Tifo, Marie
Marie Tifo, née Marie Thiffeault. Comédienne. (Chicoutimi (QC), 26 septembre 1948 -) Cette comédienne d'exception, dont la carrière compte au-delà de quatre-vingt productions théâtrales, une trentaine de films et plusieurs séries télévisuelles, est l'une des plus marquantes de sa génération. En près de quarante ans, elle a touché à tous les styles, avec fougue et énergie, capable d'émouvoir comme de faire rire. Dans la création ou les œuvres du répertoire, Marie Tifo est une interprète puissante, volontaire, qui s'investit à fond dans ses personnages.
Après une première expérience de théâtre amateur, à Jonquière, en 1967, Marie Tifo décide d'étudier le théâtre. Elle obtient son diplôme du Conservatoire d'art dramatique de Québec en 1971, avec en poche le prix Jean-Valcourt, décerné à la meilleure interprète de sa promotion. Très rapidement, elle brûle les planches du Théâtre du Trident, où elle jouera dans une cinquantaine de productions, jusqu'au milieu des années 1980 : déjà, elle se frotte à de grands rôles, jouant Rosana dans Le Temps d'une vie de Roland Lepage, Jenny dans L'Opéra de Quat'Sous de Brecht, Nina dans La Mouette de Tchekhov, Mirandola dans La Locandiera de Goldoni. Par la suite, sa carrière se poursuit à Montréal, où elle joue sur toutes les scènes, ses prestations les plus mémorables ayant lieu au THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE et au THÉÂTRE DU RIDEAU VERT.
Mais, déjà, Marie Tifo ne se limite pas au théâtre: son quatrième film, Les Bons Débarras, de Francis MANKIEWICZ (1980), dont le scénario et les dialogues sont signés Réjean DUCHARME, propulse l'actrice vers les sommets. Elle y incarne une mère célibataire, vivant dans un village reculé avec son frère, Ti-Guy, un être mal dégrossi, et sa fille de 13 ans, Manon, qui exige l'amour absolu et exclusif de sa mère. Couronné par un Hugo d'argent au Festival de Chicago et par huit PRIX GÉNIE, dont celui de la meilleure actrice décerné à Marie Tifo, ce film lui vaudra aussi de voir son effigie sur un timbre poste canadien, lors du centenaire du cinéma, en 1996. Elle tourne également avec Yves Simoneau, notamment dans Pouvoir intime et Dans le ventre du dragon, André Forcier, dans Kalamazoo, qui lui vaut le prix Guy-L'Écuyer en 1988, et Robert Ménard, dans T'es belle, Jeanne, pour lequel elle reçoit un PRIX GÉMEAUX et un Prix du public en 1989.
Au théâtre, Marie Tifo multiplie les interprétations fortes, jouant sous la direction de Lorraine Pintal dans Ha, ha!..., de Ducharme (TNM, 1990), pour lequel elle se mérite le Prix Gascon-Roux et le Prix de la critique de la meilleure interprète féminine, Les Beaux Dimanches de Marcel DUBÉ (TNM, 1993), Le Tartuffe de Molière (TNM, 1997), Les Sorcières de Salem de Miller (TNM, 1998), L'Hiver de force de Ducharme (TNM, 2001), jusqu'à la toute récente Déraison d'amour, de Jean-Daniel Lafond (2009), d'après les écrits de Marie de L'Incarnation, un spectacle en solo pour lequel Marie Tifo récolte à nouveau les éloges de la presse et du public. On l'a vue aussi en Reine Gertrude dans Hamlet de Shakespeare (TNM, 1990), dans les rôles titres de Yerma de Garcia Lorca et de Mère Courage de Brecht (Théâtre du Rideau Vert, 1993 et 1995), ainsi qu'en Mère Ubu dans Ubu roi de Jarry (TNM, 2007), formant un duo impayable avec Rémy GIRARD.
Marie Tifo a créé de beaux personnages à la télévision, notamment dans les séries Le Parc des braves de Fernand Dansereau, L'Or et le Papier de Jean BEAUDIN et Nino Monti, Montréal, P.Q. de Victor-Lévy BEAULIEU, Temps dur de Jean-Marc Dalpé et Les Poupées russes, ainsi que dans les adaptations télévisuelles de La Répétition de Dominic Champagne, Le Vrai Monde? et Bonjour, là, bonjour de Michel TREMBLAY. Femme et citoyenne aux convictions affirmées, Marie Tifo est la conjointe du comédien et homme politique québécois Pierre Curzi.