Article

Béatrice Picard

Béatrice Picard (née Marie Thérèse Béatrice Picard), C.M., O.Q., comédienne, porte-parole (née le 3 juillet 1929 à Montréal, au Québec). Béatrice Picard est une figure incontournable des arts vivants et de la télévision au Québec. Elle est connue pour ses rôles de tante Aline dans le film Ma tante Aline et de Blanche Bellemare-Tassé dans la série télévisée Symphorien. Elle a également prêté sa voix au personnage de Marge Simpson dans la version québécoise de la série Les Simpson en français.

Béatrice Picard smiling at the Prends ça court! gala

Enfance et initiation au métier

Née en 1929 à Montréal, Béatrice Picard grandit dans un environnement qui laisse une place importante à la culture. Son père, Arthur Picard, avait longtemps présenté des spectacles de magie et d’illusionnisme aux quatre coins du Québec. Sa mère, Marie-Béatrice Granger, avait été son assistante.

À l’école, Béatrice Picard est une étudiante appliquée. Elle est aussi l’élève d’Yvonne Duckett, communément appelée Mme Audet, reconnue pour ses cours de diction et d’art dramatique. Tous les samedis matin, Béatrice Picard prend part, avec d’autres élèves de Mme Audet, à l’émission radiophonique Radio Petit-Monde comme chanteuse pour les chœurs.

Elle fait ses études secondaires au lycée Les Hirondelles avant d’obtenir son baccalauréat à l’institut Mongeau-Saint-Hilaire. Viennent ensuite les ateliers avec Jeanne Maubourg, au Studio Quinze et au conservatoire Lassalle.

Elle commence ensuite sa carrière de comédienne et d’animatrice à la radio, avant d’apparaître aussi à la télévision québécoise, qui fait son arrivée en 1952. Déjà, à la fin des années 1950, on la reconnaît dans les rôles de Monique Asselin dans Rue Principale, de Florida Beaupré (Précourt) dans Je vous ai tant aimé et de Colette dans Face à la vie.

Carrière télévisuelle et cinématographique

Béatrice Picard participe à plus de 40 films et téléséries. C’est avec la trilogie télévisuelle de Germaine Guèvremont qu’elle se fait connaître du public québécois : de 1954 à 1960, elle incarne Angélina Desmarais dans Le Survenant (de 1954 à 1957, puis de 1959 à 1960), Au Chenal du Moine (de 1957 à 1958) et Marie-Didace (de 1958 à 1959).

La comédienne renforce sa popularité pendant la période des années 1960 jusque dans les années 1980. Elle obtient des rôles marquants dans les séries les plus écoutées de l’époque, toutes écrites par le scénariste humoristique Marcel Gamache. Elle joue Alice Lebrun ― l’épouse de Basile, le personnage d’Olivier Guimond ― dans Cré Basile, Mme Bellemare (devenue Mme Tassé) dans Symphorien et Régine Brillant dans Les Brillant.

Parmi ses nombreuses participations télévisuelles, on compte notamment Virginie et Un gars, une fille. Depuis le tournant du millénaire, c’est le grand écran qui l’occupe le plus. Elle collabore à plusieurs projets cinématographiques, dont Miss Météo de François Bouvier (inspiré de la série du même nom); Ma tante Aline de Gabriel Pelletier; Le golem de Montréal d’Isabelle Hayeur; l’adaptation de la télésérie Le Survenant par Érik Canuel (voir aussi Bon Cop Bad Cop); Dans les villes de Catherine Martin; et le court métrage Marguerite de Marianne Farley.

Béatrice Picard fait aussi du doublage en français pour plusieurs dizaines de projets. Toutefois, c’est sans aucun doute avec son interprétation de la version québécoise de la voix de Marge Simpson dans la série américaine d’animation Les Simpson qu’elle laisse sa marque. En 2023, elle fait sa dernière session de doublage pour ce personnage qu’elle anime de ses cordes vocales depuis 33 saisons et 1989.

Théâtre : une rencontre déterminante

En 1951, Béatrice Picard croise pour une première fois Jean Duceppe lors d’une audition où l’homme de théâtre est aussi présent. Il est déjà reconnu par ses pairs comme un comédien chevronné. C’est lui qui aurait soumis le nom de Béatrice Picard pour la pièce Ondine en 1951. C’est le début officiel sur les planches pour l’actrice. Elle joue d’innombrable fois avec Jean Duceppe. Elle collabore à 40 productions de la compagnie de théâtre Duceppe et siège pendant 40 ans au conseil d’administration. Elle est la comédienne qui a le plus joué pour la compagnie.


Le 3 juin 2024, elle reçoit un prix hommage lors du gala des prix Duceppe 2023-2024 pour sa carrière exceptionnelle. Plusieurs artistes et proches de la comédienne sont présents pour l’occasion. David Laurin et Jean-Simon Traversy, codirecteurs artistiques de Duceppe, déclarent alors que Béatrice Picard a marqué l’histoire culturelle des Québécoises et des Québécois parce qu’elle a su les captiver par son talent, ses valeurs féministes et sa personnalité enthousiaste, vive, vraie et passionnée.

Féministe avant l’heure

Béatrice Picard fait des choix audacieux pour son époque, notamment en décidant de se représenter de façon indépendante. Elle arrive dans la profession au moment où il pourtant est devenu normal d’être accompagné d’un agent. Elle assure personnellement la gestion artistique et contractuelle de sa carrière, et négocie ses cachets de façon rigoureuse.

En 1953, elle rencontre Jacques Segard, qui sera plus tard réalisateur à Radio-Canada et le père de ses quatre fils. Il a déjà deux enfants d’une union précédente. Le couple forme une famille recomposée sans être marié, ce qui est atypique à cette époque au Québec. La comédienne démontre, par ses décisions, son indépendance d’esprit et sa détermination à vivre selon ses propres valeurs.

Femme de conviction et conférencière

En septembre 2021, Béatrice Picard devient porte-parole du Salon des aînés de Saint-Jérôme. La pandémie de COVID-19 qui sévit depuis plus d’un an l’amène à réfléchir sur la place des aînées et des aînés dans la société et à vouloir ouvrir la discussion sur ce sujet. Elle veut que ce salon soit l’occasion de donner la place et le respect qui revient aux personnes âgées, qui sont des citoyens et citoyennes à part entière. Lors de cet événement, elle donne une conférence sur sa biographie, Béatrice Picard : avec l’âge, on peut tout dire.


En entrevue à l’émission Bonsoir bonsoir!, à Radio-Canada, le 12 mai 2021, la comédienne soulève le fait que les personnes âgées ne sont plus écoutées lorsqu’elles s’expriment, que leurs propos sont rapidement invalidés par leur âge. Selon elle :

Il y a des choses qui étaient bonnes dans notre temps. Le civisme existait. Aujourd’hui, il n’y en a plus. La politesse existait. Aujourd’hui, on se demande ce qu’est la politesse. Les aînés méritent notre confiance, car ils ont du vécu. Bien souvent, on les empêche de s’exprimer.

Le 1er octobre 2023, en tant que la porte-parole de l’organisme Les Petits Frères, elle publie une lettre ouverte dans les médias de Québecor pour la Journée internationale des personnes aînées. La lettre, qui a pour titre T’as bien l’air jeune!, sert à conscientiser la société sur l’âgisme et la solitude que plusieurs personnes âgées vivent au quotidien.

;