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Aires protégées

La définition d’une aire protégée (AP) selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés. » Les aires protégées peuvent comprendre des zones terrestres, marines, d’eau douce, ou d’une combinaison de toutes ces zones.

L’objectif principal d’une aire protégée (AP) est la conservation de la diversité biologique (voir Biodiversité), bien que certaines AP intègrent d’autres objectifs, incluant la préservation culturelle et historique, l’expérience et l’éducation des visiteurs, les loisirs, la recherche scientifique, ou la contribution aux économies locales. Les AP peuvent également servir de références scientifiques à partir desquelles on étudie les effets du changement environnemental mondial. Depuis leurs débuts au Canada, les gouvernements et les organismes privés ont créé plus de 5000 AP. Au total, ces aires protégées comptent plus d’un million de km2 de terres.

L’UICN établit une grille de classification à 6 niveaux pour les AP basée principalement sur des objectifs de gestion. Ces niveaux varient des AP gérées pour une protection stricte de la nature (catégorie I) jusqu’aux niveaux où elles sont gérées à la fois pour la protection et pour l’utilisation durable (catégorie V et VI). Au Canada, la majorité des aires protégées (environ 85 %) sous la juridiction fédérale, provinciale, ou privée, se trouvent dans les catégories I (protection stricte) ou II (conservation de l’écosystème et loisirs).

Histoire des aires protégées au Canada

Le Canada a une longue histoire de désignation et de gestion d’aires protégées. Le premier parc national du pays, parmi les premiers au monde, est créé en 1885 sous le nom de parc national des Montagnes Rocheuses (aujourd’hui le parc national Banff). Les premiers parcs provinciaux du pays émergent également à cette époque, incluant le parc provincial Algonquin en Ontario (1893), qui est le premier parc provincial établi afin de protéger l’environnement naturel. Le premier parc municipal du Canada est le parc du Mont-Royal, créé à Montréal en 1872.

Le premier service de parcs du monde, la Division des parcs du Dominion (maintenant l’Agence Parcs Canada) est créé en 1911 afin de superviser le réseau des parcs nationaux. En 1930, la première Loi sur les parcs nationaux est adoptée, stipulant que les parcs « doivent être entretenus et utilisés conformément à la présente loi et aux règlements de façon à rester intacts pour les générations futures ». Au cours des premières années, l’importance des AP du Canada est principalement économique, et il faut un certain temps pour que la conservation de la biodiversité devienne leur rôle primordial. La Loi sur les parcs nationaux de 1930 établit un double mandat d’utilisation et de protection, et ceci complique la gestion de parc durant des décennies. Des révisions subséquentes de la loi mettent progressivement l’accent sur la conservation, culminant avec la Loi sur les parcs nationaux de 2000, qui établit définitivement l’intégrité écologique comme première priorité de la gestion des parcs nationaux.

À la fin des années 1990, le système des AP commence à se concentrer sur les aires marines et les zones d’eau douce protégées. La Loi sur les océans de 1997 et la Loi sur les aires marines nationales de conservation de 2002 établissent le cadre juridique nécessaire à la création d’aires marines protégées. De nouvelles formes d’AP sont gérées par les Autochtones ou relèvent d’une gestion commune.

Depuis ses débuts en 1885, le système des aires protégées du Canada (fédérales, provinciales, municipales, ou privées) compte aujourd’hui plus de 5000 AP, ce qui représente plus d’un million de km2, soit près de 10 % de la superficie terrestre du pays, sous différents niveaux de protection. Moins de 1 % de la zone marine sous la juridiction du Canada est actuellement contenue dans une AP.

Types d’aires protégées au Canada

Aires protégées fédérales

Parcs nationaux : le réseau des parcs nationaux est administré par Parcs Canada et les parcs individuels sont créés pour représenter les régions naturelles du pays. Les parcs nationaux sont protégés pour préserver leur intégrité écologique et pour permettre à la population de les apprécier et d’en profiter. Ce type d’AP comprend la plus grande partie de territoire protégé du Canada. Les réserves des parcs nationaux constituent une catégorie spéciale qui existe dans les régions faisant l’objet de revendications territoriales autochtones non résolues.

Aire marine nationale de conservation : les grandes AP marines ou d’eau douce sont gérées par Parcs Canada à la fois en vue de leur conservation et de leur utilisation durable. Les aires marines nationales de conservation sont créées pour représenter les zones écologiques marines du Canada. Des réserves d’aires protégées peuvent également être établies dans des régions faisant l’objet de revendications territoriales autochtones.

Aires marines protégées : établies et administrées par Pêches et Océans Canada, ces aires marines protègent et conservent des zones importantes de pêche ou d’habitat de mammifères marins.

Refuges d’oiseaux migrateurs : Environnement Canada gère les sanctuaires d’oiseaux migrateurs pour protéger les habitats essentiels de ces oiseaux. Ces zones peuvent être de propriété fédérale, provinciale ou privée.

Réserves nationales de faune : gérées par Environnement Canada, ces zones nationales sont établies pour protéger des habitats importants d’animaux aquatiques ou terrestres. Les réserves nationales de faune situées dans les eaux marines sont appelées réserves de faune marine.

Aires protégées provinciales

Chaque province et territoire du Canada maintient un réseau de parc provincial. Les AP provinciales existent dans de nombreux types et niveaux de protection, incluant les parcs provinciaux, les réserves écologiques, les aires de nature sauvage, et les aires de gestion de la faune. Les parcs provinciaux représentent le plus grand nombre d’aires protégées du Canada, quoiqu’ils tendent à être plus petits que les parcs nationaux.

Aires protégées municipales

La plupart des municipalités et des districts régionaux du Canada maintiennent un système d’aires protégées. L’objectif de ces parcs varie de l’usage exclusivement récréatif à la gestion en vue d’une conservation de la biodiversité, mais l’accent est généralement mis davantage sur les loisirs.

Aires protégées autochtones

Une forme émergente d’AP au Canada, les aires protégées autochtones, est celle que les peuples autochtones administrent directement, habituellement dans un but de conservation ou d’utilisation traditionnelle et durable. Une de ces aires protégées est le parc tribal de l’île Meares dans la baie Clayoquot, en Colombie-Britannique. Dans d’autres cas (par exemple plusieurs parcs nationaux nordiques), les peuples autochtones peuvent gérer conjointement une zone protégée avec un autre organisme, habituellement le gouvernement fédéral, provincial ou territorial. Le parc national Ivvavik a été le premier parc national établi dans le cadre d’un règlement de revendication territoriale autochtone. Il est géré conjointement par Parcs Canada et les Inuvialuit.

En 2018, le Cercle autochtone d’experts crée le concept des aires protégées et de conservation autochtones (APCA). Depuis, les APCA sont un moyen par lequel les terres peuvent être protégées alors que les peuples autochtones dirigent les efforts de conservation basés sur les systèmes culturels et juridiques autochtones. De nombreuses demandes ont été faites pour créer des APCA. En date de juin 2023, trois APCA reconnues par le gouvernement fédéral sont établies au Canada.

Aires protégées privées

Les aires protégées privées sont réservées par des particuliers ou des organisations privées en vue de conserver la biodiversité ou des habitats importants. La réserve naturelle des prairies à herbes hautes du Manitoba, la réserve naturelle Gault, et le Cathedral Lakes Resort (dans le parc provincial Cathedral, en Colombie-Britannique) sont des exemples d’aires protégées privées au Canada.

Réserves de la biosphère

Les réserves de la biosphère des Nations Unies sont une forme d’AP intégrant la conservation et l’utilisation durable, et elles comprennent une zone protégée centrale (souvent un parc national ou provincial), une zone tampon, et une « zone de coopération » étendue axée sur l’utilisation durable. Quinze réserves de la biosphère existent au Canada, bien qu’elles n’aient pas de désignation légale officielle.

Difficultés

Au Canada, les aires protégées font aujourd’hui face à un certain nombre de difficultés sur le plan écologique, politique, social, et économique.

Les AP ne peuvent pas survivre par elles-mêmes sans une éthique de gestion régionale plus étendue, et les difficultés comprennent la manière de mieux les intégrer dans leur paysage régional, ainsi que la façon de concilier leurs objectifs avec ceux des peuples autochtones, des communautés locales, et d’une variété d’autres parties intéressées de divers ordres.

Bien que l’expansion des systèmes d’aires protégées se poursuive au Canada, les budgets nécessaires à leur gestion ne suivent généralement pas le rythme de cette croissance. La gestion des demandes actuelles et futures constitue un problème important face aux budgets limités.

L’expansion et l’achèvement du système national représentent un autre défi. La création de nouvelles AP exige un investissement économique considérable et une volonté politique, ainsi qu’une coopération entre les organismes gouvernementaux, les Premières Nations, et les communautés locales. L’expansion de la protection des écosystèmes marins constitue également un enjeu particulier pour l’avenir.

Le fait d’assurer la connectivité et d’établir des approches à l’échelle du paysage pour la planification des AP est une autre difficulté, étant donné que ni les espèces menacées ni la pollution n’adhèrent nécessairement aux limites désignées. L’établissement de corridors de connexion entre les AP pour faciliter le mouvement des espèces est essentiel face au changement climatique mondial.

Voir aussi Gouvernance en matière d’environnement; Conservation et aménagement de la faune; Réserve faunique.