« Ça a été un travail d’amour, de douleur, de racisme et de bonheur! »
Randi Gage, ancienne combattante de la guerre du Vietnam et défenseure de longue date des anciens combattants autochtones et des femmes, revient sur son rôle dans l’instauration du 8 novembre, il y a 30 ans, comme étant la Journée des vétérans autochtones. En 1992, l’Association nationale des anciens combattants autochtones lui a demandé de désigner une journée de reconnaissance pour les anciens combattants autochtones.
Randi Gage est oratrice pour le Bureau des orateurs du Projet Mémoire.
Réflexions de la fondatrice
Lorsque trois hommes autochtones sont entrés dans mon bureau, je n’imaginais pas à quel point ma vie allait changer. Je travaillais pour la Fondation Saint-Norbert, je venais de me marier et je n’avais jamais pensé lancer un mouvement national. Les trois hommes ont fait une demande de soutien administratif, alors je les ai aidés à préparer leurs documents pour le classement, je leur ai souhaité bonne chance et je leur ai dit que je partais en vacances pour deux semaines. Ils sont partis, j’ai terminé ma semaine et je suis partie au Mont-Riding pour une retraite entre filles.
Au milieu de la nuit au cours de la deuxième semaine, quelqu’un s’est mis à frapper très fort à ma porte, ce qui m’a terrifiée! Deux des hommes qui avaient demandé de l’aide se tenaient là. Ils étaient venus me trouver et avaient un message : nous ne pouvons pas y arriver sans vous. Alors, j’ai fait mes bagages à l’aube, nous sommes partis pour Winnipeg dans le brouillard le plus épais que j’ai vu de ma vie, et nous sommes arrivés juste à temps pour leur réunion. Lorsque la réunion s’est terminée, j’étais maintenant élue secrétaire/trésorière, et on m’a informée que j’allais me rendre à Ottawa dans un mois.
C’est ainsi qu’a commencé le périple de développement de la Journée des vétérans autochtones. À Ottawa, l’Association nationale des anciens combattants autochtones a été établie et j’en suis devenue la vice-présidente fondatrice, avec comme mandat d’instaurer une journée de reconnaissance et de commémoration pour les anciens combattants autochtones. C’est tout ce qu’on m’a dit, mis à part que cette journée devait être entièrement inclusive et qu’elle devait se dérouler à notre façon, et non selon les règles officielles de la Légion. Ils voulaient avoir un événement qui leur permettrait de raconter leurs histoires à leur communauté, sans que leurs histoires soient modifiées pour correspondre à l’idée du courant dominant de ce qu’ils faisaient. Ils voulaient que chaque communauté fasse les choses de sa propre manière, sans devoir se conformer à des règles formelles strictes.
Au fil des années, cet idéal a été changé parce que ceux qui n’étaient pas présents à ce moment-là insistaient sur le fait qu’ils savaient quoi faire et comment ce doit être fait, et ils ont changé la date que nous avions prévue. La Journée des vétérans autochtones n’est PAS une deuxième journée de commémoration, c’est une journée pour que les anciens combattants autochtones puissent se souvenir, se remémorer leurs souvenirs et pour qu’ils puissent être reconnus par leur communauté. Le 8 novembre leur a donné le temps de trouver leur uniforme, de cirer leurs bottes et de se rappeler comment marcher, et d’ensuite se rendre aux événements du 11 novembre avec leurs camarades.
La première année, ça a été un petit événement. La deuxième année a été une grande fête à Winnipeg, parce que le gouvernement provincial a déclaré le 8 novembre comme journée officielle dans son calendrier. Quelques années plus tard, j’ai ouvert le site web de l’ACC et j’ai vu que la date était indiquée sur leur site, et j’ai fondu en larmes. Depuis, les choses ont évolué et elle est devenue une journée nationale de reconnaissance. Le gouvernement fédéral reconnait la journée, mais il ne la reconnait pas comme étant une journée officielle. J’espère qu’avant mon départ, le gouvernement en fera une journée officielle dans le calendrier fédéral.
« Promesse faite, promesse tenue. » C’est la promesse que j’ai faite aux anciens combattants à Ottawa, lors de cette réunion de la fondation.