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The Dumbells

The Dumbells. Unité de divertissement pendant la Première Guerre mondiale, laquelle devient, après l'Armistice, une importante troupe canadienne de vaudeville.

The Dumbells

The Dumbells. Unité de divertissement pendant la Première Guerre mondiale, laquelle devient, après l'Armistice, une importante troupe canadienne de vaudeville. L'ensemble est constitué en 1917 en France, près de la crête de Vimy, par 10 membres de la troisième division de l'Armée canadienne sous la direction de Merton (Wesley) Plunkett (Orillia, Ont., 1888 - Toronto, 21 décembre 1966), capitaine honoraire du YMCA. Formé à l'origine pour soutenir le moral des troupes au front, le groupe emprunte son nom à l'emblème de la 3e division, un haltère rouge qui représente la force.

Au début, les membres sont Merton Plunkett, fantaisiste, aussi directeur-gérant, son frère Al (Albert), baryton, Ted Charters, fantaisiste, aussi gérant adjoint, Ross Hamilton (« Marjorie ») et Allan Murray (« Marie de Montréal »), travestis, Jack Ayre, pianiste et directeur musical, Bill Tennent, ténor, Bert Langley, basse chantante, et Frank (plus tard Jerry) Brayford et Leonard Young, comédiens. Peu après leur premier spectacle, en août 1917, à Guoy-Servis (près de Poperinghe, en Belgique, dans le secteur de combat de Passchendale), les Dumbells augmentent leur effectif à 16 membres. Parmi les autres soldats qui associent leurs talents divers aux premiers membres des Dumbells se trouvent Bill Redpath, Elmer Belding, George Thorne, Andrew Catrano, J. McCormick et D.L. Michie.

Avec un programme de chansons à la mode et de sketches satiriques sur la vie dans les tranchées, préparé en collaboration, les Dumbells divertissent les soldats canadiens - souvent au front même - puis remplissent un engagement de quatre semaines au Coliseum de Londres en 1918. Les principaux numéros de leurs spectacles incluent les chansons « These Wild, Wild Women Are Making a Wild Man of Me » et « I Know Where the Flies Go » (chantées par Al Plunkett), « Hello My Dearie » (un duo par « Marjorie » et Tennent) et « Someday I'll Make You Love Me » (« Marjorie »). Beaucoup de leurs chants patriotiques sont publiés et la musique imprimée de leur chanson-thème, The Dumbell Rag d'Ayre, se vend à plus 10 000 exemplaires. Pendant la Première Guerre mondiale, les Dumbells et environ 30 autres troupes de comédie musicale divertissent les soldats en France. Le groupe transporte ses rideaux, ses costumes et un piano droit partout où sont situées les troupes canadiennes, même au front.

Vers la fin de la guerre, les Dumbells sont rejoints par quelques membres de la Princess Patricia's Canadian Light Infantry Comedy Co., unité de divertissement similaire (formée en mai 1916, dissoute en juin 1917 puis regroupée en novembre) qui donne un spectacle commandé par la famille royale à l'Apollo Theatre de Londres en juin 1918. On sait que le lieutenant Gitz Rice joue, à l'occasion, du piano dans la troupe Princess Patricia's. Les deux groupes se produisent pour la première fois ensemble le 12 novembre 1918 (le lendemain de l'Armistice) sous le nom de The Dumbells, à Mons, Belgique, dans une production de H.M.S. Pinafore qui tient l'affiche pendant plus d'un mois. La comédie musicale est donnée pour le roi Albert de Belgique, qui accorde une médaille au capitaine Plunkett en reconnaissance de son soutien aux troupes. Les Dumbells se produisent également dans d'autres localités de la Belgique avant d'être démobilisés en 1919.

Lors de son retour au Canada en 1919, Merton Plunkett reforme les Dumbells en troupe de vaudeville et ils donnent en civil 12 tournées de tout le Canada dans les 13 années suivantes. Les membres comprennent Al Plunkett, Hamilton (décédé en 1965), Brayford, Tennent, Langley, Murray et Ayre (décédé en 1977), des premiers Dumbells, Jack McLaren et Fred Fenwick de la troupe Princess Patricia, et plusieurs exécutants d'autres unités de divertissement de l'Armée canadienne - Albert Edward « Red » Newman (réputé pour son interprétation enjouée de « Oh, It's a Lovely War ») et Charlie McLean des Y Emmas, le comédien au visage maquillé de noir Ben Allan de l'unité du 16e bataillon, le travesti Jock Holland des Bow Belles (une troupe de l'armée écossaise) ainsi que le comédien Jimmy Goode, également au visage noirci, et le baryton Tommy Young.

Après des répétitions à Orillia et une avant-première à Owen Sound (Ont.), les Dumbells donne la première de la revue Biff, Bing, Bang au Grand Opera House à London (Ont.) le 1er octobre 1919. Ils se produisent ensuite au Grand Theatre de Toronto durant 16 semaines.

Après des ajouts et remplacements ultérieurs, les ex-fantaisistes de l'armée Morley Plunkett et Pat Rafferty sont au nombre des Dumbells, de même que des professionnels comme le ténor Harry Binns, la basse Cameron Geddes, le chanteur Stan Bennett, le pianiste N. Fraser Allan et le duo comique formé de Charlie Jeeves et Fred Emney. L'orchestre des Dumbells, dirigé par Harold Rich (1924-1925) et Howard Fogg (1925-1930), comporte des musiciens connus des orchestres de danse, notamment le saxophoniste Nat Cassels et le trompettiste Morris London. Même si le public apprécie toujours les travestis de la distribution, en 1928, les Dumbells ajoutent à la troupe des femmes qui apparaîtront sur scène pour la première fois dans la production Why Worry?.

En mai 1921, ils présentent en création une version révisée de Biff, Bing, Bang à l'Ambassador Theater de New York. Première revue musicale canadienne à prendre l'affiche sur Broadway où elle reste durant quelque 12 semaines et Jack Ayre devient le premier canadien à diriger un orchestre à Broadway. Avant de monter un nouveau spectacle en 1922, Newman, Holland et d'autres partent pour former une troupe connue sous les noms de Old Dumbells et The Originals qui fait des tournées pendant trois saisons avec Full O'Pep, Rapid Fire et Thumbs Up. Les Dumbells, cependant, continuent avec des spectacles comme Revue of 1922, Carry On (1922), Cheerio (1923), Ace High (1924, qui voit le retour de Newman et de Holland), Oh, Yes (1925), Lucky 7 (1925), Joy Bombs (1926), Oo-La-La (1927) et Why Worry? (1928). Peu à peu, les références à la guerre cèdent le pas à des thèmes d'actualité. Lorsque Fogg (qui décèdera à Montréal le 17 mai 1953) se joint aux Dumbells en 1925, il devient leur chef, écrit et arrange aussi des chansons comme « Winter Will Come » ainsi que des mélodies pour la revue Lucky Seven.

Le succès de leurs tournées et la popularité de leur musique au Canada entraîne 27 enregistrements et la publication de partitions des chansons qui se vendent très bien telles que « Come Back, Old Pal ». Les chansons à succès de ces spectacles (la plupart publiées chez Leo Feist) incluent « Canada for Canadians », « Come Back, Old Pal », « Give Me a Little Cosy Corner », « Hahaski Hohoski Wow Wow », « It's Canada, the Land for Me », « K-K-K-Kiss Me Again », « Li'l Old Granny Mine », « Most Powerful Love », « She Must Be a Wonderful Girl », « Shufflin' Along », « Winter Will Come », « Yum-Yum-Yum-Yum ». Certaines sont des compositions originales; d'autres, des adaptations de succès du jour et plusieurs chansons sont reprises dans des spectacles ultérieurs.

Les Dumbells sont forcés de se disperser en 1932 alors qu'ils font face à des difficultés financières engendrées par la dépression, l'arrivée des films parlants et de mauvais investissements (dont une tentative pour lancer une deuxième revue militaire, The Maple Leafs). À leur apogée, les Dumbells font des vedettes nationales du « crooner » Al Plunkett (Orillia, 1899 - Toronto, 19 avril 1957), de Ross Hamilton (Pugwash, N.-É., 1889 - Halifax, 29 septembre 1965) et du chanteur comique Red Newman (Douvres, Angl., 1887 - 1952). Plunkett et Newman sont tous deux bien représentés dans les enregistrements que les Dumbells gravent chez HMV, et dont plusieurs sont repiqués en 1977 sur le 33 tours The Original Dumbells (Aquitaine ELS-385).

Les Dumbells se retrouvent pour des concerts en de rares occasions, notamment pour un spectacle au parc Lansdowne à Ottawa en 1939 et au Massey Hall de Toronto en 1955. Ils font l'objet de plusieurs documentaires à la radio et la télévision de la SRC, dont « The Dumbells » (télédiffusé le 5 mars 1978) qui, en plus de faire un rappel des années de guerre de la troupe, montre des scènes d'une rencontre entre les derniers survivants - Ayre, Brayford, McLaren et Redpath - au Lambert Lodge à Toronto, en 1975. La comédie musicale The Legend of The Dumbells, conçue par Alan Lund et écrite par George Salverson (Saint Catharines, Ont., 30 avr. 1916 - Toronto, 9 avr. 2005), est présentée à la scène au Festival de Charlottetown en 1977 (ainsi qu'au CNA) et 1978. Une production du Tapestry Music Theatre de Toronto fait une tournée en Ontario en 1990.

Bibliographie

J.W. McLAREN, « Mirth and mud », Maclean's (1er janv., 1er mars, 15 mai 1929).

Max BRAITHWAITE, « The Rise and Fall of The Dumbells », ibid. (1er janv. 1952).

Patrise EARLE, Al Plunkett, The Famous Dumbell (New York 1956).

Alan MURRAY, « The Dumbells », The Legionary (janv. 1965).

Jack McLAREN et Stephen FRANKLIN, « A funny thing happened on the way to the trenches », Weekend (25 nov. 1967).

Frank RASKY, « When shells fell in World War I, he played on », Toronto Star (9 nov. 1974).

Gerald ANGLIN, « Direct hit », The Canadian (25 févr. 1978).