Histoire et aménagement
Stirling devient une colonie au mois de mai 1899, alors qu’une trentaine d’immigrants mormons, guidés par le missionnaire Theodore Brandley, arrivent de l’Utah. L’établissement de campements dans ce que l’on appelle à l’époque les Territoires du Nord-Ouest est organisé d’un commun accord par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et la Alberta Irrigation Company, qui est propriétaire de ces terres. L’Église accepte de fournir la main-d’œuvre (soit les colons) qui construira les canaux d’irrigation et l’infrastructure permettant d’amener l’eau là où il en faut; il s’agit d’une initiative cruciale, puisque le sol aride de la région est peu propice à l’agriculture. Si le recrutement de volontaires dans l’Utah se révèle d’abord peu fructueux, un appel de « mission » lancé parmi les membres de l’Église change la donne. Il s’agit en effet d’une offre difficile à refuser. Achevé en 1900 et aujourd’hui connu sous le nom de canal de Galt, le système d’irrigation construit par ces immigrants s’étend de Kimball, sur la rivière St. Mary’s, jusqu’à Stirling, et se poursuit jusqu’à Lethbridge.
Le village occupe alors une superficie d’un mile carré (soit 640 acres) divisé en terrains de 2,5 acres offrant chacun suffisamment d’espace pour une demeure familiale, quelques bâtiments agricoles et un potager. Cet aménagement urbain prend pour modèle le « Plat of Zion » (ou plan de Zion), un design idéal d’aménagement de village agricole proposé en 1833 par Joseph Smith, fondateur de la foi mormone. Le fait de privilégier le village agricole plutôt que des fermes dispersées çà et là dans la campagne est un trait caractéristique du paysage culturel des mormons.
Dix-huit municipalités ou villages mormons voient le jour dans le sud de l’Alberta entre 1887 et 1910 (voir aussi Raymond et Cardston). Stirling est toutefois unique par son respect rigoureux du plan de Zion et par la régularité de son réseau routier. Plusieurs éléments architecturaux distinctifs sont encore visibles aujourd’hui, témoignant de son authenticité. Par exemple, les rues orientées en fonction des points cardinaux sont plus larges que les autres afin de permettre à une voiture transportant des céréales et attelée à des chevaux de faire demi-tour. On y trouve également des clôtures mormones, connues pour leur apparence rustique et composées de deux ou trois rangées de barbelés. Les terrains sont encore relativement vastes comparés à ceux d’autres villages, et on peut y observer quelques petites granges; celles-ci, avec leur mansarde et leur auvent pointu, rappellent les granges du Missouri, où habitaient de nombreux mormons avant leur migration vers l’ouest. Un bâtiment de charité où l’on entrepose des produits agricoles destinés aux démunis a également été préservé.
Malgré son aménagement unique, Stirling est également représentatif des villages du sud de l’Alberta du début du 20e siècle. Les maisons sont équipées de réservoirs souterrains pour le stockage de l’eau, car l’aridité de la région rend hasardeuse l’utilisation d’un puits. L’avènement de l’électricité à Stirling n’a lieu qu’en 1928, soit des décennies après l’électrification des grandes villes de l’ouest des Prairies. Un réseau d’aqueduc pour la distribution de l’eau traitée est enfin installé en 1965, remplaçant l’ancien système de fossés, de canaux surélevés et de ponceaux servant à distribuer l’eau issue de l’irrigation pour la consommation humaine et les autres usages domestiques.
Vie moderne
La majorité des habitants de Stirling font partie de l’église mormone. Ceci se reflète dans la composition de sa population, semblable à celle de la population mormone partout en Amérique du Nord. Avec un peu plus de 28 % de ses résidents âgés de 15 ans ou moins selon le recensement de 2016, Stirling présente une population plus jeune et des familles en moyenne plus nombreuses que dans le reste de l’Alberta. La communauté comprend aussi malgré tout nombre de retraités, avec une population du troisième âge relativement élevée.
Stirling a également hérité du rôle de cité dortoir pour le marché du travail de Lethbridge. Il demeure toutefois un village agricole où résident des fermiers qui travaillent les terres avoisinantes, utilisant des techniques agricoles modernes pour cultiver du foin (voir Plantes fourragères), des céréales et des plantes oléagineuses sur ces sols irrigués tout en profitant des avantages de la vie communautaire.
Site historique national
Déclaré site historique national en 1989, Stirling comprend également deux sites historiques provinciaux. La maison William T. Ogden est une construction de briques (une occurrence très rare dans le sud de l’Alberta) qui présente des colonnes blanches allant jusqu’au deuxième étage typiques du style néo-classique de 1919. La ferme Michelsen, ouverte au public en tant que centre d’interprétation durant l’été, est une ferme traditionnelle avec porche enveloppant bâtie en 1902, puis restaurée avec des antiquités datant des années 1930.