Actions et obligations
Titres créés par des firmes de courtiers pour vendre des valeurs mobilières. Les actions représentent des parts de propriété de société, et leur prix dépend en grande partie des profits anticipés par ces sociétés. Elles accordent uniquement le droit, à certaines conditions, de recevoir des paiements dans l'avenir. En fin de compte, aucune valeur ne vaut plus que ce qu'elle rapporte sur le marché. Les sociétés peuvent émettre de nouvelles actions pour se procurer des fonds. Des maisons de placement appelées courtiers en valeurs mobilières souscrivent ces nouvelles émissions, en les achetant directement des sociétés et en les revendant au public dans des bureaux de vente au pays et à l'étranger. Même si les émissions d'actions sont généralement vendues par des groupes de courtiers, un seul courtier peut parfois vendre une émission entière.
Une fois les actions émises, elles peuvent être inscrites dans différents marchés boursiers et achetées ou vendues par l'intermédiaire de maisons de courtage. Les actions peuvent être cotées en bourse lorsqu'une société d'une certaine importance possède la stabilité et la capacité financière voulues et qu'elle consent à publier un rapport de ses opérations. Les actions ne sont pas toutes inscrites en bourse. Certaines se négocient sur le marché « hors cote », qui est un marché de valeurs formé de courtiers membres ou non d'un marché boursier. Les valeurs vendues sont celles qui ne sont pas inscrites dans un marché boursier reconnu, de même que les obligations et les débentures. Le marché hors cote est aussi appelé « marché hors bourse », marché « au comptoir » ou « marché entre courtiers ».
Tandis que les actions représentent une participation au capital social d'une société, les obligations ne sont que la promesse d'un emprunteur de payer un certain montant d'intérêts et de rembourser le capital. Les sociétés et les gouvernements sont les principaux émetteurs d'obligations. Les obligations les mieux connues au Canada sont les OBLIGATIONS D'ÉPARGNE DU CANADA, émises par le gouvernement fédéral. Elles peuvent être remboursées n'importe quand à leur valeur nominale. La valeur de la plupart des autres obligations fluctue quotidiennement, car elle permet à leurs détenteurs de recevoir une série spécifique de paiements d'intérêts. L'augmentation des taux d'intérêt équivaut à une chute de la valeur des obligations, étant donné que cette série de paiements ne représente un taux d'intérêt plus élevé que si le coût d'achat des obligations subit une baisse. Les porteurs d'obligations peuvent être protégés si la société émettrice met en garantie certains de ses avoirs en cas de faillite ou autre manquement. Les actions et les obligations sont souscrites par des courtiers en valeurs mobilières et peuvent être achetées ou vendues par l'entremise de maisons de courtage. Les obligations du gouvernement du Canada peuvent aussi être achetées dans les banques ou autres établissements financiers et, dans le cas des obligations d'épargne, par une retenue sur le salaire, méthode qui connaît une certaine popularité.
Les actions sont soit « privilégiées » soit « ordinaires ». Lorsqu'une société ne peut verser de dividendes réguliers sur toutes ses actions, les détenteurs d'actions privilégiées reçoivent, avant ceux qui détiennent des actions ordinaires, tout dividende disponible (ces dispositions peuvent ne pas s'appliquer dans le cas d'une faillite). Les actions peuvent comporter un droit de vote aux assemblées des actionnaires et le droit d'élire le conseil d'administration de la société.
Un investisseur qui désire acheter ou vendre des obligations ou des actions entre en contact avec une maison de courtage et ouvre un compte. Le représentant des ventes (courtier) d'une firme le conseille sur les avantages relatifs des placements disponibles et peut lui permettre (moyennant garantie suffisante) d'acheter ou de vendre « sur marge », c'est-à-dire que la maison de courtage prête à l'investisseur un pourcentage considérable des fonds nécessaires (contre la garantie de l'investisseur au cas où les actions devraient se vendre à perte), en exigeant un intérêt sur le capital emprunté. Si l'investisseur s'attend à ce que les cours baissent rapidement, il peut même vendre à découvert des obligations ou des actions qu'il ne possède pas, puis les racheter à meilleur prix et faire ainsi un profit spéculatif. Dans ce cas, la maison de courtage emprunterait les actions et les vendrait pour le compte de l'investisseur.
Les courtiers fournissent une vaste gamme de services spécialisés tel l'« ordre stop », qui est un ordre d'achat ou de vente d'actions donné seulement lorsque le cours limite est franchi. L'investisseur peut donner un « ordre de vente stop » à un prix quelque peu inférieur à celui en vigueur; si les cours fléchissent. Il enregistre alors automatiquement une légère perte sur la vente des actions. Les courtiers vendent aussi des « options », qui donnent le droit d'acheter ou de vendre n'importe quand certaines actions à des prix préétablis jusqu'à une date fixée à l'avance, mais la valeur de ces options peut fluctuer d'une façon spectaculaire, créant ainsi un risque pour l'investisseur.
La Commission des courtiers en valeurs et en marchandises est créée à Montréal en 1842 et la Bourse de Montréal (BM) en 1874. Soixante-trois valeurs sont cotées à la BM, comprenant les titres bancaires, le service public du gaz, les compagnies minières et de chemins de fer et les obligations du gouvernement. La Bourse de Toronto (TSE) est fondée en 1852 par un groupe d'hommes d'affaires de Toronto qui forment une association de courtiers pour créer un marché de valeurs industrielles. D'abord, ils se réunissent dans leur bureau, mais à partir de 1871, ils possèdent un lieu de réunion commun et des règlements officiels.
L'expansion de l'activité minière conduit à l'établissement de la Standard Stock and Mining Exchange (SSME) en 1899. À la suite de la découverte d'importants gisements d'or et d'argent dans le Nord de l'Ontario au cours de la première décennie du XXe siècle, les transactions à la SSME augmentent d'une façon spectaculaire. En 1934, la TSE fusionne avec la SSME, gardant le nom de Bourse de Toronto. Le Marché hors cote de Montréal qui, au début, dans les coulisses, en dehors de la Bourse de Montréal, échange des actions d'entreprises trop petites ou trop risquées pour répondre aux conditions d'inscription à la cote de la Bourse, devient la Bourse canadienne (Canadian Stock Exchange). En 1974, cette dernière fusionne avec la BM. Les trois Bourses de l'Ouest sont situées à Vancouver, à Winnipeg et à Calgary. Elles constituent principalement des lieux d'échange d'actions de petites entreprises de fondation récente.
En 1996, la valeur en dollars des actions négociées aux Bourses de Toronto, de Montréal, de Vancouver, de l'Alberta et de Winnipeg se chiffre à 369,4 milliards de dollars, dont 81,6 p. 100 sont transigées à la Bourse de Toronto et 13,6 p. 100 à la BM. La valeur cotée au prix du marché des actions des sociétés inscrites à la Bourse de Toronto à la fin de 1996 se chiffre à 1176,7 milliards de dollars. La valeur des actions fluctue énormément au fil du temps. L'année 1987 est à cet effet particulièrement turbulente, l'indice TSE 300 affichant des cours extrêmes allant de 4118,9 à 2783,3. Mais c'est le 19 octobre 1987, le « lundi noir », que survient l'une des baisses les plus tragiques du marché. À la fin de 1996, l'indice TSE 300 est monté à 5927.
Même si les transactions boursières sont réglementées par des commissions provinciales des valeurs mobilières, elles possèdent leurs propres règlements. Les risques du grand public sont minimisés, car les courtiers doivent fournir des garanties de solvabilité. Les émissions publiques de nouvelles obligations ou actions de sociétés doivent être approuvées pour distribution par la commission des valeurs mobilières de la province dans laquelle elles sont offertes, et des prospectus imprimés, décrivant et mettant à jour les détails importants relatifs aux nouveaux titres, doivent être fournis aux acheteurs éventuels. Étant donné que l'information publique concernant la conjoncture économique et les perspectives d'avenir des entreprises se reflète rapidement dans la valeur des titres, il est difficile, même pour les investisseurs professionnels (tels que les gestionnaires de caisses de retraite) d'obtenir constamment un rendement plus élevé que celui du marché dans son ensemble.
Cependant, vu le fait que des « initiés », qui reçoivent des renseignements privilégiés sur la situation d'une société, peuvent faire des affaires profitables grâce à de tels renseignements, la loi exige la divulgation publique de leurs transactions et peut même les déclarer illégales. Il y a eu de nombreux cas de fraude publicitaire et de manipulation du prix des actions, mais de tels abus sont maintenant illégaux et sévèrement punis. Aucune valeur ne vaut plus qu'elle ne rapporterait sur le marché. Le prix des valeurs dépend en fin de compte des attentes, étant donné qu'elles représentent seulement le droit, à certaines conditions, de recevoir des paiements dans l'avenir. Les marchés de valeurs sont un mélange de risques, d'incertitudes, de profits possibles et de pertes potentielles. En tant que tel, ils constituent le fondement de l'économie capitaliste moderne.