Historique au Canada
Dans les années 20, 30 et 40, l'achat d'un gros appareil tel qu'une machine à laver représentait une dépense importante pour beaucoup de Canadiens. Il existait quelques fabricants canadiens d'appareils ménagers comme Beatty, à Fergus, en Ontario, qui ont bâti leur réputation sur la fiabilité de leurs machines à laver et de leur service après vente. L'essor de l'industrie des appareils électroménagers est un phénomène de l'après-guerre résultant de la forte croissance de la demande pour les biens de consommation aux États-Unis dans les années 50.
À cette époque, les principaux appareils sont d'abord fabriqués aux États-Unis, puis importés au Canada. Des marques comme Kelvinator, Frigidaire, Philco, General Electric (GE) et Westinghouse sont bien connues des foyers canadiens. À cause des tarifs douaniers élevés, la majorité des fabricants américains trouvent plus rentable de fabriquer ces appareils au Canada lorsque le volume des ventes est suffisamment important pour réaliser des économies d'échelle appréciables. Par conséquent, l'industrie canadienne se voit en grande partie dominée par des capitaux étrangers, bien que le niveau des tarifs douaniers favorise la réussite de quelques entrepreneurs canadiens à l'échelle régionale.
W.C. Wood et Ralph Barford, qui sont parmi les hommes d'affaires canadiens les plus prospères, mettent sur pied des compagnies de produits électroménagers qui ont survécu malgré les hauts et les bas de l'industrie et la récession du début des années 80. Wood réussit en se spécialisant dans la fabrication d'un produit unique, les congélateurs, et en exportant aux États-Unis.
En 1984, il est devenu le fabricant de congélateurs le plus important et le plus moderne du Canada. Principalement en acquérant de petites entreprises comme McClary, Easy et Moffat, Barford met sur pied la compagnie GSW inc., qui est la seule compagnie canadienne à produire la gamme complète d'appareils électroménagers. Moffat, son acquisition probablement la plus importante, place GSW au rang des six grands fabricants de ce secteur. Les cinq autres, des entreprises détenues par des capitaux étrangers, sont Admiral, GE, Inglis, White et Westinghouse.
Dès le milieu des années 70, le gouvernement fédéral incite les fabricants à s'unir pour diminuer le prix de revient des appareils en augmentant leur capacité de production pour devenir plus compétitifs. Une occasion de regroupement se présente en 1975, lorsque White accepte d'acquérir l'importante division de l'électroménager de Westinghouse aux États-Unis. Les actifs détenus au Canada par cette société sont par le fait même inclus dans l'accord. Toutefois, l'AGENCE D'EXAMEN DE L'INVESTISSEMENT ÉTRANGER (AEIE) intervient pour bloquer la vente des intérêts canadiens. N'eût été cette décision, le projet de White-Westinghouse lui aurait accordé une capacité de production suffisante pour menacer ses quatre concurrents et en particulier GSW.
Pour protéger GSW, Barford négocie une fusion avec la Compagnie générale électrique du Canada Limitée et crée la société à risques partagés Camco. Celle-ci achète alors la division de l'électroménager de Westinghouse et, comme GSW détient 50 p. 100 des actions de Camco, la transaction ne nécessite pas d'examen par l'AEIE. En 1976, il ne restait plus que quatre sociétés concurrentes fabriquant une gamme complète d'appareils électroménagers : Admiral, Camco, Inglis et White. Ce nombre est réduit à trois en 1982 lorsque White, avec l'aide du gouvernement, achète Admiral qui est dans une situation précaire.
Situation actuelle de l'industrie canadienne
Comme les tarifs sur les importations doivent diminuer au début des années 80 pour atteindre 12,5 p. 100 en 1987, les fabricants d'appareils électroménagers constatent que, pour tenir tête à la concurrence internationale, il faut accroître la RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIELS. En 1984, les États-Unis ne peuvent plus exporter les produits de base au Canada à des prix inférieurs à ceux des fabricants canadiens et, même avec l'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE, les produits de base américains ont encore de la difficulté à pénétrer le marché canadien à cause du taux de change (0,75 $ pour 1 $). Toutefois, il est plus vraisemblable qu'une entente de spécialisation dans les marchés canadien et américain rapporterait de plus grandes économies d'échelle au Canada. En 1986, les exportations de réfrigérateurs et de congélateurs se sont chiffrées à 143 847 appareils évalués à presque 40 millions de dollars, suivant une tendance à la hausse depuis 1984.
Pour ce qui est des nouveaux produits, les échanges internationaux sont moins influencés par les prix que par les innovations. Le Canada importe notamment des lave-vaisselle et des fours à micro-ondes dont la conception et la mise au point se font à l'étranger. Ces produits ne sont fabriqués au Canada que lorsque le volume des ventes est suffisant pour rendre l'entreprise rentable. Dans les milieux industriels, on estime qu'en 1986 le coût de production au Canada est de 15 à 20 p. 100 plus élevé qu'aux États-Unis pour les produits courants et de 30 à 40 p. 100 supérieur pour les nouveaux produits, en supposant la parité des dollars canadien et américain.
Les fabricants de gammes complètes de produits électroménagers s'attendent à augmenter le nombre de leurs employés en Ontario et au Québec. La compagnie Camco, détenue actuellement à 51 p. 100 par la Compagnie générale électrique du Canada, est un puissant concurrent grâce aux marques Hotpoint, GE et Moffat. Elle fabrique aussi une partie des modèles Beaumark pour La Baie et Simpsons. La compagnie Inglis, détenue à 43 p. 100 par Whirlpool, est représentée par les produits Admiral, Inglis et Whirlpool et fabrique aussi les modèles Kenmore pour Sears. La compagnie White, détenue presque entièrement par la compagnie suédoise Electrolux, sera présente sur le marché grâce aux marques White-Westinghouse, Kelvinator et Frigidaire, et elle produira aussi une grande partie des modèles Viking pour Eaton et une certaine partie des appareils Beaumark.
Bilan économique de l'industrie
Malgré la hausse des exportations et la baisse des importations (des phénomènes attribuables en grande partie à la faiblesse relative du dollar canadien), l'industrie de l'électroménager enregistre encore un déficit en 1982. Cette année-là, la pire en 10 ans, les ventes baissent de 20 p. 100. Une reprise se manifeste en 1983 et se poursuit à un rythme quelque peu ralenti en 1984. Le seul article qui se vend très bien est le four à micro-ondes, dont les ventes augmentent régulièrement depuis 1976, passant de 65 000 unités cette année-là à 1 075 000 unités en 1986.
Toutefois, globalement, les ventes ne cessent de baisser depuis 1978. La cause de ce déclin est la saturation du marché des produits de base et le faible niveau des achats de remplacement. Par exemple, la proportion de foyers canadiens possédant un réfrigérateur (99 p. 100) est la même en 1986 qu'en 1976. Le point de saturation pour les cuisinières (93 p. 100) et les machines à laver automatiques (76 p. 100) n'augmente pas non plus. La proportion de foyers possédant une sécheuse augmente légèrement, passant de 55 p. 100 en 1976 à 69 p. 100 en 1986.
En dehors de ces produits essentiels, le point de saturation varie. Pour les congélateurs, il atteint 58 p. 100 en 1986, mais pour les appareils de climatisation, il n'est que de 18 p. 100. Dans le cas des nouveaux produits, le point de saturation au Canada se rapproche peu à peu de celui des États-Unis. Celui des lave-vaisselle atteint 26 p. 100 en 1979, comparativement à 43 p. 100 aux États-Unis. En 1986, ce chiffre passe à 38 p. 100 au Canada. La situation est analogue pour les fours à micro-ondes : en 1982, aux États-Unis, leur point de saturation est d'environ 27 p. 100. Il est de 31 p. 100 au Japon et de 10 p. 100 au Canada. En 1986, ce chiffre au Canada est passé à 44 p. 100 et à environ 60 p. 100 aux États-Unis.
Associations
Au sein de l'industrie, la main-d'oeuvre canadienne est représentée par plusieurs syndicats, dont les Ouvriers unis de l'électricité. À cause d'une baisse de la production et surtout de l'efficacité des installations, le niveau d'emploi a connu un déclin dans ce domaine, passant de 11 888 en 1976 à 6902 en 1981. Le taux des salaires était en moyenne plus élevé au Canada qu'aux États-Unis au milieu des années 70, mais le déclin du dollar canadien par rapport au dollar américain a renversé la situation dès le début des années 80.
En 1984, ces deux pays ont dû faire face à une forte concurrence de la part des pays d'Extrême-Orient et d'Amérique latine dans le domaine des pièces d'équipement bon marché. Les fabricants sont représentés par l'Association canadienne des fabricants d'appareils ménagers, qui est elle-même une filiale de l'Association des manufacturiers d'équipement électrique et électronique du Canada, dont le siège social est à Toronto.