Winthrop
Winthrop. Opéra (dans le style d'un spectacle historique) d'István Anhalt évoquant, tel que mentionné sur la page titre de la partition, des « Événements et commentaires se rapportant à la Vie et au Temps de John Winthrop, gouverneur de la Massachusetts Bay Company, au moment de son émigration en Nouvelle-Angleterre et pendant les années qui suivirent ». Terminé en 1983, Winthrop comporte deux parties (chacune divisée en cinq sections) et sa durée est de deux heures et demie. L'oeuvre demande 6 chanteurs solistes, un choeur mixte de 24 voix, un choeur d'enfants et 30 instrumentistes. Le livret fut compilé par le compositeur à partir des écrits de Winthrop et d'autres sources originales, la plupart datant du début des années 1600 mais aussi d'époques antérieures et postérieures.
L'histoire établit d'abord que Suffolk, Angleterre, fut la localité où naquit Winthrop en 1587. Elle introduit ensuite le jeune John (chanté par un ténor) en proie à des cauchemars de jeunesse et, dans la scène qui suit, le présente accompagné de sa femme Margaret. La quatrième section est une description de la turbulente vie politique, religieuse et sociale en Grande-Bretagne qui a conduit Winthrop à émigrer en Amérique du Nord, ce qui devient le thème de la cinquième scène dans laquelle Winthrop, maintenant (en 1628) d'âge moyen (chanté par un baryton, le jeune Winthrop demeurant représenté par le ténor dans le dialogue intérieur qu'il poursuit avec lui-même), discute du pour et du contre de l'émigration, prend sa décision, est élu gouverneur de la Massachusetts Bay Company et assemble un groupe de partisans enthousiastes. La première partie s'achève alors que les bateaux prennent la mer.
La seconde partie débute alors que le bateau de Winthrop est en haute mer, en route pour l'Amérique du Nord, les émigrants s'engageant à y bâtir « une ville sur une colline », et touchant finalement les rives du Nouveau Monde. La septième section est une présentation kaléïdoscopique des événements troublants qui ont marqué l'histoire de Boston entre 1630 et 1636, et l'ascension d'Anne Hutchinson qui défie l'autorité de Winthrop. La huitième section, une scène à la salle d'audience, avec Winthrop comme procureur et juge et l'accusée Hutchinson, amène l'opéra à son sommet dramatique et musical quand cette dernière est trouvée coupable : bannie de la colonie, elle s'écroule physiquement. Winthrop est bouleversé, car en défendant son utopie il a détruit la vie d'une autre personne. Un interlude à l'orchestre représente le cauchemar de Winthrop et repousse l'action en 1649, dernière année de la vie de Winthrop. Dans la scène finale, un Winthrop vieillissant (maintenant chanté par une basse bien que les deux voix plus jeunes soient toujours présentes) évalue les succès et les échecs de son existence et, avant de mourir, réaffirme ses croyances quant à la liberté individuelle et collective. Des péans sont chantés en son honneur et les commissaires-priseurs font l'inventaire de ses biens modestes avant que l'oeuvre s'achève.
Avec La Tourangelle, Winthop constitue un diptyque qui explore la colonisation culturelle et religieuse de l'Amérique du Nord au début du XVIIe siècle. Présentée dans le cadre de l'Année internationale de la musique canadienne et des célébrations du 50e anniversaire de la SRC, la création en concert de Winthrop eut lieu le 6 septembre 1986 à Kitchener, Ont., avec l'Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo sous la direction de Raffi Armenian, avec le ténor Glyn Evans, le baryton Theodore Baerg et la basse Giulio Kukurugya (les trois voix de Winthrop), la mezzo-soprano Carol Ann Feldstein (Margaret), la soprano Resemarie Landry (Anne Hutchinson), le ténor Martin Chambers (Herald), les Elmer Iseler Singers (les Voix de la communauté), et le Stratford Boychoir (les Enfants de la communauté). La SRC radiodiffusa cette présentation de Winthrop à l'émission « Two New Hours » le 14 septembre 1986.