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CH-124 Sea King

Le Sea King est entré au service de la Marine Royale canadienne (MRC) en 1963 en tant qu’hélicoptère embarqué assurant une protection rapprochée des vaisseaux en haute mer dans le cadre de la lutte anti-sous-marine (LAS). Quand il a été retiré du service en 2018, 55 ans plus tard, il avait subi de nombreuses modifications et changements de rôle. Tout au long de cette période, il a conservé sa réputation bien méritée de fer de lance de la flotte. Les hélicoptères Sea King ont joué un rôle critique dans presque toutes les opérations navales au pays et à l’étranger.

Hélicoptères Sea King

Hélicoptère Sea King

À la fin des années 1950, la MRC est confrontée au problème des sous-marins nucléaires soviétiques plus rapides que les vaisseaux de surface et détermine que des aéronefs constituent la meilleure réponse à y apporter. Dans les années 1950, la marine a acquis l’avion à voilure fixe CS2F Grumman Tracker, qui vole à partir du porte-avions NCSM Bonaventure. Elle envisage aussi la possibilité de modifier ses destroyers de classe St. Laurent pour y embarquer des hélicoptères, et arrête son choix sur une version canadienne du Sikorsky HSS‑2/SH‑3 Sea King de l’United States Navy (USN), qui doit remplacer la flotte d’hélicoptères HO4S‑3 de la Marine.

Conception

La MRC achète un total de 41 hélicoptères Sea King, désignés CHSS‑2. (L’hélicoptère sera renommé CH‑124 après l’unification des forces armées en 1968.) Les composantes sont fabriquées aux États-Unis par Sikorsky et assemblées dans sa filiale canadienne, United Aircraft Canada Limited (aujourd’hui Pratt & Whitney Canada) à Longueuil, au Québec.

Les grandes dimensions et les deux turbomoteurs du Sea King lui permettent d’embarquer une charge beaucoup plus importante que les précédents hélicoptères de LAS, qui étaient généralement équipés d’un seul moteur. Un rotor et une queue repliables permettent d’entreposer l’hélicoptère dans un espace réduit. Sa vitesse maximale est de 267 km/h et son rayon d’action est de près de 625 km. À l’origine, le principal capteur de LAS est un sonar actif trempé (suspendu à un treuil). L’hélicoptère transporte aussi deux torpilles anti-sous-marines.

Alors que la plupart des autres marines utilisent des hélicoptères de cette dimension seulement à partir de porte-avions, la MRC embarque les Sea King sur des destroyers porte-hélicoptères. Pour rendre cela possible, la MRC a mis au point le dispositif d’appontage et d’arrimage rapide d’hélicoptère (« beartrap »), qui permet à un hélicoptère de se poser ou de décoller rapidement et de manière sécuritaire même dans une mer agitée.

Sea King et DAARH

Le saviez-vous?
Le dispositif d’appontage et d’arrimage rapide d’hélicoptère (DAARH), communément appelé « beartrap » (« piège à ours ») est une innovation canadienne conçue pour permettre l’utilisation sécuritaire d’hélicoptères à partir de petits ponts même dans des conditions extrêmes de mer agitée. Construit par Fairey Aviation à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, il a révolutionné les opérations d’hélicoptère en mer et a été adopté par plusieurs marines alliées, dont les États-Unis, l’Australie et le Japon.


Modifications

Au fil de l’évolution des opérations navales, la cellule du CH‑124 reçoit de nombreuses mises à jour et modifications. À partir des années 1980, les sonars trempés sont progressivement retirés de certains appareils pour être remplacés par des processeurs de sonars passifs embarqués et des bouées acoustiques.

Durant l’été 1990, six Sea King sont rapidement reconfigurés pour la surveillance de surface en vue de la guerre du golfe Persique. Les sonars trempés sont remplacés par une variété d’équipements, dont un système infrarouge à vision frontale (FLIR), des nacelles lance leurres, des systèmes de détection d’approche missile, des mitrailleuses légères montées sur porte et des blindages de siège d’équipage. Ces modifications seront ensuite généralisées à l’ensemble de la flotte.

Essais d’hélicoptère, 1963

Service

Les premiers Sea King sont déployés le 24 mai 1963, et le premier appontage à l’aide du DAARH se déroule sur le NCSM Assiniboine (DDH‑234) le 27 novembre 1963. Après avoir équipé les porte-avions et les vaisseaux de classe St. Laurent, des détachements d’hélicoptères Sea King sont embarqués dans tous les destroyers de classe Iroquois (deux par vaisseau), les frégates de classe Halifax (un par vaisseau) et les navires de ravitaillement (deux ou trois par vaisseau, avec des équipements d’entretien embarqués renforcés). Le dernier Sea King est retiré du service le 1er décembre 2018 après la mise en service du Sikorsky CH‑148 Cyclone.

Outre les opérations purement navales, la grande versatilité du Sea King a permis de l’utiliser pour des missions de recherche et sauvetage, d’aide en cas de catastrophe, de lutte antidrogue, de maintien de la paix, de lutte contre la piraterie, de patrouille de surveillance de pollution et de pêcheries et de transport de personnel pour combattre les feux de forêt.

Entre 1963 et 2018, 14 Sea King ont été perdus et huit équipages ont été tués dans des accidents. Toutefois, son bilan de sécurité s’est amélioré au cours des ans grâce à l’expérience acquise, à l’amélioration du soutien de maintenance et au professionnalisme des équipes d’entretien.

Les hélicoptères Sea King ont joué un rôle critique dans presque toutes les opérations navales au pays et à l’étranger. Avec plus de cinq décennies de service, le Sea King est l’aéronef qui a été utilisé le plus longtemps dans l’inventaire des FAC. On a souvent dit à la blague que l’hélicoptère était plus âgé que les pilotes qui le commandaient. Après son retrait du service, plusieurs exemplaires ont été conservés pour des musées et des monuments.

Le saviez-vous?
Durant son service, la flotte de Sea King a cumulé plus de 550 000 heures de vol. À sa vitesse de croisière, cela équivaut à gros à 7 200 fois le tour de la Terre, ou la distance de la Terre à Mars.