Edward Barron Chandler, lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick de 1878 à 1880, politicien, juge, avocat (né le 22 août 1800 à Amherst, en Nouvelle-Écosse ; décédé le 6 février 1880 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick).
Il exerce une influence politique importante au Nouveau-Brunswick dans les décennies qui précèdent la Confédération, notamment en raison de son poste de chef du gouvernement de 1843 à 1854, période d’introduction et d’évolution du gouvernement responsable. En tant que Père de la Confédération, Edward Barron Chandler a participé aux Conférences de Charlottetown, de Québec et de Londres.
Enfance et début de carrière
Né au sein d’une influente famille loyaliste, Edward Barron Chandler est élevé et éduqué à Amherst, en Nouvelle-Écosse. Après des études en droit dans la firme de son cousin William Botsford à Westcock (au Nouveau-Brunswick), il est admis au Barreau du Nouveau-Brunswick en 1823 et s’établit professionnellement à Dorchester. La même année, il est nommé juge successoral et greffier de la paix pour le comté de Westmorland.
Carrière politique
Edward Barron Chandler est élu en tant que représentant du comté de Westmorland à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick en juin 1827 et devient rapidement, malgré son jeune âge, un membre phare de la politique néo-brunswickoise. Le politicien, qui, par sa naissance même, est un véritable avatar de l’établissement loyaliste, se forge néanmoins la réputation d’un homme du peuple, entre autres grâce au soutien qu’il accorde aux droits des Acadiens et des Catholiques.
Edward Barron Chandler lutte pour une augmentation des pouvoirs de l’Assemblée élue, en particulier en ce qui concerne le contrôle des terres de la Couronne et des autres revenus, sans toutefois nuire aux privilèges de l’établissement colonial. S’il soutient les réformes démocratiques modérées, c’est plutôt par prudence qu’il le fait, au nom du pragmatisme et non par idéalisme. En effet, il n’est pas encore, à l’époque, partisan du gouvernement responsable.
En 1836, Edward Barron Chandler est nommé au Conseil législatif, chambre supérieure non élue du Nouveau-Brunswick. En 1843, après sa nomination au Conseil exécutif, il devient le chef d’un gouvernement dit « compact ». L’historien W. S. MacNutt parle d’Edward Barron Chandler comme d’un homme « perspicace et entreprenant, mais froid et distant », un politicien qui privilégie la raison plutôt que ses idéaux dans la prise de décisions, et qui urge ses collègues à consentir à des compromis.
Edward Barron Chandler est une voix de premier plan dans les négociations entourant la construction d’un chemin de fer liant le Nouveau-Brunswick à ses provinces voisines au début des années 1850. Il est également du groupe qui voyage à Washington en 1854 pour discuter du traité de réciprocité avec les autorités états-uniennes.
Malgré le fait que le Nouveau-Brunswick soit à l’abri de l’agitation publique qui secoue toute l’Amérique du Nord britannique, l’Angleterre désire grandement y introduire un gouvernement responsable (voir Rébellions de 1837-1838). Le lieutenant-gouverneur sir Edmund Walker Head retient Edward Barron Chandler en 1848 comme chef de la première administration néo-brunswickoise aspirant aux principes de gouvernement responsable. Pour assurer que le Conseil exécutif jouisse de la confiance de l’Assemblée, Edmund Walker Head et Edward Barron Chandler nomment deux réformateurs de renom, Lemuel Allan Wilmot et Charles Fisher. Cette action n’est toutefois qu’apparat : le processus de gouvernance demeure inchangé.
En 1854, le chef de l’opposition Charles Fisher conteste l’autorité du gouvernement compact à l’Assemblée. En réponse, Edward Barron Chandler et son Conseil exécutif démissionnent, devenant ce faisant le premier conseil dirigeant du Nouveau-Brunswick à se soumettre réellement à l’autorité de l’Assemblée.
Confédération
Toujours un membre très respecté de la chambre supérieure, Edward Barron Chandler est invité à se joindre à la délégation du Nouveau-Brunswick à la Conférence de Charlottetown, de 1864. Même s’il n’a jamais tenu une position ferme sur la question, Edward Barron Chandler est rapidement convaincu de l’inévitabilité de la Confédération et s’efforce de négocier des conditions favorables pour sa province. En ce sens, il recommande une union des Maritimes qui leur donnerait plus de poids durant les négociations. L’idée ne trouve toutefois pas beaucoup de preneurs chez ses collègues.
À Québec, le 24 octobre 1864, Edward Barron Chandler défend les droits provinciaux, proposant qu’au-delà de certains pouvoirs clairement définis et assignés au gouvernement central, la balance des pouvoirs revienne aux législatures provinciales. Malgré la sympathie de quelques délégués, la suggestion suscite une vague de protestations, notamment de la part de John A. Macdonald. Ce dernier argue en effet que c’est justement le fait d’affaiblir l’autorité fédérale au profit des gouvernements locaux qui a mené, dans le cas des États-Unis, à la guerre de Sécession.
En 1865, après la défaite du gouvernement de Samuel Leonard Tilley des mains de la coalition anti-Confédération, menée par Albert James Smith, Edward Barron Chandler tire profit de son poste à la chambre non élue pour continuer à militer pour la Confédération et ternir l’attrait d’Albert James Smith. Lorsqu’aux élections, le mandat de ce dernier est reconduit, Edward Barron Chandler se rend à Londres avec d’autres délégués pour finaliser les conditions de la Confédération.
Voir aussi Le Nouveau-Brunswick et la Confédération.
Après-Confédération : vie et carrière
Le 23 octobre 1867, Edward Barron Chandler est nommé au Sénat. Il décline toutefois l’offre le jour suivant. En 1858, il est un des commissaires nommés pour superviser la construction du chemin de fer Intercolonial, s’étendant de la Nouvelle-Écosse jusqu’au Québec. Il s’affaire à ce mandat jusqu’en 1878, année de sa nomination en tant que lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick. Il occupe ce poste jusqu’à sa mort, le 6 février 1880.
Patrimoine
Aux rênes d’un mandat public pendant près de 60 ans consécutifs, Edward Barron Chandler est fortement associé au gouvernement compact. Son appui aux réformes démocratiques modérées aura été prudent, plus guidé par son pragmatisme que par ses idéaux. C’est sa démission, après dix années à la tête du gouvernement néo-brunswickois, qui confirme l’établissement d’un gouvernement responsable au Nouveau-Brunswick. Durant les débats entourant la Confédération, il est un infatigable défenseur des intérêts du Nouveau-Brunswick.