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Le Survenant

Devenue un classique de la littérature québécoise, Le Survenant, œuvre de Germaine Guèvremont, inspirera non seulement un radio-feuilleton et une série télévisée mais sera aussi portée au grand écran à deux reprises, soit en 1957 et beaucoup plus tard, en 2005.

Le Survenant

Devenue un classique de la littérature québécoise, Le Survenant, œuvre de Germaine Guèvremont, inspirera non seulement un radio-feuilleton et une série télévisée mais sera aussi portée au grand écran à deux reprises, soit en 1957 et beaucoup plus tard, en 2005. Ce roman devait être le premier d'une trilogie que madame Guèvremont se proposait d'écrire, Marie- Didace, publié en 1947, en sera la suite.

La trame

Madame Guèvremont a situé l'action de son roman au Chenal du Moine, petit hameau situé non loin de Sorel. qu'elle a appris à connaître à travers sa belle-famille , originaire de ce coin de pays.

Un étranger, venu d'on ne sait où, se présente un jour chez les Beauchemin, demandant gîte et couvert pour la nuit.. S'avérant être un bon travailleur, le père Didace lui offre de le garder pour l'hiver en lui faisant faire différents petits travaux. Une voisine, désavantagée par la vie et souffrant d'une légère claudication s'éprend de cet homme séduisant , épris de liberté. On le surnommera le « Survenant » , lui qui a toujours refusé de donner son nom. Autour de ce qui n'aurait pu être qu'une banale histoire d'amour, gravitent les gens du village. Cet étranger qu'on appelle aussi « le grand dieu des routes » séduit par sa verve et les péripéties de sa vie de globe-trotter, bouleversant ainsi cette petite communauté rurale. Il y aura alors confrontation entre le rythme de vie des habitants, régi par les saisons et la liberté de cet étranger ouvert sur le monde. Le « Survenant » sacrifiera-t-il l'appel de la route et du « vaste monde » comme il le surnomme, à l'amour inconditionnel d'Angélina et à l'amitié de Didace? Son départ, aussi inattendu que son arrivée, brisera bien des cœurs.

Bien qu'étant avant tout une grande histoire d'amour et de liberté, ce roman dépeint les mœurs de l'époque dans un décor dont la description est exceptionnelle. On y décline aussi les valeurs de ce temps qui contrastent étonnamment avec celles de son personnage principal épris de liberté , d'aventures et qui conteste haut et fort le matérialisme et l'esprit de clocher.

Le roman Le Survenant doit son succès à trois éléments principaux soit à la véracité de ses personnages à laquelle on adhère dès les premiers chapitres, à la description exceptionnelle du milieu où se déroule l'action et enfin au style de l'auteur, sensible, juste et poétique.

À la radio

Germaine Guèvremont commence l'adaptation de son roman pour la radio en 1950. Celle-ci sera présentée sur les réseaux de CBF et de CKVL de 1952 à 1955 et connaîtra un réel succès.

À la télévision

Forte de ce succès radiophonique, madame Guèvremont adapte son œuvre pour la production télévisuelle. Elle forme une trilogie qui sera en onde durant 6 ans Le Survenant (1954-1957, 1959-1960), Au Chenal du Moine (1957-1958) et Marie-Didace (1958-1959). C'est Jean Coutu qui interprétera le rôle principal du célèbre aventurier.

Au grand écran

C'est en 1957 que sera réalisée une première version cinématographique de l'œuvre de Germaine Guèvremont, Le Survenant, avec Jean Coutu qui, une fois de plus, assumera le rôle-titre. Puis, en 2005, Érik Canuel décide de reprendre l'histoire au grand écran, ayant voulu faire un clin d'œil à la série télévisée qui s'est échelonnée sur 138 épisodes. Jean-Nicolas Verreault campera un "nouveau" Survenant.

Prix et récompenses

Malgré l'accueil mitigé lors de sa parution au Québec, Le Survenant permettra à Germaine Guèvremont, dès sa parution en France, de se mériter en 1946 le prix David et le prix Sully-Olivier de Serres de l'Académie française. En 1947, madame Guèvremont obtient la Médaille de l'Académie des lettres du Québec. Pour la traduction anglaise de Le Survenant et de sa suite, Marie-Didace, le prix du Gouverneur général du Canada est attribué en 1950. Cette traduction fut publiée simultanément à Londres, New-York et Toronto; les éditions anglaise (The Monk's Reach) et américaine (The Outlander) regroupaient, en un seul volume, les deux romans Le Survenant et Marie- Didace.

Madame Guèvremont est décédée en août 1968 mais avant sa mort, elle remit à Fides un exemplaire de l'édition 1966 de son roman qu'elle avait préalablement corrigé de sa main. On y retrouve, outre les textes du Survenant et de Marie-Didace, des aperçus biographiques de même que les différentes étapes de la composition du roman. Chaque roman est de plus, suivi de notes linguistiques, d'un glossaire et d'une abondante bibliographie.

Oeuvre incontournable, Le Survenant est désormais considéré comme le dernier et le plus achevé des romans du terroir québécois.