Les grévistes du camp de travail qui se rassemblent sur Victory Square le 23 avril 1935 demandent une aide financière à la Ville. Malmenée par la Grande Dépression et révoltée contre les conditions qui prévalent dans les camps, la foule de 2 000 personnes demande un changement. Au lieu de cela, le maire Gerry McGeer lui impose un ultimatum.
Gerry McGeer devient maire en proposant un programme axé sur la loi et l’ordre. Au cours de sa première semaine en fonction, il confisque 1 000 machines à sous. Pour beaucoup, c’est un réformiste zélé. Pour beaucoup d’autres, il n’est qu’un mégalomane. Une chose est pourtant sûre : le 23 avril 1935, il parvient à élargir le fossé entre ses partisans et ses opposants.
Bon nombre des hommes rassemblés protestent contre les conditions dans les camps de travail fédéraux où, selon George Woodcock, « les hommes étaient logés dans des cabanes inconfortables, nourris, soignés et payés 20 cents par jour pour une semaine de travail de 44 heures à défricher, à construire des routes et à planter des arbres. Ils étaient libres de partir quand ils le voulaient, mais ils n’avaient nulle part où aller pour travailler ». Le contexte politique est volatile et de nombreux commentateurs assimilent l’action des militants syndicaux à une insurrection bolchevique.
Les manifestants envoient finalement une délégation pour rencontrer Gerry McGeer à la mairie (à l’époque, l’immeuble Holden, au 16, rue Hastings est). Mais le maire fait arrêter ses membres, puis se rend à Victory Square et déclame devant la foule le Riot Act (la loi sur les émeutes) avant d’ordonner sa dispersion. Cette nuit-là, la police prend d’assaut le quartier général des travailleurs, déclenchant une émeute que la police montée parvient à mater à coups de matraque et en procédant à plusieurs arrestations.
Gerry McGeer sera à la fois traité de lèche-bottes des financiers et porté aux nues comme un croisé en guerre contre le communisme. Quant aux grévistes, nombre d’entre eux monteront à bord du train de marchandises qui quitte Vancouver le 3 juin 1935 pour aller rejoindre la marche sur Ottawa, un autre chapitre coloré de l’histoire du Canada à l’époque de la Grande Dépression.