Abraham Moses Klein, poète et écrivain. (Ratno, Ukraine, 14 févr. 1909 -- Montréal, 20 août 1972). Un des plus grands poètes canadiens et une personnalité marquante de la culture judéo-canadienne, Klein grandit dans le quartier ouvrier des immigrants juifs de Montréal. Il fait des études en Humanités et en Sciences politiques à l'U. McGill (1926-1930) et, tout en étudiant, il commence à publier des oeuvres de poésie et de prose dans des périodiques canadiens et américains. Il s'avère un excellent orateur et débatteur et participe activement au mouvement de la jeunesse sioniste, Young Judaea, en tant qu'écrivain, rédacteur et pédagogue. Parmi ses amis intimes à l'U. McGill, notons David Lewis, F.R. Scott, A.J.M. Smith, Leo Kennedy et Leon Edel.
Après avoir obtenu son diplôme de la Faculté de droit de l'U. de Montréal (1933), il exerce la profession d'avocat jusqu'à sa retraite en 1956. Rédacteur et principal collaborateur attitré de l'hebdomadaire Canadian Jewish Chronicle (1938-1955), il travaille à la même époque comme collaborateur anonyme et conseiller en relations publiques pour Samuel Bronfman. Il est chargé de cours en poésie à l'U. McGill (1945-1948) et s'associe au Preview group of Montréal poets. En 1949, Klein se présente, sans succès, comme candidat à la Co-operative Commonwealth Federation. Il souffre de dépression nerveuse au début des années 50 et se retire des affaires publiques. Il s'enferme petit à petit dans le silence pour le reste de sa vie.
Une grande partie de la poésie de Klein (Hath Not a Jew, 1940; Poems, 1944) est imprégnée d'images et d'idées propres à la culture juive. Dans The Hitleriad (1944), il laisse libre cour à sa colère contre les Nazis. Son dernier et meilleur recueil, The Rocking Chair (1948), trace un portrait satirique du Québec. Enfin son court roman allégorique, The Second Scroll, (1951; trad. Le second rouleau, 1990) s'inspire du voyage qu'il a fait en Europe, en Israël et au Maroc en 1949. Klein publie aussi de nombreux articles de journaux, récits, critiques de livres et traductions de l'hébreu et du yiddish. Son oeuvre brille par son exubérance linguistique, son esprit, son érudition et sa moralité. Klein passe, à juste titre, pour avoir été « le premier à faire profiter la langue anglaise de la poésie juive authentique ». Ses ouvrages traduisent les sentiments d'une génération qui a été témoin de la destruction des Juifs d'Europe et de la réalisation du rêve sioniste.