Les badlands sont des formations géologiques spectaculaires caractérisées par un réseau de ravins profonds, étroits et sinueux, et ponctués parfois de cheminées de fée. Leurs pentes escarpées et arides fournissent des preuves frappantes de la force de l’érosion causée par le vent et l’eau, des sources de changements continuels sur leur terrain.
On trouve des badlands à plusieurs endroits au Canada, plus particulièrement dans le sud de l’Alberta. Bien que les badlands du site archéologique d’Áísínai’pi (Writing-on-Stone) revêtent une grande importance spirituelle pour les Siksika (Pieds Noirs), les explorateurs européens les trouvent étranges et difficiles à parcourir, d’où leur nom actuel (« bad lands » signifie mauvaises terres en anglais).

Répartition
Les régions de badlands sont dispersées à travers les Prairies de l’Ouest canadien où elles offrent un contraste saisissant avec le paysage légèrement vallonné des plaines. On trouve également une petite zone de badlands à Cheltenham en Ontario (voir Badlands de Cheltenham). Cette zone se forme après que la roche mise à nu par le défrichage dans les années 1900 commence à s’éroder pour former les caractéristiques distinctives des badlands.
Les badlands sont particulièrement répandues dans les vallées fluviales du sud de l’Alberta, notamment le long de la rivière Red Deer. Elles bordent la rivière sur 300 km et atteignent leur forme la plus impressionnante dans le parc provincial Dinosaur, où des fossiles de dinosaures ont été découverts et sont maintenant célèbres dans le monde entier. Ce parc de 7825 ha est désigné site du patrimoine mondial des Nations Unies en 1979, en partie grâce à ses extraordinaires badlands, les plus grands au Canada.
Géographie
Les badlands se forment lorsque des roches sédimentaires fragiles et relativement peu consolidées (friables), comme du schiste, du siltstone et du grès mal cimenté, sont exposées à de vigoureux processus d’érosion. Elles ont tendance à apparaitre dans les régions arides et semi‑arides où la pluie est souvent brève et accompagnée d’orages torrentiels.
Le ruissellement rapide causé par les fortes tempêtes creuse rapidement des rigoles (canaux peu profonds) et des ravines dans les roches stériles et riches en argile, produisant ainsi des taux d’érosion de plusieurs millimètres par année. L’érosion de surface s’accompagne souvent d’une importante érosion souterraine (érosion en tunnel) liée aux fractures déjà existantes dans la roche. Ceci mène souvent à la formation de gouffres et de ruptures de versants (par exemple des coulées de boue). Les badlands sont en constante évolution.
Une grande partie des badlands de l’Alberta sont initialement formées à la suite d’un creusement rapide de canaux (érosion) par les eaux de fonte des glaciers lors du retrait de l’Inlandsis laurentidien il y a environ 13 000 ans à la fin de la dernière période du Wisconsinien (voir Glaciation). Les parois escarpées des vallées creusées dans les roches tendres du Crétacé supérieur, qui dominent la géologie du substrat rocheux géologique du sud de l’Alberta, sont idéales pour le développement des badlands.
Badlands de l’Alberta

Flore et faune
Les fossiles préservés au parc provincial Dinosaur démontrent que les badlands du sud de l’Alberta abritaient autrefois environ 35 espèces de dinosaures dont l’albertosaurus, un carnivore, découvert par le paléontologiste Joseph Tyrell en 1884. Ces fossiles remontent à la fin du Crétacé, il y a 66 millions d’années.
Un certain nombre d’espèces occupent actuellement les badlands de l’Alberta. Celles-ci comprennent le crotale des prairies, l’iguane à petites cornes et le vespertilion pygmée de l’ouest (chauve-souris). En Alberta, les badlands sont le seul endroit où l’on trouve cette espèce de chauve‑souris et elle est considérée comme une espèce préoccupante par la province. L’iguane à petites cornes est classé comme une espèce en voie de disparition (voir aussi Animaux menacés au Canada).
Histoire et importance

Les badlands du sud de l’Alberta sont situées sur le territoire traditionnel des Siksika (Pieds‑Noirs). Le site archéologique de Writing‑on‑Stone, que les Siksika appellent « Áísínai'pi », est un site sacré traditionnel abritant de nombreuses pièces d’art rupestre d’une grande importance spirituelle.
Les Français, qui se trouvent parmi les premiers explorateurs des terres intérieures de l’ouest de l’Amérique du Nord, décrivent ces endroits comme de mauvaises terres à traverser. C’est de là que vient le nom anglais des badlands.
Conservation
Aujourd’hui, les badlands du sud de l’Alberta, qui revêtent une grande importance culturelle et scientifique, attirent des milliers de visiteurs chaque année. Toutefois, l’accès des visiteurs au parc provincial Dinosaur et au site archéologique Writing‑on‑Stone est contrôlé et surveillé afin d’éviter ou de minimiser toute érosion inutile et tous autres impacts environnementaux (voir Conservation). Les recherches conduites par des paléontologues et des archéologues se poursuivent dans ces parcs, tandis que leurs gardiens s’efforcent de trouver un équilibre entre les aspects touristiques, la recherche et leur obligation de préserver du mieux possible ces sites uniques.