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Questions relatives aux animaux

Tout ce qui attire l'attention sur les animaux et leur fait de la publicité, même brièvement, peut être considéré comme une question relative aux animaux.

Questions relatives aux animaux

Tout ce qui attire l'attention sur les animaux et leur fait de la publicité, même brièvement, peut être considéré comme une question relative aux animaux. Bien que le lien étroit entre les hommes et les animaux existe depuis la préhistoire, les organismes pour la protection des animaux n'existent, en Occident, que depuis la fin des années 1800.

Défense des animaux
Au cours de l'époque victorienne, un mouvement contre la vivisection s'amorce pour combattre l'utilisation d'animaux dans les laboratoires de recherche biomédicale. Au Royaume-Uni, la bataille entre les partisans de la vivisection et les militants qui s'y opposent a pour conséquence l'adoption, en 1876, de la Cruelty to Animals Act. Cette loi annonce la victoire des adversaires militants de la vivisection. Dorénavant, les chercheurs en science médicale de Grande-Bretagne doivent se soumettre à un système de permis, d'inspection et de règles de pratique. Cette loi, encore controversée aujourd'hui, est remplacée en 1986 par le Animals (Scientific Procedures) Act.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la recherche biomédicale subit un grand essor. Les découvertes en terme de médicaments, de traitements et de techniques se font à un rythme tel que les sciences de la santé peuvent maintenant prévenir et traiter des maladies que l'on croyait incurables, prolonger la vie et soulager la souffrance. Au Canada, depuis 1968, le Conseil canadien de protection des animaux (CCPA) s'occupe de la surveillance en matière d'éthique en ce qui concerne l'utilisation des deux millions d'animaux de laboratoire utilisés annuellement en recherche biomédicale. Le CCPA est à l'origine des comités locaux et institutionnels de protection des animaux, concept qui sera adopté plus tard partout dans le monde. Les comités locaux de protection des animaux s'assurent que les lignes directrices et les directives du CCPA soient respectées.

Le nombre d'animaux utilisés pour la recherche a diminué à cause du coût élevé de leur achat et de leur hébergement. De plus, le développement d'animaux transgéniques (animaux dont on a altéré les gènes afin qu'ils reproduisent de plus près les maladies humaines) et la mise au point de techniques alternatives comme la culture des tissus et la simulation par ordinateur, réduisent le besoin d'utiliser des animaux. Même si les expériences faites sur les animaux ont fait progresser la médecine et la chirurgie humaine autant qu'animale, la controverse sur l'usage des animaux persiste.

En 1975, le psychologue clinicien Richard Ryder invente le mot « zooségrégation » pour décrire le favoritisme accordé à sa propre espèce. Ce préjugé est critiqué par les philosophes qui s'opposent au concept judéo-chrétien de la « suprématie » de l'homme sur l'animal et qui affirment que les animaux ont des droits similaires à ceux des humains (vivre sans souffrir ni subir les traitements que l'animal humain leur impose).

Cette dernière opinion est partagée par les groupes végétariens et végétaliens (qui ne consomment aucun produit animal). Même si ces groupes font la promotion de leur philosophie depuis de nombreuses années, le nombre d'adhérants est demeuré sensiblement le même jusqu'à ce que les fondations des maladies du coeur préconisent de consommer moins de graisses animales afin de diminuer les risques de maladies cardiovasculaires. Un grand nombre de personnes adhèrent à cette philosophie, mais il est intéressant de noter que la diminution de la consommation de viande n'est pas liée à un plus grand intérêt pour un traitement sans cruauté des animaux mais plutôt à l'intérêt porté à un style de vie plus sain.

Dans les années 1980, le Dr Peter Singer, James Mason aux États-Unis et quelques autres désirent que le débat sur la libération de l'animal tienne compte d'une « nouvelle éthique » du traitement des animaux. Leur champ d'intérêt englobe maintenant les animaux domestiques élevés selon de nouvelles pratiques intensives de gestion du bétail, les animaux utilisés dans les rodéos, les cirques et les zoos, ainsi que ceux qui font l'objet de la chasse sportive ou qui sont tués pour leur peau.

Actuellement, l'intérêt du public et son appui à la défense des droits des animaux semblent décliner. À titre d'exemple, le port de la fourrure n'est pas déploré, mais plutôt généralement accepté comme un choix et un droit individuels. Ceux qui portent la fourrure ne se font plus attaquer au pistolet à peinture et les ventes de la fourrure ont augmenté dans la plupart des pays. L'attitude du public peut venir de son désaccord avec l'activisme du mouvement anti-fourrure ou probablement des importants changements apportés par les trappeurs et l'industrie de la fourrure dans la promotion des pièges anti-douleur, de codes de bonne pratique et de la formation des trappeurs. Le Canada, plus particulièrement l'Institut de la fourrure du Canada, soutenu par le fédéral, défend le développement et l'acceptation de normes internationales pour des pièges anti-douleur qui sont mises en place par l'Organisation internationale de normalisation. Une partie du changement d'attitude peut également être due à l'apparition de la fourrure d'élevage produite dans des installations et selon des procédés de sélection acceptables et à la prise de conscience du fait que les fourrures capturées dans la nature représentent une ressource naturelle renouvelable.

Problèmes contemporains

De nombreuses questions relatives aux animaux continuent de susciter l'intérêt du public et de le préoccuper.

Gestion du bétail
L'industrie des productions animales a mis au point des méthodes modernes permettant au fermier de réaliser des profits et au consommateur de se procurer un produit économique. Pour ce faire, l'industrie a élaboré des techniques intensives de gestion du bétail qui sont remises en question par ceux qui se préoccupent du bien-être des animaux (voir Zootechnie). Afin de défendre leur point de vue, plusieurs groupes de producteurs se sont formés dans le but d'informer le public en général sur les efforts déployés par les fermiers canadiens pour assurer un traitement sans cruauté du bétail et de la volaille.

De son côté, Agriculture Canada publie des codes de pratiques concernant la plupart des espèces animales élevées sur les fermes canadiennes. Ces publications sont le résultat d'un consensus entre chercheurs, vétérinaires, fermiers, chargés de la réglementation et représentants des groupes de protection animale.

Maladie de la vache folle

En 1996, le monde animal fait la manchette des journaux. L'apparition de la maladie de la vache folle ou encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a davantage permis de définir la place des animaux dans la chaîne alimentaire que toute autre activité des droits des animaux.. Bien qu'aucune preuve scientifique n'existe d'un lien entre l'ESB et la maladie de Creutzfeld-Jakob (MCJ), un nombre disproportionné de cas de MCJ en Grande-Bretagne, comparativement aux autres pays, éveille le soupçon que l'ESB puisse être transmise à d'autres espèces, et tout particulièrement à l'humain.

L'ESB est découverte pour la première fois au Royaume-Uni au milieu des années 80. Au Canada, un cas est confirmé et attribué à une vache importée du Royaume-Uni, qui est tuée et dont la carcasse est brûlée. Le Canada a interdit l'importation d'animaux vivants, d'embryons congelés et de sperme provenant de tout pays ayant rapporté des cas d'ESB.

Cette maladie semble être liée à une maladie du mouton, la tremblante du mouton (scrapie), car les bovins d'Angleterre ont été infectés en mangeant des compléments alimentaires provenant de carcasses de mouton ou de farine de viande de mouton. La tremblante du mouton a été identifiée au Canada, mais tous les moutons ont été tués et brûlés. Le Canada a des règles d'importation strictes relativement à l'importation de moutons vivants. Une maladie observée sur un wapiti dans l'Ouest canadien, connue comme la maladie des avortons, comporte certaines ressemblances cliniques à l'ESB.

Fièvre aphteuse

Le Canada est très vigilant en ce qui concerne la facilité avec laquelle la fièvre aphteuse peut se propager. On se souvient de la facilité avec laquelle cette maladie s'est installée en Saskatchewan en 1952, et des pertes financières sur les marchés d'exportation de bétails. Par conséquent, tous les efforts sont entrepris pour que la maladie ne réapparaisse pas au Canada. En 2001, lorsque la fièvre aphteuse se déclare au Royaume-Uni, le Canada dépêche une équipe de vétérinaires en Angleterre pour mieux comprendre la maladie et les moyens de l'éliminer. Il renforce ses règles d'importation, lance un excellent programme d'information publique et impose des bains de pieds pour tous les passagers qui reviennent en avion au Canada en provenance de pays touchés par la maladie.

Nous savons maintenant que la prolifération rapide de la maladie en Angleterre était liée à la grande facilité avec laquelle le bétail était transporté entre l'Angleterre et le continent. L'industrie britannique du transport d'animaux a reconnu son rôle, et des codes de bonne pratique ont été élaborés, y compris la désinfection de tous les véhicules de transport et l'équipement. Le Canada a adopté des codes de bonne pratique similaires.

Transport d'animaux

Le transport d'animaux est un autre sujet récent. Avec au moins 75 000 chiens et chats voyagent en avion chaque année et que un million de poussins âgés d'un jour sont dans les airs à chaque jour, il est facile de comprendre que l'on s'intéresse grandement à la sécurité et au bien-être de ces animaux. Malheureusement, il est impossible d'obtenir des données précises sur le nombre d'animaux qui sont transportés par camion ou par bateau.

Des tentatives pour régler cette question sont amorcées à différents paliers. Ainsi, certaines compagnies aériennes ont produit des cassettes vidéos pour informer le public sur l'importance accordée à la préparation des animaux de compagnie en vue du voyage en avion ainsi que sur la formation de leur personnel au sol sur ce point. Agriculture Canada a mis sur pied un comité formé de représentants de tous les groupes d'actionnaires ayant des intérêts dans le transport d'animaux. Le mandat du comité est de fournir un plan d'action pour assurer l'application des règles de la Loi sur la santé des animaux concernant le bien-être et le bon traitement de tous les animaux transportés au Canada. L'objectif est d'assurer que les règles du transport d'animaux selon la Loi sur la santé des animaux soient appliquées. Des propositions ont été faites et des études pilotes locales ont été menées pour que des groupes de vétérinaires, des groupes régionaux de protection des animaux, l'industrie du bétail des régions, les chargés de la réglementation provinciale et des employés du gouvernement fédéral soient impliqués.

Il existe deux associations internationales de transport d'animaux. La « Animal Transportation Association » est multidisciplinaire et regroupe des compagnies aériennes, des transporteurs d'animaux, des agents d'assurances, des agents de transport, des groupes pour la protection des animaux, des vétérinaires et des organismes gouvernementaux. L'Association du Transport aérien international (IATA), quant à elle, regroupe des représentants de l'aviation commerciale et de nombreux observateurs et personnes ayant un statut consultatif. L'IATA publie un manuel de procédures utilisé par l'aviation commerciale, les organismes gouvernementaux, les organismes pour la protection des animaux, et autres. Ce manuel sert de guide pour les enceintes, la préparation des animaux au voyage et fournit une liste des organismes consultatifs et de la réglementation internationale.

Animaux de compagnie

Au cours d'un grand nombre de colloques, on a tenté de définir les problèmes associés aux animaux de compagnie. Les discussions ont mis l'accent sur les maladies, les morsures de chien, la pollution des parcs, des pelouses et des jardins, le contrôle de la population animale et l'euthanasie. Malgré les colloques, les livres, les cliniques de stérilisation et l'éducation du public sur la responsabilité d'être propriétaire d'un animal, les fourrières et les sociétés de protection des animaux doivent tuer un nombre considérable de chats et de chiens. Au Canada, on détruit environ 500 000 animaux de compagnie par année.

Souffrance chez l'animal

Le dilemme associé à la relation entre l'homme et les animaux fait l'objet d'un livre de Marion Stamp Dawkins, biologiste à Oxford : Animal Suffering : The Science of Animal Welfare (1980). On y trouve les grandes lignes de l'approche biologique de l'assistance aux animaux. Malheureusement, nos connaissances sont limitées en terme de ce qui constitue souffrance et détresse chez un animal : comment reconnaître la souffrance latente ou cachée. Pour mieux comprendre la souffrance chez les animaux, il est nécessaire de mieux comprendre leurs besoins éthologiques ou comportementaux, leur conscience et leur perception.

Besoins comportementaux

À la fin du 20e siècle, l'étude des besoins sociaux et comportementaux des animaux est devenue une science en soi bien que les adeptes de behaviorisme animal existent depuis de nombreuses années. La science démontre que les animaux ont des besoins comportementaux et que certains d'entre eux peuvent être mesurés. De plus, il est établi que la performance de modèles de comportements normaux peut être cruciale au bien-être de l'animal. Par conséquent, de nouvelles lois et lignes directrices exigent que la question des besoins sociaux et comportementaux soit abordée. On tente de régler la question en fournissant un meilleur environnement à l'animal, par exemple, de meilleures enceintes et la présence de congénères ou d'humains ou quelque chose avec quoi l'animal peut interagir. Ainsi, l'animal risque moins de manifester des troubles comportementaux comme se déplacer de façon continue et nerveuse, s'emballer ou mordre.

En général, les animaux sont des créatures sociales qui aiment le contact avec l'être humain ou l'interaction avec les animaux qu'ils aiment ou avec qui ils cohabitent. Il est maintenant prouvé scientifiquement que les animaux ont en effet des besoins comportementaux dont quelques-uns sont mesurables. De plus, on a établi que la manifestation des comportements naturels est essentielle au bien-être de l'animal. C'est pourquoi les nouvelles lois et lignes directrices doivent tenir compte des besoins sociaux et comportementaux des animaux.

L'étude du comportement canin et félin ou de l'animal de compagnie est une discipline qui gagne du terrain. Cela ne devrait étonner personne, car plus de 45 p. cent des chiens et des chats qui sont euthanasiés chaque année à la demande de leur propriétaire, le sont à cause de problèmes comportementaux ou de discipline.

Relation entre l'homme et l'animal

L'examen approfondi de la relation entre l'être humain et les animaux a eu pour conséquence l'évolution de la reconnaissance scientifique du lien étroit entre l'homme et l'animal de compagnie. Fondée en 1981 dans le but de promouvoir les interactions entre l'homme et l'animal, la Delta Society, éminent organisme international, offre des cours et une formation sur l'interaction thérapeutique entre animaux de compagnie et écoliers, personnes malades, handicapées ou âgées ainsi que sur la responsabilité liée au fait de posséder un animal.

Au Canada, l'Association canadienne sur les relations privilégiées liant les humains et les animaux (HABAC), dont les origines sont similaires à celles de la Delta Society, voit le jour en 1987. HABAC travaille en collaboration avec la Delta Society dans l'élaboration de programmes, coopère avec l'Association canadienne des vétérinaires et la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux et sert d'organisme parapluie aux autres organismes partageant les mêmes buts, c'est-à-dire la zoothérapie, les animaux de service et la responsabilisation du propriétaire d'un animal.

Le Canada a accueilli trois colloques « Pet as Society » (le premier en 1976), bien avant qu'un colloque, partout ailleurs, ne s'intéresse aux relations entre l'homme et l'animal ou à la responsabilisation des propriétaires d'animaux. En 1992, HABAC organise un congrès international à Montréal sous le thème « Animals and Us » qui réunit plus d'un millier de délégués du monde entier. C'est au cours de ce congrès que la International Association of Human-Animal Interactive Organizations est fondée et tient sa première réunion.

Les organismes qui s'intéressent aux liens entre l'homme et l'animal de compagnie y compris les chercheurs qui les étudient, parlent des avantages associés à cette relation, notamment une diminution du stress et de la tension artérielle ainsi qu'une meilleure socialisation. L'utilisation de chiens pour aider les handicapés (visuels ou auditifs) est déjà courante. Les nouvelles connaissances acquises grâce à la recherche biomédicale ou par notre propre compréhension des animaux et de nos responsabilités envers eux ne peuvent que mener à l'amélioration de la santé et du bien-être à la fois des personnes et des animaux.

Groupes de protection des animaux

De nombreuses universités canadiennes ont des organisations étudiantes qui se préoccupent du traitement éthique réservé aux animaux. De façon générale, de tels groupes ne représentent pas la position de tous les étudiants, mais ils font sentir leur présence sur les campus par le biais de manifestations et de protestations. Ils ne vandalisent que très rarement les installations pour animaux ou les propriétés et harcèlent peu les scientifiques ou le personnel responsable des soins des animaux, ce en quoi ils diffèrent de leurs homologues d'autres pays.

Au Royaume-Uni, une campagne contre Huntingdon Life Sciences se montre tellement agressive - attentats à la bombe contre des voitures et présence de manifestants aux résidences du personnel de laboratoire et aux institutions financières connectées aux laboratoires - que la Criminal Justice and British Police Act est renforcée, faisant du harcèlement, du vandalisme et de la profération de menaces publiques des délits.

La Humane Society et d'autres groupes à caractère moins militant, manifestent la volonté d'ouvrir la discussion de façon rationnelle et sans parti pris. Malheureusement, la prolifération de groupes polarisés (« Save our Seals ») dilue les objectifs généraux des organismes de protection animale. Cette division nuit parfois aux modérés et aux gestes qu'ils posent pour protéger les animaux et éliminer les pratiques cruelles. Certains considèrent les efforts des militants comme de « la compassion mal dirigée ». Jusqu'à présent, personne n'a défini la notion de compassion, mais le professeur philosophe Bernard E. Rollin traite de cette question dans son livre Animal Rights and Human Morality (1981).

Parmi les quelques 30 organismes canadiens s'occupant de la protection des animaux, la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux est celle qui compte le plus grand nombre de membres (200 000 incluant les filiales). Le mouvement est représenté par des sociétés humanitaires provinciales, territoriales et municipales, dont certaines opèrent de façon indépendante. Ces organisations tiennent des refuges pour animaux et offrent des programmes de formation. Certaines œuvrent même dans le contrôle des animaux.

Bon nombre d'agences internationales de protection des animaux (la Humane Society of Canada, la Société mondiale pour la protection des animaux et le Fonds international pour la protection des animaux) ont des secrétariats au Canada. Pour la plupart, ces agences sont financées avec des fonds et des méthodes organisationnelles des organisations-satellites situées à l'extérieur du Canada. Par conséquent, certaines de leurs activités vont à l'encontre de l'opinion des Canadiens.