Chansons et recueils de chansons d'étudiants
Les chansons d'étudiants nord-américaines ont tendance à être associées avec une institution spécifique, contrairement aux chansons d'étudiants traditionnelles comme « Gaudeamus igitur » et « Integer vitae ». Le but premier de la chanson d'étudiants est de susciter un sens de cohésion et d'identité parmi les divers groupes sociaux d'une même université, surtout dans les classes et les centres communautaires (« confrérie d'étudiants »). Le genre le plus commun est la chanson de l'« alma mater », qui personnifie l'université et en fait l'apologie à travers un symbolisme maternel. Ces chansons sont solennelles, ressemblent à des hymnes et sont souvent désignées comme « officielles ». Les chansons de départ ou les chansons de classe rappellent les événements de la vie étudiante et commémorent la collation des grades. En plus d'être des références spécifiques à des endroits ou des événements, ces chansons sont souvent empruntées et adaptées aux usages locaux. Les chansons d'étudiants se chantent lors d'événements universitaires officiels (par exemple, remise des diplômes) et lors de rencontres informelles (par exemple, activités d'orientation et événements sportifs). La plupart des universités canadiennes ont au moins une chanson d'étudiants officielle et plusieurs officieuses dont les plus populaires sont disponibles en manuscrit ou dans des publications universitaires comme le journal ou l'annuaire universitaire ou les programmes de convocation.
Recueils de chansons d'étudiants
Au tournant du XXe siècle, plusieurs universités publiaient des recueils de chansons d'étudiants. Ils avaient une large diffusion autant sur le campus que dans la communauté environnante; ils reflètent les traditions de chansons de l'université de même que le répertoire de leur temps. On a conservé plus de 30 recueils de chansons d'étudiants des universités et collèges d'au moins 10 établissements à travers le Canada. Le répertoire de base se trouve en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse; il date des années 1879 à 1928. La tradition de chansons d'étudiants des universités et collèges américains a eu tout un impact sur les chansons d'étudiants anglophones canadiens. Les recueils des universités Yale et Harvard de même que le recueil pancollégial Carmina Collegensia (1868) furent aussi des modèles pour les recueils canadiens-anglais. Les universités francophones ne semblent pas avoir produit de recueils de chansons d'étudiants.
Les recueils canadiens-anglais, publiés par les étudiants à l'intention du corps estudiantin, s'échelonnent en divers formats : de la simple brochure contenant les paroles seulement à des livres plus substantiels incluant la musique dans des arrangements pour ensemble vocal à quatre voix ou solo avec accompagnement de piano. Le répertoire de recueils inclut des chansons d'étudiants traditionnelles ou universitaires, des chansons populaires, folkloriques ou originales. Alors que l'anglais prédomine, les textes des chansons se trouvent écrits en diverses autres langues dont le français, l'allemand, le latin et nombre de dialectes, habituellement utilisés de façon satirique.
Les chorales, qui chantaient des chansons populaires, traditionnelles et d'étudiants, publiaient parfois des recueils de chansons d'étudiants. Leur répertoire explique peut-être la grande quantité de chansons populaires et traditionnelles présentes dans les recueils. Le premier recueil de chansons canadien connu, A Pocket Song Book for the Use of the Students and Graduates of McGill College, illustre la diversité des chansons de ces recueils. On lui impute aussi la première version imprimée d'« Alouette », et de la chanson d'étudiants originale « A Health to Old McGill » dont la musique fut composée par Mme W.C. Baynes. « Farewell, Loved Teachers » est la première chanson universitaire d'étudiants connue, dont la musique fut composée par Maud Cronyn (1859); elle provient du Mount Allison Ladies Seminary (auj. Université Mount Allison).
Les femmes et les groupes minoritaires
Comme il est mentionné précédemment, certaines chansons d'étudiants ont été composées par des femmes. Au Canada, l'importance des femmes dans la composition des chansons d'étudiants est exceptionnelle comparée aux États-Unis. Dans les deux pays, ces chansons étaient surtout associées aux hommes ainsi qu'aux « confrérie d'étudiants » et aux « glee clubs ». La contribution des femmes canadiennes aux chansons d'étudiants se faisait par le truchement de leurs propres institutions universitaires et groupes musicaux.
Dans ces recueils, on présentait souvent les femmes de façon stéréotypée tout comme les membres des minorités raciales. Ceci était probablement dû à la présence surtout masculine du groupe universitaire (des hommes blancs huppés). Les chansons racistes emploient habituellement le dialecte pour imiter une autre langue ou des accents de manière peu flatteuse. Parmi les cibles se trouvent les Irlandais, les Italiens, les Juifs, les Allemands, les Chinois et surtout les Nord-américains africains. (Quelques-unes de ces chansons furent empruntées aux recueils américains.) Les « Darkie songs » (chansons nègres) furent probablement stimulées par la folie des « minstrels »; ils restèrent populaires à cause des clubs de banjo et de mandoline, qui étaient souvent reliés aux « glee clubs ».
Airs connus et nouvelles mélodies
Les chansons d'étudiants furent le plus souvent composées comme « contrafacta » (contrefaçon), c'est-à-dire changement des paroles d'une mélodie connue. Certaines mélodies (par exemple, « Annie Lisle ») furent utilisées régulièrement comme le furent les hymnes nationaux. La « contrafacta » permit à des amateurs de participer à la composition de chansons et servit de parodie en s'associant à des airs ou des paroles connus, ce qui souvent les rendait humoristiques ou satiriques.
En plus de cette tradition, plusieurs chansons d'étudiants canadiennes avaient leur propre musique, tel que déjà mentionné. Deux présidents de « glee clubs », James Edmund Jones (Université de Toronto; 16 chansons en tout) et Harold Eustace Key (Université McGill), composèrent des chansons. Roy Wheeler composa des chansons d'étudiants lors de ses études en musique à l'Université Mount Allison. Les concours de chansons ont aussi stimulé des compositions à l'extérieur de l'université. H.H. Godfrey en est un exemple parfait avec « Toronto, or the Pride of the North ». L'Université Acadia et l'Université Dalhousie l'ont ensuite adaptée.
Les concours récents ont d'ordinaire sollicité les paroles seulement et les recueils de chansons ne sont plus publiés; toutefois, plusieurs universités ont démontré un intérêt dans la renaissance des chansons d'étudiants et la chanson continue à jouer un rôle dans les contextes officieux et officiels.
« Canadian University Songs », un enregistrement de 1974 (Robert Dicknoether, baryton, John Coveart, piano; Ard Records ASLP 51), présente des chansons de Waterloo, de Dalhousie, de McGill, de Guelph, d'Acadia et de plusieurs autres universités.
RECUEILS ET CHANSONS D'ÉTUDIANTS
Université Acadia
Acadia University Songs [Wolfville, N.-É. 1912].
Songs of Acadia College (titre couverture Acadia College Song Book) (Wolfville, N.-É. 1902-03, 1907).
Chansons : « Acadia Centennial Song » (1938), Marietta Silver (paroles), Basil C. Silver (musique); « The Acadia Clan Song », Charles W. Williams (paroles), Lila P. Williams (musique); « Alma Mater - Acadia », L.D. Cox (paroles), mélodie « Massa's in the cold ground »; « Alma Mater Acadia » (1938), J.H. MacDonald (paroles), mélodie « Gott, erhalte Franz den Kaiser » (Haydn); « Alma Mater Song », mélodie « Annie Lisle ».
Université Bishop's
Fellowship Songs (Lennoxville, Québec 1928).
Chansons : « Alma Mater », révérend Sidney Mead (paroles), mélodie de chanson folklorique adaptée par Mead; « Bishop's University Marching Song », Phil Townsend ou John Mortland (paroles), John Piper (musique).
Université Dalhousie
Carmina Dalhousiana (Halifax 1882).
Dalhousie Songs ([Halifax] 1913, 1921).
Dalhousie University Song-book, compilé par Charles B. Weikel [Halifax 1904].
Université McGill
The McGill College Song Book, compilé par un comité d'étudiants des premier et deuxième cycles (Montréal 1885).
The McGill University Song Book, compilé par un comité d'étudiants des premier et deuxième cycles (Montréal 1896, 1921).
A Pocket Song Book for the Use of the Students and Graduates of McGill College (Montréal 1879).
Chansons : « Alma Mater McGill », J. McDougall (paroles); « L'Enfant de McGill », L. Fréchette (paroles), Guillaume Couture (musique); « God Save McGill », W.M. Mackeracher (paroles), mélodie « God Save the Queen »; « A Health to Old McGill », R.W. Huntingdon (paroles), Mme W.C. Baynes (musique); « McGill », C.W. Colby (paroles), mélodie « The Gay Cavalier »; « McGill Revisited », John Cox (paroles), mélodie : air allemand ou original; « McGill Students' (Student's) Song », W.N. Evans (paroles); « The Student of McGill », R.D. McGibbon (paroles).
Université Mount Allison
Mount Allison Songs (Sackville, N.-B. 1908).
Mount Allison Songs, rév. par William B. Perry (Toronto 1926).
Université Queen's
Queen's Song Book (Toronto [1955]).
Queen's University Song Book (Toronto 1903).
Chansons : « Queen's College Colours » (1897), aussi connue sous les noms de « Our University Yell » et « Oil Thigh », A.E. Lavell (paroles), mélodie « John Brown's Body ».
Université de la Colombie-Britannique
Students' Song Book of the University of British Columbia (Vancouver 1918-1919), texte seulement.
Students' Song Book of the University of British Columbia ([Vancouver?] 1925-1926), texte seulement.
U.B.C. Song Book (Vancouver 1948).
Chansons : « Hail, U.B.C. », Harold King (paroles et musique); « High on Olympus », D.C. Morton (paroles), J.C.F. Haeffner (musique).
Université du Nouveau-Brunswick
Carmina Universitatis Novi Brunsvici (Fredericton 1881, 1886, 1898, 1904, 1912).
Carmina Universitas Novi Brunsvici (Fredericton 1921, 1926).
Chansons : « Alma Mater » (1904); « UNB Anthem », A.G. Bailey (paroles), D.V. Start (musique).
Université de la Saskatchewan
Songbook U[niversity] of S[askatchewan] ([Saskatoon] 1927?], texte seulement.
Université de Toronto
New Songs of the University of Toronto, 2e éd. (Toronto 1899).
The University of Toronto Song Book (Toronto 1887, 2e éd. rév. et augm. par J. E. Jones 1918).
Chansons : « The Blue and White », révérend Claris E. Silcox (paroles), Clayton E. Bush (musique), rév. 1990 : Madge Shaw Hermant et J.P.N. Hume (paroles), John Beckwith (musique); « Honour Old Varsity », E.C. Acheson (paroles), mélodie, hymne national norvégien; « Hurrah! for the Blue and White », G.W. Ross (paroles), Elmer H. Smith (musique); « Varsity », A.E. Wickens (?paroles et musique).
AUTRES CHANSONS D'ÉTUDIANTS
Collège militaire royal du Canada
« Can You Tell Me the Reason Why ? » (publié 1894), B.H.O. Armstrong (paroles), A.H.N. Kennedy (musique).
« Precision » (1932), Denise Chabot (musique); orchestré par capt F.W. Coleman.
Ryerson Polytechnical Institute
« The School Song » (v. 1950), Rennie Charles (paroles), Al Sauro (musique).
Université de l'Alberta
« Alberta » (1920?), Emma Newton (paroles et musique); « Alberta Cheer Song » (rév. sous le nom d'« Alberta »), R.K. Michael (paroles), Chester Lambertson (musique); « The Evergreen and Gold » (1915?), William H. Alexander (paroles), mélodie, hymne national russe; « Quaecumque vera », Ewart W. Stutchbury (paroles et musique).
Université du Manitoba
« The Brown and the Gold » (v. 1934), Charles McCulloch (paroles), W.J. MacDonald (musique).
Université de Waterloo
« The Black and White and Gold », K.D. Fryer et H.F. Davis (paroles), Alfred Kunz (musique).
Université de Western Ontario
« Western University Song », Margaret Ovens (paroles).
Université McMaster
« The Alma Mater Song » (1935), Mme A.A. Burridge (paroles), Hugh Brearly (musique); « The McMaster March », Claire Senior Burke et autres (paroles), Arthur Burridge (musique); « My Mac » (1982), Fred Moyes (paroles et musique).
Université York
« York Song », mélodie « Harvard ».
Bibliographie
Rebecca GREEN, « Gaudeamus igitur : college singing and college songbooks in Canada »Three Studies, CanMus Documents no 4 (Toronto 1989).
« Return of the Blue and White », Bulletin de l'Université de Toronto (9 oct. 1990).