Au Québec, un collège
d’enseignement général et professionnel du Québec est une école publique qui
offre aux élèves le premier niveau d’éducation postsecondaire. Ces institutions
sont plus souvent désignées avec l’acronyme Cégep. Les premiers Cégeps du
Québec ont ouvert leurs portes en 1967, quelques mois après l’adoption de la
Loi des collèges d’enseignement général et professionnel. En 2020, on compte 48 Cégeps
au Québec (voir aussi Éducation
au Canada; Collège
communautaire; Universités
au Canada; Collège
universitaire).
Le saviez-vous ?
Le Québec est la seule province du Canada ayant un système de Cégeps.
Histoires des Cégeps au Québec
En 1962, la
Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec,
présidée par Alphonse-Marie Parent (aussi connue sous le nom de la Commission
Parent) propose la mise sur pied d’un nouveau niveau d’étude au-delà du
secondaire. Ces études, d’une durée de deux ans, doivent être distinctes à la
fois de l’enseignement secondaire et de l’enseignement universitaire.
Les cégeps
visent à rehausser le niveau de scolarité de la population québécoise et à
assurer que le plus grand nombre possible d’étudiants puissent poursuivre des
études postsecondaires. Ils comprennent deux types d’études : les études
préuniversitaires et la formation professionnelle. Les études universitaires
servent à préparer les élèves pour l’université, alors que la formation
professionnelle les prépare pour le marché
du travail. La qualité de la formation professionnelle est également
améliorée en l’intégrant à une institution multidisciplinaire. Enfin, les
cégeps absorbent certains programmes du niveau universitaire, permettant ainsi
aux universités de se concentrer davantage sur des formations plus spécialisées
et au développement de la recherche.
La réforme
scolaire des années 1960 au Québec s’inspire des principes de démocratie,
d’égalité d’opportunités, et est motivée par le besoin de s’adapter aux
réalités d’une société urbaine et industrielle avancée (voir Les
Insolences du Frère Untel et Révolution
tranquille). En tant qu’institutions publiques et gratuites, les cégeps
sont considérés, aux côtés des écoles secondaires multidisciplinaires, comme un
élément majeur de cette réforme. Les institutions privées offrant le même type
d’enseignement coexistent avec les collèges publics depuis le début. Les termes
« enseignement collégial » et « système collégial » sont le plus souvent
utilisés pour décrire la contribution de l’un et de l’autre type d’établissement
d’enseignement.
Le nombre
de cégeps augmente rapidement, passant de 12 en 1967, à 48 en 1998 (incluant
deux collèges régionaux). Le réseau compte maintenant 48 cégeps publics
(dont cinq sont anglophones, et 43 sont francophones). Une partie de ces écoles
sont des écoles publiques (comme l’Institut de technologie agroalimentaire), certaines
sont des collèges privés subventionnés, et d’autres sont des collèges privés
non subventionnés.
Relation entre le cégep et
l’État
En vertu de
La Loi sur les Cégeps, il est du ressort du gouvernement du Québec de créer des
collèges. En vertu de cette même loi, les cégeps offrent des programmes qui ont
été autorisés par le ministre. Tous les programmes techniques et
préuniversitaires offerts par les cégeps sont reconnus par le Diplôme d’études
collégiales (DEC) sanctionné par le gouvernement. Les élèves peuvent également
s’inscrire à des programmes plus courts qui donnent une Attestation d’études
collégiales (AEC) décernées par les institutions.
Lorsque le
Conseil supérieur de l’éducation est créé en 1964, une commission de l’enseignement
technique et professionnel est également créée. En 1969, elle devient la
Commission de l’enseignement collégial. En 1979, le gouvernement crée le
Conseil des collèges pour conseiller le ministre de l’Éducation sur les projets
de règlement et sur toute autre question concernant l’enseignement collégial.
Par conséquent, la Commission de l’enseignement collégial du Conseil supérieur
de l’éducation est dissoute. En 1993, le Conseil des Collèges est aboli. Son
mandat est scindé en deux : une partie de sa juridiction est transférée à
nouveau, au Conseil supérieur de l’éducation. L’autre est transférée à une
entité nouvelle, la Commission de l’évaluation de l’enseignement collégial
(CEEC), dont le mandat est d’améliorer la pertinence et la qualité de la
formation collégiale et d’en promouvoir la reconnaissance sociale. La mission
de la CEEC s’est progressivement étendue et elle inclut, depuis 2002, l’évaluation
institutionnelle des cégeps et des institutions privées subventionnées, ainsi
que l’évaluation des plans stratégiques des cégeps.
Mission
Le
développement et la croissance des cégeps sont accompagnés d’un débat permanent
sur leur mission, sur leur structure de pouvoir et sur leur curriculum. Ces
questions sont au cœur du Rapport Roquet sur le régime pédagogique collégial
(1970), le Rapport Nadeau sur les besoins des étudiants (1975), le Livre blanc
sur l’enseignement collégial du ministère de l’Éducation (1980), ainsi que la
Réforme Robillard (1993).
Le Rapport
Roquet recommande des changements qui sont apportés au curriculum afin que tous
les élèves soient tenus de suivre et de réussir des cours de mathématiques, de
sciences naturelles, de sciences humaines (philosophie, langue et littérature),
de technologie, de langue seconde, et d’éducation physique. Dans le Livre blanc
de 1980, le gouvernement révèle son intention de rendre obligatoires les cours
d’histoire et d’économie du Québec, ainsi que la plupart des disciplines
indiquées dans le Rapport Roquet. Cependant, ce n’est que dans les années 1990,
et avec les changements de programme enclenchés par la ministre Lucienne
Robillard, que le curriculum de l’enseignement collégial est quelque peu modifié.
En 2004, un
important Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial est organisé. Il réunit
des représentants des collèges ainsi que des représentants d’associations
étudiantes, de syndicats, de commissions scolaires, d’universités, et du marché
du travail. Dans un contexte où la mission des cégeps est remise en question, le
forum aboutit à des orientations ministérielles qui ne remettent
fondamentalement en cause ni le rôle ni la contribution de ces institutions. Afin
de favoriser un meilleur accès aux collèges, certaines modifications sont apportées
aux règlements sur le statut d’inscription pour introduire une plus grande
souplesse dans les conditions d’admission.
Défis
Les cégeps évoluent
encore plus dans les années 1990. Face à une population étudiante plus
diversifiée, des modifications sont apportées aux cours obligatoires, et les exigences
pour les étudiants sont resserrées (conséquence de la réforme Robillard). Les
programmes sont révisés selon une approche axée sur les compétences, une
approche-programme est mise en œuvre avec des coupes budgétaires, l’introduction
de nouvelles technologies de communication, le renouvellement du corps
professoral, et une hausse des préoccupations pour la réussite des étudiants.
Aujourd’hui,
les enjeux qui préoccupent le système collégial incluent le déclin de la
population que connaissent les institutions régionales, l’harmonisation de la
formation professionnelle (au niveau du secondaire) et la formation technique (au
niveau collégial). Parmi les autres défis figure le moyen d’établir une
meilleure coordination avec les universités, la capacité de répondre à la
demande des adultes qui souhaitent poursuivre leur formation tout au long de
leur vie, et la capacité de répondre à la demande des entreprises en matière de
formation. L’avenir des cégeps est également lié à leur capacité de répondre à
ces multiples défis dans un contexte où leur autonomie et leur financement sont
encadrés par le gouvernement du Québec.
Programmes offerts
Les cégeps
du Québec offrent neuf programmes préuniversitaires : sciences sociales;
sciences; sciences et arts; arts visuels; musique; informatique et mathématiques;
arts, lettres et communication; arts libéraux; danse. Ils offrent également 133 programmes
de formation technique groupés dans les larges catégories suivantes : techniques
biologiques; techniques humaines; techniques en arts appliqués; techniques
physiques; techniques en administration des affaires.
Inscription et emploi
Durant
l’année scolaire 2016-2017, plus de 169 240 élèves étaient inscrits en
enseignement régulier dans les cégeps à travers le Québec. De ce nombre, 46,1 %
étaient inscrits dans la filière universitaire, 47,1 % dans la filière
carrière, et 6,7 % faisaient un semestre préparatoire ou exploratoire.
Le réseau
des cégeps emploie un peu moins de 29 000 membres du personnel, incluant
les enseignants, le personnel de soutien ainsi que des gens occupant des postes
professionnels et de supervision.
Impact
Les cégeps ont joué un rôle dans la démocratisation de l’éducation en augmentant l’accès à une éducation postsecondaire au Québec. Ils ont contribué à la régionalisation des services éducatifs et des formations techniques. Enfin, ils ont été des acteurs importants dans le développement économique régional et les activités culturelles, en particulier à l’extérieur des grands centres urbains comme Montréal et Québec, permettant ainsi à plus d’adultes de compléter leur formation générale et technique.