Zal Yanovsky | l'Encyclopédie Canadienne

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Zal Yanovsky

Zalman « Zal » Yanovsky, guitariste, auteur-compositeur, restaurateur (né le 19 décembre 1944 à Toronto, en Ontario; décédé le 13 décembre 2002 à Kingston, en Ontario). Un produit des scènes de la musique folk de Yorkville et de Greenwich Village du début des années 1960, Zal Yanovsky est particulièrement connu en tant que guitariste principal du groupe folk- rock The Lovin’ Spoonful. Formé en 1965, le groupe a obtenu sept entrées au top 10 en deux ans, incluant « Do You Believe in Magic », « Daydream » et le no 1 « Summer in the City ». Zal Yanovsky a été intronisé dans le Panthéon de la musique canadienne en 1996 et dans le Rock & Roll Hall of Fame avec le The Lovin’ Spoonful en 2000.

Jeunesse

Zal Yanovsky est le fils d’immigrants d’Europe de l’Est. Son père ukrainien, Avrom Yanovsky, est caricaturiste politique pour le journal Canadian Tribune du Parti communiste du Canada. Sa mère, Nechama Yanovsky (née Gemeril), est d’origine polonaise et travaille comme enseignante. Elle est aussi considérée comme une des plus grandes spécialistes du Yiddish de Toronto. (Voir Littérature juive au Canada.)

Durant sa jeunesse, Zal Yanovsky passe ses étés à Camp Naivelt, un camp d’été juif à Brampton, en Ontario. Le camp est réputé pour l’excellence de son programme de musique folk. C’est là que les membres de The Travellers se rencontrent et forment leur groupe en 1953. Dans l’enregistrement d’un concert donné à Camp Naivelt en juillet 1960, on peut entendre Zal Yanovsky chanter avec Sharon Trostin (aujourd’hui Hampson), qui formera plus tard Sharon, Lois & Bram.

Zal Yanovsky fréquente le Downsview Collegiate à Toronto mais abandonne l’école secondaire à l’âge de 16 ans. Après un bref séjour en Israël, où il vit dans un kibboutz puis chante dans les rues de Tel Aviv, il revient à Toronto. Il commence à fréquenter plusieurs clubs folk de Toronto, dont le Village Corner et le Bohemian Embassy. Il apprend la guitare en regardant jouer les artistes. Un temps, Zal Yanovsky vit dans la rue dans le quartier de Yorkville/Annex. Il dort souvent dans la buanderie Club Automatic située au 163 de la rue Dupont, tout près du coffeehouse folk le Gate of Cleve. C’est dans la buanderie que Zal Yanovsky rencontre l’actrice Jackie Burroughs. Ils s’épousent en 1967 et ont une fille, Zoe, avant de se séparer quelques années plus tard.

Début de carrière

Après avoir rencontré Denny Doherty, Zal Yanovsky est invité à rejoindre le trio folk dans lequel il joue, The Halifax Three. Le groupe change son nom pour The Halifax Three Plus One. Il publie deux albums chez Epic Records et effectue une tournée dans le cadre de l’« Original Hootenanny USA » avec The Journeyman, puis se sépare en 1963.

Zal Yanovsky fait ensuite un court séjour à Washington, DC, où il travaille dans un club appelé Max’s Pipe & Drum. Il se rend ensuite avec Denny Doherty à New York pour y lancer un nouveau groupe sur la prolifique scène folk de Greenwich Village. Le premier groupe qu’ils forment, en 1964, avec Cass Elliot et son premier mari, Jim Hendricks, s’appelle Cass Elliot & The Big Three. Il est suivi par l’éphémère groupe The Mugwumps. Celui-ci enregistre un album éponyme, chez Warner Bros., qui sort en 1967, alors que le groupe s’est déjà séparé.

The Lovin’ Spoonful

Quand The Mugwumps se sépare en 1965, Cass Elliot et Denny Doherty forment The Mamas and the Papas. Zal Yanovsky reste à New York et se lie à un trio de musiciens de Greenwich Village : le chanteur, auteur-compositeur et harmoniciste John Sebastian, le bassiste Steve Boone et le batteur Joe Butler. Le groupe folk-rock et blues The Lovin’ Spoonful (son nom est inspiré d’une ligne de la chanson « Coffee Blues » de Mississippi John Hurt) est né.

« Zally », comme l’appellent affectueusement ses collègues, est le showman du groupe, bouffon et flamboyant. Il s’habille en style western et porte souvent un chapeau de cowboy. « Si Sebastian était le cerveau du groupe, écrit Richard Williams dans le Guardian en 2002, Yanovsky était son personnage […] Sebastian était Lennon et McCartney combinés (et, il est bon de le mentionner, de la même fournée), tandis que Yanovsky était le Ringo des guitaristes. » Dans une interview de 2002 avec Mojo, John Sebastian rappelle comment Zal Yanovsky « faisait des grimaces au public et se croisait les yeux en jouant, il rendait ça fou et amusant, faisant la barbe à tous ces guitaristes prétentieux ».

Les Lovin’ Spoonful connaissent une rapide ascension dans les classements. Leur premier single, la chanson titre de leur premier album sur étiquette Kama Sutra, est « Do You Believe in Magic ». Lancée en août 1965, la chanson entre dès octobre dans le top 10 du hot 100 de Billboard. Surnommés les « Beatles américains » pour leurs chansons entraînantes et parfaites pour la radio, leur réputation de consommateurs de marijuana et leur penchant à composer des hits, les Lovin’ Spoonful propulsent sept singles dans le top 10 en deux ans, incluant « You Didn’t Have to be So Nice », « Daydream » et « Did You Ever Have to Make Up Your Mind? », cette dernière pièce atteignant la deuxième position sur le Hot 100 de Billboard. Le plus grand succès du groupe au classement reste l’impérissable hymne à l’été « Summer in the City ». Le single demeure en position no 1 pendant trois semaines en août 1966.

Le groupe lance trois albums avec Zal Yanovsky : Do You Believe in Magic (1965), Daydream (1966) et Hums of the Lovin’ Spoonful (1966). La compilation Best of the Lovin’ Spoonful, lancée à peu près au moment où le groupe se sépare, est l’album no 3 de Billboard en 1967. En outre, la chanson du groupe « Pow » est utilisée comme musique thème du film de Woody Allen What’s Up Tiger Lily? (1966), où figure également une prestation du groupe.

Dans son discours pour l’intronisation de Zal Yanovsky dans le Panthéon de la musique canadienne en 1996, John Sebastian dit de son camarade : « Zal était notre plus grand atout, notre quantité non mesurable. Il était notre feu et notre humour. Nous avions confiance en son intuition, son sens de la spontanéité, sa crainte d’être prévisible. »

Séparation du groupe

En 1966, Zal Yanovsky et le bassiste Steve Boone sont arrêtés à San Francisco pour possession de marijuana. En vertu d’une entente pour éviter d’être traduit en justice et déporté, Zal Yanovsky révèle le nom de son fournisseur. Ce geste lui amène une très mauvaise presse et déclenche une réaction très vive dans les milieux de la contreculture, où il est désormais considéré comme un délateur.

Simultanément, Zal Yanovsky est de plus en plus frustré par l’évolution du groupe vers un son plus suave. Il se méfie du succès et essaie de convaincre ses camarades de renouer avec leur ancienne audace. « Le groupe n’allait pas faire ce que je voulais, dira-t-il plus tard, et je ne voulais pas continuer à faire ce qu’ils feraient. » Quand Zal Yanovsky dit à John Sebastian que ses compositions sont « parties dans les toilettes », le groupe se réunit et le guitariste est congédié.

En 1980, les quatre membres fondateurs des Lovin’ Spoonful se réunissent pour figurer dans le film de Paul Simon One Trick Pony. Ils jouent ensemble une autre fois en 2000 lorsqu’ils sont intronisés par John Mellencamp dans le Rock & Roll Hall of Fame.

Carrière après les Lovin’ Spoonful

En 1968, Zal Yanovsky lance un album solo folk-rock psychédélique, Alive and Well in Argentina, qui est peu remarqué. En 1969, il co-produit Happy Sad de Tim Buckley. Pendant une brève période, en 1970, il se joint au groupe de Kris Kristofferson en tant que guitariste principal pour une tournée européenne, dont un spectacle dans le temple de la contreculture, le festival de l’île de Wight. Dans une interview, Kristofferson évoque sa relation avec Zal Yanovsky : « Il était bruyant et imprévisible, et il avait un esprit que j’aimais. » Il ajoute en riant que Yanovsky « est le seul gars que j’aie jamais dû mettre dehors. Et il m’a dit que j’aurais à le mettre dehors un jour, sans quoi il allait tout démolir autour de nous. »

Restaurateur réputé

Persécuté dans le milieu de la contreculture et désenchanté du milieu musical, Zal Yanovsky revient au Canada et se lance dans une nouvelle carrière. En 1979, avec sa deuxième épouse, Rose Richardson, il ouvre le restaurant Chez Piggy dans une ancienne écurie en pierre calcaire du 19e siècle à Kingston, Ontario. En 1991, Zal Yanovsky et sa femme publient The Chez Piggy Cookbook. Affectueusement surnommé « The Pig », le restaurant demeure une destination gastronomique populaire à Kingston. Depuis le décès de Zal Yanovsky en 2002, le restaurant est tenu par sa fille Zoe.

Honneurs

  • Intronisé dans le Panthéon de la musique canadienne (1996)
  • Intronisé (avec The Lovin’ Spoonful) dans le Rock & Roll Hall of Fame (2000)
  • Intronisé (avec The Lovin’ Spoonful) dans le Vocal Group Hall of Fame (2006)