Vogt, A.S.
A.S. (Augustus Stephen) Vogt. Chef de choeur, administrateur, éducateur, organiste, pianiste (Washington, près Kitchener-Waterloo, Ont., de parents allemand et suisse, 14 août 1861 - Toronto, 17 septembre 1926). F.R.C.O., D.Mus. h.c. (Toronto) 1906. Il reçut sa première formation à Elmira, Ont. (où sa famille s'était fixée en 1865), et devint à 12 ans organiste à l'église luthérienne Saint James. Il y jouait d'un instrument fabriqué par son père, George Vogt, facteur d'orgues à tuyaux qui avait quitté l'Allemagne après la révolution de 1848. Après des études à Hamilton, Ont., avec L.H. Parker (1877), le jeune Vogt devint organiste à l'église First Methodist, Saint Thomas, Ont. (1878). Il se rendit à Boston étudier au New England Cons. (1881-84) avec S.A. Emery et H.M. Dunham, et y rencontra Calixa Lavallée. Il poursuivit ses études au Cons. de Leipzig (1885-88) avec Salomon Jadassohn, Willy Rehberg, Carl Reinecke, Adolf Ruthardt et d'autres. Il entendit souvent le célèbre choeur de la Thomaskirche, dirigé par Gustav Schreck. Fixé à Toronto, Vogt oeuvra comme o. m. c. à l'église baptiste de la rue Jarvis (1888-1906) où son choeur devint réputé pour son chant a cappella. Il enseigna le piano et l'orgue au Toronto College of Music, dans plusieurs écoles pour jeunes filles et, après 1892, au TCM (RCMT). Il fut secr. à Toronto (1889-92) du premier Canadian College of Organists et prés. (1893-95) de la Canadian Society of Musicians. Il fut le seul organiste canadien à se produire à l'Exposition mondiale de Chicago en 1893. Au milieu des années 1890, il fut critique musical au Saturday Night sous le pseudonyme de « Moderato ». Vogt et d'autres musiciens torontois attaquèrent violemment les examens de l'Associated Board vers la fin des années 1890.
En 1894 il fonda, avec la plupart des membres de son choeur de l'église baptiste de la rue Jarvis, le Choeur Mendelssohn de Toronto, qu'il suspendit durant quelque temps (1897-1900), surtout afin de mettre au point une stratégie à long terme pour assurer sa survie, incluant des auditions annuelles de tous les membres. Reprenant la direction du choeur reconstitué, Vogt en fit bientôt l'un des meilleurs en Amérique du Nord. En 1902, il fut le premier chef de choeur à Toronto à présenter des festivals annuels avec le concours de grands orchestres, le plus souvent ceux de Pittsburgh et de Theodore Thomas de Chicago. Katherine Hale (Canadian Magazine, février 1909) le décrivit comme un directeur à la personnalité magnétique, possédant « des qualités de concentration [et] d'assimilation napoléonniennes, et une grande détermination ». À l'époque de sa démission en 1917, due aux pressions grandissantes du TCM dont il était devenu principal en 1913, il avait acquis une réputation internationale comme chef de choeur.
Administrateur compétent, Vogt consacra le reste de sa vie au TCM qui, sous sa gouverne, devint l'une des plus importantes institutions du genre dans l'Empire britannique, établissant des centres d'examens à travers le Canada. Durant un séjour en Europe (mai 1912-avril 1913), pour préparer une tournée du Choeur Mendelssohn (tournée annulée à cause de la Première guerre mondiale), Vogt avait visité les principales écoles de musique européennes et nul doute qu'avec son sens de l'observation et son talent d'organisateur il sut discerner comment certaines de leurs méthodes pouvaient être adaptées au TCM. Il effectua jusqu'en 1921 des voyages dans l'Ouest du Canada comme juge de concours et manifesta un vif intérêt pour l'organisation de compétitions. Après avoir établi une liaison plus étroite entre le TCM et l'Université de Toronto, Vogt contribua à planifier la faculté de musique de l'université et, en 1918, il fut nommé doyen.
La production restreinte de Vogt comme compositeur démontre néanmoins une vaste connaissance de son métier et de son sens de l'écriture pour choeurs. Quelques oeuvres furent publiées, notamment The Sea (G. Schirmer 1911) et des arrangements de The Lord's Prayer (Whaley Royce 1900) et Crossing the Bar (ibid. 1906). Sa composition pour voix de femmes, An Indian Lullaby (Whaley Royce 1906), fut exécutée par le Choeur Mendelssohn de Toronto dès 1907 et aussi tard qu'en 1945, ainsi que par des choeurs de l'extérieur de Toronto. Son arrangement de Rule Britannia (orchestration de Frederick Stock) fut également populaire. Parmi ses oeuvres antérieures figurent un Prélude et Fugue pour orgue écrit à Leipzig, « savant et riche d'effets » selon J.D. Logan. Vogt compila l'ouvrage largement utilisé Standard Anthem Book (Whaley Royce vol. I, 1894; vol. II, avant 1909) et, avec Healey Willan, The School and Community Song Book (Gage 1922). Sa Modern Pianoforte Technique (Whaley Royce 1900) avait été rééditée 10 fois en 1909. Ses articles publiés incluent « Choir music in Europe » (Musical Canada, octobre 1907) et « Musical Canada : yesterday and today » (Musical Life and Arts, 1er décembre 1924). Professeur durant plus de 30 ans, il enseigna notamment à Jessie M.Allen, G.D. Atkinson, Mona Bates, Ernest Farmer, H.C. Hamilton, William Henry Hewlett, Ada Twohy Kent, Ernest Seitz, Bertha L. Tamblyn et George Ziegler.
Vogt fut honoré de plusieurs façons après sa mort. En 1928, des anciens élèves du TCM établirent une bourse à sa mémoire et, la même année, le Vogt Choir, dirigé par un de ses anciens élèves, Richard Greene, fut mis sur pied à Guelph. En 1929, le Choeur Mendelssohn fit installer un vitrail commémoratif à l'église anglicane Saint Paul's à Toronto, et un portrait à l'huile de Vogt peint par Wyly Grier en 1917 est conservé au RCMT. En 1936, la Vogt Society fut fondée à Toronto.