La bataille de La Nouvelle-Orléans (8 janvier 1815) a ceci de particulier qu’elle est la dernière grande bataille de la guerre de 1812 et qu’elle a eu lieu alors que la guerre avait officiellement pris fin. À la suite des défaites de Napoléon en Europe, la Grande-Bretagne a enfin pu cesser de mener deux guerres de front, contre la France et les États-Unis, deux pays en proie à la révolution. La Grande-Bretagne a également pu commencer, dès les derniers mois de 1814, à consolider ses troupes en Amérique du Nord pour asséner aux troupes américaines de cuisants coups tant sur terre que sur mer. Hélas, l’ambition britannique a été contrecarrée par le bon sens américain et par une série d’échecs déterminants qui ont empêché les troupes anglaises amassées de remporter la victoire.
Les défenses américaines à La Nouvelle-Orléans
Le but de la Grande-Bretagne est de s’emparer de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, aux florissants commerces de sucre et de coton, et d’empêcher les Américains de faire circuler des troupes et des marchandises sur le Mississippi. Le 10 décembre 1814, la flotte du vice-amiral Alexander Cochrane débarque sur les berges orientales du Mississippi, et repousse, la petite flottille de chaloupes canonnières américaines qui protège l’embouchure du fleuve. Les Américains sont commandés par le lieutenant Thomas ap Catesby Jones lors de la bataille du lac Borgne. L’avant-garde britannique formée de 1600 hommes ne peut pas se lancer dans la bataille en l’absence de son commandant, sir Edward Pakenham. En effet, il arrive en retard en raison de vents contraires, ce qui scelle peut-être le sort de cette campagne, quoique cette défaite ne puisse lui être imputée. Le courage du lieutenant Jones devant la supériorité numérique des Britanniques lui vaut de nombreux éloges et permet de gagner du temps pour ainsi assurer la défense de La Nouvelle-Orléans.
Si les Anglais avaient attaqué le 24 décembre, ils se seraient trouvés devant une Nouvelle-Orléans dont les défenses laissaient à désirer. Le général américain et futur président Andrew Jackson n’a pas encore renforcé ses défenses, mais le jour de Noël, quand Pakenham arrive pour mener ses troupes à la bataille, Jackson protège ses bâtiments et se prépare à l’attaque. À la hâte, aidé de soldats et d’esclaves africains, Jackson forme des parapets (mur fortifié temporaire) avec des barils de sucre et de la terre. Il creuse également un fossé qui s’étend jusqu’à un marécage infranchissable. Cela assure à ses hommes une solide position de défense pour repousser les Britanniques dont le nombre, selon Jackson, s’élève à 25 000 têtes. L’artillerie est quant à elle placée de façon à protéger les terrassements. Les Américains se positionnent et se préparent au pire quand Pakenham arrive finalement pour prendre la tête des troupes britanniques.
Militaire de carrière au prestigieux parcours, Pakenham a combattu en Irlande du Nord et en Amérique du Nord et a pris part à la guerre d’Espagne contre l’occupant napoléonien. Pakenham arrive pour prendre le commandement d’une position difficile. Il y a eu une escarmouche qui avait coûté cher, suivie d’une expédition de reconnaissance tout aussi coûteuse. Les troupes de Cochrane ont placé rapidement et à grands frais l’artillerie tout en se tenant à une prudente distance, mais elles sont incapables de contrer les parapets, et elles sont bientôt mises en pièces par les tirs de l’artillerie américaine.
L’attaque de Pakenham sur La Nouvelle-Orléans
Commandant 6000 soldats réguliers et 1000 soldats noirs provenant des deux régiments de l’Inde occidentale, Parkenham refuse d’admettre la défaite et tente de surprendre les défenses de Jackson le 8 janvier 1815. De son côté, le colonel du 85e régiment, William Thornton, traverse le fleuve avec 1500 soldats pour tenter de déborder la position américaine. Jackson défend sa position, aidé d’environ 4000 hommes.
Tout commence bien mal, et ce, dès le début de l’offensive. Les canaux que les hommes de Cochrane ont creusés se sont effondrés avant que les navires d’attaque aient le temps de traverser. La percée audacieuse de Thornton a infligé une leçon à 800 miliciens du Kentucky qui ne peuvent plus, dès lors, utiliser les canons navals; Thornton avance jusqu’à se trouver derrière la position de Jackson. Ensuite, à l’aide des tirs et des roquettes d’artillerie, il se fraie un chemin jusqu’aux troupes américaines, mais tout va de travers. Certains officiers ont oublié d’apporter des échelles et autres outils nécessaires pour contourner les digues. Les lignes de tir et de marche s’embourbent et comme les Britanniques avancent très lentement, ils deviennent les cibles idéales de l’artillerie américaine. Le sang, la boue, le brouillard et des hommes en déroute couvrent bien vite le champ de bataille. Peu de soldats britanniques parviennent à atteindre les parapets, ceux qui y arrivent ne sont couverts d’aucune façon et finissent tués ou capturés. Ces deux importants assauts ne permettent pas que s’ouvre une brèche exploitable. En effet, les Américains effectuent le roulement efficace des lignes de tir de quatre hommes de profondeur de façon à concentrer les tirs autant que possible. Les navires bombardent Fort St Philip et en font le siège pendant dix jours. Mais le vent de la victoire ne souffle pas en direction des Britanniques.
Voyant que la bataille ne se passait pas comme il l’avait prévu, Pakenham tenta de rallier ses troupes pour lancer un nouvel assaut, mais une salve de mitraille l’atteint au genou et tue son cheval. Une nouvelle mitraille lui déchire la colonne vertébrale et il succombe à ses blessures. Il n’a alors que 36 ans. Pendant que l’assaut contre le redoutable Jackson et ses hommes se poursuit, de nombreux officiers supérieurs de Pakenham sont tués ou gravement blessés. Les Britanniques subissent de lourdes pertes, 2000 hommes, en tentant de débusquer les troupes américaines des tranchées. Les Américains, eux, perdent 71 hommes.
L’attaque britannique sur Fort Bowyer
Sous le commandement du major général John Lambert, les troupes britanniques qui ont survécu aux assauts et qui comptent encore un nombre important d’hommes, effectuent un repli vers les navires et mettent les voiles vers Biloxi, au Mississippi. La campagne de La Nouvelle-Orléans est finie, mais Lambert veut continuer à se battre. Avec ses troupes, il envahit Fort Bowyer le 8 février 1815. Les Américains se rendent trois jours plus tard. Lambert se met à concevoir d’autres opérations militaires quand lui et ses troupes ont vent de la ratification du Traité de Gand. On lui apprend du même souffle que la guerre a officiellement pris fin le 24 décembre 1814. Toutes les hostilités en terre américaine cessent immédiatement.
Importance
La bataille de La Nouvelle-Orléans est le dernier grand conflit de la guerre de 1812. La paix signée et le Traité de Gand observé, les troupes britanniques quittent le sol américain et rendent toutes les terres saisies. On se souvient surtout de cette bataille parce qu’elle illustre la farouche résistance du général américain Andrew Jackson devant l’incursion britannique. Quant au jeune major général Edward Pakenham à l’avenir si prometteur, qui y laisse sa vie, on s’en souvient à tort comme de celui qui a perdu la bataille de La Nouvelle-Orléans.