Territoire et population
La Nation Toquaht dominait autrefois la côte ouest de l’île de Vancouver où elle possédait d’immenses territoires, mais elle a été décimée par les maladies et des guerres prolongées tout au long du 19e siècle. Leurs territoires traditionnels comprenaient la côte ouest de la baie Barkley, la baie Toquart, la baie Mayne, l’inlet Pipestem et le passage Macoah.
Au début du 20 e siècle, le gouvernement fédéral a déjà établi six réserves Toquaht, réduisant ainsi de manière importante le territoire de cette Nation qui ne couvre alors plus que 196 hectares : Macoah, Deekyakus, Chequis, Chenatha, Du Quah (Dookqua) et Stuart Bay, toutes situées dans la baie Barkley. La seule réserve habitée est cependant celle de Macoah, qui signifie « la maison sur la pointe », située près du passage Macoah. Après la mise en œuvre du traité Maa-nulth en 2011, la Nation Toquaht reprend possession de 1 489 hectares de territoires traditionnels. (Voir aussi Traités autochtones).
En septembre 2018, on comptait 155 membres enregistrés, dont 136 vivaient en dehors de la réserve, la plupart dans des villes, le long de la côte, telles qu’Ucluelet ou Port Alberni.
Vie traditionnelle
Peuple côtier, les Toquaht dépendaient jadis de la pêche (surtout du saumon, des mollusques, des crustacés et des mammifères marins) et de la chasse à la baleine pour leur subsistance. Ils chassaient également le cerf et le wapiti, et cueillaient des baies et des plantes.
Les Toquaht se déplaçaient d’un village à l’autre et rendaient sur leurs sites de chasse à pied ou à la rame, à bord de pirogues, toute l’année, en fonction des saisons et des migrations. Du Quah, qui offrait une position défensive à l’entrée de l’inlet Ucluelet, était l’un des plus importants villages d’été.
Société et gouvernance
La société des Toquaht est aujourd’hui encore composée de divers groupes familiaux gouvernés par des chefs héréditaires (ha’wiih). Ces chefs détiennent les droits associés à un certain nombre de cérémonies, de chants, de récits et de territoires.
Les ha’wiih gardent, avec un chef secondaire, le Chaa-maa-ta, une certaine autorité au sein du conseil Toquaht. Le conseil est l’une des trois entités chargées de la gouvernance de la Nation Toquaht. Les deux autres sont la Branche exécutive du conseil (l’« exécutif ») et l’Assemblée du peuple. La Nation est également gouvernée par trois membres élus du conseil, qui restent à leur poste quatre ans. Le conseil nomme les responsables qui siègent à l’exécutif, pour les finances, la récolte des ressources, les fonctions de président, les services communautaires, les terres, les travaux publics et la protection de l’environnement. Le conseil nomme également les membres des divers comités qu’il conseille : citoyenneté et acquisition de la citoyenneté, mise en œuvre des traités, finances et développement économique.
L’Assemblée du peuple offre à chaque citoyen « moyen » – les muschim – la possibilité d’offrir des suggestions au conseil et de voter sur les résolutions visant à faire introduire des changements. Une assemblée est tenue au moins quatre fois par an, comme exigée par la Constitution Toquaht. L’Assemblée du peuple qui se tient tous les ans en juillet (les « journées Macoah ») attire de nombreuses personnes.
Culture
Les Nuu-chah-nulth ont une riche culture cérémonielle, caractérisée par l’organisation de festins et d’activités telles que des chants, des danses, des concours et des représentations théâtrales. (Voir aussi Potlatch).
Les Nuu-chah-nulth sont également réputés pour leurs magnifiques objets en bois, notamment leurs canots, leurs mâts totémiques, leurs maisons multifamiliales et bien d’autres produits fabriqués à la main à partir de bois de thuya fin. (Voir aussi Art autochtone de la côte nord-ouest).
Langue
Les Toquaht parlent un microdialecte, le toquaht, qui dérive du dialecte de Barkley apparenté à la langue Nuu-chah-nulth (Nuučaan̓uɫ). La langue Toquaht est considérée comme étant menacée. En 2015, on ne comptait que cinq personnes qui parvenaient à peu près à comprendre et à s’exprimer dans cette langue. La Nation a néanmoins mis sur pied plusieurs programmes linguistiques et créé des outils visant à revitaliser cette langue; à la fin de cette même année, 50 personnes l’apprenaient. (Voir aussi Langues autochtones au Canada et Nuu-chah-nulth : Langue.)
Spiritualité et religion
Le système de croyances nuu-chah-nulth est centré sur l’existence d’un créateur et d’esprits dont les pouvoirs peuvent être utilisés pour amener la paix et porter chance à la communauté. Les Nuu-chah-nulth croient que toute forme de vie est associée à un esprit, et qu’elle doit donc être respectée et appréciée. Les chamans se chargeaient de la santé spirituelle des gens en pratiquant la médecine traditionnelle et en organisant des rituels visant à guérir des maladies et à rétablir l’équilibre spirituel. (Voir aussi Autochtones : religion et spiritualité).
Histoire coloniale
Forcés de rejoindre les réserves à partir du début du 20e siècle, les Toquaht sont aussi obligés d’assimiler la culture chrétienne des Blancs par l’intermédiaire de politiques et de programmes fédéraux tels que la Loi sur les Indiens et les pensionnats indiens. La culture Toquaht a néanmoins survécu, malgré ces périodes sombres de l’histoire du Canada.
Vie contemporaine
Les Toquaht, tout comme plusieurs autres Nations Nuu-chah-nulth, ont signé le traité Maa-nulth, qui leur permet de bénéficier de l’autonomie gouvernementale depuis le 1er avril 2011. Ces Nations autonomes ont certains pouvoirs dans le domaine de la citoyenneté et des activités législatives dans leurs territoires traditionnels. Les Toquaht gèrent aujourd’hui leurs propres pêches commerciales, leurs scieries et leurs entreprises touristiques ainsi que d’autres projets de développement.
Les Toquaht font partie du Conseil tribal Nuu-chah-nulth, une association fondée en 1958 qui offre divers services aux près de 9 500 membres enregistrés, notamment des services de protection de l’enfance, d’éducation, de formation à l’emploi et d’autres initiatives socioéconomiques visant à soutenir la santé et le développement.