Les Victoria Rifles of Halifax étaient une unité de milice volontaire noire d’environ 70 hommes en Nouvelle-Écosse dans les années 1860. L’unité a participé aux célébrations de l’anniversaire de la fondation de Halifax et à un défilé en l’honneur du prince de Galles, qui a visité la Nouvelle-Écosse en 1860. Malgré leur dévouement et leurs compétences — et le soutien de certains Haligoniens blancs — les « Victorias » ont été victimes de racisme anti-Noirs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la milice. L’unité a été dissoute après environ quatre ans.
Soldats noirs en Nouvelle-Écosse au 19e siècle
Les hommes noirs servent dans la milice de la Nouvelle-Écosse depuis la fin du 18e siècle. Ils sont tenus de le faire en vertu des lois de milice de la province, comme presque tous les autres hommes. (Voir aussi Loyalistes noirs en Amérique du Nord britannique; Éditorial : L’arrivée des loyalistes noirs en Nouvelle-Écosse; L’histoire des Noirs au Canada jusqu’en 1900.)
À partir de la Loi de la milice de 1813, les hommes noirs doivent servir dans des unités distinctes rattachées à l’unité de milice locale. Ils ont le droit d’être sous-officiers, mais ne peuvent accéder aux grades d’officier. Cette politique se poursuit jusqu’à la Confédération. Les Noirs sont victimes d’une autre discrimination lors des défilés, où ils sont forcés de marcher en dernier au lieu d’accompagner l’unité de milice à laquelle ils sont rattachés. Ils doivent également faire face aux huées des spectateurs blancs.
Unités de volontaires en Nouvelle-Écosse
En 1859, le gouvernement britannique autorise la création d’unités militaires volontaires pour la défense. Les relations entre la Grande-Bretagne et la France sont tendues à cause de l’affaire Orsini de 1858, et beaucoup craignent une invasion française (voir ci-dessous). Des milliers d’hommes se portent volontaires pour ces unités en Grande-Bretagne et dans tout l’Empire britannique, y compris dans ce qui est maintenant le Canada. La création d’unités de volontaires en Amérique du Nord est encouragée par la visite prochaine du prince de Galles, annoncée en 1859.
Le saviez-vous?
Le 14 janvier 1858, le nationaliste italien Felice Orsini et ses complices ont tenté d’assassiner Napoléon III à Paris, en France. Les assassins potentiels avaient des liens avec l’Angleterre. Orsini avait vécu en Angleterre et était associé à des radicaux anglais; il a également utilisé des bombes fabriquées à Birmingham. La France a d’ailleurs accusé la Grande-Bretagne d’héberger Orsini et ses complices et les relations entre les deux pays se détériorent.
En Nouvelle-Écosse, les unités de milice sédentaire sont autorisées à former une compagnie de volontaires attachée à chaque unité. La première de ces compagnies de volontaires est formée en septembre 1859 à Sydney Mines; six autres unités de volontaires sont créées à Halifax en décembre et d’autres unités de volontaires ailleurs. À Halifax, les unités reçoivent des instructeurs d’exercice des régiments réguliers britanniques stationnés dans la ville. Les compagnies de volontaires sont autorisées à utiliser les casernes sud pour les exercices un soir sur deux; certaines unités effectuent également des exercices le matin à 6 h 30.
Les Victoria Rifles
Les membres de la communauté noire de Halifax adoptent également l’idée du service volontaire et forment les Victoria Rifles le 4 février 1860. Les « Victorias » ont un effectif d’environ 70 personnes; bien que les soldats soient noirs, les officiers de l’unité sont blancs. Le capitaine George Ritchie Anderson, des Scottish Rifles, en est le commandant. Comme d’autres unités de Halifax, les Victoria Rifles utilisent probablement les casernes sud pour les exercices et les parades.
Le premier événement auquel les Victoria Rifles participent est l’anniversaire de la fondation de Halifax en juin 1860. Ils participent avec d’autres régiments volontaires et réguliers à une « grande revue » sur les Commons d’Halifax. Lorsque le prince de Galles visite Halifax le 30 juillet 1860, le Victoria Rifles est l’une des unités de volontaires en parade. Le commandant des volontaires soumet ses unités, y compris les Victorias, à une série d’exercices. L’unité prend ensuite le train pour Truro, en Nouvelle-Écosse, où elle prend part à une garde d’honneur pour le prince.
Les Victorias se mesurent également à des régiments blancs dans plusieurs épreuves sportives, dont le tir. Lors du premier match provincial de tir à la carabine tenu en octobre 1861 à Windsor, en Nouvelle-Écosse, George Liston, des Victoria Rifles, se classe 13e sur 31 concurrents.
Racisme anti-Noirs
Les Victoria Rifles sont toutefois également sujets au racisme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la milice. En mai 1860, cinq unités de volontaires de Halifax sont organisées pour former le Halifax Volunteer Battalion (plus tard les Halifax Rifles), mais les Victoria Rifles ne sont pas invités à s’y joindre. Lors des défilés, ils sont fréquemment la cible de railleries et de commentaires désobligeants de la part des spectateurs et des autres participants au défilé. Un journal suggère même qu’ils sont « comme une farce risible face à l’excellente performance d’un drame ».
Un autre incident mène à la démission du commandant de l’unité. En effet, au cours du match de tir provincial de 1861, un sergent d’une autre unité de Halifax lance une insulte raciste à l’encontre des Victorias. Le capitaine Anderson dépose alors une plainte qui remonte la chaîne de commandement, mais n’aboutit à rien. En réaction, il démissionne de son poste d’officier en chef des Victoria Rifles.
Héritage
Les Victoria Rifles se sont dissous après environ quatre ans. La plupart de leurs membres sont tombés dans l’oubli, à l’exception de George Liston, qui est devenu un batelier indépendant dans le port de Halifax et a été reconnu par la presse, et plus tard par la ville de Halifax, pour ses activités de sauvetage.
Bien que les hommes des Victoria Rifles aient démontré leur loyauté envers la Couronne et la Nouvelle-Écosse, ils ont dû faire face au racisme anti-Noirs des autres soldats volontaires et des membres de la communauté. Même s’ils ont reçu le soutien de certains Haligoniens blancs, comme leur commandant (et éminent homme d’affaires) George R. Anderson, ils n’ont pas pu participer pleinement à la milice locale et à la société d’Halifax en général.