Peuplement
Tofino est situé sur le territoire traditionnel de la Première Nation Tla-o-qui-aht, qui fait partie des peuples autochtones Nuu-chah-nulth. La région est occupée par des Autochtones depuis au moins 5 000 ans.
Deux explorateurs, le capitaine espagnol Juan Josef Pérez Hernández, en 1774, et le capitaine britannique James Cook, en 1778, sont les premiers Européens à la visiter. Un commerce prospère, bien que conflictuel, s’établit rapidement entre les Nuu-chah-nulth et marins négociants, dont la majorité sont américains ou anglais. Les Autochtones troquent des fourrures de loutre de mer contre des produits tels que des armes à feu, de l’alcool et des aliments. Les chefs Nuu-chah-nulth Maquinna et Wickananish jouent un rôle prépondérant durant ces premiers échanges commerciaux.
En 1854, l’agent colonial britannique William Banfield établit avec deux partenaires un poste de traite sur l’île Stubbs (aujourd’hui l’île Clayoquot), près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Tofino. La première communauté non autochtone de la région s’y développe. À partir des années 1890, d’autres pionniers arrivent sur le futur site de Tofino et en d’autres endroits dispersés le long de la péninsule Esowista.
Le village de Tofino est d’abord baptisé Clayoquot, mais on le confond alors avec la communauté du même nom installée sur l’île Stubbs. En 1904, les locaux utilisent déjà le nom de Tofino, du nom de la baie voisine, baptisée en 1792 en l’honneur du contre-amiral, cartographe et hydrographe espagnol Vincente Tofiño de San Miguel. Le nom devient officiel lors de l’ouverture du bureau de poste de Tofino en 1909.
Le premier magasin de Tofino ouvre en 1901 et une école dotée d’une seule salle de classe est construite en 1906, pour les 28 enfants du village. Un quai et une station d’embarcation de sauvetage sont installés en 1908 tandis que la première église du village, l’église anglicane St Columbia, est érigée en 1913. Tofino devient une municipalité en 1932.
Développement
Avant 1959, Tofino n’est qu’un petit village de pêcheurs isolé, peuplé d’Autochtones et d’immigrants d’origine anglaise, écossaise ou norvégienne.
Des pêcheurs d’origine japonaise, dont un grand nombre arrivent de Steveston, en Colombie-Britannique continentale, commencent à s’installer à Tofino en 1923. La plupart d’entre eux sont des hommes célibataires, mais avec le temps, un nombre grandissant arrivent avec leur famille. Les conditions de vie de ces Canadiens d’origine japonaise vont changer de manière dramatique durant la Deuxième Guerre mondiale. En 1942, tandis que le Canada est en guerre avec le Japon, le gouvernement fédéral ordonne en effet l’expulsion de tous les Canadiens d’origine japonaise de la côte ouest en les déclarant « sujets d’un pays ennemi ». Leurs demeures et leurs bateaux de pêche sont confisqués. Au moment de cette déportation, la population japonaise à Tofino atteint presque 100 personnes, soit plus d’un tiers de la population du village à l’époque.
Les préjugés hostiles aux Japonais resteront solidement ancrés à Tofino après la guerre. Les restrictions de guerre qui interdisent aux Canadiens d’origine japonaise de s’installer à moins de 160 km de la côte de la Colombie-Britannique ne seront levées qu’en 1949 (voir aussi Internement des Canadiens d’origine japonaise; Internement des Canadiens d’origine japonaise : prisonniers dans leur propre pays).
Une base militaire aérienne, la Base de l’ARC Tofino, est construite à 11 km au sud-est de la communauté à la fin de l’année 1942. Des centaines de militaires des forces alliées y seront stationnés en rotation jusqu’à la fermeture de la base en 1944. C’est là que se trouve l’actuel aéroport de Tofino.
Une route reliant Tofino à Ucluelet, 40 km au sud-est, est construite durant la Deuxième Guerre mondiale. Une route en gravier reliant Tofino et Ucluelet à Port Alberni, à 126 km à l’est de Tofino, est terminée en 1959. Seuls les bateaux, les avions et la marche permettaient de relier Tofino au reste de l’île de Vancouver (et du Canada) avant la construction de cette route. La route était à l’origine une route forestière aux extrémités de laquelle avaient été érigées des barrières verrouillables destinées à en interdire l’accès au public. Ces barrières furent retirées en 1964, mais il faudra attendre 1972 pour que la route soit entièrement goudronnée.
Tofino devient un district en 1982 et occupe alors une superficie plus grande que celle de l’ancienne municipalité.
Population
La population de Tofino a augmenté de plus de 58 % sur les 20 dernières années, passant de 1 222 à 1 932 habitants entre 1996 et 2016. Chaque été, les travailleurs saisonniers font monter la population, relativement jeune, à un total situé entre 4 000 et 5 000 personnes,
L’âge médian à Tofino est de 35,9 ans, contre 43,0 ans sur l’ensemble de la Colombie-Britannique. Parmi les résidents permanents, 41,7 % ont entre 25 et 44 ans, alors que cette fraction n’atteint que 25,9 % sur l’ensemble de la province. Les résidents de plus de 45 ans représentent 33,4 % de la communauté, contre 47,4 % pour la province tout entière. Par contre, 13,7 % seulement des résidents de Tofino ont moins de 14 ans, contre 14,9 % pour la Colombie-Britannique.
L’anglais est la langue la plus souvent parlée dans les foyers par 95,3 % des résidents de Tofino. Les gens d’origine européenne représentent 84 % de la communauté, 63,7 % des résidents se déclarant originaires des îles britanniques (Anglais, Écossais ou Irlandais). Les membres des minorités visibles représentent 6,7 % du total et les Premières Nations et les Métis 5,7 %.
Économie et main-d’œuvre
L’exploitation forestière, jadis de faible envergure, devient florissante dans la région de Tofino après la construction de la route reliant le village à Port Alberni en 1959. Ce secteur représente une fraction importante de l’économie locale jusqu’au milieu des années 1990. Tofino et ses alentours ont également été le théâtre de nombreuses manifestations en faveur et contre l’exploitation forestière dans le cadre de la fameuse « War in the Woods », qui débute en 1984.
Dans les années 1970, on observe une augmentation de la population de harengs concomitante à une augmentation de la demande en harengs émanant du Japon. Une usine de traitement pour ce poisson est construite à Tofino en 1972.
Le développement des industries locales de la pêche et de l’exploitation forestière déclenchent une augmentation de la population. La population de Tofino fait plus que doubler en deux décennies, passant de 461 à 1 103 personnes entre 1971 et 1991. Aujourd’hui, la pêche commerciale n’est plus un secteur prépondérant de l’économie de Tofino. Elle a été remplacée par la pêche sportive, que les touristes commencent à apprécier à partir des années 1990.
Les premiers touristes arrivent à Tofino lorsque le Princess Maquinna, un bateau à vapeur de la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique, commence ces navettes le long de la côte de la Colombie-Britannique, en 1913. En 1947, la chambre de commerce de Tofino décide de promouvoir activement le tourisme. Ce secteur se développe rapidement après l’ouverture au public de la route Tofino-Port Alberni en 1964 et progresse à nouveau après l’établissement, au sud de Tofino, de la réserve de parc national Pacific Rim par le ministère des Affaires indiennes et du Nord en 1970.
Tofino devient le lieu de résidence d’un nombre croissant d’artistes et d’artisans après l’ouverture en 1974 du Gust o’ Wind Arts Centre, dans l’ancienne salle communautaire du village, même si ce centre fermera six ans plus tard.
Aujourd’hui, l’économie de Tofino est principalement axée sur le tourisme, avec plus d’un million de visiteurs chaque année. En 2016, les services d’hébergement et de restauration représentaient 30 % des emplois locaux, et l’ensemble des emplois liés au tourisme occupaient environ 64 % de la main-d’œuvre locale. On compte plus de 1 500 unités de logement divers dans la région de Tofino.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique accorde le statut de « municipalité de villégiature » à Tofino en 2008. Ce statut s’accompagne de subventions annuelles qui permettent à la communauté de développer son secteur touristique.
Le surf devient un secteur important de l’économie locale après l’ouverture du premier magasin spécialisé dans ce sport en 1984. En 2010, Outside magazine qualifie la communauté de « meilleure ville pour le surf » en Amérique du Nord. Plus de 40 % des touristes qui se rendent à Tofino font du surf sur les plages de la région.
Transports
Tofino est le terminus occidental de la route 4 de la Colombie-Britannique (également connue sous le nom anglais de « Pacific Rim Highway » – la route du Pacifique).
La région est également desservie par l’aéroport Tofino-Long Beach, situé à 11 km au sud-est du village de Tofino. Trois transporteurs commerciaux offrent des vols réguliers à partir de cet aéroport : Pacific Coastal Airlines et KD Air pour les vols sur Vancouver, Orca Airways pour les vols sur Vancouver et Victoria. Pacific Coastal Airlines, Kenmore Air et San Juan Airlines offrent également des vols charters entre Tofino et diverses destinations en Colombie-Britannique et l’État de Washington.
La compagnie Tofino Bus All Island Express offre des trajets quotidiens en autobus entre Tofino et plusieurs communautés, notamment Nanaimo, Parksville, Port Alberni, Ucluelet, Victoria et Vancouver (par le traversier). En été, un bus-navette gratuit parcourt la municipalité dans sa longueur.
Tofino compte trois petits quais et marinas utilisés par les pêcheurs et le public.
Gouvernement et politique
Tofino est gouverné par un conseil comprenant un maire et six conseillers élus par l’ensemble des administrés pour un mandat de quatre ans (voir aussi gouvernement municipal).
Vie culturelle
La municipalité est située à l’intérieur de la réserve de la biosphère de la baie Clayoquot, désignée en 2000 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour promouvoir une relation équilibrée et durable entre les habitants de la région et les écosystèmes. La réserve de parc national Pacific Rim, immédiatement au sud de Tofino, s’étale sur 125 km vers le sud jusqu’à Port Renfrew et est visitée par les campeurs, les randonneurs et les surfeurs. On compte huit parcs de taille plus réduite à l’intérieur ou autour de Tofino qui abrite aussi un jardin botanique.
La communauté organise chaque année, au mois de mai, la « Rip Curl Pro », la plus grande compétition de surf du Canada. La « Queen of the Peak », une compétition de surf réservée aux femmes et aux filles, se tient quant à elle en octobre.
De nombreux autres événements sont organisés chaque année à Tofino et dans ses alentours. On peut par exemple citer le Polar Bear Swim (baignade en eau glacée) en janvier, le Tofino Film Festival (festival du film de Tofino) en février, le Pacific Rim Whale Festival (festival des baleines du Pacifique) en mars, le Tofino Shorebird Festival (festival des oiseaux de rivage de Tofino) en mai, le Tofino Food and Wine Festival (festival de la gastronomie et du vin de Tofino) en juin, le Pacific Rim Summer Festival (festival d’été du Pacifique) et le Tofino Saltwater Classic Fishing Derby (Concours de pêches en mer de Tofino) en juillet, le Tofino Lantern Festival (festival des lanternes de Tofino) en août, le Carving on the Edge Festival (festival de la sculpture) en septembre, le Surfrider Short Film Festival (festival du court-métrage sur le surf) en octobre, le Clayoquot Oyster Festival (festival de l’huître de Clayoquot) en novembre ainsi que le festival Sea of Lights, le petit déjeuner avec Santa, le marché d’hiver des artisans et le Tofino Winterlights (festival des lumières d’hiver de Tofino) en décembre.
Un marché public se tient tous les samedis à Tofino, de la longue fin de semaine de la fête Victoria jusqu’à l’Action de grâce. Des films sont projetés toute l’année, le lundi soir, au cinéma « Clayoquot Sound Community Theatre », et la West Coast Winter Music Society organise cinq concerts par an, entre novembre et avril.
Chaque année, pour la Journée nationale des Autochtones (21 juin), diverses célébrations sont organisées dans la réserve de parc national Pacific Rim.
Le journal local, accessible en ligne et sous forme papier, est le Tofino-Ucluelet Westerly News, publié à Ucluelet.