L’un des sept enfants d’un métallurgiste irlandais et d’une mère serbe, Linehan est passionné de cinéma et intéressé au journalisme et aux vedettes dès son enfance. Il est rédacteur adjoint du journal de son école secondaire à Hamilton, ville qu'il quitte à 19 ans pour Toronto, où il devint rédacteur de matériel publicitaire pour le cinéma Odeon. Il n'est pas long à être promu superviseur de talent et s’occupe de personnalités comme Gregory Peck, Alfred Hitchcock et Joan Crawford. À 24 ans, il devient directeur général d’un distributeur de films étrangers, Janus Films.
Années City Lights
En 1972, Linehan entre chez Citytv à Toronto en tant que programmateur de longs métrages. Lorsqu’un journaliste doit à la dernière minute annuler une entrevue avec le réalisateur Eric Till, Linehan le remplace, malgré le fait qu’il n’ait jamais été devant la caméra. L’entrevue est une catastrophe; elle ne sera pas diffusée, lui annonce-t-on. Linehan passe le reste de la journée sur le plateau de tournage à visionner des entrevues et fixe ensuite un autre rendez-vous avec Till. En 1973, il est animateur de City Lights et ses entrevues de 30 minutes sont enregistrées en direct et en intégralité. Linehan devient vite connu pour ses recherches minutieuses (il passe une grande partie de son temps libre à compiler des dossiers de recherche qui peuvent mesurer quelques centimètres d’épaisseur), son reportage exhaustif et son lien étroit avec ses invités. On l’aurait entendu dire qu’il voulait saisir « la personne tout entière, ou toute sa carrière en perspective ».
Linehan mène plus de 2 000 entretiens avec des personnalités comme Margaret Atwood, Barbra Streisand, Paul Newman, Norman Jewison, Jane Fonda, Sophia Loren et Clint Eastwood. Son style, que certains critiquent pour son caractère ampoulé et égocentriste, est si particulier que Martin Short en a fait une bonne imitation sur SCTV sous le titre Brock Linehan, l'incarnation d'un chercheur inepte tellement obnubilé par ses recherches qu’il confond toujours les faits de façon gênante.
Linehan anime aussi des galas de prix, des émissions spéciales incluant les Genie Awards (qu’il anime à cinq reprises), en plus de courts reportages de la scène des arts pour les stations de radio CFRB et CHFI.
Reportages, écriture et enseignement
En 1989, les longues entrevues de City Lights ont perdu de leur popularité et Citytv les remplace par Movie Television, une émission au rythme soutenu et de style magazine que Linehan coanime avec Jeanne Beker. Linehan trouve ce genre de reportage superficiel et commence à se chercher un autre travail. Il écrit des rubriques d'actualités artistiques en tant que journaliste pigiste au Toronto Sun, mais il rencontre des embûches avec le format des articles et est licencié en 1991 en raison aux compressions budgétaires. Il retourne à son émission d’entrevues Linehan en 1998, qui lui mérite un prix (Gemini) du meilleur animateur, et plus tard, il donne un cours intitulé Inside Television au Humber College à Toronto, où il découvre sa passion pour l’enseignement.
Dernières années et héritage
En mars 2002, on apprend à Linehan qu'il souffre d’un lymphome non hodgkinien et on l'admet aussitôt à l’hôpital. Cet été-là, son conjoint depuis plus de 30 ans, le Dr Zane Wagman, se suicide. Linehan ne se remet pas de cette tragédie bouleversante et succombe à sa maladie deux ans plus tard.
L’organisation caritative, The Brian Linehan Charitable Foundation, est fondée à partir des sommes amassés de la vente des biens de Linehan, estimés à 4 000 000 $, au profit de jeunes cinéastes. Linehan rêvait d’établir un système pour les vedettes canadiennes qui ferait la promotion des jeunes talents, les formerait et leur offrirait des emplois. Parmi ses legs aux Archives cinémathèques du Festival international du film de Toronto, on trouve du matériel de recherche, de la correspondance, des photographies et des enregistrements sonores remontant à 30 ans. Depuis sa mort, l’héritage de Linehan touche davantage de vies puisque son organisme appuie plusieurs autres organismes artistiques, comme l’Institut national des arts de l’écran, le Festival de Stratford (Stratford Festival) et le Centre canadien du film (Canadian Film Centre).
La biographie de Linehan, Starring Brian Linehan: A Life Behind the Scenes, écrite par un ami de longue date, George Anthony, paraît en 2008.
Prix
1999 Gemini Award for Best Host in a Lifestyle or Performing Arts Program or Series