Télidon
Télidon, une combinaison de mots grecs qui signifie obtenir l'information à distance, est un point de cheminement vers l'Internet et une démonstration préliminaire de la façon dont la technologie peut donner un accès sur demande à l'information. Cette technologie est mise au point à Ottawa au milieu des années 1970 par des chercheurs du ministère fédéral des COMMUNICATIONS. Télidon combine certains aspects de la télévision, du TÉLÉPHONE et de l'ordinateur et produit un nouveau moyen de communication et de traitement de l'information. Comme la télévision, Télidon peut afficher des lettres et des images sur écran; comme le téléphone, il peut communiquer à distance; et comme l'ordinateur, il peut manipuler, stocker et extraire des données rapidement et à faible coût. Le gouvernement fédéral espère alors que cette combinaison de possibilités, sous la forme d'un nouveau moyen de communication, stimulera l'essor de la haute technologie et aidera le Canada à s'imposer comme chef de file du secteur en pleine croissance de la technologie de l'information. À la suite du lancement réussi de divers essais, le projet est suspendu au milieu des années 1980 suivant la décision du gouvernement fédéral de réduire les dépenses en raison de sa réussite commerciale limitée.
Il existe trois façons principales d'implanter le réseau Télidon : le vidéotex, le télétexte et les systèmes autonomes. Les possibilités qu'offrent ces systèmes présentent des différences considérables.
Vidéotex
Ces systèmes permettent à l'utilisateur de recevoir et d'envoyer de l'information à un ordinateur situé ailleurs. L'utilisateur peut être relié à l'ordinateur par ligne téléphonique, câble coaxial, fibre optique, liaison laser ou radioélectrique. Les capacités bidirectionnelles permettent aux utilisateurs d'échanger des messages et d'exécuter des tâches telles que la recherche d'information, les opérations bancaires et le magasinage.
Télétexte
Ces systèmes ont une interactivité différente de celle des systèmes vidéotex. L'information est diffusée dans la portion inutilisée d'un signal de télévision ordinaire nommée intervalle de suppression verticale, et elle est décodée par un dispositif rattaché à la télévision. Le télétexte est un système unidirectionnel qui ne nécessite ni ne permet aucune communication de l'utilisateur à l'ordinateur central. L'information affichée est tout simplement recyclée à volonté. La plupart des systèmes télétexte affichent un menu ou une page d'index à l'écran lorsque le décodeur est branché pour la première fois. L'utilisateur décide du sujet qui l'intéresse et saisit le chiffre sur le clavier numérique rattaché à l'appareil. Quand apparaît la page souhaitée, le capteur d'image situé au-dessus du téléviseur la saisit, la met en mémoire, la décode et l'affiche à l'écran jusqu'à ce que l'usager en demande une autre. Un inconvénient majeur tient à la quantité limitée de renseignements, soit le nombre de pages ou d'images, pouvant être recyclés.
Systèmes autonomes
Ces systèmes diffèrent du vidéotex et du télétexte principalement en raison de la façon dont ils relient l'ordinateur à l'utilisateur. Puisque les éléments de ces unités peuvent être contenus dans un boîtier unique, elles sont quelquefois nommées projecteurs électroniques de diapositives. Ces systèmes peuvent être programmés pour exécuter un cycle fixe ou être connectés à des claviers numériques ou à tout autre périphérique d'entrée qui permet à l'utilisateur de sélectionner les pages recherchées ou d'utiliser différentes pages d'intervention qui offrent une grande variété de réponses possibles.
Système de codage de Télidon
En plus du matériel déjà mentionné, tel que le téléviseur, la liaison de télécommunication et l'ordinateur, le système requiert un décodeur pour recevoir l'instruction codée de l'ordinateur et déclencher le signal électronique qui crée l'affichage sur l'écran. Le fondement de tout système Télidon repose sur l'instruction de description de l'image, un code spécial qui indique au décodeur ce qui doit être dessiné à l'écran. Le code, connu sous le nom de syntaxe du protocole de la couche présentation nord-américaine (NAPLPS), constitue la norme nord-américaine. Selon le code, différents types de formes géométriques, tels que des lignes, des points, des arcs, des polygones, sont définis de façon précise. Cette méthode alpha-géométrique permet de créer et de manipuler facilement des images. Très peu de données sont nécessaires pour spécifier une image, et la qualité de l'image finale dépend essentiellement de la capacité du dispositif d'affichage de distinguer les moindres détails.
Élaboration du service
À l'origine, on pense que les consommateurs canadiens et américains feront bon accueil aux systèmes vidéotex et télétexte. Cela n'est pas le cas cependant et, finalement, les applications de Télidon/NAPLPS sont utilisées à des fins commerciales ou pédagogiques, y compris Marketfax, un service d'information sur le marché boursier, Grassroots, un service d'information agricole et TABS, un système d'information destiné aux pilotes. Infomart, de Toronto, joue un rôle important au pays dans l'élaboration des services vidéotex. En dépit d'une certaine réussite avec des services tels que Grassroots, Infomart ne parvient pas à percer le marché des consommateurs. Elle concentre finalement ses efforts sur d'autres aspects de l'édition électronique. Pour sa part, le vidéotex connaît des débuts laborieux, mais nombre d'entreprises s'y intéressent encore. Parmi elles, on note des firmes bien connues telles IBM, Sears, AT & T et J.C. Penney. Si on en croit la rumeur, elles comptaient lancer des services ou des produits vidéotex un jour. Parmi ces entreprises, nommons également Bell Canada, qui espérait répéter le succès connu en France par le Minitel.
Développement de ce secteur
À l'annonce du lancement de Télidon en 1978, le vidéotex a déjà atteint sa vitesse de croisière en Europe et on prévoit qu'il deviendra une nécessité dans chaque foyer en quelques années. La France et le Royaume-Uni sont particulièrement actifs et commercialisent leurs marques. Au Canada, on crée le Comité consultatif sur le système vidéotex canadien (CCVC) dans le but de conseiller le gouvernement sur les mesures à prendre. En réalité, le Canada crée une petite industrie du vidéotex capable de répondre à la demande canadienne des produits et services vidéotex et aussi d'alimenter un petit marché d'exportation. Même si cette industrie faisait face à une concurrence étrangère croissante, ses chances d'affirmer sa position seraient bonnes si les services vidéotex et télétexte prenaient un important essor au Canada.
Au printemps de 1985, le financement fédéral prend fin pour le projet en ayant atteint un total de 69 millions de dollars répartis sur les six années précédentes. L'adoption par une forte proportion de personnes de la technologie, élément vital de toute invention, ne s'est pas réalisée, malgré un investissement prévu de 200 millions de dollars de l'industrie. Bien que quelques efforts aient été déployés pour maintenir en vie la technologie, on reconnaît largement que le projet a terminé sa course, mais non sans avoir donné aux Canadiens un aperçu de la façon dont l'échange d'information s'effectuera dans l'avenir.
Les inventeurs du Télidon ont reçu plusieurs prix en raison de leur importante contribution à la technologie de l'information au Canada. Herb Bown a reçu l'Ordre du Canada, et une médaille d'or de l'Association des ingénieurs de l'Ontario pour souligner l'excellence de son travail en ingénierie. Le Touche Ross New Perspectives Award a été attribué à Herb Bown et à Doug O'Brien.
Voir aussiTÉLÉINFORMATIQUE; SOCIÉTÉ D'INFORMATION; BUREAUTIQUE.