Chantal Petitclerc, C.C, C.Q, M.S.M., athlète de course en fauteuil roulant, sénateur (née le 15 décembre 1969 à Saint-Marc-des-Carrières, au Québec). Entre 1992 et 2008, elle a remporté 21 médailles aux Jeux paralympiques et a ainsi établi deux records paralympiques : celui de la Canadienne la plus médaillée dans l’histoire des jeux et celui de l’athlète féminine, toutes nationalités confondues, ayant décroché le plus grand nombre de podiums en athlétisme durant sa carrière. En 2008, elle est devenue la première Canadienne présentant un handicap à remporter le trophée Lou Marsh remis chaque année à la meilleure ou au meilleur athlète au pays. En 2016, elle a été nommée au Sénat.
Enfance et accident
Chantal Petitclerc est l’aînée d’une fratrie de trois enfants nés de Georges, entrepreneur en bâtiment, et de Céline, femme au foyer. Elle grandit dans une région rurale du Québec et, quoiqu’active, ne pratique aucun sport en particulier.
En 1983, âgée de 13 ans, elle se rend dans la ferme d’un ami. Les deux jeunes cherchent à construire une rampe à vélo et, pour ce faire, décrochent une porte de grange de ses gonds. Chantal Petitclerc tente alors, avec son ami, de poser la porte sur une caisse pour former un tremplin. Cependant, ce faisant, la porte lui tombe dessus, lui brisant la colonne vertébrale et la laissant paraplégique.
Soutien communautaire
Chantal Petitclerc a la chance d’être soutenue par son école à Saint-Marc-des-Carrières. L’autobus scolaire qu’elle emprunte est rendu accessible en l’équipant d’une plate-forme et on installe un ascenseur dans l’école. Son professeur d’économie domestique lui procure une machine à coudre dotée de commandes électriques manipulables avec les mains. Le personnel de l’école se fixe comme priorité d’enseigner aux autres élèves l’importance de l’inclusion et Chantal Petitclerc continue à être intégrée par ses amis dans leurs activités.
Son professeur d’éducation physique, Gaston Jacques, exerce également une grande influence sur la vie de Chantal Petitclerc durant son adolescence. Alors qu’elle se montre incapable de participer aux cours d’éducation physique, il utilise régulièrement l’horaire du dîner pour lui apprendre à nager. Convaincu que la natation est en mesure d’améliorer sa force et sa résistance, il poursuit son enseignement en ce sens durant les quatre années suivantes.
En 2011, à l’occasion d’une entrevue donnée à Prospect Magazine, une publication sportive albertaine, Chantal Petitclerc fait remarquer : « [La natation] m’a réellement permis d’améliorer ma condition physique et de me renforcer, elle m’a aidée à mener une vie plus indépendante dans un fauteuil roulant. » Dans une piscine, elle réalise également qu’elle est dotée d’un véritable esprit de compétition, un point dont elle n’avait pas conscience avant son accident.
Course en fauteuil
En 1987, alors qu’elle est âgée de 18 ans, Chantal Petitclerc rencontre Pierre Pomerleau qui entraîne des athlètes en fauteuil roulant. Ce dernier assiste aux exercices de la jeune fille au centre François Charron, un centre de réadaptation pour personnes présentant des handicaps physiques à Québec. Il se montre très impressionné par sa détermination et l’encourage à essayer la course en fauteuil au centre d’entraînement situé à l’Université Laval. Elle accepte et s’entraîne à l’université et au centre François Charron, tout en poursuivant ses études au cégep de Sainte-Foy à Québec où elle obtient un diplôme en sciences sociales.
À cette époque, les deux sports en fauteuil les plus populaires sont le basket-ball et la course qui, compte tenu de son goût pour les compétitions individuelles plutôt que par équipes, a la préférence de Chantal Petitclerc. Ayant assisté à la télévision au Marathon de Boston dans la catégorie fauteuil roulant, elle est également déjà familiarisée avec ce sport.
Après trois mois d’entraînement, Chantal Petitclerc est pratiquement prête pour disputer sa première compétition de clubs en fauteuil. Toutefois, pour ce faire, elle a besoin d’un fauteuil de course dont le prix, 4 000 $ à l’époque pour un fauteuil neuf, est trop élevé pour elle. Avec 400 $ fournis par son père, elle réussit à obtenir un fauteuil fabriqué à partir de pièces provenant de trois autres fauteuils d’occasion.
Chantal Petitclerc termine dernière de sa première course de club. Toutefois, la passion de la course en fauteuil est désormais installée en elle et, avec elle, le désir de s’améliorer.
En 2011, lors d’une entrevue à Prospect Magazine, Chantal Petitclerc fait observer : « Chacun doit démarrer à la base et se battre étape après étape pour se frayer un chemin jusqu’au sommet. C’est exactement ce qui s’est passé pour moi lorsque j’ai débuté… Si vous y passez assez de temps et que vous vous entraînez suffisamment, et si vous souhaitez vraiment y arriver, alors c’est possible. »
Bien qu’elle ne soit pas en mesure d’utiliser ses jambes, Chantal Petitclerc, dotée en outre d’un excellent équilibre, peut bouger les hanches et pleinement exploiter ses muscles abdominaux. Étant donné la bonne mobilité de la partie supérieure de son corps, elle est classée comme athlète de course en fauteuil de la catégorie T53/T54, une catégorie définie par le Comité international paralympique pour accueillir les athlètes paraplégiques ayant le moins de limitations fonctionnelles de la partie haute du corps.
Chantal Petitclerc est la seule femme de son groupe d’entraînement à l’Université Laval; toutefois, avec le temps, elle en devient l’un des éléments les plus forts. Lors de sa première course officielle, bien qu’elle ne remporte pas la victoire, elle est reconnue comme ayant le potentiel le plus important. En 1988, elle intègre l’équipe nationale canadienne.
Jeux du Commonwealth 1990
Chantal Petitclerc représente le Canada à l’occasion d’une épreuve présentée en démonstration lors des Jeux du Commonwealth en 1990 à Auckland en Nouvelle-Zélande. Bien qu’elle y remporte la médaille d’argent, il ne s’agit pas pour elle d’une expérience totalement positive.
En effet, alors que Chantal Petitclerc et les autres athlètes de course en fauteuil roulant représentent leur pays en Nouvelle-Zélande, on ne les autorise pas à participer aux cérémonies d’ouverture, sous prétexte que la course en fauteuil roulant est un sport de démonstration pour ces Jeux du Commonwealth. De plus, durant les jeux eux-mêmes, les officiels, craignant que les fauteuils roulants n’endommagent la piste, empêchent les athlètes, dont Chantal Petitclerc, de s’entraîner dans le stade. Lors d’une réception à Melbourne avant les Jeux du Commonwealth de 2006, elle déclare : « Les jeux de 1990 à Auckland sont mon pire souvenir d’athlète. »
Toutefois, sa rencontre avec l’entraîneur suédois Peter Eriksson qui travaille à cette époque à l’Université de l’Alberta constitue pour Chantal Petitclerc l’un des faits marquants de ces jeux de 1990. À partir de 1991, elle travaille régulièrement avec lui et cette collaboration donne lieu à une amitié qui dure encore. Il l’aide, en particulier, à devenir une athlète de course en fauteuil plus forte mentalement, ce qui fait d’elle l’une des coureuses les plus intimidantes au monde.
Succès international
Chantal Petitclerc dispute ses premiers Jeux paralympiques en 1992 à Barcelone et y remporte deux médailles de bronze sur 200 m et sur 800 m.
À l’approche des Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996, Chantal Petitclerc est particulièrement confiante. En effet, elle a remporté, à Berlin, la médaille d’or sur 100 m et sur 200 m lors des championnats du monde 1994 du Comité international paralympique et est prête à affronter sa principale rivale, l’Américaine Cheri Becerra. Lors des Jeux paralympiques, elle devance Cheri Becerra de 4/100 de seconde, établissant un nouveau record du monde en 16 s 70/100. Sur 200 m, elle bat la même adversaire avec une avance de 23/100 de seconde dans un temps de 29 s 41/100. Elle remporte également la médaille d’argent sur 400 m, sur 800 m et sur 1 500 m.
Lors des Jeux paralympiques de Sydney en 2000, elle décroche la médaille d’or sur 200 m et sur 800 m et obtient également la médaille d’argent sur 100 m et sur 400 m.
Jeux paralympiques 2004
Avant les Jeux paralympiques d’Athènes de 2004, les quatrièmes de sa carrière, Chantal Petitclerc remporte la médaille d’or lors d’une épreuve de démonstration sur 800 m présentée aux Jeux olympiques la même année dans la même ville.
Lors des Jeux paralympiques eux-mêmes, Chantal Petitclerc décroche un total sans précédent de cinq médailles d’or. Elle établit, encore une fois, de nouveaux records du monde : sur 100 m en 16 s 33/100, sur 400 m en 51 s 91/100 et sur 1 500 m en 3 min 26 s 89/100. Elle obtient ses deux autres médailles d’or sur 200 m et sur 800 m.
En décembre 2004, Athlétisme Canada décerne à Chantal Petitclerc le trophée Jack W. Davies d’athlète de l’année, conjointement avec la coureuse de haies Perdita Felicien, et le trophée commémoratif Phil Edwards remis à l’athlète de l’année pour les épreuves sur piste. Toutefois, convaincue que ses performances de l’année dépassent celles de Perdita Felicien, tombée lors de la finale du 100 m haies des Jeux olympiques d’Athènes, elle refuse ces deux trophées. Selon un reportage de CBC, elle estime que la décision de partager le prix démontre qu’Athlétisme Canada considère les athlètes paralympiques comme des « athlètes de deuxième classe ne se situant pas au même niveau que leurs pairs non handicapés ».
Jeux du Commonwealth
Les Jeux du Commonwealth de 2002 à Manchester représentent un tournant historique pour les compétitions internationales parasportives. En effet, il s’agit des premiers jeux internationaux multisports pleinement intégrés. Lors de ces jeux, les athlètes présentant un handicap sont considérés, pour la première fois, comme des membres à part entière de leur équipe nationale, c’est-à-dire que les médailles qu’ils remportent sont comptabilisées dans le décompte total des médailles de chaque pays. Il y a là un contraste saisissant par rapport au traitement subi par les para-athlètes lors des Jeux du Commonwealth d’Auckland en Nouvelle-Zélande en 1990.
Lors des Jeux du Commonwealth de 2002, Chantal Petitclerc remporte la médaille d’or sur 800 m. Quatre ans plus tard, c’est elle qui porte le drapeau du Canada lors des cérémonies d’ouverture des Jeux du Commonwealth à Melbourne en 2006 à l’occasion desquels elle décroche une nouvelle fois la médaille d’or sur 800 m.
Jeux paralympiques 2008
À l’occasion des Jeux paralympiques de Beijing en 2008, Chantal Petitclerc remporte cinq nouvelles médailles d’or sur 100 m, sur 200 m, sur 400 m, sur 800 m et sur 1 500 m. Elle établit également deux nouveaux records du monde, sur 200 m en 27 s 52/100 et sur 800 m en 1 min 45 s 19/100. Les médailles d’or obtenues sur 200 m et 800 m sont particulièrement impressionnantes, ces deux épreuves se déroulant dans un intervalle de seulement 90 minutes.
Après avoir remporté cinq médailles d’or lors de mêmes Jeux paralympiques, Chantal Petitclerc devient la première femme présentant un handicap à remporter le trophée Lou Marsh récompensant la meilleure ou le meilleur athlète de l’année au Canada. Elle rejoint ainsi le marathonien canadien Terry Fox, le seul autre athlète présentant un handicap à avoir remporté ce trophée en 1980. Elle remporte également le prix Bobbie Rosenfeld octroyé à l’athlète féminine de l’année par la Presse canadienne.
Après la retraite
En 2009, Chantal Petitclerc décroche une étoile sur l’Allée des célébrités canadiennes à Toronto et est nommée compagnon de l’Ordre du Canada. En 2010, elle est intronisée au Panthéon des sports canadiens et reçoit, en 2012, un doctorat honoris causa en droit de l’Université de l’Alberta.
Chantal Petitclerc est nommée entraîneuse du programme d’athlétisme du Royaume-Uni pour les Jeux paralympiques de Londres de 2012. C’est son propre entraîneur, Peter Eriksson, qui l’embauche dans ce cadre après avoir accepté un poste d’entraîneur en chef auprès de UK Athletics.
Après les Jeux paralympiques de Londres en 2012, Chantal Petitclerc revient au Canada. Elle est nommée chef de mission pour le Canada pour les Jeux du Commonwealth de Glasgow en 2014 et pour les Jeux paralympiques de Rio de Janeiro de 2016. Elle se montre également très active, en tant qu’athlète-ambassadrice, auprès de l’organisation du droit au jeu Right to Play.
En décembre 2013, Chantal Petitclerc et son mari, James Duhamel, un compositeur de musique électroacoustique, donnent naissance à un fils, Elliot.
Distinctions et récompenses
Médaille pour service méritoire (division civile) (2003)
Personnalité canadienne de l’année, Maclean’ s (2004)
Femme de l’année, Châtelaine (2005)
Chevalière, Ordre national du Québec (2005)
Trophée Lou Marsh (2008)
Prix Bobbie Rosenfeld (2008)
Allées des célébrités canadiennes (2009)
Compagnon, Ordre du Canada (2009)
Panthéon des sports canadiens (2010)
Doctorat honoris causa en droit, Université de l’Alberta (2012)