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Basses terres du Saint-Laurent

Les basses terres du Saint-Laurent sont une plaine qui s’étend le long du fleuve Saint-Laurent entre la ville de Québec à l’est, et Brockville en Ontario, incluant la vallée de la rivière des Outaouais jusqu’à Renfrew en Ontario. La superficie totale des basses terres est de 46 000 km2 (dont 5000 km2 sont aux États-Unis). La plaine est d’une longueur de 450 km d’ouest en est, et d’une largeur de 100 km dans sa partie ouest, et elle se rétrécit jusqu’à 35 km à Québec. De plus, un bras de la plaine s’étend à 130 km au sud, dans la vallée du lac Champlain.

Coucher de soleil sur des champs agricoles.

Histoire géologique

Les détails du paysage actuel des basses terres sont le résultat de la dernière glaciation continentale, suivie d’une submersion marine, d’une émersion et finalement de l’érosion et de la sédimentation fluviale. Les traces de glaciation antérieure sont effacées par des glaciations subséquentes. Néanmoins, les dépôts exposés dans les vallées près du lac Saint-Pierre indiquent qu’au moins deux épisodes de glaciation suivent une première période d’altération et de dépôts de graviers fluviaux. Ces épisodes sont séparés par un intervalle non glaciaire au cours duquel de la tourbe et des sédiments lacustres s’accumulent. Cet intervalle survient il y a environ de 70 000 à possiblement 34 000 ans.

La dernière avancée glaciaire importante recouvre la région il y a plus de 18 000 ans. Cette calotte glaciaire finit par se retirer après quelques nouvelles avancées mineures, découvrant par intermittence les parties sud et sud-ouest des basses terres, qui sont alors inondées par des lacs proglaciaires. Les glaciers résiduels qui obstruent la vallée du Saint-Laurent près de Québec se désintègrent il y a 13 000 ans, et la mer inonde la région, formant une étendue d’eau connue comme étant la mer de Champlain.

Il y a entre 13 000 à 10 000 ans, les basses terres du Saint-Laurent s’élèvent rapidement (jusqu’à 20 m par siècle) en réponse à la disparition de la masse glaciaire. Les plus hautes lignes fossiles du rivage de la mer de Champlain se trouvent désormais à 230 m au-dessus du niveau de la mer du côté nord des basses terres, et à 75 m plus bas du côté sud.

La mer se retire il y a 9500 ans et, pendant une brève période, un lac dont la surface est à 40 m (altitude actuelle) occupe la partie centrale du bassin. Il se vide lorsque le fleuve Saint-Laurent creuse son lit au-delà de Québec, et le cours actuel du fleuve s’établit il y a environ 6500 ans.

Géographie

Les altitudes varient de 15 m au-dessus du niveau de la mer le long du fleuve Saint-Laurent au nord-est de Montréal, jusqu’à 150 m le long des limites avec les monts Laurentides au nord; des Adirondacks au sud; des contreforts des Appalaches au sud-est; et du Bouclier précambrien de l’Ontario à l’ouest.

Les affluents du Saint-Laurent qui drainent les basses terres sont, au sud; les rivières Châteauguay, Richelieu, Yamaska, Saint-François, Nicolet, Bécancour et Chaudière, et au nord; les rivières L’Assomption, Maskinongé, Saint-Maurice, Batiscan et Sainte-Anne. Les affluents de la rivière des Outaouais qui traversent les basses terres sont les rivières South Nation, Rideau, Mississippi, Madawaska et Bonnechere.

À grande échelle, les caractéristiques topographiques sont le résultat de l’érosion atmosphérique et fluviale durant les 100 millions d’années où les basses terres sont des roches sédimentaires du Paléozoïque. Les roches, des plus anciennes (les plus profondes) aux plus récentes (les moins profondes), sont le grès, la dolomite, le calcaire et le schiste, et leur âge varie de 520 à 480 millions d’années. Ces sédiments se trouvent dans un bassin entouré de roches cristallines plus anciennes et plus résistantes. Sous les roches sédimentaires se trouve une ancienne surface à relief modéré qui a été érodée sur les roches précambriennes plus anciennes (voir Histoire géologique du Canada).

Les basses terres sont dominées par les collines montérégiennes, une série de montagnes isolées dans une ceinture de 20 km de large s’étendant vers l’est de Montréal jusqu’aux Appalaches. Ce sont, de l’ouest à l’est, les monts Royal (231 m), Saint-Bruno (213 m), Saint-Hilaire (404 m), Saint-Grégoire (229 m), Rougemont (366 m), Yamaska (411 m), Shefford (518 m) et Brome (548 m). Tous sont des vestiges érodés d’intrusions ignées du début du Crétacé (il y a de 144 à 97,5 millions d’années). On ignore si des volcans existaient au-dessus des intrusions, car il n’en reste aucune trace directe.

Des dykes et des filons-couches ignés s’étendent en rayons depuis les collines montérégiennes, certains soutenant des terrasses autour des montagnes et formant des parties des rapides de Lachine dans le fleuve Saint-Laurent. Des collines de roches cristallines précambriennes se dégagent des roches sédimentaires des basses terres, de 30 à 50 km à l’ouest de Montréal, aux collines d’Oka (260 m), au mont Rigaud (213 m) et à une colline près de Saint-André-Est (137 m). De 800 à 1200 m de roc sont érodés des basses terres depuis 100 millions d’années. La limite nord est un escarpement de ligne de faille érodée à plusieurs endroits.

Les basses terres font partie d’un fossé d’effondrement qui remonte à la période du Crétacé, et elles constituent une région à forte probabilité de tremblements de terre susceptibles de causer de graves dommages; au cours de l’histoire, environ dix séismes se sont produits chaque siècle.

Sol

La majeure partie des basses terres du Saint-Laurent repose sur un sol constitué d’argile déposée dans la mer de Champlain. L’épaisseur de la couche d’argile atteint 60 m le long de la rive nord près de l’ancienne marge glaciaire, et elle devient progressivement plus mince jusqu’à pratiquement disparaitre. Lorsqu’elle est soumise à une infiltration d’eau excessive provoquée par des pluies abondantes ou la fonte des neiges, l’argile devient instable et s’affaisse, souvent sous forme de glissements de terrain. Ces derniers ont causé d’importantes pertes en vies humaines et en biens matériels.

Les parties ouest et sud des basses terres reposent sur des dépôts glaciaires (till) plutôt que sur de l’argile marine. L’action des vagues a éliminé le limon et l’argile du till, laissant derrière du sable et du gravier, de sorte que les dépôts de plage sont courants sur les collines de cette région. Autour des marges des basses terres, on trouve de nombreuses plages de sables et de gravier, les cordons et les bancs littoraux représentant les anciens niveaux d’eau. Les fossiles abondent dans les dépôts de la mer de Champlain, où l’on trouve notamment des foraminifères, des mollusques ainsi que des vertébrés comme les phoques et les baleines. Ces fossiles indiquent que ces eaux étaient semblables à celles des côtes du Labrador et du golfe du Saint-Laurent actuels.

Dans la partie centrale inférieure des basses terres, les zones sablonneuses au nord et à l’est de Montréal sont des vestiges d’anciens deltas du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. De basses terrasses couvertes par les sables fluviaux se trouvent dans la partie est des basses terres. À certains endroits, le sable s’est formé en dunes; certaines prennent la forme de crêtes allongées pouvant atteindre 18 m de hauteur, et sont appelées « crêtes de coq ». La végétation permet de stabiliser le sable éolien. Le long du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, d’Ottawa jusqu’au lac Saint-Pierre, on trouve des lits de rivière abandonnés qui sont en forme de cuvettes larges de 2 km et dont les berges peuvent atteindre 10 m de hauteur.

Dans la plaine à l’est de Montréal, à peu près parallèlement au fleuve Saint-Laurent, se trouvent des crêtes de sable rocheux de 1,5 à 4,5 m de hauteur sur 30 m de largeur qui semblent avoir été transportées et poussées par les glaces flottantes au cours des premiers stades du fleuve. Ces crêtes constituent d’excellents sites pour la construction et les routes; de nombreuses communautés sont construites dessus.

Une grande partie des basses terres du Saint-Laurent est constituée de bonnes et fertiles terres agricoles. L’argile de ces terres est utilisée pour fabriquer des briques et des tuiles, et le sable et le gravier sont utilisés pour construire la chaussée des routes et des matériaux de construction. Les roches des basses terres sont extraites pour fabriquer des pierres de construction, la silice, le ciment, la chaux, la pierre concassée, l’agrégat de béton, ainsi que pour la fabrication de briques et de tuiles.

Colonisation

Les peuples de langue iroquoienne vivent dans les basses terres à l’époque de l’arrivée de Jacques Cartier en 1535. Les terres agricoles sont cultivées en bandes parallèles étroites le long du fleuve, ce qui est caractéristique du régime seigneurial. L’industrie commence à se développer près de Trois-Rivières, où le fer des marais est exploité en 1737. Aujourd’hui, les basses terres du Saint-Laurent sont le foyer de la majeure partie de la population du Québec.

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Liens externes