Jeunesse
Charles Martin émigre avec sa famille de l’Angleterre en Ontario en 1928. Ils s’installent à Cooksville (aujourd’hui un quartier de Mississauga, dans la région du Grand Toronto). Son père se livre à la construction domiciliaire et à l’agriculture. Charles Martin fréquente l’école secondaire de Port Credit, tout près de Cooksville, et travaille à la ferme laitière familiale de
Service en temps de guerre
Charles Martin s’enrôle dans The Queen’s Own Rifles of Canada (QOR) à Toronto en juin 1940. Un mois plus tard, le régiment est mobilisé pour servir dans la Deuxième Guerre mondiale. Il sert d’abord à Terre-Neuve, où il protège les terrains d’aviation d’août en novembre, avant de se rendre au Nouveau-Brunswick pour une formation supplémentaire. En juillet 1941, il s’embarque pour l’Angleterre avec son unité, qui fait maintenant partie de la 8e Brigade d’infanterie, des Canadiens de la 3e division d’infanterie.
Les trois prochaines années, Charles Martin est en formation intensive et attend des ordres d’intervention. Pendant ce temps, il est promu caporal en 1942 et sergent en février 1943. Il rencontre sa future femme – une radariste pour l’Artillerie royale de l’Angleterre, du service auxiliaire territorial – à Sussex, où il est alors affecté. Ils se marient le 30 octobre 1943.
En février 1944, il est promu adjudant de deuxième classe et nommé sergent-major de compagnie (SMC) de la compagnie A. à 24 ans, il est alors l’un des plus jeunes SMC dans l’histoire de son régiment.
Jour J
Les compagnies A et B de QOR participent à la première vague d’assaut de la 3e division d’infanterie à la plage de Juno, en France, le jour J (6 juin 1944). Le village côtier Bernières-sur-Mer est leur objectif initial. Une mince ligne d’engins d’assaut – cinq embarcations par compagnie – amène les hommes vers les plages lourdement défendues. Comme le dit Charles Martin, « 10 bateaux déployés sur plus que 1500 verges [environ 1370 m], ce n’est pas énorme comme force d’assaut. »
Lorsque les péniches de débarquement atteignent le rivage et que les rampes sont dépliées, un feu intense de mitrailleuses et de mortiers s’ouvre sur les Canadiens alors qu’ils foncent sur la plage et escaladent la jetée. En l’espace de quelques minutes, plusieurs Canadiens sont tués ou blessés, mais Charles Martin et ses hommes persistent et parviennent à capturer leur partie du village. Quand deux chars arrivent pour l’appuyer, la compagnie A – dont 50 % sont blessés ou morts – se divise en deux groupes et passe au prochain objectif : le village d’Anguerny, à quelque
Du jour J au Jour de la Victoire en Europe
Au cours des 11 prochains mois, Charles Martin avance de la bataille de Normandie, à travers la France et la Belgique, jusqu’aux Pays-Bas. Malgré quatre blessures, il reste dans le combat.
En novembre 1944, Charles Martin est recommandé pour l’attribution de la Médaille de conduite distinguée pour sa « totale indifférence envers sa sécurité », qui « à maintes occasions a été le moyen de sauver la vie de nombreux hommes de son régiment », tandis que son aptitude à commander « a été le moyen de réussir bon nombre d’actions » entreprises par sa compagnie depuis le jour J. Il reçoit plus tard la Médaille militaire pour avoir mené lui-même ses hommes « dans une attaque audacieuse contre l’ennemi » dans la forêt Hochwald, en Allemagne, le 4 mars 1945. Il s’agit d’un « magnifique exemple de courage, de calme dans l’action, de la capacité d’inspirer les hommes, et d’attachement au devoir ». (Voir aussi bataille du Rhin.)
Le service en temps de guerre de Charles Martin se termine le 16 avril 1945 près du village de Sneek, en Hollande du Nord, lorsqu’il est gravement blessé. Il est évacué vers la Belgique, puis l’Angleterre, enfin le Canada, où il se rétablit. À peine trois semaines après qu’il est blessé, l’Allemagne se rend et la guerre en Europe se termine officiellement le 8 mai, Jour de la Victoire en Europe.
Vie d’après-guerre
Charles Martin retourne au Canada en août 1945, où son épouse de guerre viendra le rejoindre en avril 1946. Peu après, il obtient un poste au ministère de l’Agriculture de l’Ontario et, en 1949, achète un petit terrain près de l’endroit où il a grandi. Avec sa femme, il gère un bureau de poste et un magasin général. En même temps, il poursuit son emploi de fonctionnaire en agriculture.
Charles Martin aide ses camarades de guerre et leur famille, et il est actif dans sa collectivité. Il est commissaire d’école, chef de Scouts Canada et superviseur de l’école du dimanche. Il recueille aussi des fonds pour l’aréna Dixie et l’hôpital de Mississauga.
Journal de guerre
À l’occasion du 50e anniversaire du jour J, en 1994, Charles Martin écrit un mémoire : Forever Young: A rifleman’s story from D-Day to the Zuider Zee, édité par Roy Whitsed. Malgré son titre, qui laisse à croire que le mémoire raconte des événements du jour J jusqu’à la Zuiderzee, le contenu ne porte que sur la bataille de Normandie, avec une promesse de poursuivre le récit. À l’aide de Roy Whitsed, cette promesse est accomplie avec la publication d’un livre complet : Battle Diary: from D-Day and Normandy to the Zuider Zee and VE. En 1994, Radio-Canada produit un documentaire d’une heure : Battle Diary – A Day in the Life of Charlie Martin, qui réunit des entrevues, des films d’archives et des extraits du journal de Charles Martin pour raconter ses expériences du jour J.
Bien qu’ils portent prétendument sur Charles Martin, les trois mémoires ne se limitent pas à son histoire, mais racontent également plusieurs histoires de ses camarades et d’autres soldats. Ainsi, de précieux témoignages de première main des soldats canadiens ordinaires de la Deuxième Guerre mondiale sont préservés pour les générations à venir.
Mémoire
Charles Martin meurt le 13 octobre 1997. En l’honneur de son service en temps de guerre et de sa contribution à la collectivité dans l’après-guerre, la ville de Mississauga nomme le « sentier Charlie Martin », un chemin pavé polyvalent toutes saisons d’environ 1,9 km, en son honneur. À l’occasion du 58e anniversaire du jour J, le 6 juin 2002, la ville de Mississauga dévoile le monument Charlie Martin à l’église St. Hilary pour souligner son héroïsme en temps de guerre, ainsi que son dévouement à sa collectivité pendant l’après-guerre comme bénévole communautaire.