Lundy's Lane est le site d'une bataille qui a eu lieu dans la nuit étouffante du 25 juillet 1814, site d'où l'on peut voir les chutes Niagara. Elle mettait aux prises les troupes américaines et les soldats de l'armée régulière britannique, appuyés par la milice et les Territoriaux canadiens.
Les forces se mobilisent
Le 3 juillet 1814, le major-général américain Jacob Brown envahit le Haut-Canada en traversant la Niagara et en s'emparant rapidement de Fort Érié. Son armée qui est composée de soldats réguliers, de miliciens et d'alliés autochtones, compte près de 3500 hommes; elle longe la rivière vers le nord et doit se défendre vigoureusement contre les combats provoqués par l'arrière-garde britannique. Les troupes américaines installent leur campement à Chippawa et dans l'après-midi du 25 juillet, le brigadier-général Winfield Scott conduit sa brigade composée de quelque mille hommes, le long de la route du Portage, vers le croisement de Lundy's Lane, à moins de deux kilomètres des chutes du Niagara.
Les Britanniques, ignorant tout des intentions de Brown et ne sachant pas à quel endroit il était stationné, avancent eux aussi vers la route du Portage et installent leurs canons sur les buttes surélevées de Lundy's Lane. Les troupes britanniques sont flanquées de part et d'autre de soldats de l'armée régulière, de miliciens canadiens et d'alliés autochtones commandés par John Norton. En découvrant les forces britanniques, Scott arrête l'avancée de ses troupes qui sont à portée des canons britanniques. Les Britanniques donnent l'ordre de tirer, faisant de très nombreux blessés chez les Américains. Commence alors, peu après 19 heures, l'une des plus sanglantes batailles de la guerre de 1812.
Début de la bataille
L'un des régiments de Scott attaque le flanc gauche britannique, le repousse et capture le major-général Phineas Riall, qui est blessé; il est le commandant en second du lieutenant-général Gordon Drummond. Brown arrive avec le reste de l'armée et lance plusieurs attaques successives contre les artilleurs britanniques. La nuit s'abat sur des combats à mains nues. Autour des canons, les soldats réguliers des deux camps se battent à coups de baïonnettes et tirent tellement de coups de feu à bout portant avec leurs mousquets que les détonations finissent par se croiser. Lorsque la poudre explose, les étincelles jaillissant permettent aux soldats de voir le visage déformé de leur ennemi. Le bruit, la poudre noire et épaisse, la fumée et les hurlements des hommes abattus ou poignardés, tout cela devait ressembler à l'image que l'on se fait de l'enfer.
Les commandants des deux armées Brown et Scott sont blessés, si gravement qu'ils doivent se retirer du champ de bataille. Les Américains s'emparent des canons britanniques, mais oublient de les prendre avec eux quand vers minuit, leurs soldats, épuisés, se replient vers le sud, vers Chippawa.
Répercussions de la bataille
Les troupes britanniques, les miliciens canadiens et les guerriers autochtones dorment sur le champ de bataille ou à proximité. Au cours de la nuit, ils entendirent les gémissements des blessés et leurs supplications pour qu'on leur donne à boire. Le lendemain, à la lumière du jour, les soldats se réveillent sur un champ de bataille jonché d'hommes, morts et blessés, des deux camps, dont les corps sont enchevêtrés. Dans chaque camp, près de 900 hommes ont été tués ou sont blessés ou portés disparus.
Lundy's Lane fut l'une des plus importantes batailles de la guerre parce qu'elle permit d'arrêter l'avancée américaine vers le Haut-Canada. Les Américains se replièrent vers Fort Érié; le général Drummond les poursuivit et assiégea le fort, mettant ainsi fin à la dernière invasion de la province.