Théâtre Denise-Pelletier
Théâtre Denise-Pelletier (autrefois La Nouvelle Compagnie Théâtrale ou NCT). Cette compagnie montréalaise à vocation pédagogique a formé plusieurs générations de spectateurs de théâtre.En 1964, les comédiens Françoise Graton et Gilles Pelletier ainsi que le metteur en scène George Groulx réussirent à convaincre les Pères Jésuites du Collège Sainte-Marie, propriétaires du Théâtre Gésu, de financer leur production d'Iphigénie de Racine. Cette oeuvre faisant partie du curriculum du collège, il s'agissait d'incarner sur scène ce que les élèves étudiaient en classe. Les quinze représentations d'Iphigénie remportèrent un tel succès que les Jésuites firent pression à leur tour sur les trois instigateurs du projet pour qu'ils poursuivent l'expérience. Le gouvernement du Québec, constatant qu'aucun théâtre montréalais n'offrait alors de représentations pour le public étudiant, crut également bon de fonder une « nouvelle compagnie théâtrale » à cet effet.
Du propre aveu des fondateurs, les années 1964 à 1969 furent des années de rêves. La NCT était grassement subventionnée et libre de monter ses saisons de trois spectacles comme elle l'entendait. La jeune compagnie put donc produire des oeuvres de Marivaux, Corneille, Goldoni, Molière, Shakespeare, Musset, Sophocle, Jonson et Chekhov avec les comédiens et metteurs en scène les plus chevronnés de la province. Afin de préparer leurs jeunes spectateurs et prêter main forte aux enseignants, la NCT publia à partir de 1966 des cahiers fournissant de la documentation de fond sur chacun de ses spectacles.
À la fin des années soixante, le système d'éducation du Québec - que l'on jugeait trop discriminatoire - fut réaménagé de fond en comble. La NCT qui s'était jusqu'alors principalement adressée au jeune public lettré du cours classique, se retrouvait soudainement face à un public beaucoup plus diversifié dont la grande majorité ignorait presque tout du théâtre. Grâce à diverses interventions auprès de ce public, dont les Opérations Théâtre (1969-1989) et les Concours d'écriture dramatique (1969-1972), l'assistance de la NCT passa de 32,000 à 90,000 spectateurs.
En 1969, la compagnie monte sa première pièce québécoise, Un Simple Soldat de Marcel DUBÉ. Et, à partir de 1974, avec À toi pour toujours, ta Marie-lou de Michel TREMBLAY, la NCT produira une pièce québécoise par saison. Entre 1971 et 1977, la compagnie loue un espace alternatif, l'atelier, voué au développement dramaturgique. Aux productions de pièces du répertoire classique (au moins une par saison), s'entremêlait de plus en plus d'oeuvres modernes ou contemporaines d'auteurs tels que Ionesco, Steinbeck, Beckett, Kohout, Williams, Arrabal et Brecht.
En 1975, les pères Jésuites informèrent la NCT qu'ils comptaient reprendre possession du Gésu pour leurs oeuvres pastorales. Françoise Graton et Gilles Pelletier, qui étaient tous deux demeurés à la tête de la compagnie, songèrent alors mettre un terme à l'aventure de la NCT. Mais les pressions des milieux scolaires et gouvernementaux furent telles que l'on décida de déménager la compagnie plus à l'Est, à l'ancien cinéma Granada entièrement rénové pour l'occasion et rebaptisé Théâtre Denise Pelletier. La NCT y dispose également d'un petit studio flexible, La Salle Fred-barry, mise au service de l'expérimentation théâtrale. Les nouveaux locaux de la NCT furent inaugurés en 1977. Suite au départ des fondateurs en 1979, Jean-Luc Bastien, Guy Nadon, Brigitte Haentjens et Pierre Rousseau se sont succédés à la tête de la compagnie.
En 1997, la Nouvelle Compagnie Théâtrale (n'étant plus si « nouvelle ») fut rebaptisée à son tour Théâtre Denise-pelletier. Quoique la compagnie continue à desservir un public principalement composé d'étudiants, elle accueille également un bon nombre d'adultes (15%) dont les premières expériences du théâtre remontent probablement à l'ancienne NCT.