William George (Billy) Barker, C.V., pilote de chasse, héros de guerre et homme d’affaires (né le 3 novembre 1894 à Dauphin, au Manitoba ; décédé le 12 mars 1930 à Ottawa, en Ontario). L’un des plus remarquables as de l’aviation canadienne de la Première Guerre mondiale, Billy Barker est, à ce jour, le militaire qui a reçu le plus grand nombre de décorations dans l’histoire du Canada.
Jeunesse
Billy Barker naît dans une ferme près de Dauphin, au Manitoba. Il est le fils aîné de George et Jane (née Alguire) Barker. Il grandit dans une communauté isolée où il apprend à monter à cheval et à manier le fusil. Il devient un excellent tireur, particulièrement habile à dos de cheval. Il fréquente le Dauphin Collegiate Institute où il est un bon étudiant, mais ses études sont interrompues alors qu’il est en 11e année par l’éclatement de la Première Guerre mondiale.
Départ pour la guerre (1914-1916)
En novembre 1914, Billy Barker se porte volontaire au sein du First Canadian Mounted Rifles et est envoyé avec son régiment à Shorncliffe Camp, en Angleterre. En septembre 1915, le Mounted Rifles est assigné à l’infanterie dans les tranchées du front de l’Ouest. Billy Barker combat au sein d’une équipe de mitrailleurs sur le saillant d’Ypres, en Belgique.
En mars 1916, Billy est transféré au Royal Flying Corps (le RFC sera fusionné avec le Royal Naval Air Service en 1918 pour constituer la Royal Air Force). Au début, il est posté dans la 9e escadrille en tant qu’observateur opérant une mitraillette Lewis dans un avion BE2 à deux places.
En avril 1916, il est nommé second lieutenant. Combattant dans la 4e escadrille, puis dans la 15e escadrille – toujours comme observateur et mitrailleur –, Billy abat deux avions allemands. Pour son habileté à manier une mitraillette et son excellent travail de reconnaissance, dans une période où les avions de combat Fokker allemands déciment littéralement les deux places britanniques, Billy reçoit la Croix militaire.
As de l’aviation (1917)
En novembre ou décembre 1916, Billy Barker est envoyé en Angleterre pour recevoir un entraînement de pilote. Il démontre une aptitude exceptionnelle pour l’aviation, faisant son premier vol en solo après seulement 55 minutes de formation en duo. Il reçoit son brevet de pilote et devient lieutenant d’aviation le 14 février 1917. Le 23 février, il est en France, affecté à la 15e escadrille, et il reçoit le rang de capitaine à la fin de mai. Une agrafe est ajoutée à sa Croix militaire pour sa bravoure en vol, avant d’être atteint par un tir d’artillerie le 7 août.
Blessé, Billy Barker est affecté le mois suivant en Angleterre à titre d’instructeur. Impatient de retourner au combat, il demande son transfert et l’obtient avec le commandement d’un groupe de la 28e escadrille. Il est de retour en France en octobre, pilotant un Sopwith Camel, un chasseur britannique capable de tenir tête aux meilleurs avions allemands. Dans la première semaine suivant son retour sur le front de l’Ouest, Billy abat trois chasseurs ennemis.
Le 7 novembre 1917, l’escadrille de Billy, commandée par le major Hugh F. Glanville, est affectée en Italie. Elle fait partie des forces britanniques de sir Herbert Plumer qui ont été envoyées pour aider l’armée italienne après sa défaite devant les Allemands et les Austro-hongrois à Caporetto. Billy Barker devient le meilleur pilote du front italien. C’est en Italie qu’il acquiert le statut d’« as », un titre officieusement attribué à un pilote ayant cumulé plus de cinq victoires en combat aérien.
Courage et esprit d’équipe
Billy Barker apprend les tactiques vitales pour vaincre et survivre dans les duels aériens. C’est un pilote audacieux et déterminé qui n’a pas peur de voler à des altitudes dangereusement basses pour mitrailler ou bombarder les positions ennemies. Courageux en combat singulier, il n’est pas reconnu comme un « chasseur de trophées », un de ces pilotes pour qui multiplier les morts chez l’ennemi est un but en soi.
Comme les autres pilotes de combat, il effectue des patrouilles de reconnaissance en solo, mais il est aussi un officier consciencieux qui prend à cœur la formation et l’entraînement des nouveaux venus dans son escadrille. Il a un esprit d’équipe et accepte toujours de partager avec les autres pilotes le crédit de ses victoires. Grâce à ses qualités de leadership, il met au point une stratégie s’appuyant sur le travail d’équipe pour attaquer des ballons d’observation bien défendus. Il connaît un succès sans précédent, et l’escadrille de Billy Barker ajoute des ballons d’observation à la liste grandissante de ses victoires aériennes.
Sur le front italien (1918)
À la fin de mars 1918, Billy Barker a cumulé 22 victoires. Il a reçu l’Ordre du Service distingué (DSO) et a ajouté une seconde agrafe à sa Croix militaire. Mais quand son commandant d’escadrille Hugh Glanville est affecté à une autre unité, Billy Barker n’est pas choisi pour commander la 28e escadrille. Désappointé, il demande un transfert et est envoyé à la 66e escadrille.
À la fin de juillet, Billy Barker porte son nombre de victoires à 43 alors qu’il combat toujours sur le front italien. Il ajoute une agrafe à son DSO, est promu major et reçoit le commandement de la 139e escadrille, qui vient d’être créée dans le nord de l’Italie. Le gouvernement français lui accorde également la médaille de la Croix de Guerre en mai.
Au cours d’une opération clandestine, Billy Barker et un autre officier parachutent un espion italien en un lieu secret derrière les lignes ennemies. Pour cette mission, le gouvernement italien lui accorde sa Médaille d’argent de valeur militaire. Après d’autres missions, il reçoit une deuxième Médaille d’argent italienne. Billy est aussi cité à l’ordre du jour à trois reprises.
Croix de Victoria
En septembre 1918, Billy est envoyé à Hounslow, en Angleterre, pour prendre le commandement d’une école de formation en combat aérien. Il demande toutefois à faire un court service sur le front de l’Ouest, en France et en Belgique, expliquant à ses supérieurs qu’il sera mieux qualifié comme instructeur avec une expérience de combat contre les nouveaux avions allemands. Sa requête lui est accordée, et il se rend en France pour se joindre à la 201e escadrille pendant dix jours. Volant sur un Sopwith Snipe tout neuf, Billy est relativement libre de parcourir à volonté le front, à la recherche d’avions ennemis là où il croit pouvoir les trouver. Néanmoins, il ne connaît aucun engagement jusqu’au jour de son retour à Hounslow.
Le 27 octobre 1918, Billy décolle d’un terrain d’aviation français pour voler jusqu’en Angleterre. Au-dessus de la forêt de Mormal, il abat un avion de reconnaissance allemand puis se retrouve tout à coup poursuivi par une escadrille de chasseurs allemands. Selon certains rapports au sol, il y a 60 avions ennemis, mais il semble qu’une quinzaine d’entre eux quittent la formation pour attaquer Billy Barber. Dans un des affrontements les plus spectaculaires de toute la guerre, son talent de pilote, son adresse au tir et une bonne dose de chance permettent à Billy de se tirer d’une situation apparemment sans issue. Il subit plusieurs blessures et son avion est transpercé par les balles, mais il réussit à abattre trois des avions qui l’assaillent. S’évanouissant à deux reprises parce qu’il perd son sang, Billy parvient à piloter le Snipe jusqu’en territoire français où il se pose en catastrophe. Il est conduit à un hôpital militaire et survit à ses blessures.
Pour cette incroyable prouesse, Billy reçoit des lettres de félicitations du roi George V, du prince de Galles et du premier ministre canadien sir Robert Borden. Il reçoit la Croix de Victoria (C.V.), la plus haute distinction de valeur militaire de l’Empire britannique. Billy Barker a désormais le crédit de 50 victoires aériennes confirmées en tant que pilote de chasse.
Vie après la guerre et décès
En convalescence dans un hôpital de Londres, Billy rencontre son collègue, l’as de l’aviation canadienne (également récipiendaire de la Croix de Victoria) Billy Bishop. En 1919, les deux hommes se lancent dans un certain nombre d’entreprises en aviation commerciale au Canada, dont Bishop-Barker Aeroplanes Limited, une entreprise de vente, de location et d’entretien d’avions. L’entreprise n’a pas de succès et ferme ses portes en 1922.
En 1922, Billy Barker se joint à la toute nouvelle Aviation canadienne. Il est aussi nommé commandant d’escadre et prend en charge la station aéronautique de Camp Borden, en Ontario. Au début de 1924, il devient directeur intérimaire de l’Aviation canadienne, jusqu’à ce qu’elle soit remplacée quelques mois plus tard par la nouvelle Aviation royale canadienne (ARC). Il est envoyé en Angleterre en tant qu’officier de liaison avec la Royal Air Force, et il quitte l’ARC en 1926.
En janvier 1930, Billy Barker devient vice-président et directeur général de Fairchild Aviation Corporation of Canada. Deux mois plus tard, il meurt dans un accident en pilotant un Fairchild KR-21 au cours d’un vol de démonstration pour le ministère de la Défense nationale à l’aérodrome de Rockcliffe, près d’Ottawa. Billy Barker perd le contrôle de l’appareil pendant une manœuvre périlleuse et est tué quand l’avion frappe la glace de la rivière Ottawa. Billy Barker est enterré avec les honneurs militaires dans le cimetière de Mount Pleasant, à Toronto.
Le saviez-vous ?
En 2021, l’ARC baptise l’un de ses avions de patrouille maritime « P-8A Poseidon » en l’honneur de William Barker. La flotte de Poseidon est exploitée par le 201e escadron et basée à la base Lossiemouth de l’ARC, sur le Moray Firth, en Écosse. William Barker a reçu la Croix de Victoria pour ses exploits héroïques alors qu’il servait dans le 201e escadron en 1918.
Voir aussi La guerre dans les airs.