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Bleuet

Les bleuets sont un groupe d’arbrisseaux du genre Vaccinium qui portent des baies comestibles bleues, noires ou violettes. Les baies peuvent être consommées fraîches, congelées ou séchées. Leur goût et leurs bienfaits pour la santé en font une culture agricole importante. On trouve différentes espèces et différents cultivars de bleuets partout au Canada. Vaccinium est un genre cosmopolite (c’est-à-dire qu’il est répandu un peu partout dans le monde) et n’est absent que de l’Australie et de l’Antarctique. Il en existe environ 480 espèces, mais seul un petit nombre sont considérés comme des bleuets. Les bleuets sont étroitement liés à d’autres espèces Vaccinium, dont les canneberges, les airelles, les myrtilles et les groseilles. Les myrtilles et les airelles à fruits noirs et bleus sont également souvent considérées comme des bleuets et sont incluses dans cette catégorie. Comme d’autres plantes de la famille des éricacées, les bleuets poussent naturellement dans les sols acides, souvent marécageux, où d’autres types de plantes ont souvent du mal à trouver suffisamment d’éléments nutritifs. En Amérique du Nord, en Europe et en Asie, quelque 30 espèces de Vaccinium pourraient être classées comme des bleuets; le Canada en compte environ une douzaine. La plupart des bleuets d’Amérique du Nord sont des arbustes à feuilles caduques, bien qu’il existe quelques espèces à feuilles persistantes. Les feuilles caduques des bleuets sont réputées pour leur couleur automnale variant d’orange vif à écarlate.

Bleuets sur une branche

Description physique

En Amérique du Nord, le genre Vaccinium se distingue par ses grappes de petites fleurs blanches et par ses petites feuilles caduques ou, plus rarement, persistantes. Ces feuilles sont disposées en alternance le long de tiges souvent striées et anguleuses. La baie se forme à partir d’un seul ovaire contenant plusieurs graines dans la fleur fécondée. Botaniquement, le fruit du bleuet est une véritable baie. Chez la plupart des espèces, une cire glauque (blanc bleuté) recouvre la peau du fruit, ce qui lui donne un aspect bleu. Les fleurs sont autogames, elles se reproduisent par autofécondation. Cependant, la pollinisation par les insectes (en particulier les bourdons) et la présence de plusieurs individus génétiquement différents tendent à améliorer la taille des fruits et à augmenter la nouaison. C’est le cas dans les colonies naturelles ou lorsque deux cultivars de bleuets en corymbe ou plus sont cultivés à proximité.

Bleuet sauvage

Espèces de bleuets au Canada

Les espèces de bleuets sauvages (y compris les myrtilles et les airelles à fruits bleus et noirs) originaires du Canada sont les suivantes :

Nom commun

Nom scientifique

Aire de répartition

Bleuet ou airelle à feuilles étroites ou bleuet nain

Vaccinium angustifolium

Est de l’Amérique du Nord

Bleuet boréal

Vaccinium boreale

Nord-est des États-Unis, Québec, provinces de l’Atlantique

Airelle gazonnante

Vaccinium caespitosum

Amérique du Nord, Mexique, Guatemala

Bleuet en corymbe (cultivé)

Vaccinium corymbosum

Est et nord-ouest de l’Amérique du Nord

Airelle délicieuse

Vaccinium deliciosum

Ouest de l’Amérique du Nord

Bleuet membraneux (airelle à feuilles membraneuses)

Vaccinium membranaceum

Ouest de l’Amérique du Nord, Grands Lacs

Bleuet fausse-myrtille, bleuet du Canada ou airelle du Canada

Vaccinium myrtilloides

Nord-est et nord de l’Amérique du Nord

Myrtille

Vaccinium myrtillus

Ouest de l’Amérique du Nord, Europe, Japon, nord de l’Asie

Airelle à feuilles ovées ou airelle bleue

Vaccinium ovalifolium (y compris Vaccinium alaskaense)

Nord-est et nord-ouest de l’Amérique du Nord, Kamchatka, Japon

Airelle ovale

Vaccinium ovatum

Régions côtières de l’ouest de l’Amérique du Nord

Airelle pâle

Vaccinium pallidum

Est des États-Unis, sud de l’Ontario

Airelle des marécages

Vaccinium uliginosum

Nord de l’Amérique du Nord, Groenland, Eurasie


Diversité génétique, répartition et habitat

Tous les bleuets commerciaux sont des arbustes à feuilles caduques originaires d’Amérique du Nord. Trois des espèces commerciales les plus importantes au Canada comprennent deux types de base : le bleuet en corymbe et le bleuet nain.

Les espèces commerciales de bleuets nains, dont les fruits sont communément appelés bleuets sauvages, comprennent Vaccinium angustifolium et, dans une moindre mesure, Vaccinium myrtilloides. Les bleuets nains ont généralement des fruits plus petits que ceux des bleuets en corymbe. Les baies sont noires ou bleues et la chair est douce, mais acide, ce qui en fait une baie acidulée et très savoureuse. Ces plantes sont généralement basses, formant parfois de vastes colonies à partir de réseaux de rhizomes (tiges souterraines) peu profonds. Vaccinium angustifolium, originaire de l’est de l’Amérique du Nord, dépasse rarement 30 cm de hauteur, tandis que V. myrtilloides, originaire du nord-est et du nord de l’Amérique du Nord, peut produire des tiges de 0,5 m ou plus.

Le bleuet en corymbe, Vaccinium corymbosum, est une espèce variable originaire d’une grande partie de l’est de l’Amérique du Nord. Les plantes atteignent normalement une hauteur supérieure à 1,5 m et ne forment pas de colonies. Comme les espèces naines, les bleuets en corymbe ont des feuilles bleu-vert foncé qui se teintent de jaune, d’orange, de rouge et de violet à l’automne. Les bleuets en corymbe ont pour la plupart des fruits plus gros, de 6 à 12 mm de diamètre, à la peau pruineuse bleu foncé, qui sont savoureux et sucrés. Les baies soient moins acidulées, en particulier dans les sélections cultivées, donc plus fades que leurs pendants sauvages. Élancés, les plants de bleuets en corymbe ont des tiges qui atteignent fréquemment 2 à 3 m de haut et jusqu’à 5 m.

Pollinisateurs et espèces sauvages

Les bleuets sont pollinisés par des insectes, principalement des abeilles. Des ruches d’abeilles sont régulièrement installées dans les champs de bleuets commerciaux en mai et juin pour améliorer la nouaison et augmenter la taille des fruits. Dans les régions où la biodiversité locale est intacte, les abeilles indigènes, en particulier les bourdons pollinisateurs, sont généralement plus efficaces pour la pollinisation, car elles sont adaptées aux espèces indigènes et sont actives lorsque les températures sont plus fraîches. Les tiges des espèces Vaccinium, y compris tous les types de bleuets, sont consommées par les ongulés, comme le cerf, le wapiti et l’orignal, et les baies constituent une source alimentaire importante pour la gélinotte huppée, le pigeon à queue barrée et de nombreux oiseaux chanteurs. L’ours noir et le grizzly se nourrissent aussi des baies, des feuilles, des tiges et des racines des bleuets.

Peuples autochtones

Les bleuets sont abondamment utilisés comme aliment et comme médicament par les peuples autochtones partout au Canada. Cependant, l’exclusion des peuples autochtones de leurs terres et l’interdiction des pratiques culturelles ont rendu plus difficile l’accès aux baies et leur consommation. Dans l’est du Canada, les Abénakis, les Algonquins, les Cris, les Haudenosaunee, les Anichinabés et les Micmacs consomment diverses espèces de bleuets, frais et séchés. Les Micmacs utilisent également les feuilles et les racines des bleuets nains pour traiter le rhumatisme. Les Algonquins et les Cris font du thé avec les feuilles pour soutenir la santé des nourrissons et des femmes pendant la grossesse, et les Algonquins utilisent une infusion concentrée à partir des racines. Les bleuets constituent également un aliment traditionnel et culturel important pour les Inuits, qui les cueillent souvent en famille. La cueillette de baies est associée au bien-être des collectivités modernes, et les bleuets sont parmi les plantes les plus récoltées par les Inuits. Dans l’ouest du Canada, les collectivités autochtones cultivent de nombreuses espèces de bleuets, une importante source alimentaire. Les peuples salish de la côte font le commerce de baies séchées depuis l’intérieur des terres jusqu’à la côte centrale et au sein des groupes de l’intérieur. De nombreuses langues autochtones utilisent une diversité de mots pour décrire les bleuets, ce qui témoigne de leurs utilisations traditionnelles et de leur importance culturelle.

Les connaissances autochtones en matière de cueillette de baies sont importantes pour le choix du moment et de l’emplacement de la récolte ainsi que pour la gestion responsable des ressources. Les pratiques de gestion incluent le brûlage dirigé, la taille, la fertilisation, le paillage, le repiquage et la conservation des semences. Ces pratiques favorisent la création d’habitats, augmentent la sécurité alimentaire et préservent la diversité des espèces.

Utilisations et production

Les bleuets nains sont adaptés au feu et repoussent naturellement après un incendie à partir des rhizomes souterrains protégés. Pour tirer parti de cette caractéristique, on brûle généralement tous les deux ans les parcelles de bleuets nains afin d’éliminer les arbustes et les arbres concurrents, et les parties épigées des bleuets. Cette pratique permet de fertiliser le sol et de revigorer les plantes, favorisant ainsi une croissance vigoureuse au printemps suivant le brûlage. Les plantes produisent des baies la deuxième année parce que seul le bois mûr et pleinement mature porte des boutons floraux. Ces boutons s’ouvrent au printemps suivant et, s’ils sont fécondés, produisent des baies. Les bosquets « sauvages » ainsi gérés sont courants dans l’est du Canada, ainsi que dans les états américains du nord-est adjacents.

Comme chez les espèces naines (et la plupart des autres espèces Vaccinium), les fleurs et les fruits des bleuets à corymbe ne poussent que sur les branches ayant atteint leur pleine maturité l’année précédente. Contrairement à la gestion des bleuets nains, la taille des bleuets à corymbe consiste à retirer les tiges les plus anciennes et non productives à la base de la tige principale ou près du sol, chaque année ou, plus communément, à intervalles de quelques années.

Le Canada compte plus de 78 000 hectares de bleuets, ce qui représente la plus grande superficie consacrée aux fruits du pays. Le Canada est le premier producteur de bleuets nains au monde, qui sont principalement récoltés à des fins commerciales dans quatre provinces : la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et le Québec. La Colombie-Britannique produit la quasi-totalité des bleuets en corymbe du Canada. Les bleuets nains et en corymbe sont cueillis à la main ou récoltés mécaniquement. Une fois ramassés, les bleuets sont disponibles pour la consommation sous différentes formes, qu’ils soient frais, surgelés individuellement, surgelés en vrac, séchés ou déshydratés, lyophilisés, en poudre, en purée, en jus, en garniture ou en essence de fruit. Les bleuets nains et en corymbe sont récoltés en quantités à peu près égales, et une grande partie de la récolte canadienne de ces deux types est exportée.

Bienfaits pour la santé et avantages nutritionnels

Les bleuets nains sont qualifiés de « superfruit » en raison de la variété de bienfaits pour la santé attribués à ces petits fruits bleus. Des études ont montré qu’ils figurent parmi les sources d’antioxydants les plus riches de tous les fruits et légumes frais. Les bleuets contiennent également des anthocyanes (« antho » signifiant fleur et « cyano » signifiant bleu), des pigments qui leur confèrent leur couleur bleue. De tous les fruits, ce sont les bleuets qui contiennent la plus grande concentration de ces pigments qui se sont révélés favoriser la santé cardiaque et réguler la glycémie. La consommation de bleuets est également associée à une réduction du risque de diabète de type 2 (d’apparition tardive) et à une réduction de l’inflammation, et peut améliorer la mémoire et d’autres capacités cognitives.

Bleuets cueillis

Menaces et défis de la conservation des bleuets

La conservation de la variation génétique des bleuets est essentielle. Les stratégies de conservation comprennent à la fois des approches in situ (espèces dans leurs habitats naturels ou semi-naturels) et ex situ (espèces trouvées à l’extérieur de leurs habitats naturels). L’acronyme HIPPO, qui signifie Habitat Loss (perte d’habitat), Invasive Species (espèces envahissantes), Pollution (pollution), Human Population (population humaine) et Overharvesting (surexploitation), résume les défis et menaces qui pèsent sur les bleuets (voir Les espèces envahissantes au Canada : animaux et Espèces envahissantes au Canada : Plantes). Ces facteurs d’interaction sont également aggravés par les effets du changement climatique, augmentant les événements météorologiques imprévisibles tels que les dômes de chaleur, les coups de froid et les inondations, qui ont de graves répercussions sur la santé des plantes et de leurs pollinisateurs. Il est important que les espèces sauvages apparentées (en anglais CWR pour « crop wild relative ») aux bleuets cultivés à des fins commerciales (et leur génétique) soient également protégées pour assurer la sécurité alimentaire, en particulier dans un climat changeant.

En savoir plus

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