Origine
S'inspirant essentiellement du carnaval annuel qui précède le Carême à Trinidad, ce festival artistique de trois semaines reflète les diverses traditions des Antilles. Il réunit un large éventail de chants et de styles instrumentaux, de danses, de mascarades et de traditions orales indigènes en plus de mettre à l'honneur la gastronomie et les traditions folkloriques de cette région. Depuis la fin des années 1980, la participation de groupes d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, d'Afrique, des Bahamas, d'Haïti et d’un peu partout au Canada ajoute une dimension multiculturelle à ce festival exclusif au Canada (voir Multiculturalisme).
Programmation
Le programme du festival inclut des « tents » calypso (spectacles), des « jump-ups » (danses), des « fêtes », des concours de « mas » (mascarades), un carnaval pour les jeunes, des « pan blockos » ou « blockoramas » (fêtes de rue animées par des orchestres steelband), ainsi que des « talk tents » (spectacles réunissant des conteurs, comédiens et autres spécialistes des traditions orales).
Bien que le Toronto Caribbean Carnival soit le nom officiel donné aux événementsorganisés par le Festival Management Committee, d'autres sociétés et individus organisent des événements du même genre au moment du Caribana. Par exemple, la Organization of Calypso Performing Artistes (fondée en 1981) tient chaque année une Calypso Monarch Competition mettant en évidence les talents d'interprètes locaux du calypso. Pour sa part, le Caribana Arts Group (CAG), le propriétaire de la marque de commerce Caribana, organise d’autres festivals dans la région de Toronto, entre autres, Irie Fest et Jambana.
Le clou du carnaval est le grand défilé, qui avait lieu à l'origine sur la rue Yonge avant de passer à l’avenue University en 1970. Depuis 1991, il débute sur le site du Canadian National Exhibition pour ensuite emprunter le boulevard Lake Shore, parcourant un trajet de 3,5 kilomètres. Prévu le premier samedi d'août afin de commémorer l'émancipation des esclaves africains de l’ensemble des colonies britanniques en 1834 (voir Loi de l’abolition de l’esclavage), ce défilé est l'occasion d'une démonstration spectaculaire de costumes, de sons et de couleurs se déroulant devant des foules denses pendant des heures. Les participants au défilé sont divisés en groupes de mascarade (il y en avait plus de 40 au défilé de 1990; en 2016, c’est plutôt une douzaine de groupes), chacun étant accompagné par des orchestres de musiciens sur les lieux (habituellement des tambours métalliques ou des cuivres, les percussions étant une addition plus récente). Chaque groupe de mascarade illustre un thème particulier (historique, satirique, politique ou fantaisiste) et est dirigé par un roi et une reine vêtus de costumes somptueux. Ces groupes sont en compétition entre eux et sont jugés sur leurs costumes, leur énergie et leur créativité.
Volet musical
Le volet musical du grand défilé est d'une extrême importance car il soutient l’un des principaux éléments esthétiques du carnaval : le mouvement (voir Musique des Antilles). Le genre musical qui prédomine est le calypso et son avatar le plus récent, le soca (néologisme tiré de « soul » et de « calypso »). On y entend aussi le reggae (de la Jamaïque), le tassa (jeu de tambour de la tradition indienne de Trinidad), la cadence (d'Haïti et de la Dominique), le zuk (de Sainte-Lucie), la salsa latine et, plus récemment, le rap et le rhythm and blues nord-américains.
En plus du défilé principal, la communauté antillaise de Toronto organise un pré-défilé appelé J’ouvert, également inspiré de la tradition carnavalesque de Trinidad. Ce défilé, beaucoup plus axé sur la musique rythmique que le chant, met en scène des « steelpan bands » ainsi que des instruments improvisés.
Changement de la dénomination
En 2006, la ville de Toronto retire son appui au Caribbean Cultural Committee (CCC), l’organisme en charge de l’événement depuis ses débuts, en raison de ses problèmes financiers et forme un comité en charge de planifier l’événement. À partir de 2008, l’événement prend le nom du Scotiabank Caribana. Toutefois, en 2011, un jugement de la Cour supérieure de l’Ontario reconnaît les droits légaux du Caribana Arts Group (CAG), le successeur du Caribbean Cultural Committee, quant à l’utilisation du nom Caribana. Par conséquent, l’événement se départi de la mention « Caribana » et change nom pour celui du Scotiabank Caribbean Carnival Toronto. En octobre 2015, le festival perd son principal commanditaire la Banque Scotia et change de dénomination une nouvelle fois pour devenir le Toronto Caribbean Carnival. Malgré ces changements, la majorité des gens continue d’utiliser le nom Caribana pour référer à ce festival.
Importance culturelle
Le Toronto Caribbean Carnival est actuellement le plus important festival consacré à la culture antillaise en Amérique du Nord. Au départ d’une durée de trois jours, il s’étend sur trois semaines de célébrations. Événement touristique majeur, il attire lors de la fin de semaine du grand défilé plus d’un million de visiteurs dans la ville Reine, pour un total de deux millions pour l’ensemble de la durée du festival.