Jeunesse et début de carrière
Fils de Grace (née Welch) et Charles Clark, rédacteur en chef de journal, Joe Clark étudie à l’Université d’Alberta à Edmonton où il obtient un baccalauréat en histoire puis une maîtrise en science politique.
Pendant ses études universitaires, Joe Clark s’intéresse au journalisme et à la politique. Il est rédacteur en chef du journal étudiant The Gateway, et président des Jeunes progressistes-conservateurs. Il est chargé de cours en science politique à l’université et travaille comme journaliste pour CBC, le Calgary Herald et le The Edmonton Journal.
Joe Clark devient directeur de l’organisation du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta, mais il est défait en tant que candidat lors de l’élection provinciale de 1967. Il fait ensuite partie du personnel du député albertain E. Davie Fulton à Ottawa, et pendant trois ans il est assistant exécutif du chef du Parti progressiste-conservateur fédéral Robert Stanfield. Joe Clark est élu pour la première fois à la Chambre des communes en tant que député de Rocky Mountain, en Alberta, en 1972.
En 1973, Joe Clark épouse l’avocate Maureen McTeer. Ils ont un enfant, Catherine.
Chef du Parti progressiste-conservateur
Au congrès du Parti progressiste-conservateur fédéral de février 1976, Joe Clark sort d’une relative obscurité, profitant d’un consensus inattendu qui le porte à la chefferie du parti, où il remplace Robert Stanfield. N’étant pas très connu quand il devient chef du Parti, Joe Clark reçoit le sobriquet de « Joe Who ? ».
Dans l’élection du printemps 1979, Joe Clark présente une plateforme électorale modérément conservatrice incluant des allègements d’impôts, des crédits d’impôt sur les emprunts hypothécaires et une proposition de privatisation de Petro-Canada, la pétrolière appartenant au gouvernement fédéral créée par le gouvernement du premier ministre Pierre Trudeau. Le parti progressiste-conservateur remporte l’élection de mai, défaisant les libéraux de Pierre Trudeau. Joe Clark devient premier ministre et forme un gouvernement minoritaire avec 136 sièges à la Chambre des communes, contre 114 sièges aux libéraux, 26 au Nouveau parti démocratique et 6 au Crédit social.
Premier ministre
Assermenté le 4 juin, la veille de son 40e anniversaire, Joe Clark devient le plus jeune premier ministre de l’histoire du pays et le premier à provenir de l’Ouest du Canada (il représente la circonscription de Yellowhead, en Alberta).
Joe Clark croit avoir l’approbation du public pour gouverner comme s’il disposait d’une majorité, sans coopérer avec les néo-démocrates. Ceci lui aliène le soutien dont il a besoin sur des questions cruciales comme l’énergie, le séparatisme québécois et le crédit d’impôt sur les emprunts hypothécaires. Bien que le petit caucus créditiste soutienne souvent le gouvernement de Joe Clark aux Communes, il s’abstient lors du vote le plus déterminant : le gouvernement progressiste-conservateur, qui n’a que six mois, tombe le 13 décembre 1979, à la suite d’un vote de non-confiance sur le budget d’austérité du ministre des Finances John Crosbie.
Élection de 1980
Dans l’élection qui suit, en 1980, le programme de Joe Clark est à peu près le même que lors de l’élection précédente. Les progressistes-conservateurs sont surpris par la décision de Pierre Trudeau de ne pas quitter la politique comme il l’avait annoncé, et de se présenter à l’élection en tant que chef libéral. Le 18 février, les libéraux remportent la majorité des sièges, chassant les progressistes-conservateurs du gouvernement. Joe Clark retourne aux Communes en tant que chef de l’opposition.
Dans l’opposition, Joe Clark parvient, en 1981, à retarder le projet de canadianisation de la Constitution de Pierre Trudeau jusqu’à ce que la nouvelle Constitution puisse être révisée juridiquement et qu’un compromis soit trouvé entre le fédéral et les provinces.
Le leadership de Joe Clark se voit solidement confirmé dans deux réunions nationales du Parti, notamment avec un appui de près de 70 % durant un vote de révision de la direction en 1983. Joe Clark juge que cela n’est pas suffisant et convoque une course à la chefferie où il se porte candidat. Un groupe minoritaire mais important de membres du Parti le considèrent trop progressiste et peu qualifié pour remporter une autre élection. Dans le vote pour le leadership de juin 1983, Joe Clark est battu par Brian Mulroney.
Affaires étrangères et Affaires constitutionnelles
Brian Mulroney devient premier ministre l’année suivante, et les progressistes-conservateurs sont de retour au pouvoir avec un gouvernement fortement majoritaire. Pendant les six années et demie suivantes, Joe Clark siège au cabinet à titre de secrétaire d’État aux affaires étrangères. En collaboration avec Brian Mulroney, il dirige la politique étrangère du Canada, soutenant énergiquement le mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud.
En avril 1991, Brian Mulroney nomme Joe Clark ministre des Affaires constitutionnelles, avec l’immense tâche d’établir un accord constitutionnel avec les provinces afin de renouveler la constitution après l’échec de l’Accord du lac Meech.
En juillet 1992, Joe Clark et neuf premiers ministres annoncent qu’ils ont obtenu un accord qui inclut un sénat élu. L’entente étant reçue avec tiédeur par le premier ministre et le caucus québécois des progressistes-conservateurs, les premiers ministres et Joe Clark s’essaient à nouveau au mois d’août. Cette conférence accouche d’une autre proposition constitutionnelle, dite Accord de Charlottetown. Cependant, celui-ci est ensuite rejeté lors d’un référendum, mettant fin aux espoirs de Joe Clark et Brian Mulroney de satisfaire les demandes constitutionnelles du gouvernement du Québec, et de résoudre la question de l’unité nationale.
Invoquant son épuisement après l’interminable débat constitutionnel, Joe Clark annonce en février 1993 qu’il ne se présentera pas à l’élection suivante.
De retour à la tête du Parti conservateur
Cinq ans après avoir quitté la politique, Joe Clark profite du départ du chef du Parti conservateur Jean Charest, qui se lance dans l’arène provinciale à la tête des libéraux du Québec. Le 14 novembre, il est à nouveau élu chef du Parti conservateur fédéral dans un congrès national. Son retour coïncide avec un creux historique pour le parti, qui est aux prises avec une dette de 10 millions de dollars et réduit à la cinquième place à la Chambre des communes. Joe Clark ne soutient pas le mouvement Alternative unie, qui vise à créer une association entre les partis de droite, et n’assiste pas au congrès du Parti réformiste en février 1999. À la place, en décembre 1998, il met sur pied le Groupe de travail pour la réforme, un mécanisme censé revivifier le Parti conservateur.
Joe Clark retourne à la Chambre des communes en septembre 2000 après avoir remporté une élection partielle dans la circonscription de Kings-Hants, en Nouvelle-Écosse. Il est réélu deux mois plus tard dans l’élection générale en tant que député de Calgary Centre. Toutefois, le Parti conservateur de Joe Clark ne remporte que 12 sièges et demeure en cinquième place aux Communes. Les années suivantes, on discute d’une fusion avec les dirigeants de l’Alliance canadienne – qui forme alors l’opposition officielle.
En 2002, Joe Clark annonce qu’il démissionne du poste de chef du Parti conservateur, tout en conservant son siège à la Chambre des communes, affirmant qu’il a compris que les Canadiens ne veulent pas qu’il les conduise vers l’avenir. Il est remplacé par Peter MacKay le 31 mai 2003. Celui-ci organise peu après la fusion du Parti conservateur avec l’Alliance canadienne, pour former le nouveau Parti conservateur du Canada.
Joe Clark quitte la Chambre des communes en juin 2004. Il quitte le parlement en tant que député indépendant, ayant refusé de se joindre aux nouveaux conservateurs. Le dernier jour de son mandat de député, il déclare à des journalistes à l’extérieur du parlement : « Je suis très troublé par la disparition de mon parti. »
Carrière après la politique
Après avoir quitté la politique, Joe Clark dirige des équipes internationales d’observateurs dans des élections difficiles au Pakistan, en République dominicaine, au Cameroun, au Mexique, en République démocratique du Congo, au Liban et au Nigéria. Il est vice-président de la Global Leadership Foundation, un petit groupe sans but lucratif d’anciens chefs d’États et de diplomates qui aide les gouvernements des nations en développement en offrant discrètement conseils et mentorat en matière de gouvernance.
Il est actif dans les affaires internationales et siège au conseil de direction de plusieurs sociétés et organisations caritatives, dont Aide à l’enfance-Canada. Il est président de Joe Clark and Associates, un cabinet de consultants international situé à Ottawa.
Joe Clark est aussi maître de conférence dans des universités du Canada et des États-Unis. Il publie deux livres, Canada : A Nation Too Good to Lose (1994) et How We Lead : Canada in a Century of Change (2013).
Il est compagnon de l’Ordre du Canada, membre de l’Alberta Order of Excellence et commandeur de L’ordre de la Pléiade, accordé par la Francophonie, l’association internationale des nations de langue française. Il est également chef honoraire de la Première nation Crie Samson. Il a été le premier récipiendaire du prix Vimy, présente aux citoyens canadiens qui ont fait des contributions remarquables à la sécurité du Canada et à la préservation de ses valeurs démocratiques.