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Charles Taylor

Charles Margrave Taylor, C.C., G.O.Q., philosophe, théoricien politique et intellectuel public (né le 5novembre1931 à Montréal, au Québec). Philosophe canadien de réputation internationale, Charles Taylor réduit l’écart entre la théorie philosophique et l’action politique. Ses ouvrages, traduits dans plus de 20langues, couvrent une variété de sujets comme le multiculturalisme, la modernité, l’humanité, la moralité, l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social et la politique canadienne.


Charles Taylor. Colloque international en l’honneur de Charles Taylor à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire. Mars 2012, Musée des beaux-arts de Montréal.

Photo: Marc-A, Flickr.

Jeunesse

Charles Taylor grandit àOutremont, un quartier résidentiel de Montréal, au Québec. Son père, Walter Margrave Taylor, est un magnat de l’acier anglophone, protestant et originaire de Toronto. Sa mère, Simone Marguerite Beaubien, est une couturière francophone de confession catholique romaine. Charles Taylor et ses deux aînés grandissent donc dans un foyer bilingue, catholique et politisé où les conversations sur la place du Québec dans le Canada sont nombreuses. Enfant, il fréquente Selwyn House, une école privée pour garçons à Montréal. Il fait ensuite ses études secondaires à l’école Trinity College, un lycée privé mixte de Port Hope, en Ontario.

Études

Charles Taylor obtient un baccalauréat en histoire de l’Université McGill en 1952. Trois ans plus tard, en tant que boursier de la fondation Cecil Rhodes, il termine un grade de premier cycle au Balliol College de l’Université d’Oxford, en philosophie, en politique et en économie. En 1956, il devient chargé de cours au All Souls College d’Oxford, ce qui l’amène à terminer une maîtrise en 1960 et un doctorat en 1961, tous deux en philosophie. Après la fin de son mandat à All Souls en 1961, Charles Taylor retourne à Montréal, où il intègre le département de science politique de l’Université McGill et de l’Université de Montréal en 1963.

En 1976, Charles Taylor est élu à la chaire Chichele d’Oxford, considérée comme l’une des chaires les plus prestigieuses dans le monde de la philosophie politique. Il réintègre le département de science politique de McGill six ans plus tard et atteint ultérieurement le statut de professeur émérite. Il se joint enfin aux départements de philosophie et de droit de l’Université Northwestern.

Dans l’un de ses premiers ouvrages,The Explanation of Behaviour(1964), Charles Taylor critique la théorie béhavioriste du monde de la psychologie. Il avance plutôt que l’explication des actions humaines doit tenir compte de l’intention et toujours être soumise à une certaine interprétation. Il considère ainsi que la méthode scientifique des sciences sociales diffère fondamentalement de celle des sciences physiques. En plus de son célèbre ouvrage Pattern of Politics(1970), il rédige une analyse philosophique notoire, Hegel(1975), et, quatre ans plus tard,Hegel and Modern Society (1979). Plusieurs de ses textes plus courts sont regroupés dans Philosophical Papers (2volumes, 1985).

Charles Taylor attire un public plus large que ses seuls confrères philosophes dès la parution de son populaire Sources of the Self: The Making of the Modern Identity (1989; trad. Les Sources du moi: La formation de l’identité moderne). Il y relate et commente l’histoire de l’évolution de la notion de l’identité et ses conséquences sur les interactions personnelles et sociales. L’ouvrage The Ethics of Authenticity, publié en 1991, est quant à lui inspiré de sa conférence Massey, intitulée The Malaise of Modernity (Le Malaise de la modernité), une expression qu’il a lui-même popularisée. Dans cette œuvre, l’auteur étudie différentes façons de concilier les concepts, en apparence opposés, d’individualisme et de croissance des groupes sociaux.

Implication politique au Canada et au Québec

Charles Taylor est un ardent et fervent défenseur du fédéralisme canadien. À ce propos, le volumeReconciling the Solitudes: Essays on Canadian Federalism and Nationalism (trad. Rapprocher les solitudes: Écrits sur le fédéralisme et le nationalisme au Canada) paraît en 1993. L’année suivante, son intérêt pour les conséquences réelles des théories et des idées contemporaines se manifeste davantage dans son ouvrage Multiculturalism: Examining the Politics of Recognition.

Le philosophe s’implique également activement dans la politique canadienne, notamment à titre de vice-président du Nouveau Parti démocratique (NPD) du Canada et de celui du Québec. Il participe à quatre élections, dont une contre Pierre Trudeau en 1965.

En 2007, avec le sociologue et historien Gérard Bouchard, Charles Taylor devient coprésident de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, la solution du gouvernement du Québec aux questions traitant des «accommodements raisonnables» des groupes religieux et culturels de la province. Cette dernière adopte finalement le nom de Commission Bouchard-Taylor.

Vie familiale

Charles Taylor épouse Alba Romer, artiste et travailleuse sociale, en 1956. Cinq filles naissent de leur union: Karen en 1958, Miriam en 1959, Wanda en 1960, Gabriela en 1962 et Gretta en 1965. Alba Romer Taylor décède en 1990 à 59ans.

Prix et distinctions

Charles Taylor est nommé Compagnon de l’Ordre du Canada (1995) et Grand officier de l’Ordre national du Québec (2000). Il est intronisé à l’Académie des grands Montréalais (2003) et est nommé Commandeur de l’Ordre de Montréal (2016).En 2003, il devient le premier récipiendaire de la médaille d’or du Conseil de recherches en sciences humaines pour ses réalisations en recherche. Ses efforts continuels pour détruire les barrières traditionnelles entre les approches scientifiques et spirituelles de la connaissance et de la compréhension du monde sont reconnus lorsqu’il se voit décerner le prix académique le plus lucratif du monde en 2007, soit le prix Templeton pour le progrès de la recherche dans le domaine des réalités spirituelles, accompagné d’une somme de 1,8million de dollars. Charles Taylor reçoit également d’autres prix au cours de sa carrière, notamment le prix Berggruen pour la philosophie (2016), le prix John W. Kluge pour les réalisations dans les sciences humaines (2015), le prix de Kyoto pour les arts et la philosophie (2008) et le prix du Québec (prix Léon-Gérin) (1992).