Stanley Vollant, C.M., C.Q., chirurgien, professeur et conférencier innu (né le 2 avril 1965 à Québec, au Québec). Il est le premier Autochtone diplômé en chirurgie au Québec. En 1996, il reçoit le prix du Programme national des modèles autochtones du gouverneur général du Canada. En 2010, il entreprend l’Innu Meshkenu, une marche de 6000 km, pour promouvoir les enseignements des Premières Nations et encourager les jeunes Autochtones à poursuivre leurs rêves. En 2016, il fonde l’organisme à but non lucratif Puamun Meshkenu dans le but d’inspirer les peuples autochtones et d’appuyer leur santé mentale et physique.
Jeunesse
Né à la crèche Saint-Vincent de Paul à Québec, Stanley Vollant est adopté à l’âge de trois jours par ses grands-parents maternels. Il grandit auprès de ses grands-parents, oncles et tantes dans la communauté de Pessamit, un village autochtone de la Côte-Nord, au Québec. Il est élevé en langue innue. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.) Son grand-père, Xavier, est un trappeur et lui transmet sa passion pour le grand air et la forêt. Pour Stanley Vollant et ses amis d’enfance, la nature est un vaste terrain de jeux.
L’éducation est une valeur primordiale aux yeux de Xavier Vollant. Il fait comprendre à son petit-fils, qu’il considère comme son propre fils, toute l’importance de recevoir une éducation formelle. Dès son premier jour d’école, Stanley Vollant est immergé dans une langue qu’il ne maîtrise pas : le français. Quand il est en maternelle, sa classe reçoit la visite de Max Gros-Louis , chef de la communauté huronne-wendate de Wendake (alors appelé Huronie). Ce dernier insiste auprès des enfants sur l’importance d’étudier et de « revenir un jour dans la communauté pour aider son père, sa mère, ses frères et sœurs ». Cette rencontre marque profondément le jeune Stanley Vollant. Dès lors, il souhaite lui aussi contribuer plus tard au bien-être de sa communauté. (Voir aussi Éducation des Autochtones au Canada.)
Éducation
D’abord intéressé par le métier d’archéologue, puis par celui d’ingénieur, Stanley Vollant poursuit ses études secondaires à l’Institut Saint-Louis de France de Loretteville (aujourd’hui un des quartiers de la ville de Québec). Il y est souvent victime de racisme, mais les moqueries des jeunes le poussent plutôt à l’excellence tout en renforçant sa capacité de résilience. À 15 ans, il brille dans les activités sportives et découvre la course à pied, une discipline dans laquelle il remporte plusieurs médailles. Après le secondaire, il s’inscrit au Cégep de Limoilou de Québec dans un programme préparatoire aux études en génie à l’École polytechnique de l’Université de Montréal.
Toutefois, en juillet 1983, un incident le fait dévier de son chemin. Pendant qu’il est de passage dans son village, un homme ivre l’aborde et le félicite pour son projet d’étudier la médecine. Ne voulant pas le contrarier, Stanley Vollant acquiesce, mais ces propos, comme s’ils étaient prophétiques, l’amènent à réfléchir à son avenir. Le lendemain, en dépit de sa phobie du sang, il décide de devenir médecin. Inspiré par le don de guérisseuse de sa grand-mère et les encouragements de sa communauté, il s’acharne à obtenir d’excellents résultats scolaires. Il est finalement accepté la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, où il obtient un doctorat en médecine en 1989. En 1994, il termine sa résidence en chirurgie générale.
Premier Autochtone diplômé en chirurgie au Québec
Dr Vollant travaille d’abord en tant que chirurgien général au Centre hospitalier régional de Baie-Comeau, au Québec. Très vite, il s’y taille une réputation grâce à ses compétences et à ses idées novatrices en chirurgie, notamment par son approche de la laparoscopie (une technique qui consiste à introduire un télescope chirurgical et d’autres instruments chirurgicaux dans la paroi abdominale à partir de petites incisions ombilicales).
En 1996, Dr Volant reçoit le prix du Programme national des modèles autochtones de Roméo LeBlanc, gouverneur général du Canada. Cet honneur lui est décerné officiellement en présence de la reine Elizabeth II.
Pendant deux ans, il prononce des conférences dans une quarantaine d’écoles du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. Nommé administrateur de l’Association médicale du Québec (AMQ) en 1998, il en est le secrétaire, puis le trésorier, et il en devient le président en 2001; il occupe ce poste jusqu’en 2005. Dr Vollant est le premier Autochtone à être à la tête d’une association médicale en Amérique du Nord. Il s’engage à défendre la qualité de vie des médecins de la province ainsi qu’à obtenir un plus grand nombre de places dans les facultés de médecine pour les minorités culturelles.
Dr Vollant travaille en 2003 au Centre de santé et de services sociaux de Chicoutimi, puis il s’installe à Ottawa , où il est chirurgien généraliste à l’hôpital Montfort (seul hôpital d’enseignement francophone en Ontario) tout en étant responsable du Programme autochtone créé en 2005 à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.
La marche Innu Meshkenu : « mon chemin innu »
Si tout semble aller pour le mieux dans sa vie professionnelle, le jeune chirurgien est confronté à de grandes souffrances personnelles. À la suite de deux ruptures conjugales et devant l’impossibilité de voir ses enfants autant qu’il le souhaite, Stanley Vollant plonge dans une dépression qui le mène au bord du suicide. Malgré sa santé mentale fragile, il se rend par affaires en Nouvelle-Zélande et il y renoue avec l’énergie de la Terre en courant sur les crêtes d’un volcan. Cette expérience lui donne envie d’entreprendre un pèlerinage sur le chemin de Compostelle en Espagne.
Stanley Vollant entreprend donc en avril 2008 son pèlerinage espagnol. C’est aux abords de la ville d’Astoria, au bout de deux semaines mouvementées, qu’il fait un rêve prophétique dans lequel son grand-père Xavier lui demande d’entamer une marche qui rassemblera les différentes communautés autochtones. Ayant trouvé sa propre voie spirituelle, Stanley Vollant souhaite léguer aux jeunes Autochtones l’espoir d’une vie florissante, leur transmettre le goût de la réussite scolaire et leur permettre, si possible, de découvrir leur véritable vocation. C’est pourquoi, en 2010, il commence l’Innu Meshkenu, une marche de quelque 6000 km, pour encourager la réconciliation et la compréhension mutuelle entre les peuples autochtones et allochtones du Canada.
Divisée en étapes, la marche traverse le territoire du Labrador et du Québec et se poursuit jusqu’en Ontario. Le trajet, qui emprunte le plus souvent possible des sentiers traditionnels, inspire beaucoup de gens à suivre Stanley Vollant. Les marcheurs, bravant les éléments, transportent leur tente et leur nourriture et, l’hiver, tirent leur traîneau personnel dans un geste symbolique qui rappelle le courage et les efforts de leurs ancêtres.
De 2010 à 2017, Stanley Vollant s’arrête dans les écoles pour donner des conférences aux jeunes Autochtones et les questionner sur leurs rêves. Il rencontre aussi des aînés et insiste sur l’importance de leur savoir ancestral. Ce partage intergénérationnel, notamment en ce qui a trait à la médecine traditionnelle, contribue à la conservation et à la transmission du patrimoine culturel des Premières Nations.
En plus de sa marche de 6000 km, Dr Vollant s’investit dans les camps Carrières Santé et les mini-écoles de médecine. Il coordonne aussi le Programme des Premières Nations à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Puamun Meshkenu : « le chemin des mille rêves »
En 2016, Stanley Vollant fonde l’organisme à but non lucratif Puamun Meshkenu (« le chemin des mille rêves »). Sa mission est de soutenir et d’inspirer les peuples autochtones dans leurs quêtes de santé mentale, spirituelle et physique.
La même année, le documentaire Stanley Vollant – De Compostelle à Kuujjuaq rencontre un beau succès et se voit couronné du prix Télébec pour le meilleur court ou moyen métrage lors du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT).
Distinctions et récompenses
- Prix du Programme national des modèles autochtones, gouverneur général du Canada (1996)
- Personnalité de la semaine La Presse (2001)
- Personnalité de l’année, catégorie Courage, humanisme et accomplissement personnel, La Presse (2001)
- Lauréat d’un des Prix nationaux d’excellence décernés aux Autochtones (2004)
- Prix Médecin de cœur et d’action, Association des médecins de langue française du Canada et L’actualité médicale (2004)
- Parmi les « Quarante médecins qui ont fait l’histoire », L’actualité médicale (2010)
- Prix de l’Association de prévention du suicide des Premières Nations et Inuits du Québec et du Labrador (2010)
- Prix Médecine, culture et société, Faculté de médecine de l’Université de Montréal (2012)
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)
- Prix Prestige de l’Association médicale du Québec (2013)
- Chevalier de l’Ordre national du Québec (2014)
- Prix Hommage bénévolat-Québec (2016)
- Médaille du lieutenant-gouverneur pour mérite exceptionnel (2017)
- Membre de L'Ordre du Canada (2022)