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Chasse

Au Canada, la chasse à des fins alimentaires est possible en tout temps pour les autochtones appartenant à des groupes qui ont obtenu ce droit après avoir cédé des terres par traité ainsi que pour les autochtones appartenant à d'autres groupes en vertu d'un titre aborigène reconnu.
Chasseur inuit
Chasseur \u00e0 l'arc inuit, district de Coppermine, T.N.-O., 1949 (photo de Richard Harrington; avec la permission de Biblioth\u00e8que et Archives du Canada/PA-138024).\r\n \r\n\r\n

Chasse

La chasse consiste à poursuivre des animaux sauvages pour les tuer. Les gens chassent pour différentes raisons : la subsistance, le commerce, la CONSERVATION ET L'AMÉNAGEMENT DE LA FAUNE, la protection de la propriété, l'exercice, le loisir et le prestige. Le gibier que l'on chasse pour la subsistance fournit ce qu'il faut pour manger, s'abriter, se chauffer (huile des mammifères marins), se vêtir ou assurer la survie culturelle d'une collectivité. Il y a tout lieu de croire que les premiers humains chassaient les animaux et que les armes comptaient parmi leurs premiers outils. On a découvert des chasseurs de subsistance ou leurs traces sur tous les continents, excepté dans l'Antarctique ainsi que dans les zones climatiques tropicale et polaire. La variété des techniques et des modes de chasse semble illimitée. Parmi les armes utilisées, on retrouve des pièges, des hameçons, des noeuds coulants, des filets, des fosses, des assommoirs, des boomerangs, des gourdins, des couteaux, des lances, des javelots, des sarbacanes, des arcs et des flèches, des harpons ainsi que des armes à feu. Les chiens ou les chevaux, ou les deux à la fois, sont aussi utilisés pour pister la proie ou pour la poursuivre. Par ailleurs, il est fort probable que les chasseurs du pléistocène (époque glaciaire) ont exterminé certaines espèces, peut-être même plusieurs.

Au Canada, la chasse à des fins alimentaires est possible en tout temps pour les autochtones appartenant à des groupes qui ont obtenu ce droit après avoir cédé des terres par traité ainsi que pour les autochtones appartenant à d'autres groupes en vertu d'un titre aborigène reconnu. Des porte-parole d'associations autochtones revendiquent des droits sur tout le gibier au Canada (voir INDIENS, LOI SUR LES; REVENDICATIONS TERRITORIALES). Les autres chasseurs doivent respecter des règlements ou des restrictions de chasse.

Chasse commerciale

La chasse commerciale a probablement commencé lorsque le commerce s'est développé, d'abord entre les communautés de chasseurs de subsistance, qui obtenaient ainsi un surplus de denrées. Par la suite, la chasse a fourni un moyen de commercer sur une plus grande échelle. En plus de l'ivoire des morses et des éléphants, les plumes, les peaux, les fourrures et la viande comptent parmi les produits commerciaux de la chasse. En outre, certaines parties des animaux comme les os, les bois et les vésicules biliaires sont utilisées en pharmacologie médicinale partout en Asie. Le commerce de ce genre de produits existe depuis des millénaires. L'exploitation excessive constitue un problème récurrent et elle est devenue chronique au cours des 200 dernières années, avec l'émergence d'une société d'abondance dont les demandes ne peuvent être satisfaites que par des techniques de chasse, des moyens de transport et des méthodes de commerce efficaces. La population des espèces offrant les produits les plus précieux, comme la LOUTRE DE MER, connaît une nette régression. À présent, plusieurs espèces sont menacées par le braconnage et la chasse commerciale, en particulier les baleines, les tortues de mer, les rhinocéros et les éléphants ainsi que l'ours noir au Canada. La chasse commerciale pour le duvet et les plumes a décliné au XXe siècle à cause de l'imposition de stricts contrôles d'importation en Europe et en Amérique du Nord. En général, le nombre d'animaux à fourrure se maintient malgré la chasse. Il y a cependant des exceptions, dont la loutre de mer.

Commerce de la fourrure

La TRAITE DES FOURRURES, bien que soumise aux tendances de la mode, demeure viable. Son avenir dépend peut-être de questions philosophiques plutôt que des ressources elles-mêmes. Par exemple, l'Europe a mis un embargo sur les fourrures canadiennes à cause du type de piège employé par les chasseurs canadiens, soit le piège à ressort. Dans bon nombre de pays, la viande de gibier est écoulée sur le marché, faisant ainsi concurrence à la viande produite localement, et les profits des ventes reviennent aux propriétaires des terres, aux collectivités ou aux associations de chasseurs afin de pallier les coûts de gestion. L'élimination de troupeaux de prédateurs et la réduction des populations de ravageurs sont des exemples de chasse axée sur la gestion ou la protection de ressources économiquement importantes.

La chasse au trophée est un type de chasse récréative qui exige du temps, de l'argent et des efforts. Elle est compétitive par définition, le but du chasseur de trophée étant de capturer un gros spécimen. Les conditions pour obtenir un trophée de chasse nord-américain au moyen d'une arme à feu sont détaillées de façon explicite par le Boone and Crockett Club, qui nomme des juges compétents, se prononce sur des conflits, établit des standards et surtout décide si un spécimen a été capturé de façon « loyale ». Un système similaire administré par le Pore and Young Club a été mis en place pour classer les proies capturées au tir à l'arc.

De nos jours, la chasse est la plupart du temps récréative et elle est motivée autant par la récompense tangible et intangible du succès. En vertu du droit commun, les animaux sauvages sont de propriété publique jusqu'à ce qu'ils soient tués, sérieusement blessés ou capturés, mais s'ils se trouvent sur un terrain privé, le contrôle de la chasse relève du propriétaire des lieux. En vertu de lois et de règlements administratifs, les autorités compétentes établissent des règles gouvernant les chasseurs. Des restrictions quant à l'âge du chasseur, des exigences particulières pour l'obtention du permis, des délimitations de zones et de saisons de chasse ainsi que des limites de prises peuvent faire partie des règles. Ces règles, conçues pour préserver les populations d'animaux chassés, permettent de répartir les possibilités de capture entre les chasseurs et de réduire les risques d'accidents. Elles sont appliquées par des gardes-chasses des provinces et par des agents, dont des membres de la GRC, chargés de faire respecter la convention fédérale sur les oiseaux migrateurs. Par ailleurs, elles sont constamment révisées par des clubs locaux faisant partie d'associations provinciales de pêche et de chasse, lesquelles sont en général affiliées à la FÉDÉRATION CANADIENNE DE LA FAUNE. Ces règles tendent à être de plus en plus restrictives avec le temps, en raison de l'expansion de l'habitat humain et de l'accroissement de la population.

Chiffres en baisse

Pour faire respecter les règles, la collaboration et la vigilance des chasseurs et de la population en général s'avèrent indispensables. D'ailleurs, dans plusieurs provinces, des récompenses sont offertes à ceux qui dénoncent des infractions, notamment en Alberta, où on a mis sur pied un programme appelé « Report-a-Poacher » (Dénoncez les braconniers). Le nombre de chasseurs et les sommes dépensées pour la chasse ont diminué au Canada. Les données sont recueillies de façon sporadique, mais selon une enquête effectuée en 1991, le Canada compterait environ 1,5 million de chasseurs. Au milieu des années 80, près d'un demi-million de permis de chasse aux oiseaux migrateurs sont délivrés annuellement. En 1991, le SERVICE CANADIEN DE LA FAUNE rapporte en avoir accordé moins de 400 000 et en 1994, moins de 260 000. En 1991, moins de 16 p. 100 des Canadiens interrogés pratiquent la chasse, comparativement à plus de 75 p. 100 qui s'adonnent à d'autres activités faunistiques, comme l'observation des oiseaux. En 1991, les dépenses personnelles pour la chasse récréative s'élèvent à près de 1,2 milliard de dollars, soit 767 dollars par chasseur.

La chasse récréative peut être pratiquée partout au Canada, excepté dans les réserves, comme les parcs nationaux et les RÉSERVES FAUNIQUES. Toutes les ressources de gibier sont gérées par le gouvernement provincial, mis à part les oiseaux migrateurs, qui sont gérés par le SERVICE CANADIEN DE LA FAUNE avec la coopération des provinces. Au cours des dernières années, on a remarqué une diminution des populations de gibiers d'eau (voir OISEAUX AQUATIQUES) qui se reproduisent dans les régions agricoles. Par ailleurs, les efforts faits pour la conservation des marais, bien qu'appuyés par les gouvernements et l'organisme privé CANARDS ILLIMITÉS CANADA, ne doivent pas diminuer. Les oies qui nichent dans l'Arctique, notamment la bernache du Canada et l'oie des neiges, ont prospéré comparativement aux espèces qui nichent dans le Sud et ce, même si elles sont soumises aux aléas climatiques de leur aire de reproduction. À mesure qu'augmentent les populations humaines et les demandes pour des espèces dont la chasse est limitée, une coopération internationale doit s'instaurer afin d'assurer un partage équitable de ces ressources.

Paysages magnifiques

Le Canada offre des possibilités de chasse uniques qui attirent des chasseurs du monde entier. Aux camps de chasse à l'oie de la baie James, le spectacle de nuées d'oies qui remplissent l'air de leurs cris, dispersées par le tir des fusils d'habiles guides autochtones, n'a rien de comparable. L'appel à l'orignal par une journée de septembre peut être une expérience inoubliable lorsque cet animal aux bois impressionnants surgit avec fracas devant soi. Des paysages magnifiques attendent le chasseur qui prend part à une expédition à cheval dans les vallées montagneuses à la recherche du mouflon d'Amérique ou du mouflon de Dall. Pour ceux qui n'ont pas froid aux yeux, chasser le grizzli ou l'ours polaire au printemps constitue une expérience mémorable. Toutefois, la chasse récréative n'a pas l'approbation de tous les Canadiens. Certains s'y objectent pour des raisons d'éthique, tandis que des autochtones s'opposent à la chasse pratiquée par des Canadiens non autochtones, parce qu'elle viole les droits qui leur ont été conférés par traité.

Au Canada, il existe un grand nombre d'espèces de gibier à plumes sédentaires, depuis les lagopèdes des rochers et des saules de la toundra arctique jusqu'aux gélinottes à queue fine des prairies à herbe courte. Le nombre de ces oiseaux varie d'année en année, tout comme celui des perdrix grises et des faisans de chasse, espèces introduites. La présence de certaines espèces obéit à des cycles, comme c'est le cas chez la gélinotte huppée des forêts mixtes et des arbustaies. Un rapport peut être établi entre ces cycles et ceux des populations de lièvres d'Amérique et de leurs prédateurs.

Dans les régions habitées du Canada, le cerf de Virginie constitue l'espèce de gros gibier la plus répandue. Auparavant, il était confiné aux provinces de l'Est, mais aujourd'hui on peut le retrouver jusque dans la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique. Le cerf-mulet de l'Ouest est répandu dans les vallées fluviales et les terrains accidentés. Sur la côte de la Colombie-Britannique, son parent, le cerf à queue noire, le remplace. Le wapiti ou élan peuplait autrefois une grande partie des provinces de l'Ouest ainsi que des régions de l'Ontario et du Québec. À présent, on retrouve des populations vigoureuses dans le centre du Manitoba, les cordillères de l'Ouest et les collines Cyprès. L'orignal, grâce à ses longues pattes, bien adapté aux conditions enneigées et propres aux forêts boréales et subalpines, est bien réparti d'un océan à l'autre et il abonde aujourd'hui à Terre-Neuve, où il a été introduit en 1904.

Le caribou des forêts est aussi fréquent dans la forêt boréale, mais il a besoin d'un environnement propice. Malheureusement, dans l'Ouest, son habitat naturel recule à mesure que l'industrie forestière prend de l'expansion, comme ce fut le cas dans les provinces de l'Est, il y a plusieurs années. Le caribou de la toundra migre de façon saisonnière entre la toundra, où la femelle met bas au début de juin, et les forêts de conifères du Nord, où il passe les mois les plus enneigés de l'hiver. Il est chassé par les autochtones et les résidants des territoires du Nord uniquement. La harde de caribous de la rivière George est chassée à la fois par les résidants et les non-résidants. L'antilope d'Amérique des Prairies du Sud, la chèvre de montagne, le mouflon d'Amérique, le mouflon de Stone et le mouflon de Dall des cordillères pacifiques, de même que le boeuf musqué de l'Arctique sont d'un intérêt plus local. Parmi les autres espèces qu'on peut chasser, on retrouve l'ours noir, l'ours polaire, le grizzli, le loup gris et le puma.

En 1987, environ 2,5 millions de canards et 625 000 oies ont été capturés au Canada, et près de 363 000 castors, chassés pour leur viande et leur peau. Parmi les ongulés capturés, 248 688 étaient des cerfs de Virginie, 63 141 des orignaux, 53 266 des caribous des forêts, 25 559 des cerfs-mulets, 7 535 des wapitis et près de 2 000 étaient des mouflons et des chèvres de montagne (1 000 chacun). Quelque 21 359 ours ont été capturés, parmi lesquels 20 343 étaient des ours noirs et le reste des ours polaires et des grizzlis. Plus que pour tout autre animal, les populations de gélinottes et de lièvres d'Amérique varient énormément d'une année à l'autre. De plus, les prises des chasseurs ne sont pas déclarées dans toutes les provinces.