Sydney Valpy Radley-Walters, C.M.M., DSO, M.C., officier de l’armée blindée, tankiste et héros de guerre (né le 11 janvier 1920 à Malbay, au Québec (aujourd’hui Saint-Georges-de-Malbaie); décédé le 21 avril 2015 à Kingston, en Ontario). Sydney Radley-Walters (surnommé « Rad ») s’est enrôlé dans l’armée canadienne en 1940, durant la Deuxième Guerre mondiale. Il est resté dans l’armée après la guerre et s’est élevé au rang de brigadier-général. Au sein de l’armée canadienne et des armées alliées, il est le tankiste qui a détruit le plus grand nombre de chars ennemis au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
Jeunesse et formation
Sydney Valpy Radley-Walters est fils et petit-fils de pasteurs anglicans. Il naît dans la maison familiale, dans une région rurale de la péninsule gaspésienne. À l’école et au collège, il excelle dans les sports, particulièrement le football. Alors qu’il étudie à l’Université Bishop’s, à Lennoxville, au Québec, il s’enrôle dans le Corps-école des officiers canadiens, une organisation qui entraîne des officiers pour la milice.
Deuxième Guerre mondiale
Après avoir terminé ses études, Sydney Valpy Radley-Walters est commissionné en novembre 1940 avec le titre de sous-lieutenant au sein du Sherbrooke Fusiliers Regiment, un bataillon d’infanterie de milice locale. Les Sherbrooke Fusiliers sont mobilisés en mai 1940. En janvier 1942, l’unité est convertie en régiment blindé et redésignée 27e Régiment blindé (The Sherbrooke Fusiliers Regiment).
En octobre 1942, l’unité s’embarque pour l’Angleterre, où elle devient un des trois régiments blindés de la 2e Brigade blindée canadienne. Après presque deux années de formation, les Sherbrooke Fusiliers participent à la plus grande opération amphibie de l’histoire.
Le jour J, le 6 juin 1944, les Sherbrooke Fusiliers atterrissent à Juno Beach, en Normandie, dans le cadre de l’Opération Overlord. (Voir Le jour J et la bataille de Normandie.) L’unité doit soutenir la 9e Brigade d’infanterie canadienne, la brigade de réserve de la 3e Division canadienne. Sydney Valpy Radley-Walters accoste dans son tank Sherman, baptisé « Caribou », aux commandes de l’escadron A. Le lendemain, il enregistre sa première victoire lorsqu’il détruit un Panzer IV.
Que Sydney Radley-Walters ait survécu durant les féroces combats des semaines suivantes tient du miracle. À trois reprises, son char est détruit par un tir, et il est blessé deux fois. Plus tard, son véhicule d’éclaireur touche une mine, et l’explosion le laisse inconscient. Il se trouve aussi à bord d’une jeep dont les roues sont emportées par une explosion.
Les Sherbrooke Fusiliers affrontent la 12e Division SS Panzer, une unité fanatique composée principalement de membres des Jeunesses hitlériennes. Sous le commandement du Standartenführer (colonel) Kurt Meyer, certains de ces soldats allemands assassinent de sang-froid des prisonniers de guerre canadiens, incluant des soldats des Sherbrooke Fusiliers (voir Massacres de Normandie). Le 8 août, Sydnez Radley-Walters, ou l’un de ses chefs de char, tue Michael Wittmann, un as tankiste allemand légendaire surnommé le « Baron noir », et détruit son char Tiger.
Le saviez-vous?
La mort de Michael Wittmann a été l’objet de débats. On a souvent affirmé que ce sont les chars britanniques du Northamptonshire Yeomanry qui ont atteint Wittmann ce jour-là. Toutefois, certaines preuves récentes suggèrent fortement que le seul tir ayant pénétré le char Tiger de Wittmann a atteint le côté qui faisait face à l’Escadron A des Sherbrooke Fusiliers.
Pour son leadership en tant que commandant d’escadron pendant la campagne de Normandie, Sydney Radley-Walters reçoit l’Ordre du Service distingué et la Croix militaire. À la fin de la guerre, à l’âge de 25 ans, il commande les Sherbrooke Fusiliers en tant que lieutenant-colonel. Ayant détruit 18 chars ennemis et plusieurs autres véhicules blindés, il est le meilleur as tankiste des forces alliées.
Carrière militaire après la guerre
Sydney Valpy Radley-Walters demeure dans l’armée après la guerre en tant que major dans les Royal Canadian Dragoons. Après avoir été promu au rang de lieutenant-colonel, il est nommé instructeur en chef à l’École du Corps blindé royal canadien à la base de Borden. Il est ensuite posté dans l’armée américaine en tant qu’officier de liaison. De retour au Canada, il devient membre du personnel de direction du Collège d’état-major de l’armée canadienne à Kingston (voir Collèges militaires et d’état-major). Il est ensuite assigné au Quartier général de la 1re Division canadienne, aussi à Kingston.
En janvier 1957, un troisième régiment régulier blindé est ajouté à l’ordre de bataille de l’Armée canadienne. Il est désigné 1/8th Canadian Hussars (Princess Louise’s), pour le distinguer de la composante de milice, qui devient le 2/8th Canadian Hussars (Princess Louise’s). Sydney Radley-Walters devient le premier commandant de l’unité, alors stationnée à la base de Gagetown, devenue opérationnelle seulement en 1956.
Après avoir été commandant, Sydney Radley-Walters fréquente le Collège de défense de l’OTAN à Paris en 1961. Il est ensuite posté au quartier général de l’OTAN, alors également situé à Paris. Par la suite, il revient au Canada avec une promotion de colonel et devient commandant de l’École du Corps blindé royal canadien. Puis il reçoit une formation d’un an au Collège national de la défense à Kingston, avant d’être posté directeur de la formation dans le quartier général réorganisé des Forces canadiennes à Ottawa en 1966.
En juin 1968, Sydney Radley-Walters est promu brigadier-général. Il devient le commandant du 2e Groupe-brigade d’infanterie canadienne et de la base des forces canadiennes (BFC) de Petawawa. En 1971, il est commandant du Centre d’instruction au combat à la BFC de Gagetown jusqu’à sa retraite.
Pat Radley-Walters
En 1946, Sydney Valpy Radley-Walters épouse Mary Patricia Boyd. Celle-ci, que l’on surnomme Pat, est aussi respectée que Sydney au sein du corps blindé, dont elle est devenue la mère adoptive. Fille d’un prestigieux médecin d’Hamilton, Pat a terminé ses études en 1943 à l’Université McMaster, où elle a rencontré et épousé Nairn Boyd. L’année suivante, elle s’est rendue en Angleterre où elle a servi comme aide-infirmière pour la Croix rouge.
Nairn Boyd était lieutenant des Sherbrooke Fusiliers et faisait partie de l’escadron de Radley-Walters. En juillet 1944, il est tué au combat. C’est dans les circonstances de cette mort que Pat et Sydney Radley-Walters se rencontrent. Ils ont quatre garçons, que Sydney appelle « l’équipe des tanks ».
Retraite
Sydney Valpy Radley-Walters prend sa retraite en 1974, après avoir été nommé Commandeur de l’Ordre du mérite militaire (voir Ordre du Mérite militaire) pour ses services rendus au Canada. Le gouvernement français le fait aussi officier de la Légion d’honneur. Il reçoit le prix à l’Ambassade de France à Ottawa.
Après sa retraite, Sydney Radley-Walters occupe deux postes honorifiques. De 1970 à 1981, il est colonel du régiment 8th Canadian Hussars. Il est aussi colonel commandant du Corps royal blindé canadien de 1980 à 1987.
Toujours soucieux d’instruire les jeunes Canadiens et les nouvelles générations de soldats sur la Deuxième Guerre mondiale, Sydney Radley-Walters a participé à plus d’une vingtaine de tournées éducatives de vétérans sur les champs de bataille européens, où il a partagé ses expériences du combat.
Sydney Radley-Walters aimait le plein air et prenait plaisir à chasser et pêcher dans sa propriété, la ferme Whiskey Jack, près du parc Algonquin. Il a passé les dernières années de sa vie à Kingston, où sa vision s’est détériorée jusqu’à ce qu’il devienne aveugle. Il est décédé d’une pneumonie en 2015.