Jeunesse et début de carrière
Bonnie Brooks voit le jour en 1953 à Windsor, en Ontario. Elle grandit au sein d’une famille de la classe moyenne à London, également en Ontario. Son père, Gordon, est alors directeur général de l’usine de pâtes et papiers Domtar, tandis que sa mère, Rose, travaille dans le secteur bancaire. Benjamine des trois sœurs Brooks, Bonnie dit tenir son intérêt pour la mode de sa mère, une couturière de grand talent qui confectionne ses propres vêtements et ceux de ses filles, portant des morceaux importés d’Europe – malgré que la famille n’ait jamais voyagé à l’étranger.
Bonnie Brooks poursuit des études en sociologie et en psychologie à l’Université York avant de suivre des cours d’arts et de littérature à l’Université Western et à l’Université de Tornto. (Elle obtiendra un MBA de l’école de commerce Ivey de l’Université Western en 2008.)
Bonnie Brooks est embauchée comme rédactrice publicitaire et styliste chez Fairweather, un magasin de vêtements pour femmes appartenant à Dylex Limited, un conglomérat de vente au détail. Parvenue au poste de directrice de la publicité et de la promotion, elle quitte l’entreprise en 1980.
En 1980, Bonnie Brooks accepte un poste chez Holt Renfrew, une chaîne de magasins de luxe canadiens où elle est passera les onze années suivantes dans diverses fonctions. Bonnie Brooks devient vice-présidente générale et directrice générale de la marchandise en 1987; c’est elle qui revitalise Holt Renfrew, alors un détaillant peu original, pour en faire une destination mode prisée en introduisant au Canada des marques européennes prestigieuses comme Prada, Louis Vuitton et Gucci.
En 1990, Dylex embauche Bonnie Brooks comme présidente, lui confiant la mission de redonner de l’élan à sa marque Town and Country. Au lieu de cela, une récession économique qui frappe de plein fouet le secteur des vêtements de détail force Dylex à fermer ses portes en 1991. Bonnie Brooks perd alors son emploi.
Après avoir été à la barre d’une agence de publicité pendant une courte période en 1993, Bonnie Brooks est nommée rédactrice en chef au magazine de mode canadien Flare, une publication de Rogers Communications. Bonnie Brooks occupe ce poste jusqu’en 1996, lorsqu’elle revient chez Holt Renfrew à titre de vice-présidente principale.
En 1997, Bonnie Brooks déménage à Hong Kong, où elle a accepté le poste de vice-présidente principale chez Lane Crawford, un magasin à rayons de luxe. Elle devient présidente du Lane Crawford Joyce Group en 2003. Dans le cadre de ses fonctions, elle supervise de nombreuses grandes marques dans plus de 500 succursales réparties dans neuf pays d’Asie, négociant des droits commerciaux avec Stella McCartney, Chloé, Christian Louboutin et Jimmy Choo.
Compagnie de la Baie d’Hudson
En août 2008, Bonnie Brooks devient la première femme nommée présidente et chef de la direction de La Baie. Elle est recrutée pour ce poste par Richard Baker, magnat de l’immobilier américain dont la société NRDC Equity Partners a acquis la Compagnie de la Baie d’Hudson pour la somme de 1,1 milliard de dollars à peine quelques mois auparavant. Le détaillant en est alors à une quatrième année consécutive de diminution de son chiffre d’affaires, et ses profits se réduisent. On attribue à Bonnie Brooks le mérite d’avoir redressé la situation financière de la Compagnie de la Baie d’Hudson, lui permettant même d’entrer en bourse en 2012.
Bonnie Brooks parvient à hisser le magasin à rayons, sur le point de devenir une bannière bas de gamme, au rang de détaillant chic et branché où l’on voit apparaître des célébrités telles que Sarah Jessica Parker, Jessica Simpson et Kim Kardashian. La présidente fait disparaître les marques jugées peu performantes, les remplaçant par des collections plus attrayantes comme Topshop et Topman. Cette populaire chaîne de magasins britannique ouvre des points de vente dans certaines succursales de la La Baie à partir de 2011.
Bonnie Brooks apporte également une touche toute personnelle à la marque La Baie, prêtant sa voix et sa personnalité aux annonces radio de la chaîne de magasins; on ne tardera pas à associer celles-ci au détaillant lui-même.
Pendant le mandat de Bonnie Brooks à La Baie, la marque lance la Collection de la Compagnie de la Baie d’Hudson, une gamme de produits arborant les rayures colorées de la couverture emblématique du magasin. On retrouve ce motif partout, sur les vêtements pour chiens, les articles ménagers et les canots; on l’utilise également dans le cadre de collaborations avec des designers comme Smythe, une marque réputée de mode canadienne.
En 2005, la Compagnie de la Baie d’Hudson devient un partenaire national des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, habillant l’équipe canadienne et exploitant le magasin olympique grande surface et le programme olympique ayant connu le plus grand succès de toute l’histoire des Jeux olympiques d’hiver.
En 2009, Bonnie Brooks commande une rénovation de la salle St Regis au magasin phare de La Baie, au centre-ville de Toronto, élargissant cet espace à 22 000 pieds carrés. Elle fait appel au cabinet de design canadien Yabu Pushelberg, de renommée internationale, pour réaménager cet espace qu’elle rebaptisera The Room. The Room ne tarde pas à se convertir en plaque tournante pour la communauté de la mode torontoise. En effet, grands couturiers et personnalités de la mode – Erdem Moralioglu, Oscar de la Renta, Nicola Formichetti, Anna Dello Russo et Thakoon Panichgul, pour n’en nommer que quelques-uns –, s’y rencontreront à plusieurs occasions. Souhaitant élargir la présence de La Baie sur la scène de la mode, Bonnie Brooks établit un partenariat avec le Musée royal de l’Ontario, parrainant l’exposition Les portraits de Vanity Fair : photographies de 1913 à 2008 à l’automne 2009. La femme d’affaires ouvre également une deuxième succursale de The Room, cette fois-ci au magasin La Baie du centre-ville de Vancouver.
En 2012, la Compagnie de la Baie d’Hudson fait l’acquisition du magasin à rayons américain Lord & Taylor. La même année, Bonnie Brooks est nommée présidente de la Compagnie de la Baie d’Hudson. L’année suivante, lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson acquiert Saks Fifth Avenue, grande surface américaine de luxe, pour la somme de 2,9 milliards de dollars américains, Bonnie Brooks est promue vice-présidente du conseil d’administration de la société. La Baie ouvre sa première succursale canadienne de Saks Fifth Avenue en 2016, à l’intérieur de son magasin phare torontois.
En juillet 2016, Bonnie Brooks annonce qu’elle prendra sa retraite de son poste de vice-présidente du conseil d’administration de la Compagnie de la Baie d’Hudson le 31 décembre de cette année-là.
Affiliations avec des associations et des conseils d’administration
Bonnie Brooks siège au conseil d’administration de différentes organisations, dont Rogers Communications, le Fonds de placement immobilier RioCan, Chico’s FAS et Abercrombie & Fitch. Entre 2013 et 2016, elle est présidente du conseil d’administration du Musée royal de l’Ontario à Toronto; avant cela, elle siège au conseil du détaillant canadien de livres Indigo (de 2009 à 2011) et du Centre de toxicomanie et de santé mentale (de 2013 à 2017). En juillet 2016, elle est nommée présidente du conseil d’administration de la LCBO, poste dont elle démissionne en avril 2017.
Prix et distinctions
Bonnie Brooks est titulaire de doctorats honorifiques de l’Université de Guelph et de l’Université Saint Mary’s à Halifax. En 2011, elle est reconnue par le Réseau des femmes exécutives comme l’une des 100 femmes les plus influentes au Canada. En 2013 et en 2014, Bonnie Brooks figure au palmarès des 50 chefs d’entreprise les plus influents au Canada du magazine Canadian Business.
En 2013, Bonnie Brooks se voit décerner un prix de la Parsons School of Design de la New School de New York, ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de la reine pour la philanthropie, des mains du premier ministre Stephen Harper. En 2014, elle devient la première femme à recevoir le prix Ivey du chef d’entreprise de l’année de l’école de commerce de l’Université Western, en plus d’être intronisée au Marketing Hall of Legends du Canada par l’American Marketing Association.
Bonnie Brooks est reconnue parmi les 25 personnes les plus influentes du secteur de la vente au détail par le magazine Monocle, et nommée parmi les 100 chefs d’entreprise les plus créatifs au monde par Fast Company.
En décembre 2016, Bonnie Brooks est faite Membre de l’Ordre du Canada, puis, le 30 mai 2017, elle reçoit un prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations du Conseil canadien du commerce de détail.
Vie personnelle
En 1977, Bonnie Brooks épouse Denton Young, chanteur de la formation rock Zon, reconnue aux prix Juno. Le couple restera marié pendant six ans. Bonnie Brooks, avide collectionneuse d’art, possède une collection qui comprend des œuvres de la photographe Barbara Astman et de l’artiste Charles Pachter. Elle possède une résidence à Toronto.