La quantité de pluie ou de neige qui tombe sur le sol peut varier énormément au cours d'une même journée et même sur de courtes distances. Combien de gens ont vu des pluies presque diluviennes s'abattre sur la cour arrière, tandis qu'au même moment leur voisin d'en face restait bien au sec.
Au Canada, différentes conditions météorologiques peuvent produire des pluies intenses. Les orages peuvent provoquer de courtes averses de pluie sur de petites zones (moins d'une centaine de kilomètres) un peu partout dans le Sud du Canada. Les orages qui produisent d'énormes précipitations atteignant de 50 à 80 mm ne sont pas rares, surtout ceux qui restent au même endroit pendant une heure ou deux ou qui se déplacent lentement. Parfois, ce genre d'orage donne lieu à des crues éclairs, c'est-à-dire à un débordement soudain des eaux qui coulent dans les ravins, les vallées ou les cours d'eau, souvent avec des effets dévastateurs (voir Inondations). Les systèmes de dépressions atmosphériques peuvent s'attarder le long de la côte du Pacifique et pomper l'air humide qui flotte sur les pentes des montagnes, ce qui donne de longues périodes de fortes pluies. L'intensité relativement faible de ces précipitations est compensée par leur persistance. Ce genre de tempête peut durer pendant plusieurs jours et apporter plus de 300 mm de pluie sur plusieurs milliers de kilomètres carrés. Les tempêtes tropicales et les ouragans apportent également beaucoup de pluie. Certaines des pires inondations de l'Est du Canada sont causées par des pluies diluviennes prolongées qui sont amenées par des ouragans qui se dissipent sur l'Atlantique.
Il arrive aussi que ces énormes tempêtes se concentrent sur une zone et détrempent une région tout en laissant la région avoisinante complètement au sec. Le 30 mai 1961, une tempête de ce genre a frappé le hameau de Buffalo Gap (Saskatchewan), situé à environ 150 km au sud de Regina, près de la frontière américaine. En moins d'une heure, l'orage gigantesque a déversé plus de 250 mm de pluie sur la localité.
Pour les habitants de localités septentrionales comme Eureka dans l'île d'Ellesmere, les précipitations abondantes ne sont pas une source de préoccupation. La moyenne annuelle de pluie et de neige atteint à peine 64 mm, soit une goutte d'eau dans l'océan comparativement au déluge de 6655 mm de précipitations que reçoit annuellement Henderson Lake sur la côte ouest de l'île de Vancouver.
La côte du Pacifique est la région la plus pluvieuse du pays, où il tombe plus de 3000 mm de pluie annuellement sur de grandes zones. Pourtant, à moins de 100 km à l'est, de l'autre côté des montagnes côtières, se trouve une des régions les plus sèches du Canada, la vallée du fleuve Fraser, zone semi-désertique où pousse l'armoise. La moyenne des précipitations annuelles atteint 400 mm, mais certaines localités reçoivent moins de 250 mm de pluie.
Les ombres de pluie
L'ombre de pluie traverse graduellement les Prairies, où les précipitations annuelles varient entre 350 et 500 mm, la quantité augmentant de 40 mm tous les 100 km en direction est. Les accumulations s'élèvent à 500 mm par année à Winnipeg et atteignent 1500 mm à Halifax. L'Est du Canada peut compter sur une abondante quantité de pluie et de neige. L'Ontario et le Québec n'ont pas de saisons particulièrement pluvieuses ou sèches, tandis que la fin de l'année est la période la plus pluvieuse de la côte Atlantique. Au nord, le désert de l'Arctique reçoit un maigre 100 à 200 mm de pluie et encore moins de neige.
Un autre orage s'est attardé sur le bassin inférieur des Grands Lacs pendant 20 heures en juillet 1989, inondant de précipitations records la partie sud du comté d'Essex dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Provoqué par un système de basse pression qui se déplaçait lentement sur le Nord de l'Ohio, l'orage déversa une des plus grandes quantités de pluie jamais enregistrées par Environnement Canada dans l'Est du Canada. Les 264 mm de pluie qui sont tombés sur la ville de Harrow battent tous les records officiels pour une période de 24 heures, record détenu précédemment par l'Est de l'île de Vancouver, et dépassent même de 40 p. 100 les plus grandes accumulations laissées sur une période de 48 heures par l'ouragan Hazel.
Les records de précipitations, mesurées par périodes allant d'une heure à un an, ont été enregistrés par les centres d'observation météorologique d'Environnement Canada en Colombie-Britannique. Des mesures sont prises périodiquement dans près de 2500 endroits répartis dans tout le Canada . Au cours des années, des données couvrant différentes périodes ont été collectées dans plus de 8000 emplacements. C'est à Ucluelet sur la côte ouest de l'île de Vancouver que revient l'honneur peu enviable d'avoir eu le jour le plus pluvieux. Le 6 octobre 1967, il est tombé 489 mm de pluie, un record canadien, mais l'endroit le plus pluvieux au monde, Cilaos, sur l'île de La Réunion dans l'Océan Indien, en a reçu quatre fois plus, soit 1870 mm les 15 et 16 mars 1952.
L'heure la plus pluvieuse du Canada, où il est tombé 250 mm de pluie entre 16 h 30 et 17 h 30 durant un orage qui a frappé Buffalo Gap en 1961, peut rivaliser avec l'heure la plus pluvieuse du monde, au cours de laquelle il est tombé 305 mm de pluie sur la plantation de canne à sucre Kilauea à Kauai, en Hawaii. Le tableau suivant présente les jours les plus pluvieux enregistrés au Canada.
Valeurs extrêmes de la pluie
Alberta |
213 mm | Eckville South | juin 1970 |
489 mm |
Ucluelet |
octobre 1967 | |
Manitoba |
217 mm |
Parc national du Mont-Riding |
septembre 1975 |
Nouveau-Brunswick |
179 mm | Alma | avril 1962 |
Terre-Neuve et Labrador |
173 mm |
St. John's |
août 1876 |
Territoires du Nord-Ouest | 91 mm | Ennadai Lake (maintenant au Nunavut) | septembre 1972 |
Nouvelle-Écosse |
239 mm |
Halifax |
septembre 1942 |
Ontario |
264 mm | Harrow | juillet 1989 |
Île-du-Prince-Édouard |
164 mm |
Charlottetown |
septembre 1942 |
Québec |
172 mm | Barrage des Quinze | août 1932 |
Saskatchewan |
179 mm | Willmar | juillet 1984 |
Yukon |
91 mm | Quiet Lake | juillet 1972 |
*Accumulations sur une période de 24 heures et mesurées par les pluviomètres des centres météorologiques d'Environnement Canada. Les accumulations mesurées avec des pluviomètres non officiels (comme à Buffalo Gap) ne sont pas présentées dans ce tableau.