Les
Assiniboines (aussi appelés Nakoda Oyadebi) sont un peuple autochtone au Canada. Occupant
traditionnellement les plaines, les communautés assiniboines se trouvent
principalement en Saskatchewan
et en Alberta
au Canada, mais aussi dans certaines régions des États-Unis. (Voir aussi
Peuples
autochtones des Plaines au Canada).
Territoire traditionnel
Le
territoire traditionnel des Assiniboines se trouve dans les Plaines
canadiennes. À l’époque des contacts soutenus avec les Européens, le peuple
assiniboine participait activement à la chasse au bison et à la traite des fourrures, et contrôlait de vastes
territoires qui font aujourd’hui partie du Manitoba et de la Saskatchewan. Au sommet de leur pouvoir, leur
territoire s’étend des vallées des rivières Saskatchewan et Assiniboine, au
Canada, jusqu’à la région au nord des rivières Milk et Missouri, aux
États-Unis. Les communautés assiniboines contemporaines du Canada sont surtout
situées en Saskatchewan, bien que des communautés mixtes existent en Alberta.
Ces communautés ont plusieurs réserves, qui sont souvent partagées avec les
peuples cris, saulteaux (ojibwés) et nakota, mais bon nombre d’Assiniboines habitent hors réserve.
(Voir aussi Territoire
autochtone.)
Société et culture
Les missionnaires
jésuites
sont les premiers à décrire les Assiniboines comme un peuple s’étant divisé des
Yanktonai Sioux (aussi appelés Nakota) quelque temps avant 1640. Les Assiniboines
sont apparentés à d’autres peuples d’expression siouenne comme les Dakotas, les Lakotas et les Stoneys-Nakodas. Du point de vue linguistique, ils
appartiennent à la famille siouenne et parlent un dialecte appelé nakota. (Voir
aussi Langues
autochtones au Canada.) Bien qu’ils vivent parfois parmi les Cris et partagent les techniques de chasse de
ceux-ci et des Pieds-Noirs, les Assiniboines se considèrent
comme culturellement distincts.
La culture
assiniboine présente la plupart des caractéristiques classiques des peuples
des Plaines. Historiquement, ils sont connus pour leur
expertise en matière de la construction d’enclos de bisons, dont
on se sert pour les attraper et les tuer. De plus, ils attellent des chiens
pour tirer des travois chargés de perches de tipi, de peaux et de biens personnels pendant
qu’ils suivent les troupeaux de bisons pendant la chasse saisonnière. Les
peuples assiniboines qui habitent les forêts et les forêts-parcs chassent aussi
le gros gibier (chevreuil,
wapiti
et orignal)
et se servent de pièges pour attraper les petits animaux à fourrure pour leur
chair et leur peau. Ils cueillent également des légumes sauvages selon le lieu
et la saison ; l’amélanche (Saskatoon) et les autres fruits
sont mélangés à la viande séchée et à la bannique.
La danse du soleil est une
cérémonie sacrée
qui a traditionnellement lieu en début d’été, après la chasse au bison du
printemps. Les hommes et les femmes honorent le Grand Esprit par des cérémonies
sacrées incluant la prière, le chant, le tambour, la danse et le jeûne, et
finissant avec un festin. Les jeunes hommes se consacrent à des quêtes de
vision en terres sacrées afin de communiquer avec leurs esprits gardiens et
pratiquer des chansons et des rituels sacrés. (Voir aussi Religion et spiritualité des
Autochtones au Canada.)
Leadership traditionnel
Les
structures politiques et sociales des Assiniboines sont basées sur un système
de familles élargies. En général, les hommes occupent les positions des
dirigeants et prennent les décisions importantes. Le représentant du chef, ou
le chef,
est un « homme bon » choisi pour traiter avec les étrangers, mais ses
actions sont guidées par un conseil. Ce dernier est composé de membres
représentant chaque groupe de famille élargie qui forme une bande, ou une nation. Le leadership se mérite grâce
à des compétences en chasse supérieures, à l’accomplissement personnel sur le
champ de bataille ou lors d’attaques contre l’ennemi, et en faisant preuve de
bonté et de générosité envers les autres.
On élit à
l’occasion des leaders pour des fonctions spéciales ; par exemple, le chef de
guerre pour mener à la bataille, le chef pour diriger la grande chasse au bison, ou le chef de l’habitation des
guerriers. On écoute les personnes dont on reconnaît la sagesse ou le talent
lors de rencontres du conseil où les anciens, les chamans, les gardiens du
calumet, les femmes et les chefs de famille se rassemblent régulièrement pour
arriver à un consensus par rapport à certaines questions. Répartis dans les
prairies, les différents groupes ont développé, au cours des siècles, des
variations de langues et des histoires différentes, et ont par la suite formé
des groupes autonomes au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans le nord
des États-Unis.
Contact avec les Européens
La réputation
des Assiniboines auprès des commerçants européens et des colons est en général
positive, avec de nombreuses mentions de leur hospitalité. Henry Kelsey décrit d’abord ses rencontres
avec les Assiniboines, pendant les années 1690. Le jeune employé de
la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) accompagne les Assiniboines pour
faire la traite depuis les postes sur la baie James
en suivant la voie canotable vers l’ouest jusque dans ce qui est aujourd’hui la
Saskatchewan, assurant que les peaux soient livrées à la Compagnie. Les
Autochtones reçoivent en échange des biens européens comme des ustensiles de
métal, des armes à feu et de la poudre noire, des perles, du tissu, du tabac, de
l’eau-de-vie et d’autres biens manufacturés.
Plus tard,
les commerçants de fourrures et les explorateurs comme La Vérendrye et ses fils (années 1730), Anthony Henday (1754-1755) et Alexander Henry, Jr.
(années 1800) confirment l’étendue des Assiniboines à travers les Prairies
de l’ouest et jusque dans le Dakota du Nord et le Montana. Leur mode de vie est
inscrit dans les journaux de ces premiers voyageurs, qui les estiment pour leur
contribution économique à la traite des
fourrures.
En raison
de leurs liens avec les commerçants européens, les sentiers traditionnels des
Assiniboines deviennent de grandes routes vers le sud. Les lieux de campement
traditionnels le long des rivières qui coulent des Rocheuses jusqu’à la baie d’Hudson deviennent des postes de
traite et des lieux de distribution des biens. Les Assibinoines traitent avec
la CBH à partir de la fin du 17e siècle et sont connus
pour leur pemmican et leur rôle majeur d’intermédiaires dans la
traite entre les Européens et les bandes éloignées des Plaines. L’acquisition de chevaux, des dizaines
d’années avant l’arrivée d’Anthony
Henday dans ce qui est aujourd’hui l’Alberta (1754), en plus de leur accès
précoce aux armes à feu et aux biens en métal, accroît leur rôle dans
l’économie de la traite des fourrures avec la Compagnie de la Baie d’Hudson et,
plus tard, avec la Compagnie du Nord-Ouest. Leur nouvelle richesse,
attribuable au commerce, à leurs habiletés de cavaliers et à leur réputation de
guerriers et de fournisseurs de viande fraîche aux nombreux postes de traite,
est à son apogée entre les années 1780 et le début des années 1800.
Pendant le 19e siècle,
ils sont étroitement alliés aux Cris, tandis qu’ils ont des conflits intermittents
avec les Pieds-Noirs, les Gros Ventres et leurs relations
siouennes au Sud. Ils souffrent beaucoup de maladies européennes, surtout de la variole. D’une population estimée à plus de 10 000
individus vers la fin du 18e siècle, leur nombre diminue
de façon catastrophique à seulement 2 600 individus en 1890.
Traités
Dans les
années 1870, le gouvernement
fédéral commence à négocier des traités entre la Couronne et
les Premières Nations. Les commissaires aux traités
promettent des paiements périodiques (entre 5 $ et 25 $), des soins
médicaux, de l’éducation et de l’aide agricole et économique en échange du
transfert de terres et de ressources aux colons blancs. Dans les années 1880,
vu que leur ressource principale, le bison, est
réduite à une fraction de sa population de naguère, les Assiniboines acceptent,
malgré leur réticence, de vivre dans des réserves. (Voir aussi Traités
numérotés.)
Au Canada,
les bandes
White Bear et Carry the Kettle sont signataires du Traité no 4
(1874) et les Mosquito-Grizzly Bear’s Head du Traité no 6
(1876), tandis que les bandes des Assiniboines habitant aux États-Unis signent
le traité de Judith River (1855). À la suite de ces traités, la situation des
peuples assiniboines n’est pas des plus favorables. Beaucoup d’entre eux
souffrent des conditions de logements pauvres, d’une détérioration de la santé,
d’un taux de chômage élevé, de discrimination systématique, de l’abus fréquent
et du déracinement culturel dans les pensionnats, d’une éducation et d’une formation
limitées et de restrictions gouvernementales sur leurs cérémonies religieuses
et leurs activités politiques. (Voir aussi Conditions sociales des Autochtones
au Canada.)
En 1951,
l’adoption d’une Loi sur les Indiens modifiée enlève les
restrictions sur les cérémonies religieuses et les activités politiques, et
aboutit à un activisme et des initiatives communautaires de plus en plus
efficaces pour les Assiniboines. Par exemple, en ce qui concerne la saisie
frauduleuse des terres et l’intégration forcée à la bande White Bear par les
officiers gouvernementaux en 1901, les membres des bandes Ocean Man et Pheasant
Rump ont déposé avec succès un recours pour rétablir le statut de leurs bandes
et de leurs réserves respectives au cours des années 1980 et au début des
années 1990.
Vie contemporaine
Aujourd’hui,
les Assiniboines exercent leur autonomie gouvernementale à des degrés variés par le
biais de conseils de bande élus (composés d’un chef et de
conseillers), mais toujours dans le cadre des contraintes de la Loi sur les Indiens, de la Constitution
canadienne de 1982, des décisions judiciaires et sous l’autorité du
ministre des Affaires autochtones. De nombreuses initiatives
communautaires dans les domaines des soins de santé, de l’éducation, des
services de garderie et du développement des ressources ont connu du succès dans
les communautés des Assiniboines.
Bien que
les terres traditionnelles des Assiniboines s’étendent à travers les prairies,
la plupart de leurs réserves se trouvent en Saskatchewan. L’Alberta a également
plusieurs réserves qui comptent des populations d’Assiniboines importantes, y
compris celles de leurs parents proches, les Stoneys-Nakodas, mais il n’y a aucune réserve
assiniboine au Manitoba. Les Assiniboines qui habitent hors réserve peuvent se
trouver partout au Canada et même à travers le monde. (Voir aussi Réserves
en Saskatchewan et Réserves
en Alberta.)
En
Saskatchewan, la bande nakoda Carry the Kettle se situe à 11 km au sud de
Sintaluta (à l’est de Regina),
avec de bonnes terres agricoles d’une superficie d’à peu près 16 500 hectares.
En 2020, la population enregistrée de la bande, selon le gouvernement du
Canada, dénombre 2 953 individus, dont 894 vivent dans la réserve.
La bande
Mosquito-Grizzly Bear de la nation Head Lean Man se situe à environ 27 km
au sud de North
Battleford et comprend approximativement 12 750 hectares de terres
agricoles mixtes. En 2020, la population enregistrée de la bande est de 1 466 individus,
dont environ 738 membres vivent dans la réserve.
La réserve
de la bande White Bear, partagée avec certains Ojibwés, Cris et Dakotas,
est située à 13 km au nord de Carlyle et comprend 17 192 hectares de terre
agricole. En 2020, la bande compte 2 799 membres, dont 866 vivent dans la
réserve. La bande tire profit de l’exploitation pétrolière et gazière
communautaire et de terres de loisirs acquises en vertu des droits fonciers
issus des traités.
La réserve
de la bande Ocean Man se situe à environ 20 km au nord-est de Stoughton,
avec des avoirs immobiliers de 4 512,1 hectares. En 2020, elle compte une
population de 565 membres inscrits, dont 146 qui vivent dans la réserve Ocean
Man.
La réserve
de la bande nakota Pheasant’s Rump se situe à 10 km au nord de Kisbey et
comprend 7 966,5 hectares. En 2020, sa population comprend 449 membres
inscrits, dont 163 habitent dans la réserve.
En Alberta,
il existe aussi deux réserves Assiniboine-Stoney dans le territoire du Traité no 6
à l’ouest d’Edmonton. La Première nation Paul englobe plus de 7 300 hectares et
a une population de 2174 membres en 2020, dont plus de 1 349 vivent dans la
réserve. La nation Nakota Sioux Alexis englobe 6 175 hectares, avec une
population de 2086 membres en 2020, dont 1 180 vivent dans la réserve.