Emplacement
Située au 16 de la rue De Buade, dans l’arrondissement historique du Vieux-Québec de la Ville de Québec, cette basilique-cathédrale monumentale est adjacente au Séminaire de Québec et fait face à l’hôtel de ville. Elle fait partie d’un ensemble architectural historiquement homogène formé par son presbytère, le palais épiscopal du diocèse de Québec, l’ancienne Université Laval et tout le noyau religieux et institutionnel du site patrimonial du Vieux-Québec. Notre-Dame de Québec surplombe à distance la rue Sainte-Famille, une artère touristique de la capitale provinciale sur laquelle se trouve notamment le Musée de l’Amérique francophone.
Historique
Sur le site de la première chapelle construite à Québec par Samuel de Champlain en 1633, la mouture initiale de la future basilique-cathédrale est érigée en 1647 et prend le nom de Notre-Dame-de-la-Paix, en référence à une trêve éphémère signée avec la nation Mohawk en 1645. En 1664, elle devient la toute première église paroissiale d’Amérique du Nord et prend le nom de Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception.
À la suite de la nomination de Monseigneur François-Xavier de Montmorency-Laval comme évêque du tout nouveau diocèse de Québec en 1674, l’église accède au statut de cathédrale, c’est-à-dire de lieu de culte officiel et quartier général d’un évêché. Ce nouveau statut épiscopal crée l’obligation de reconfigurer l’immeuble. Monseigneur de Laval obtient du roi Louis XIV, en 1683, des fonds largement insuffisants pour réaliser ce à quoi il aspire, mais il retient quand même les services de l’architecte Claude Baillif. Un rapport de force discret s’instaure alors avec les habitants de Québec, sourdement réfractaires à l’idée de contribuer, ne serait-ce ce que partiellement, au financement d’une cathédrale. L’évêque décide donc de consacrer ses ressources limitées à la seule façade de la nouvelle église. C’est seulement en 1697, sous l’évêché de Monseigneur Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, que la nef sera construite, prolongeant la structure érigée en 1647 jusqu’à cette façade « cathédrale » édifiée sous Laval. Plus fin diplomate que son prédécesseur, Monseigneur de Saint-Vallier parviendra même à engager les paroissiens de Québec dans le financement de ces travaux de parachèvement.
Entre 1742 et 1748, sous l’intendant Gilles Hocquart, l’église de 1647, modifiée en 1684 et 1697, est allongée par le chœur. On la dote alors de deux bas-côtés, et l’on surélève la nef afin de permettre un éclairage direct par une claire-voie. Dès lors, l’architecte Gaspard Chaussegros de Léry, ingénieur du roi, affirme que la cathédrale est configurée comme le sont celles de France, avec nef, bas-côtés et tribunes, et qu’en plus, elle est fort claire. Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception gardera cette forme relativement équilibrée jusqu’à la fin du Régime français.
En 1759, l’église est ravagée par un violent incendie résultant du bombardement de l’est de la capitale par les canonnières britanniques lors du siège de Québec (voir Guerre de Sept Ans). On procède le plus promptement possible à sa reconstruction, dès le début du Régime anglais, mais les choses sont moins faciles et les rapports de force politiques avec l’occupant retardent plusieurs facettes des travaux. Le chantier de reconstruction s’ouvre éventuellement en 1766 et se termine en 1771. La cathédrale a alors grosso modo l’aspect qu’on lui connaissait avant la Conquête. Entre les mains de l’architecte Jean Baillairgé, le clocher subit cependant une réduction de volume.
Les années 1786 à 1799 verront un grandiose aménagement de la disposition intérieure de la cathédrale, qui s’appelle maintenant Notre-Dame de Québec. Jean Baillairgé et son fils François en seront les maîtres d’œuvre. En 1797, ils livrent notamment le maître-autel de la cathédrale, qui imite la façade de Saint-Pierre de Rome. Dans le même esprit, avec un décor sculpté s’harmonisant au cadre architectural d’origine, François Baillairgé réalise en 1799 un banc d’œuvre (appelé aussi banc des marguilliers).
Entre 1829 et 1843, Thomas Baillairgé, fils de François, retravaille la façade. Il ne pourra cependant achever son œuvre en raison de contraintes liées à la structure de la bâtisse et à la faiblesse de ses fondations. La façade inachevée de Baillairgé reste néanmoins le frontispice néoclassique d’église le plus élaboré au Québec. L’architecte s’est soucié de créer une structure monumentale, parfaitement géométrisée, qui reflète les dispositions, en plan et en étagement, des espaces intérieurs.
En 1874, à l’occasion du bicentenaire du diocèse de Québec, la cathédrale Notre-Dame de Québec est élevée au statut de basilique mineure par le pape Pie IX. Cela signifie qu’en sa nouvelle qualité de basilique-cathédrale, elle est désormais un lieu de pèlerinage catholique officiel, le tout premier en Amérique du Nord. On continue d’en travailler et d’en retravailler l’architecture. En 1897, alors que les sacristies nord et sud sont en cours de restauration, on décide d’ajouter une chapelle des mariages au bout de la sacristie nord. C’est la chapelle Saint-Louis, aménagée et décorée en 1916.
Le 22 décembre 1922, un terrible incendie ravage la basilique-cathédrale alors qu’on y termine tout juste une série de travaux intérieurs d’envergure. Les architectes Tanguay et Chênevert viennent d’y amplifier l’ornementation classique imaginée au départ par Gaspard Chaussegros de Léry et dont François Baillairgé avait amorcé la mise en place. Ce dispositif riche et subtil est complètement ravagé par les flammes. La perte patrimoniale est inestimable. Dès 1923, s’amorce la construction de l’église actuelle. De grande amplitude, les travaux intègreront notamment des matériaux incombustibles à toutes les composantes de la structure de l’immeuble. Mais désormais on opère dans une dynamique de restauration d’un avoir culturel irrémédiablement perdu. De nouveaux travaux très importants, amorcés en 1960, s’échelonnent tout le long du XXᵉ siècle. Ils concernent principalement la configuration de la crypte abritant désormais les sépultures de la plupart des évêques de Québec et de quatre gouverneurs de la Nouvelle-France (Louis de Buade, comte de Frontenac, Louis-Hector de Callières, Philippe de Rigaud de Vaudreuilet Jacques-Pierre de Taffanel, marquis de La Jonquière). En 1993, une chapelle funéraire est aménagée et les restes de Monseigneur de Laval y sont transportés.
Reconnaissance patrimoniale
Le 23 juin 1966, la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec est classée immeuble patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Le 1er janvier 1989, elle est désignée lieu historique du Canada par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
Le 8 décembre 2013, Notre-Dame de Québec devient officiellement dépositaire de la seule porte sainte hors de l’Europe. Il s’agit d’un de ces portails sacrés dont le pape ou un de ses cardinaux ouvre solennellement le battant afin de marquer le début de l’Année sainte. Sept églises au monde sont aujourd’hui dotées d’une porte sainte : la basilique Saint-Pierre de Rome (Rome, Italie), la basilique Sainte-Marie-Majeure (Rome, Italie), la basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome, Italie), la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (Rome, Italie), la basilique Sainte-Marie de Collemaggio (L’Aquila, Italie), la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle (Saint-Jacques-de-Compostelle, Espagne) et la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec (Québec, Canada).
Architecture actuelle
Notre-Dame de Québec est précédée d’un parvis délimité par un mur de pierre, lequel est surmonté d’une clôture en fonte bronzée de style mobilier urbain datant de 1857. Ses deux clochers bombés non symétriques, sa façade principale et ses murs latéraux sont en pierre, et son toit est en cuivre. À l’intérieur, la voûte et les murs sont en plâtre. La forme de la voûte est un arc en plein cintre. Le plan au sol est rectangulaire. Le chœur est en saillie abside à pans coupés. Le plan intérieur est celui d’une nef à trois vaisseaux. La basilique-cathédrale est dotée de trois orgues Casavant, dont un de 1927 possédant 94 jeux. Ses vitraux actuels ont été réalisés par la maison Meyer d’Autriche. Comme un nombre considérable de peintures et de boiseries religieuses l’ornementent et que sa crypte et la porte sainte en font un lieu de culte régional estimé, il y a lieu de considérer Notre-Dame de Québec comme un important musée de l’art religieux québécois et mondial.
Voir aussi Architecture religieuse; Histoire de l’architecture : Régime colonial français