Architecture - concours d'architecture
L'hôtel de ville de Toronto, un édifice canadien bien connu, a été construit à l'issue d'un concours d'architecture. Terminé en 1963, il est l'oeuvre de l'architecte finnois Viljo Revell, qui a remporté le concours international de 1958 lancé par la ville. Plus de 500 architectes du monde entier y ont pris part. L'hôtel de ville est célèbre pour sa conception architecturale particulière, et le concours d'architecture qui l'a choisi est depuis devenu un modèle du genre dans le milieu de l'architecture professionnelle.
Un concours d'architecture a lieu lorsqu'au moins deux architectes présentent pour un bâtiment prévu pour un même site à un certain moment des projets distincts. Certains concours sont ouverts, c'est-à-dire que tout architecte d'une région donnée est libre d'y participer. D'autres sont sur invitation et n'admettent que les architectes possédant une expertise pertinente ou qui sont reconnus pour leurs réalisations exceptionnelles. Il peut aussi advenir que l'admissibilité soit limitée à une région géographique. Le bassin de concurrents admissibles peut donc être local, régional, provincial ou même international. Parfois, on choisit le gagnant parmi tous les participants. Certains concours se déroulent en deux temps. Quelques concurrents sont alors sélectionnés et constituent les finalistes, qui sont invités à participer à un second concours. Les participants à des concours sur invitation et ceux qui parviennent à la deuxième étape d'une sélection peuvent recevoir des honoraires. Ainsi, le concours de l'hôtel de ville de Toronto était ouvert et avait lieu à l'échelle internationale. Il s'est déroulé en deux temps et les finalistes ont reçu un prix en argent pour avoir été sélectionnés.
De nos jours, les concours sont tenus sous les auspices d'associations professionnelles d'architectes, qui s'assurent que les programmes et les documents du concours sont bien conçus, que les prix et récompenses offerts aux concurrents sont suffisants, que la procédure est juste et, finalement, que les jurés devant se prononcer sur l'issue du concours sont bien qualifiés. Le premier prix s'accompagne habituellement d'un contrat pour réaliser le projet lauréat, mais le prestige apporté par une deuxième place ou une troisième place constitue aussi un tremplin important dans la carrière d'un architecte. Parfois même, les projets terminant en deuxième place sont considérés comme annonciateurs d'un potentiel architectural qui a fait l'admiration du jury, mais qu'il a hésité à choisir.
Les concours d'architecture contemporains sont organisés par des conseillers professionnels qui assument la responsabilité de préparer les documents nécessaires aux concurrents, d'établir la procédure (par exemple, de s'assurer que l'identité de tous les concurrents reste secrète durant les délibérations du jury), de nommer des candidats-jurés et d'obtenir l'approbation des associations professionnelles d'architecture intéressées. D'ordinaire, le jury est formé d'une brochette d'éminents architectes et de représentants des sociétés qui commanditent la construction du projet gagnant.
Les procédures qui régissent aujourd'hui les concours d'architecture sont le fruit d'une longue évolution. Au Canada, le choix des projets lauréats s'est fait parfois de façon beaucoup moins rigoureuse. Citons le concours lancé en 1859 pour la réalisation du Parlement et de ses annexes, à Ottawa. Ce concours est organisé par le ministère des Travaux publics, sur la recommandation du gouverneur général de l'époque, sir Edmund Walker Head. Sous le couvert de pseudonymes, 17 architectes soumettent 33 projets à un jury composé de 2 hauts fonctionnaires. C'est l'équipe formée de Thomas Fuller (qui deviendra l'architecte en chef du nouveau Dominion du Canada) et de Chilion Jones qui l'emporte et qui décroche le contrat pour construire l'édifice principal du Parlement. Dans cet exemple historique particulièrement heureux, les deuxième et troisième prix reçoivent aussi une commande. Thomas Stent et Augustus Laver sont choisis pour réaliser les bâtiments administratifs qui encadrent l'édifice principal, et F.W. Cumberland et W.G. Storm, la résidence du gouverneur général (qui ne sera pas construite, puisqu'on utilisera plutôt un bâtiment existant, Rideau Hall).
Toutefois, le concours lancé en 1880 pour la construction du nouvel édifice de l'Assemblée législative de l'Ontario se termine de façon moins brillante. Après avoir écarté tous les plans soumis sous prétexte de leur coût trop élevé, on accorde le contrat à un architecte de Buffalo, dans l'État de New York, qui était par ailleurs membre du jury.
Au fil des années, d'autres controverses éclatent au sujet de concours, mais le procédé demeure. Dans les décennies suivantes, on lance des concours d'architecture pour la construction des édifices qui abriteront les assemblées législatives de la Colombie-Britannique en 1892-1893, de la Saskatchewan en 1907 (voir Saskatchewan, Parlement de la) et du Manitoba en 1913. Tous ces concours connaissent une issue favorable. À partir de la fin du XIXe siècle, des concours ont aussi lieu pour la construction d'hôtels de ville à Calgary, à Edmonton (à deux reprises), à Kitchener, à Mississauga, à Toronto (à deux reprises) et à Winnipeg. On a récemment procédé par concours pour choisir les projets du Musée canadien des civilisations à Hull (lauréat, Douglas Cardinal), du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa (Moshe Safdie), de la Mendel Art Gallery à Saskatoon (Blankstein, Coop, Gilmore & Hanna), ainsi que le plan directeur de l'U. Simon Fraser à Burnaby, en Colombie-Britannique (Erickson/Massey).
En 1960, Vincent Massey lance un concours sur invitation à quatre concurrents en vue de la conception d'un nouveau pavillon d'études supérieures à l'U. de Toronto, bâtiment qui porterait son nom. Cette initiative de Massey, une des dernières dans une longue série d'actions de ce mécène dans le domaine culturel, donne lieu à la réalisation du Massey College, l'un des chefs-d'oeuvre de l'architecte Ron Thom, qui vient enjoliver de façon singulière le campus de l'U. de Toronto.
Ces dernières années, une variante du modèle connu des concours d'architecture devient à la mode, à telle enseigne qu'elle en arrive à semer l'inquiétude dans le milieu de l'architecture professionnelle. Il s'agit de ce qu'on nomme l'« appel à la proposition de développement ». Un groupe de promoteurs est alors invité, habituellement par un organisme public ou parapublic, à soumettre des propositions d'utilisation d'une propriété que l'organisme possède. De telles propositions comprennent habituellement du financement pour l'organisme en question, de même que la soumission d'un concept architectural en rapport avec cette propriété. Dans ces cas, les architectes qui participent ne le font qu'à l'invitation des promoteurs officiellement invités à répondre à l'appel. Les jurés convoqués afin d'évaluer les soumissions ont la responsabilité de juger non seulement les concepts proposés, mais aussi les offres de financement qui les accompagnent.
Plus d'une fois, récemment, l'issue de tels appels a donné lieu à des accusations selon lesquelles on accorde moins d'importance à la valeur des concepts soumis qu'aux offres de financement qui les accompagne. Comme les architectes qui participent à ces appels sont payés de façon satisfaisante par les promoteurs, jusqu'à ce jour, les associations professionnelles en cause n'ont pas été en mesure d'établir la place de la conception architecturale dans de telles procédures.