Formation et début de carrière
Très tôt, Ariane Moffatt s’intéresse à la musique. Elle étudie le piano et le chant jazz, puis décide d’entreprendre une formation en musique au Cégep Saint-Laurent, à Montréal. Elle se fait vite remarquer dans le cadre de plusieurs concours, dont Cégeps en spectacle (1996) et L’Empire des futures stars (1998), où elle remporte un prix d’interprétation en formule trio avec Louis-Jean Cormier et Stéphane Bergeron. Ce prix lui permet de se produire dans un festival à Belfort, en France.
En 2000, sous le pseudonyme @ri, elle prête sa voix au projet Tenzen du compositeur Xavier Bisson, de concert avec l’instrumentiste Martin Tremblay. Inscrite en musique populaire et en chant à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), elle délaisse ses études à l’automne 2000 pour suivre en tournée la formation de Marc Déry. Elle se joint ensuite au spectacle « Rêver mieux » de Daniel Bélanger à titre de claviériste et de choriste. Ce dernier lui offre la possibilité de présenter quelques-unes de ses compositions en première partie de son spectacle.
Aquanaute
C’est en juin 2002 qu’Ariane propose son premier album, Aquanaute, sous l’étiquette Audiogram. Son style est qualifié d’électro-folk, avec des accents de jazz et de chanson pop. Plusieurs titres, dont « Point de mire », « Fracture du crâne » et « Poussière d’ange » conquièrent le public et lui valent d’excellentes critiques. Aquanaute est vendu à plus de 120 000 exemplaires et remporte trois prix Félix au gala de l’ADISQ en 2003, soit Révélation de l’année, Album pop-rock de l’année et Réalisation musicale de l’année (une réussite partagée avec ses complices Francis Collard et Joseph Marchand).
Le cœur dans la tête
Son deuxième album, Le cœur dans la tête, paraît en novembre 2005. Il est récompensé l’année suivante par les prix Félix Meilleur album pop-rock et Meilleure interprète féminine. En février 2006, Ariane a l’honneur de se produire en première partie du chanteur français Alain Souchon, et ce juste avant la sortie de son album en France, prévue en mai. Elle est épaulée dans ce pays par le célèbre musicien Matthieu Chedid (dit « M »), rencontré lors des FrancoFolies de Montréal en 2004.
Tous les sens
En août 2007, Ariane Moffatt se produit devant des dizaines de milliers de spectateurs dans le cadre des Francofolies de Montréal. Son troisième album, auquel collabore l’artiste franco-israëlienne Yael Naim, sort en avril 2008. Très attendu, Tous les sens remporte quatre prix Félix : Album pop-rock de l’année, Chanson populaire de l’année (« Je veux tout »), Arrangeur de l’année (Alex McMahon, Jean-Phi Goncalves, Mélik-Alexandre Farhat, Jean-Nicolas Trottier et Franck Deweare) et Prise de son et mixage de l’année (Pierre Girard).
L’année 2009 est également couronnée de succès pour la jeune interprète, qui est lauréate du Prix de la chanson française de la Fondation Diane et Lucien Barrière, récipiendaire du Grand prix de l’Académie Charles-Cros et candidate pour le prix Révélation scène de l’année aux Victoires de la musique, en France. Au Canada, elle remporte aussi le prix Juno Album francophone de l’année.
Par ailleurs, elle participe à la trame sonore de la série télé Trauma (Radio-Canada) et chante la pièce de Serge Gainsbourg « Fuir le bonheur » sur un album créé pour l’organisme Médecins sans frontières. Elle se démarque aussi grâce à ses vidéo-clips, notamment « Je veux tout » (réalisé par Alexandre Saltiel), un chef d’œuvre d’imagination dans lequel s’animent des personnages hétéroclites, et « Réverbère » (réalisé par le regretté designer Alexandre de Lamberterie et John Londono), dans lequel des protagonistes humains incarnent les héros futuristes d’une série japonaise.
MA et 22h22
L’album MA sort en 2012. Sans chercher à se lancer dans une carrière en anglais, Ariane Moffatt choisit d’y offrir des titres en français et d’autres en anglais. Cette décision lui permet de présenter ses chansons dans des festivals d’envergure aux États-Unis, notamment à Austin (Texas) dans le cadre du rendez-vous annuel South by Southwest.
Trois années s’écoulent, durant lesquelles elle devient mère de jumeaux. Tout en subtilité, elle fait de ses enfants le thème de son album suivant, 22h22. Elle y aborde également des questions sociales d’actualité, comme dans sa pièce « Les tireurs fous ». Peu de temps après ont lieu les attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan, à Paris. Elle offre sa chanson en confiant à ses auditeurs : « Je vous partage aujourd’hui ma chanson « Les tireurs fous », écrite bien avant le Bataclan, avant Charlie, parce que la sensation inconfortable de la menace qui rôde sournoisement un peu partout m’habite depuis un moment déjà ». Ce nouvel opus lui vaut les prix Félix Album de l’année (pop) et Interprète féminine de l’année.
Leonard Cohen
À l’automne 2016, la compositrice signe la trame sonore de la série télévisée Les Simone écrite par Kim Lizotte et Louis Morissette et réalisée par Ricardo Trogi. Puis, en novembre, elle présente 13 pièces musicales à l’occasion d’un spectacle intimiste à l’espace La Chapelle, à Montréal. Ces chansons revisitées sont publiées sur l’album Le petit spectacle à La Chapelle (2017). La chanteuse dit éprouver à ce moment un sentiment de grâce magique et intense qu’elle associe aux circonstances, notamment au décès quelques jours auparavant de Leonard Cohen, un interprète qu’elle estime au plus haut point. Elle collabore d’ailleurs à l’exposition d’envergure consacrée à Cohen, « Une brèche en toute chose⁄A Crack in Everything », qui s’ouvre en novembre 2017 au Musée d’art contemporain de Montréal et qui clôt les évènements entourant le 375e anniversaire de Montréal.
Autour du 375e anniversaire de Montréal
Le 17 mai 2017, la chanteuse participe à l’imposant spectacle « Bonne fête Montréal » présenté au Centre Bell, aux côtés d’autres artistes tels que Marie-Mai, Gad Elmaleh et Robert Charlebois. Le concert, accompagné par l’Orchestre métropolitain, est dirigé par le chef Yannick Nézet-Séguin. Ariane Moffatt y présente sa chanson de circonstance « Je reviens à Montréal », ainsi que « Debout » et une reprise de la chanson culte « Aimons-nous» composée par Yvon Deschamps dans les années 1970 et qui appelle à la diversité.
Plus tôt dans l’année, en mars 2017, elle avait revêtu sa robe d’opéra pour devenir cantatrice à la Maison symphonique de Montréal le temps de deux concerts sous la direction de l’orchestrateur et chef associé de la série OSM pop Simon Leclerc (voir Orchestre symphonique de Montréal). Elle répète cette expérience le 17 juillet 2017 au Centre national des arts (CNA), à Ottawa.
Au cours de 2017, l’auteure-compositeure-interprète met également son chapeau de productrice. Elle lance plusieurs projets musicaux qui valorisent et mettent en lumière des artistes aux styles et aux talents variés, comme Maude Audet, Kae Sun et le chanteur hip-hop Mack Joffatt.
Une artiste engagée
En 2013, Ariane Moffatt reçoit le Prix Lutte contre l’homophobie (aujourd’hui le Prix Laurent-McCutcheon) de la Fondation Émergence. Cette distinction lui est remise par Mme Pauline Marois, alors première ministre du Québec.
En 2015, elle devient marraine de la Mission du Dr Marsolais, un organisme québécois qui accompagne et soutient les familles des donneurs d’organes et de tissus dans leur épreuve.
Le 15 juin 2016, elle rend hommage aux victimes de la tuerie d’Orlando lors d’un concert donné dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. En juin 2017, elle s’unit au collectif Femmes en musique (FEM) qui dénonce le sexisme dans l’industrie musicale.