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Sam Steele

Sir Samuel Benfiled Steele, C.B., KCMG, policier à cheval et militaire (né le 5 janvier 1848 à Medonte, au Canada-Ouest; décédé le 30 janvier 1919 à Londres, en Angleterre). En tant que membre de la Police à cheval du Nord-Ouest, Sam Steele a joué un rôle important en ce qui a trait à la signature du Traité no 6 et du Traité no 7, à la construction du Chemin de fer du Canadien Pacifique, à la rébellion du Nord-Ouest et à la ruée vers l’or du Klondike. Il a commencé sa carrière militaire à titre de soldat durant l’expédition de la rivière Rouge. Il a également été officier commandant du Lord Strathcona’s Horse pendant la guerre des Boers et a participé, comme major-général, à la Première Guerre mondiale.

Sir Samuel Benfield Steele
Homme doté d'une force physique et d'une endurance colossales, Steele s'arrange pour se trouver au coeur de l'action (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-28146).

Enfance et éducation

Sam Steele est le premier enfant né du deuxième mariage de son père Elmes Steele, un officier naval et politicien. Sa mère, Anne Maclan Macdonald, meurt quand il a neuf ans; il est donc élevé par son demi-frère aîné, John Steele. Il va à l’école à Orillia, au Canada-Ouest.

Sam Steele rêve d’être soldat dès le plus jeune âge. Adolescent, il s’enrôle dans le bataillon de milice de sa région, avant d’intégrer le 1er Bataillon (de l’Ontario) de l’expédition de la rivière Rouge en 1870. Le bataillon est envoyé à la colonie de la rivière Rouge en prévision de la cession du territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson au Canada la même année (voir Terre de Rupert). Sous les ordres du colonel Garnet Wolseley se trouvent quelque 400 soldats réguliers britanniques et 800 hommes de milice du Québec et de l’Ontario. Même si le gouvernement tente de donner l’impression qu’il ne s’agit pas d’une expédition punitive contre le gouvernement provisoire du chef métis Louis Riel, certains miliciens s’engagent dans le but de venger l’exécution de Thomas Scott (voir Rébellion de la rivière Rouge).

L’expédition s’établit à Upper Fort Garry, et Sam Steele est promu au rang de caporal. Il vit dans la colonie de la rivière Rouge jusqu’au démantèlement de son bataillon en 1871. À son retour en Ontario après un an de service, il joint la milice de l’École d’artillerie de Kingston.

Police à cheval du Nord-Ouest

Lorsque la Police à cheval du Nord-Ouest (P.C.N.-O.) est créée par le gouvernement canadien en 1873, Sam Steele en devient l’un des premiers gendarmes du personnel (un grade plus tard renommé sergent-major de troupe). Il obtient ses premières fonctions importantes en 1876 et en 1877, années où il conclut des ententes en vue de la négociation du Traité n6 et du Traité n7 (voir aussi Traités numérotés).

Promu sous-inspecteur en 1878, Sam Steele reçoit le commandement de la Division B à fort Qu’Appelle en 1880. Lorsque la construction de la section des Prairies du Chemin de fer du Canadien Pacifique (CFCP) commence en 1882, il est chargé de maintenir l’ordre au sein des ouvriers.

Rébellion du Nord-Ouest

Lorsque la rébellion du Nord-Ouest commence en mars 1885, Sam Steele se trouve dans le col Rogers, s’étant déplacé vers l’ouest au gré de l’avancement des rails. Il est toutefois rappelé à Calgary, où on lui donne la responsabilité d’organiser et de commander le contingent de reconnaissance de la force de campagne du major-général T.B. Strange, en Alberta. Les troupes de Sam Steele font bonne figure, ce qui lui vaut d’être promu surintendant après la rébellion.

LE SAVIEZ-VOUS?
La bataille de Steele Narrows, le 3 juin 1885, est le théâtre des derniers coups de feu tirés lors de la rébellion du Nord-Ouest. Souvent appelée la bataille de Loon Lake, il s’agit d’une escarmouche mineure entre environ 65 hommes commandés par Sam Steele et les Cris des bois et des plaines qui battent en retraite après la bataille de Frenchman Butte. Au moins quatre Cris sont tués, dont l’éminent chef cri des bois Seekaskootch (Bras Coupé).


En 1887, Sam Steele reçoit l’ordre d’emmener la Division D dans le sud-est de la Colombie-Britannique, où le gouvernement provincial a si mal géré ses relations avec la nation Ktunaxa (Kootenay) qu’un conflit violent risque d’éclater. Les troupes de Sam Steele construisent Fort Steele sur la rivière Kootenay, et il résout la situation grâce à sa patiente diplomatie avec le chef Isadore. À l’été 1888, la division retourne à Fort Macleod, le plus grand quartier général extérieur de la P.C.N.-O. à Regina, que Sam Steele commande pendant la décennie suivante.

Ruée vers l’or du Klondike

Les grandes découvertes d’or au Yukon en 1896 prennent le gouvernement canadien complètement au dépourvu (voir Ruée vers l’or du Klondike). Les critiques virulentes de la presse internationale à l’égard de la situation chaotique dans cette région mènent à la nomination de Sam Steele à la tête d’un important contingent de 250 membres de la P.C.N.-O. dans ce territoire. Se rendant à Skagway, en Alaska, en janvier 1898, Sam Steele organise des postes de douane sur les cols Chilkoot et White et instaure des règlements obligeant les nouveaux mineurs à apporter suffisamment de nourriture pour prévenir la famine.

Après s’être installé à Dawson City en été, Sam Steele est nommé membre du Conseil territorial ainsi que commissaire aux permis et président du conseil de santé de Dawson. Il introduit rapidement des règlements pour nettoyer la ville, ce qui permet de maîtriser une épidémie de typhoïde. Sam Steele s’arrange pour que la police prenne en charge la délivrance des permis d’exploitation minière et la perception des redevances, des processus qui aux dires des mineurs sont corrompus. Conscient de la futilité d’interdire la consommation d’alcool, le jeu et la prostitution, il la réglemente, imposant des heures de fermeture strictes aux bars, y compris toute la journée le dimanche.

Si la plupart des citoyens de Dawson voient les changements d’un bon œil, ce n’est pas le cas des membres du Conseil territorial qui ont jusqu’ici bénéficié du laxisme et de la corruption en place. Usant de leur influence à Ottawa, ils s’arrangent pour que Sam Steele soit accusé d’avoir critiqué publiquement le gouvernement à Ottawa. En septembre 1899, on lui ordonne abruptement d’abandonner son commandement et de retourner dans le sud du Canada sur le premier navire disponible. À son arrivée à Ottawa, il prend congé de la P.C.N.-O.

Guerre des Boers

Cette année-là, la guerre éclate en Afrique du Sud entre les républiques britannique et boer du Transvaal et de l’État libre d’Orange (voir Le Canada et la guerre d’Afrique du Sud). À la fin de 1899, le gouvernement canadien cède aux pressions du public et accepte d’envoyer un soutien militaire aux Britanniques. En décembre, Sam Steele est nommé commandant en second du 1er Bataillon canadien de fusiliers à cheval, une unité en recrutement dans l’Ouest canadien.

Avant que le bataillon ne soit prêt à partir pour l’Afrique du Sud, le haut-commissaire du Canada en Angleterre, lord Strathcona, offre de recruter et d’équiper un bataillon à cheval semblable. Sam Steele se fait offrir le commandement du Lord Strathcona’s Horse, et en mars 1900, la nouvelle unité part pour l’Afrique.

À l’arrivée de l’unité, les Boers sont chassés de Bloemfontein, la capitale de l’État libre d’Orange, mais ne capitulent pas. Des guerriers boers très mobiles, soutenus par la population rurale, utilisent les vastes espaces du Transvaal et de l’État libre d’Orange pour échapper à l’armée britannique. Sous la direction agressive de Sam Steele, les Strathconas deviennent l’un des bataillons les plus performants à ce stade de la guerre, ce qui impressionne grandement le commandant en chef, lord Kitchener.

En Afrique du Sud, Sam Steele attire l’attention du major-général Baden-Powell, qui est en train de mettre sur pied une force de police semi-militaire appelée la force constabulaire sud-africaine. Sam Steele prend les commandes de l’une des quatre divisions de cette force, dont le mandat est de couvrir la région autour du centre minier aurifère de Johannesburg et de Pretoria, la capitale du Transvaal. Il occupe ce poste jusqu’en 1906 et rentre au Canada en 1907.

Après avoir été commandant du district militaire no 13 à Calgary pendant quelques mois, il déménage à Winnipeg pour diriger le district militaire no 10, beaucoup plus vaste. Ce mandat consiste principalement à constituer et à former des unités de milice.

Première Guerre mondiale

Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, Sam Steele a 66 ans et envisage de prendre sa retraite, mais son expérience et sa réputation sont trop précieuses pour être ignorées. Lorsqu’il devient évident que la guerre ne se terminera pas avant Noël, il est promu au grade de major-général et reçoit le commandement de la 2e Division canadienne, même si le secrétaire d’État britannique à la guerre, lord Kitchener, prévient le ministre canadien de la Milice et de la Défense, Sam Hughes, que Sam Steele est trop vieux pour un commandement actif. Sam Hughes promet donc à Sam Steele de le nommer commandant de l’immense base d’entraînement canadienne à Shorncliffe, si lord Kitchener ne change pas d’avis.

Lorsque Sam Steele arrive en Angleterre, il constate que Sam Hughes a déjà nommé un autre homme à ce poste. Lord Kitchener résout cette embarrassante situation en nommant Sam Steele au poste de commandant du district sud-est de l’armée britannique, qui comprend Shorncliffe.

Sam Steele est fait chevalier (KCMG) en janvier 1918 et prend officiellement sa retraite de l’armée en juillet. À ce moment-là, il est gravement atteint par le diabète et sa santé se détériore progressivement jusqu’à sa mort, le 30 janvier 1919.

Vie familiale et personnelle

En 1889, Sam Steele rencontre Marie Elizabeth de Lotbinière Harwood, une résidente de Vaudreuil, au Québec, alors qu’elle rend visite à sa tante à Fort Macleod. Ils tombent immédiatement amoureux et se marient le 15 janvier 1890. En 1891 naît leur premier enfant, Mary Charlotte Flora Macdonald. Elle est suivie par Gertrude Alexandra Elizabeth en 1895 et par Harwood Elmes Robert en 1897.

Héritage et patrimoine

Sam Steele est l’un des plus importants bâtisseurs du Canada au cours des 50 années qui suivent la Confédération. En tant que militaire, il est l’un des commandants les plus compétents du Canada dans le premier conflit outremer important du pays (voir Le Canada et la guerre d’Afrique du Sud). Son travail pendant la Première Guerre mondiale contribue également à jeter les bases du succès du Corps canadien.

Prix et honneurs

  • Compagnon de l’Ordre du Bain (1901)
  • Chevalier commandeur de l’Ordre de Saint-Michel et de Saint-Georges (1918)