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Spiritisme

En même temps qu'une philosophie religieuse, le spiritisme est un mouvement ayant des liens épistémologiques avec des traditions plus anciennes. Certains adeptes se réunissent pour former des Églises, alors que d'autres, dont les convictions sont identiques ou semblables, ne se regroupent pas.

Spiritisme

En même temps qu'une philosophie religieuse, le spiritisme est un mouvement ayant des liens épistémologiques avec des traditions plus anciennes. Certains adeptes se réunissent pour former des Églises, alors que d'autres, dont les convictions sont identiques ou semblables, ne se regroupent pas. Les adeptes affirment pouvoir prouver, en communiquant avec les esprits des morts, la réalité de la survie personnelle après la mort corporelle. On trouve dans ce mouvement un certain nombre de phénomènes que les anthropologues observent dans diverses autres sociétés, notamment la possession volontaire par les esprits, la communication avec les esprits, les moyens de guérison non biomédicale, la divination et la prophétie. Malgré certaines ressemblances avec le chamanisme traditionnel, les médiums ne répondent pas aux caractères qui définissent les CHAMANS, avec qui il ne faut pas les confondre.

Historique

Le spiritisme moderne prend la forme d'une religion au XIXe siècle dans le contexte d'un vaste réveil spirituel et mystique inspiré par des influences comme des formes antérieures de mysticisme, par les écrits d'Emanuel Swedenborg et les croyances des autochtones d'Amérique du Nord. Les travaux de F.A. Mesmer, médecin autrichien du XVIIIe siècle, font connaître les états hypnotiques et la clairvoyance. Au milieu du XIXe siècle, Andrew Jackson Davis et Phineas P. Quimby contribuent particulièrement au développement du spiritisme et d'autres mouvements spirituels. La THÉOSOPHIE exerce une importante influence de fond sur l'évolution ultérieure du spiritisme.

On attribue l'origine du mouvement spirite du XIXe siècle à deux soeurs, Margaret et Kate Fox (alias Margaretta et Catherine ou Kate), de Hydesville (New York, États-Unis). Elles commencent à communiquer avec l'esprit d'un colporteur au moyen de cognements sonores le 31 mars 1848, mais les sources ne s'entendent pas sur leur âge respectif à cette date : l'une aurait de 10 à 15 ans, et l'autre, de 7 à 12 ans. La famille habite auparavant dans la région de Belleville (Canada-Ouest), mais s'établit à Hydesville en décembre 1847. Une soeur plus âgée, Leah (Fish, Brown, puis Underhill, car elle se marie trois fois), qui manifeste également des talents de médium, vit à Rochester (New York, États-Unis). Margaret et Kate vont habiter chez elle peu après le début des cognements sonores. La publicité qui entoure les communications des soeurs Fox avec les esprits au moyen de ces cognements suscite un vaste intérêt pour le spiritisme, qui se répand rapidement et qu'on peut considérer comme déjà établi au Canada en 1850. Une soeur aînée de Margaret et de Kate, Elizabeth Ousterhout, est demeurée au Canada-Ouest, à Consecon, près de Belleville. Kate et sa mère, probablement accompagnées de Margaret, lui rendent visite en 1854 et 1855, suscitant encore plus d'intérêt pour le spiritisme aux alentours de Consecon et de Bloomfield. Pendant son séjour, Kate rencontre la femme de lettres canadienne Susanna MOODIE, qui est vivement impressionnée par ses dons de clairvoyance.

Les principaux centres des activités spirites sont Montréal, Toronto, London, Ottawa, St. Catharines et Bloomfield. La propagation du spiritisme aux États-Unis pendant les années 1850 est phénoménale, et le mouvement atteint probablement la Colombie-Britannique par cette voie avant 1870. Il est introduit en Grande-Bretagne en 1852 et se répand sur tout le continent.

Au début, les spirites se regroupent en associations et en sociétés de recherche, mais ils commencent à former des Églises pendant la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui, les deux grandes associations auxquelles certaines Églises sont affiliées sont l'Église spiritualiste du Canada et l'International Spiritualist Alliance. Toutefois, la plupart des Églises demeurent indépendantes. Walter Meyer zu Erpen établit l'existence de 47 Églises ou groupes dans 6 provinces du Canada en 1994 : il y en a 11 en Colombie-Britannique, 3 en Alberta, 2 au Manitoba, 25 en Ontario, 4 au Québec et 1 en Nouvelle-Écosse.

Au Canada, c'est l'Ontario qui compte le plus grand nombre de spirites, suivi de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, du Manitoba et du Québec, mais le nombre de personnes qui se déclarent spirites est toujours minime. Il y en a 616 selon le recensement canadien de 1901. Ce nombre passe à 2263 en 1931, ce qui est peut-être attribuable en partie au taux de mortalité élevé pendant la Première Guerre mondiale et à la GRIPPE pandémique de 1918-1919. Le nombre diminue de nouveau, passant à 1214 en 1941. Les spirites ne constituent plus une catégorie distincte jusqu'en 1981, leur nombre est alors de 1940. Il faut cependant noter que le recensement de 1991 fait état de 3735 spirites. Depuis quelques années, des adeptes du mouvement mystique et du nouvel âge (voir NOUVEAUX MOUVEMENTS RELIGIEUX) s'adonnent au spiritisme, participant souvent à des séances et surtout à des cercles de développement, ce qui aide les spirites à atteindre un nombre record au Canada selon les chiffres connus. En novembre 1995, la l'Église spiritualiste du Gateway Centre ouvre sur le World Wide Web une page d'accueil qui donne des renseignements sur les croyances et les Églises. Cette innovation contribuera peut-être à un regain d'intérêt encore plus grand pour le spiritisme dans l'avenir.

Plusieurs personnalités importantes sont spirites ou manifestent beaucoup d'intérêt pour le spiritisme tout en gardant leur appartenance religieuse traditionnelle. Deux des plus connus sont sir Arthur Conan Doyle et le premier ministre canadien Mackenzie KING.

Croyances

Le spiritisme cherche surtout à faire la preuve de la survie de la personne après la mort, c'est pourquoi il met l'accent sur le contact avec les esprits des personnes décédées. Les spirites ne sont pas des diseurs de bonne aventure. La propagation du mouvement spirite se fait très simplement : pour former un groupe, il suffit d'une personne ayant des dons de médiumnité. Au début, le spiritisme insiste sur les « preuves » physiques de communication avec les esprits, comme les coups frappés par ceux-ci sur les tables, la matérialisation des esprits, la lévitation et d'autres phénomènes dont l'origine est attribuée au monde spirituel. Il semble que ces manifestations se produisent parfois dans les séances modernes, mais elles ne sont pas aussi importantes de nos jours. La communication avec les esprits par l'entremise de la médiumnité mentale tient maintenant une plus grande place.

La plupart des spirites canadiens adhèrent à sept principes, dont celui de la paternité de Dieu (qui n'est pas une personne, mais l'esprit créateur universel) et la permanence de l'âme humaine (certains spirites croient en la réincarnation, d'autres non). Ces principes sont le fondement de deux grandes hypothèses : celle de la survie de la personnalité individuelle (ou esprit) après la mort et celle qui veut que les habitants du monde des esprits se soucient des vivants et peuvent communiquer avec eux. L'objectif du spiritisme est de vérifier ces deux hypothèses au lieu de se contenter de croire qu'elles sont vraies. Les spirites croient que cette vérification se réalise dans la communication des esprits avec les vivants par l'entremise des médiums.

Les communications du monde des esprits prennent diverses formes, notamment celle de messages personnels contenant des informations qui démontrent et confirment la survivance d'un être cher, et qui permettent ainsi de vérifier la survie personnelle après la mort. Les spirites croient que chacun a au moins un guide spirituel qui l'accompagne pour l'aider, le protéger et l'instruire. Les guides sont les esprits des défunts. Ils peuvent s'identifier par le nom qu'ils portaient de leur vivant, mais ils se présentent souvent de façon symbolique, comme un chimiste, un médecin, un enfant joyeux ou un maître de sagesse et parlent un langage stéréotypé correspondant à leur personnage.

La guérison spirituelle est de plus en plus importante chez les spirites. Elle diffère de la guérison par la prière en ce que celle-ci se produit généralement dans les églises, qu'elle est réalisée par l'entremise des ministres du culte, qu'elle exige normalement la foi de la part du malade et qu'elle est, semble-t-il, souvent instantanée. En revanche, la guérison spirituelle n'exige pas que le malade ait la foi et produit rarement des guérisons instantanées.

Les guérisseurs croient que les esprits agissent par leur entremise pour envoyer de l'énergie au malade, ils ne sont donc que des instruments par lesquels les esprits agissent.