeuvres musicales à des fins de radiodiffusion à l'étranger et au Canada. Cette activité donne naissance en 1947 au Service de transcriptions musicales du Service international de la SRC (rebaptisé Radio Canada International en 1972), dont les numéros de disques sont précédés du sigle RCI. En 1966, la Division des services anglais institue un programme analogue, mais destiné exclusivement aux stations de la SRC et à ses stations affiliées. Les disques de musique « sérieuse » sont numérotés et portent le signe CBC-SM (« serious music ») et ceux de musique légère, le signe CBC-LM (« light music »).
Étiquette RCI
Avant 1945, il existe bien peu de musique de compositeurs canadiens sur disques et le nombre des interprètes canadiens, quoique bien plus considérable, n'est pas représentatif. C'est pourquoi le Service international de la SRC, peu de temps après sa création en 1945 pour être « la voix du Canada à l'étranger » et dont l'une des attributions consiste à être « le reflet constant à l'étranger de la culture canadienne », décide de corriger cette lacune tout en se limitant aux exigences de son mandat.
En mars 1945, sous l'impulsion de son directeur des programmes, Gérard Arthur, et du chef d'orchestre Jean-Marie Beaudet, il réalise un Album canadien no 1 de quatre 78 tours comprenant la Suite canadienne de Champagne et le Concerto pour piano et orchestre de Willan. L'orchestre de la SRC à Montréal est dirigé par Beaudet. La Cantoria et la pianiste Agnes Butcher participent aussi à cet enregistrement. Ce premier album suscite un vif intérêt chez les organismes de radiodiffusion à l'étranger et dans les missions diplomatiques du Canada. Un Album canadien no 2 (oeuvres de Coulthard, MacMillan, Tanguay et Weinzweig) avec l'Orchestre symphonique de Toronto dirigé par MacMillan et l'orchestre de la SRC dirigé par Beaudet paraît en 1946, suivi d'un Album canadien no 3 (œuvres de Brott et Tanguay avec l'orchestre de la SRC de nouveau dirigé par Beaudet).
Ces albums sont à l'origine de la création en 1947 d'un Service de transcriptions musicales dont Patricia Fitzgerald assume la direction jusqu'en 1952. Roy Royal lui succède jusqu'en 1959, puis Gérard Poupart prend la relève. Au milieu des années 1960, le service est peu à peu intégré à la Division générale des émissions enregistrées du Service international de la SRC et les chefs de la production sont successivement Hugh Davidson, Gilles Potvin, Edward Farrant et Gilbert Lemieux, avec Monique Grenier et Mark Goldman comme réalisateurs.
En 1955, environ 100 disques de format 40 cm sont réalisés avec les meilleurs solistes et ensembles canadiens; ils comprennent un vaste répertoire d'oeuvres de compositeurs canadiens. En 1956, on adopte le microsillon de 30 cm et, plus tard, l'enregistrement stéréophonique et numérique, puis le disque compact. En 1990, le catalogue compte plus de 650 disques sur lesquels se trouvent près de deux siècles de création musicale au Canada, depuis l'opéra-comique Colas et Colinette de Joseph Quesnel (1790) jusqu'aux oeuvres les plus récentes de la production d'aujourd'hui. La liste des compositeurs est un véritable « who's who » de la musique canadienne et comprend au total plusieurs milliers de titres. La liste des interprètes est aussi exhaustive et comprend tous les grands orchestres (dont l'Orchestre métropolitain), ensembles divers (par exemple, les York Winds) et solistes tels que Pierrette Alarie, Louise Bessette, Jean Carignan, Corey Cerovsek, Lise Daoust, Angèle Dubeau, Maureen Forrester, Glenn Gould, Angela Hewitt, Frances James, Chantal Juillet, Jacques Labrecque, André Laplante, Louis Lortie, Philippe Magnan, Gisèle Mackenzie, Lois Marshall, Jamie Parker, Oscar Peterson, Léopold Simoneau et Pauline Vaillancourt.
La politique de RCI consiste à distribuer gratuitement ces disques aux organismes de radiodiffusion du monde entier qui en font la demande ainsi qu'aux stations de la SRC et aux missions diplomatiques du Canada. Des enregistrements sont aussi disponibles pour les conservatoires, écoles de musique de niveau supérieur et bibliothèques. Pour répondre à une demande constante du public qui souhaite faire l'acquisition de ces enregistrements, RCI inaugure en 1967 une série de coproductions avec le concours d'étiquettes commerciales comme RCA (BMG Music Canada Inc), Capitol, London, Select, Deutsche Grammophon, Madrigal et Harmonia Mundi de France. D'ambitieuses collections et des disques détachés paraissent ainsi comme Musique et musiciens du Canada (1967, 17 micr.), Chansons folkloriques du Canada (1967, 9 micr.), JMC 20 (1969, 10 micr.) ainsi que l'Intégrale François Couperin avec le claveciniste Kenneth Gilbert (1970-1971, 16 micr.). Afin de présenter de façon rationnelle un fonds accumulé depuis 35 ans, RCI lance en 1978 l'Anthologie de la musique canadienne, vaste entreprise qui regroupe en un coffret les oeuvres d'un même compositeur.
Outre les transcriptions, qui ont un caractère permanent et peuvent être radiodiffusées en tout temps, on procède à partir de 1960 à l'enregistrement de relais dont l'aspect physique est identique aux transcriptions, mais dont l'utilisation sur les ondes est sujette à une date d'expiration. Ces relais permettent de donner une dimension internationale à des émissions musicales présentées aux réseaux nationaux de la SRC ainsi qu'à des manifestations d'envergure se déroulant au Canada, comme la Conférence internationale des compositeurs tenue à Stratford (Ontario) en 1960, diffusée dans 52 pays, le Concours international de musique de Montréal et les principaux concerts présentés dans le cadre d'Expo 67, sans compter certaines manifestations exceptionnelles se déroulant lors de festivals canadiens à Vancouver, Stratford, Montréal et Ottawa. En 1991, après les restrictions budgétaires, RCI se retire du secteur de la musique enregistrée.
Étiquettes CBC-SM et CBC-LM
L'utilisation considérable de disques commerciaux étrangers sur les stations de la SRC en raison de la pauvreté du catalogue de solistes et d'ensembles canadiens incite la Division des services anglais de la SRC à inaugurer en 1966, à l'initiative de John Peter Lee Roberts, un programme d'enregistrements phonographiques, aussi connus sous le nom d'enregistrements de diffusion, dédié exclusivement à des interprètes canadiens sans toutefois mettre l'accent sur la musique canadienne. Cette entreprise vise du même coup à augmenter le contenu canadien des émissions radiophoniques afin de satisfaire à la réglementation du CRTC. Deux séries numérotées sont lancées : CBC-SM (« serious music ») et CBC-LM (« light music »).
Les 40 premiers disques de la série SM sont réalisés en collaboration avec le Service international de la SRC. En 1980, au moment où ce projet, coordonné par Dirk Keetbaas, est interrompu, le catalogue CBC-SM comprend plus de 350 disques, en majorité des œuvres du répertoire courant confiées aux grands orchestres canadiens comme l'Orchestre symphonique de Toronto, l'Orchestre symphonique de Vancouver, l'Orchestre symphonique de Winnipeg, l'Orchestre symphonique d'Edmonton, l'Orchestre philharmonique de Hamilton, l'Orchestre du Centre national des arts, ainsi qu'à de nombreux petits ensembles comme les quatuors à cordes Orford, Purcell et Vaghy, le Choeur Mendelssohn de Toronto et les Festival Singers, sans compter des solistes comme Robert Aitken, le duo Bouchard-Morisset, Marek Jablonski et Jon Vickers. Encore une fois, il s'agit d'un véritable « who's who » et les meilleurs interprètes canadiens y sont représentés.
En 1980, la Division des services anglais de la SRC lance sur le marché quatre microsillons d'une nouvelle série, SM 5000, confiée à des orchestres canadiens. Cette série a surtout comme but de mettre en valeur les interprètes et les ensembles. En 1982, la SRC lance un catalogue consacré à sa production de microsillons mettant en vedette les premiers enregistrements numériques d'oeuvres du répertoire.
Quant à la série CBC-LM, elle regroupe les grands noms de la musique légère, du jazz et de la musique pop au Canada. Les 40 premiers disques sont aussi réalisés en collaboration avec le Service international de la SRC. À partir de 1968, certains enregistrements sont réalisés en coproduction et paraissent sur des étiquettes commerciales comme RCA, Capitol, London, Kanata, Apex, Nimbus 9, Columbia (Sony), Dominion, Select, Kilmarnock et Warner Bros. En 1970, on abandonne le microsillon de 30 cm au profit du 45 tours, mais on revient au 30 cm en 1974. Parmi les solistes et ensembles figurant au catalogue des CBC-LM, on note entre autres Tommy Ambrose, Peter Appleyard, Guido Basso, Salome Bey, le Boss Brass, Neil Chotem, Sonny Greenwich, Juliette, Moe Koffman, Ann Mortifee, Pacific Salt, The Travelers, les orchestres de Johnny Burt, Trump Davidson, Johnny Holmes, Milan Kymlicka et Vic Vogel. En 1980, le catalogue LM compte plus de 450 disques, mais la série est interrompue par la suite.
Entreprises Radio-Canada
Fondées en 1982 dans le but de commercialiser les disques produits par la SRC, les entreprises Radio-Canada connaissent un certain succès sur le marché canadien et même sur le marché international. Misant sur la vogue de l'enregistrement numérique, de la cassette et du disque compact, elles s'imposent par de prestigieuses séries, comme celle consacrée à des oeuvres de Bach et d'Haendel, dont on célèbre le tricentenaire de la naissance en 1985. La série SM 5000 passe aux Entreprises et on y ajoute la série Musica Viva. En un temps relativement court, on met sur le marché une collection des plus variée, remarquable par la qualité du répertoire et de l'enregistrement. Parallèlement, la série Jazzimage révèle des talents comme Lorraine Desmarais. Malheureusement, des compressions radicales du budget de la SRC en 1991 ne permettent pas le développement du répertoire et des exécutions pourtant d'excellente qualité.
Il est permis d'affirmer que les enregistrements de la SRC, tant ceux de la collection RCI que ceux des collections CBC-SM, LM et SM 5000, contribuent largement à enrichir les discothèques des organismes de radiodiffusion au Canada et dans le monde entier ainsi que celles des particuliers. Les meilleurs interprètes et ensembles de même qu'un vaste choix de compositions canadiennes sont ainsi en mesure de retenir l'attention d'un public considérable. En 1991, à la suite du retrait des Entreprises et de RCI du domaine de l'enregistrement, des disques compacts des séries SM 5000 et Musica Viva continuent de paraître sous l'étiquette Disques SRC.
Présence en ligne
En 2005, Disques SRC s'associe avec Alexander Street Press du Royaume-Uni et des États-Unis pour rendre possible l'accès à son catalogue d'environ 400 titres, par diffusion en flux audio, par l'entremise de la bibliothèque en ligne de musique classique d'Alexander Street. Une entente semblable avec Independent Online Distribution Alliance (IODA) du Royaume-Uni et des États-Unis permet la distribution de ses enregistrements à l'extérieur du Canada.
En 2009, la section musique du site web de la Boutique Radio-Canada offre plus de 100 enregistrements (CD individuels, coffrets et DVD, parus pour la plupart dans les années 1990 ou 2000) recoupant une variété de catégories : musique de chambre et instrumentistes, jazz, orchestres et ensembles, pop, émissions de radio, musique traditionnelle, enregistrements parlés, musique vocale et chorale et musique du monde. Parmi les interprètes classiques canadiens, on trouve les sopranos Isabel Bayrakdarian, Measha Brueggergosman et Karina Gauvin; les ténors Ben Heppner et Michael Schade; le violoniste James Ehnes (qui remporte un Grammy 2008 pour son enregistrement des concertos de Barber, Korngold et Walton); la violoncelliste Shauna Rolston; les pianistes Glenn Gould et Anton Kuerti; l'Orchestre baroque Tafelmusik, le Chœur de chambre Tafelmusik, Studio de Musique Ancienne, le Toronto Children's Chorus et les Elmer Iseler Singers. Plusieurs enregistrements sont consacrés au violoniste, altiste et chef d'orchestre israélien Pinchas Zukerman (de la période où il est directeur musical de l'Orchestre du Centre national des arts, à partir de 1998). On y trouve aussi la musique d'autres compositeurs et auteurs canadiens, tels que François Dompierre , John Estacio, André Gagnon, Christos Hatzis, Marjan Mozetich, Colin McPhee, Michel Rivard, Gilles Vigneault et Ruth Watson Henderson.
À la boutique Radio-Canada, on trouve aussi des interprètes de musique traditionnelle, de folk et de jazz, entre autres l'ensemble Le Vent du Nord, le violoneux Don Messer, les musiciens de jazz Laila Biali, Guido Basso, Mike Murley et le Don Thompson Quartet. D'autres enregistrements mettent en vedette l'animateur de radio et de télévision Claude Rajotte et sa musique « pop alternative », de la musique de films et d'émissions de télévision, de la musique pour enfants, de la musique de Noël non traditionnelle, the African Guitar Summit (des guitaristes canadiens d'origine africaine), de la Musique du Monde et des prestations de l'artiste d'origine brésilienne Celso Machado.
Bibliographie
John ARDOIN, « CBC Chronicle », Musical America, LXXXII (juill. 1962).
Karl D. RENNER, « Le Service international de Radio-Canada et la musique », CompCan, 3 (oct. 1965).
« A playable feast », Time (13 janv. 1967).
Howard KLEIN, « You can stay home and still hear the music of Canada », New York Times (7 mai 1967).
Patricia ASHLEY, « Music and musicians of Canada », Saturday R (29 avr. 1967).
Gilles POTVIN, « 180 ans de musique canadienne », ScM, 244 (nov.-déc. 1968).
Ted FARRANT, « RCI fait connaître la musique canadienne à l'étranger depuis 1945 », ScM, 284 (juill.-août 1975).
Claude GINGRAS, « Des classiques made in Canada », L'Actualité (mars 1981).
Gilles POTVIN, « Radio Canada International: the voice of Canada after forty years », Hello Out There!, CanMus Documents no 2 (Toronto 1988).
Aspects de la musique au Canada.
Music in Canada.
« Review of records. »