Article

Éducation au Canada

 L'éducation est une activité sociale de base commune à toutes les collectivités ou à toutes les catégories sociales, quelle qu'en soit la taille. Elle fait partie intégrante des interactions régulières au sein de la famille, du monde des affaires et de la nation.

Éducation

 L'éducation est une activité sociale de base commune à toutes les collectivités ou à toutes les catégories sociales, quelle qu'en soit la taille. Elle fait partie intégrante des interactions régulières au sein de la famille, du monde des affaires et de la nation. L'éducation correspond au processus qui permet à l'individu d'acquérir des connaissances, du discernement et des habiletés, ainsi que de s'imprégner de certaines valeurs. On utilise aussi ce terme pour désigner le résultat du processus d'apprentissage. Autrement dit, l'éducation correspond à la fois à ce que l'école, la télévision et les activités récréatives offrent à l'être humain, et à ce que les participants ou les téléspectateurs retirent de leur expérience éducative.

Importance de l'instruction et de l'apprentissage

Chez l'être humain, l'acquisition et l'enrichissement des connaissances, des compétences et des valeurs sont fonction de l'enseignement et de l'apprentissage. Une collectivité qui ne partage ni ne transmet son patrimoine social à ses descendants est vouée à la disparition. Ainsi, en ce qui a trait à la FAMILLE, qui constitue notre collectivité la plus élémentaire, les membres doivent trouver des moyens de cerner, de conserver, de communiquer et de mettre en commun leurs croyances, leurs traditions, leurs valeurs et leurs caractéristiques essentielles, sans quoi, avec le temps, les facteurs qui les unissent vont s'effriter. Les individus qui composent la famille ne se reconnaîtront alors plus de points communs ni même de sentiment d'appartenance au nom qui les unit et ils chercheront à former des liens avec d'autres personnes qui nourrissent des valeurs et des intérêts autres que ceux qui sont véhiculés par leur famille.

Tous les membres de la société, quels que soient les rôles et les responsabilités qui leur sont impartis, acquièrent et partagent des connaissances, des habiletés, des valeurs et des comportements. L'éducation se manifeste partout et elle est constamment transmise, que ce soit en élevant une famille, en gagnant sa vie, en étant à la tête d'une grande société ou en conversant avec des amis. Dans son sens le plus large, l'éducation comprend toute la gamme et la variété des processus observables qui permettent à une collectivité ou à une catégorie sociale d'assurer la conservation de son patrimoine social.

Les membres les moins bien informés et les moins expérimentés de la collectivité doivent vivre des expériences éducatives pour en venir à faire fructifier les connaissances et les habiletés transmises par leurs prédécesseurs. À défaut de ce faire, l'évolution stagnerait ou ne progresserait que très lentement. Dans les sociétés plus primitives ou aux structures moins complexes, le rôle de l'éducation est, somme toute, plus difficile à cerner. Moins la vie sociale est développée, plus les connaissances et les traditions à transmettre et à acquérir sont simples et moins l'entretien du patrimoine social nécessite d'efforts. Chez les groupes aux us et coutumes plus ou moins sophistiqués, il suffit habituellement aux membres les moins bien informés et les moins expérimentés de reproduire le comportement des aînés, d'obéir aux consignes, de se conformer aux suggestions et de respecter les interdictions pour perpétuer le patrimoine social.

Différences entre éducation formelle et éducation informelle

À mesure que la société se complexifie et que les connaissances, les traditions et les valeurs s'enrichissent, les distinctions entre les individus sensibilisés au patrimoine et ceux qui ne le sont pas s'accentuent. Alors que les sociétés plus simples ne chargent aucun organisme de veiller à l'éducation de leurs membres, les plus sophistiquées se dotent d'établissements expressément conçus à cette fin. Toutefois, la création d'écoles, de collèges, d'universités et d'autres établissements connexes n'infirme pas les responsabilités des autres organismes sociaux en matière d'éducation. Il se forme plutôt une démarcation entre ce que l'on dit être l'éducation formelle et l'éducation informelle.

 L'éducation formelle s'entend de gestes précis et systématiques posés par des individus aux rôles définis, gestes qui s'inscrivent dans la lignée de ceux qui étaient posés de façon plus conviviale au sein de la famille et dans le cadre de la vie en société. Le système d'éducation parfaitement défini et encadré qu'on appelle l'école est chargé de tâches et de responsabilités de plus en plus complexes. L'invention des lettres de l'alphabet a engendré un nouveau mouvement. En effet, l'éducation a alors dû être prise en charge par des spécialistes, d'où l'origine des enseignants et des écoles. Avec le temps, cet apprentissage s'est démocratisé et, n'étant plus l'apanage d'une certaine élite, il devient un droit acquis pour toux ceux qui possèdent les compétences intellectuelles nécessaires pour s'en prévaloir. C'est ainsi que l'éducation en milieu scolaire s'inscrit parmi les droits acquis de tout citoyen. La notion voulant que l'expansion économique et industrielle soit intimement liée à l'éducation est une raison aussi impérieuse de sa croissance et de sa popularité. Les grands pays industrialisés confient à leurs écoles le soin d'assurer à leurs citoyens la formation dont ils ont besoin pour permettre à la nation de poursuivre son ascension économique et politique.

Église et instruments de socialisation

L'Église, une autre institution sociale qui jouait autrefois un rôle de premier plan dans la socialisation des citoyens, voit aujourd'hui baisser son influence dans la vie des Canadiens. Jusque dans les années 50, les trois grandes Églises du Canada, l'Église catholique, l'Église unie du Canada et l'Église anglicane, exerçaient en effet une grande influence sur l'éthique et la moralité des Canadiens et apportaient un soutien évident aux valeurs sociales, économiques et politiques. Mais de nos jours, pour bien des Canadiens, l'appartenance à une Église se résume à une appellation. On ne saurait en effet plus définir les Canadiens en fonction de l'Église à laquelle ils appartiennent. Les autorités religieuses et cléricales sont remises en question dans une société dont le matérialisme croissant détourne les gens des préoccupations religieuses, et où de nouvelles confessions, de tradition chrétienne ou autres, gagnent en popularité.

Les tensions et les conflits qui accompagnent les grands bouleversements démographiques de la société contribuent aussi à l'augmentation du pluralisme dans la société canadienne, ainsi qu'aux difficultés qu'éprouvent les Canadiens à se trouver des intérêts sociaux communs. À l'époque où la plupart des Canadiens vivaient en milieu rural, leurs collectivités étaient considérées comme relativement homogènes. Ils entretenaient des liens étroits et appuyaient les mêmes principes et les mêmes valeurs. Les efforts et les buts éducatifs des divers organismes qui régissaient la vie sociale visaient les mêmes objectifs.

Toutefois, depuis quelques dizaines d'années, cette caractéristique de la vie des Canadiens s'est de beaucoup réduite. En 1991, l'urbanisation croissante ramène à seulement 23 p. 100 la proportion des Canadiens habitant en région rurale. Le détachement et l'anonymat font disparaître les manifestations de rapprochement personnel et de soutien mutuel. De nouveaux organismes et de nouveaux rôles sociaux font leur apparition, alors que les institutions traditionnelles comme les écoles et les Églises se chargent de nouvelles responsabilités dans une tentative d'adaptation aux changements sociaux et à la multiplication des perspectives.

Nouvelles réalités culturelles

Un autre facteur à l'origine de la diversification de plus en plus évidente des croyances, des pratiques et des valeurs au Canada est l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Depuis 1901 plus particulièrement, la proportion de citoyens issus de groupes ethno-religieux autres que les peuples fondateurs anglais et français, est passé d'environ 12 p. 100 à près de 27 p. 100. L'adoption en octobre 1971 d'une politique canadienne officielle de multiculturalisme dans un cadre bilingue témoigne en termes concrets d'une réalité culturelle incontournable. Le pluralisme faisant dès lors partie des règles du jeu, tous les Canadiens qui le désirent peuvent assurer la protection de leur patrimoine ethnique et linguistique. Comme conséquence de cette montée du pluralisme au Canada, on s'attend, entre autres, à ce que le système d'éducation fasse désormais figure de point de ralliement culturel afin de pallier l'effritement progressif de la famille, de l'Église et de la collectivité.

La Commission Massey exprime aussi sa préoccupation devant les conséquences de la grande proximité géographique des États-Unis. Ses membres soulignent l'importance du rôle des médias de masse dans l'éducation et s'inquiètent particulièrement de l'engouement que semblent manifester un nombre sans cesse croissant de Canadiens envers la culture américaine (voir POLITIQUE CULTURELLE). Alors que l'influence des organismes traditionnels de socialisation disparaît progressivement au Canada, on assiste à une augmentation considérable des pouvoirs des médias de masse.

Influence des médias

Dès leur tout jeune âge, les enfants subissent l'influence des médias. Tout particulièrement la télévision, qui leur inculque des valeurs, des croyances et des connaissances. Alors qu'ils sont de plus en plus laissés à eux-mêmes, ils passent devant la télévision les heures autrefois consacrées aux discussions, aux jeux ou à la lecture. On estime qu'en 1994 le Canadien moyen regarde la télévision 22,7 heures par semaine. Les services de télévision par câble ou par satellite offrent un plus grand choix d'émissions, dont la grande majorité sont d'origine américaine. Conscient de l'influence de la télévision sur l'éducation, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes s'est donné le mandat, en 1986, de protéger, d'enrichir et de renforcer le tissu culturel, politique, social et économique du Canada.

Un des effets de toutes les formes de médias de masse est d'élargir les horizons des gens. Dans les pays qui valorisent et protègent l'accès à l'information, le pouvoir éducatif des médias est encore plus prononcé et favorise l'ouverture d'esprit, le pluralisme et le relativisme. Mais, en prenant le pouls de l'opinion publique, les médias servent aussi à l'influencer et à la façonner. À cet égard, les médias écrits, notamment les livres et les journaux, sont une source d'éducation importante (voir ALPHABÉTISME).

Le cinéma contribue aussi à l'éducation des Canadiens. Là encore, la plupart des productions cinématographiques disponibles au Canada sont d'origine américaine. Constatant cela, le Parlement canadien a adopté une loi qui donne naissance à l'OFFICE NATIONAL DU FILM (ONF) en 1939, dont le mandat consiste à lancer et à promouvoir la production de films répondant aux intérêts nationaux. Produits dans les deux langues officielles du Canada, les films de l'ONF illustrent des événements qui marquent l'histoire du Canada et la diversité des intérêts et des réalisations de ses habitants. Les efforts déployés par l'ONF témoignent de l'importance que revêt ce médium en tant qu'instrument d'éducation, en formulant un point de vue commun à tous les Canadiens. Toutefois, la popularité et la croissance rapide de la télévision éclipsent l'industrie cinématographique canadienne, alors que la production de cassettes vidéo dépasse aujourd'hui celle des films destinés au grand écran.

Pourtant, quelle que soit la popularité ou l'importance des agences de socialisation et des instruments d'éducation parallèles comme les médias de masse, le système d'enseignement régulier demeure la principale source d'apprentissage de la grande majorité des Canadiens. D'ailleurs, des hommes et des femmes de tous les âges et de tous les milieux fréquentent aujourd'hui l'école, le collège ou l'université. Depuis le début de la colonie, les Canadiens ont toujours fait en sorte que leurs enfants puissent fréquenter l'école sous une forme ou sous une autre.

Origines de l'enseignement moderne

 Les premiers enseignants, quatre prêtres, arrivent au Canada en 1616 avec Champlain. À mesure que s'établissent des communautés, les « petites écoles », dirigées par des prêtres de paroisses, se font plus nombreuses. Les origines du système d'éducation actuel remontent au XIXe siècle et sont en grande partie redevables aux efforts d'Egerton RYERSON dans le Canada-Ouest (aujourd'hui l'Ontario) où il crée un régime scolaire gratuit, universel, non confessionnel et obligatoire.

 Toutefois, l'étendue considérable du territoire à desservir et la faible densité de la population font que la prestation de services d'enseignement coûtent très cher aux Canadiens, tant en efforts qu'en argent. Cependant, grâce à ces efforts, se multiplient les écoles de rang avec leurs élèves regroupés dans une seule salle, que l'on retrouve à la campagne jusqu'au début de la Deuxième Guerre mondiale, et la création de nouvelles méthodes d'enseignement, comme les écoles sur rails (wagons de train convertis en salles de classe mobiles) et les cours par correspondance, qui permettent de rejoindre le plus grand nombre possible d'enfants. L'importance qu'accordent les Canadiens à l'éducation au fil des ans se reflète dans les sommes d'argent qu'ils y consacrent. En fait, le Canada est le pays occidental industrialisé qui consacre le plus gros pourcentage de son produit national brut à l'éducation, soit 8,1 en 1992.

 Le système d'éducation canadien s'inspire des découvertes américaines. L'éducation nouvelle et les notions et techniques élaborées par des pédagogues américains comme John Dewey, W. H. Kilpatrick et George Counts, qui sont adoptées aux États-Unis entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale, suscitent aussi l'intérêt des Canadiens à cette même époque. Toutes les provinces modifient alors leurs programmes et méthodes d'enseignement pour faire place à l'apprentissage par l'action, à l'intégration de disciplines spécialisées, à l'apprentissage individuel et à la formation de l'enfant dans son ensemble. Bien que la popularité de cette tendance se résorbe quelque peu après la Deuxième Guerre mondiale, le mouvement est irrémédiablement lancé. Les écoles répondent aux besoins de la grande majorité des élèves en offrant des programmes des plus diversifiés, en étant moins autoritaires et en acceptant d'assumer de plus en plus de fonctions et de responsabilités, dont bon nombre leur sont confiées à la suite du déclin d'autres institutions sociales, comme la famille.

Le système d'éducation formelle se met aussi au diapason de l'évolution rapide de l'environnement technologique. Les modifications apportées aux programmes font en sorte que les diplômés posséderont les connaissances dont ils auront besoin pour travailler efficacement dans des milieux où la technologie sera, à coup sûr, omniprésente. La technologie informatique, qui permet de donner les cours traditionnels de façon plus sophistiquée et efficace, entre aussi de plein droit dans le cadre des programmes d'études (voir ORDINATEUR, APPRENTISSAGE ASSISTÉ PAR). Au même moment, cette technologie et ses structures auxiliaires de soutien permettent d'offrir des programmes d'études de niveau très avancé à un nombre restreint d'étudiants disséminés un peu partout au pays, que ce soit à titre individuel ou en petits groupes. L'enseignement à distance, que rendent possible l'informatique et ses technologies accessoires, permet à de petites écoles en région éloignée d'offrir des programmes d'études renforcés auxquels seuls les étudiants de grandes écoles mieux situées avaient accès auparavant (voir TÉLÉENSEIGNEMENT).

Idéologie du choix

Le système scolaire canadien s'adapte aussi à l'évolution de l'idéologie populaire qui soutient, à bien des égards, le libre choix comme un droit fondamental. Le fait que les parents puissent envoyer leurs enfants à l'école de leur choix force les administrateurs à faire valoir, plus que jamais, les avantages de leurs établissements. Alors que le financement des écoles est fonction du nombre d'inscriptions, l'idéologie du choix force souvent les établissements scolaires à se livrer concurrence pour s'attirer le soutien et l'engagement des parents. Les gouvernements affirment que cette concurrence force les écoles à rendre des comptes et à améliorer la qualité de l'enseignement (voir ÉDUCATION, ORGANISATION DE L').

L'enseignement à domicile est un volet de plus en plus populaire de notre régime d'éducation qu'on peut relier au concept de la liberté de choix des parents. Depuis une dizaine d'années environ, on assiste en effet au Canada à une augmentation marquée du nombre de parents qui choisissent d'éduquer eux-mêmes leurs enfants à domicile (voir ÉDUCATION NON TRADITIONNELLE). À l'heure actuelle, près de 1 p. 100 des enfants d'âge scolaire fréquentent « l'école à domicile ». La plupart de ces élèves sont de niveau élémentaire. Les innovations technologiques permettent aux systèmes d'éducation de fournir un soutien considérable à ces parents et à leurs enfants. Mais l'enseignement à domicile n'en est qu'à ses balbutiements. On ne sait pas encore quelles mesures les gouvernements et les systèmes d'éducation vont prendre pour s'adapter à cette tendance et l'appuyer comme il se doit.

Le nombre de plus en plus élevé d'élèves qui poursuivent leurs études après le niveau secondaire témoigne bien de la valeur et de l'importance que les Canadiens accordent à l'éducation. La baisse du taux de natalité et de l'immigration contribue à la diminution progressive du nombre d'inscriptions dans les écoles primaires et secondaires pendant les années 70 et au début des années 80. Mais, vers le milieu des années 80, la situation s'est quelque peu redressée avec l'arrivée des enfants issus de la génération du baby-boom. De 1971 à 1985, alors que le nombre d'élèves inscrits au primaire et au secondaire diminue de 14 p. 100, celui des étudiants inscrits à temps plein aux établissements d'enseignement postsecondaire est en hausse de près de 62 p. 100, une montée qui se poursuit pendant les neuf années suivantes. Ce n'est qu'en 1995 que l'on observe une légère diminution du nombre d'inscriptions dans les établissements d'enseignement postsecondaires, bien que l'on compte aujourd'hui au moins 70 p. 100 de plus d'étudiants de ce niveau qu'en 1971 (voir ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR).

En 1995, plus de 940 000 étudiants fréquentent des établissements postsecondaires à temps plein. De ce nombre, plus de 574 000 (61 p. 100) sont inscrits à l'université. Environ 64 p. 100 des étudiants universitaires sont inscrits à temps plein, contre 62 p. 100 des étudiants du niveau collégial. Depuis une quinzaine d'années, le nombre des inscriptions à temps partiel dans les universités ont augmenté de plus de 90 p. 100 et a atteint un sommet en 1992, en franchissant quelque peu la barre des 316 000. Toutefois, de 1993 à 1995, on assiste dans toutes les provinces à une diminution régulière du nombre d'étudiants universitaires à temps partiel, jusqu'à environ 260 000. On doit aussi souligner l'augmentation continue et appréciable, depuis une trentaine d'années, du nombre de femmes qui fréquentent les institutions postsecondaires au Canada et mentionner qu'elles constituent maintenant la majorité de la clientèle des collèges et des universités. (voir FEMMES ET ÉDUCATION).

Depuis toujours, ce sont des raisons d'ordre social et économique qui incitent les gens à poursuivre des études supérieures. Les postes de niveau supérieur sont habituellement confiés à des diplômés collégiaux et universitaires. Du point de vue économique, une étude a démontré que les diplômés de ces établissements gagnaient en 1961 environ 30 p. 100 de plus qu'en 1911 (voir ÉDUCATION, ACCÈS À L').

 Bien que le nombre croissant de programmes d'enseignement témoigne d'une confiance continue envers les avantages du système d'éducation formelle, on ne saurait désormais plus affirmer que les études supérieures sont automatiquement synonymes de débouchés professionnels ou de l'obtention d'un emploi plus lucratif. De nos jours, nombre de diplômés collégiaux et universitaires garnissent les rangs des chômeurs et des travailleurs sous-employés. Certains futurologues prévoient même qu'un nombre sans cesse croissant de personnes ne jouiront jamais des conditions de travail que la société a connues pendant les années 80. Cependant, les réformes de l'éducation et les études entreprises au Canada continuent d'insister sur la nécessité pour les écoles de mettre plus que jamais l'accent sur la préparation des étudiants au marché du travail.

Mandats

Le mandat des établissements d'enseignement est devenu si vaste qu'il est maintenant difficile de définir les thèmes et les matières que l'on pourrait ou devrait exclure légitimement. Par contre, on ne semble pas accorder beaucoup d'attention aux questions relatives à l'écologie, à la paix dans le monde et aux problèmes de malnutrition, de pauvreté et d'alphabétisation dans le monde.

L'UNESCO a dressé une liste des problématiques internationales importantes sur lesquelles les systèmes d'éducation devraient se pencher : les inégalités flagrantes entre les pays et les peuples; les risques de déshumanisation croissante qui affectent tant les pays riches que les pays pauvres; la nécessité pour les êtres humains de comprendre les conséquences, à l'échelle mondiale, des gestes posés par chacun d'entre eux, de se fixer des priorités et d'accepter une part de responsabilité à l'égard du destin de l'humanité; la nécessité d'appuyer, par tous les moyens possibles, la démocratie comme la seule façon d'éviter de devenir esclave de nos machines et comme la seule véritable condition sociale respectueuse de la dignité de tout être humain. L'UNESCO est consciente du caractère permanent de l'éducation, de même que du fait qu'elle soit présente dans plusieurs contextes dans la société. Il nous incombe de profiter de la multitude de moyens qui s'offrent à nous pour former et éduquer, en dehors du cadre scolaire, les élèves de tous les âges, y compris les adultes. Toutefois, il faut aussi reconnaître que le milieu scolaire permet d'acquérir des connaissances et des schèmes de pensée qui aident l'individu à interpréter lui-même la foule de renseignements auxquels il est exposé chaque jour et à les assimiler de la façon la plus rentable pour lui, ce qui en fait donc un élément essentiel de notre société.

L'orientation que devrait prendre l'éducation dans l'avenir se résume en une observation que l'on retrouve dans une publication de l'UNESCO, intitulée Apprendre à être, et qui affirme que pour que l'éducation en vienne à englober tous les aspects de la vie de l'individu, tant en termes de durée que de diversité, et tous les aspects de la société, y compris ses ressources autant sociales et économiques qu'éducatives, nous devons alors aller au-delà des simples mises au point que nous apportons à notre système d'éducation jusqu'à former une société où l'apprentissage fera partie intégrante de notre être et de notre devenir.

Réalisation du potentiel humain

 Aussi importants et aussi officiels que soient devenus les SYSTÈMES SCOLAIRES dans la société moderne, on ne saurait passer outre à l'influence et à l'action réciproque qu'exercent toutes les autres formes d'éducation. La Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences du Canada (1949-1951) définit l'éducation comme l'épanouissement graduel de toutes les facultés intellectuelles, physiques, esthétiques et morales de l'individu. Selon la Commission, une telle croissance dirigée produit une personne éduquée qui réalise pleinement ses possibilités humaines.

Trois moyens ou instruments susceptibles de parvenir à cette fin sont identifiés : les expériences de la vie courante; les diverses sources d'information et de culture populaire, comme la télévision, la radio, les journaux, les revues et les livres; l'éducation formelle qu'offrent les écoles, les collèges et les universités. Penchons-nous sur chacun de ces volets afin de mieux comprendre l'éducation au Canada.

Selon la Commission, les expériences de la vie courante englobent l'ensemble des activités qui se déroulent dans un cadre social comme la famille, l'Église, le gouvernement et la communauté. Traditionnellement, la famille était le milieu d'éducation le plus influent de tous. Toutefois, les transformations de la société changent radicalement cet état de choses. Compte tenu du nombre de plus en plus élevé de femmes mariées qui travaillent à l'extérieur du foyer, de séparations, de divorces, de familles monoparentales et de couples en union de fait, le rôle de la famille comme agence de socialisation diminue. On s'en remet alors de plus en plus aux écoles pour combler le vide. En outre, des questions comme l'éducation sexuelle, les dépenses de consommation et la préparation à la vie active relèvent maintenant des écoles, qui doivent aussi assumer d'autres responsabilités comme guides et conseillères. L'effritement de la cohésion et de la solidarité des familles canadiennes contemporaines s'accompagne d'une diminution de l'efficacité et de l'influence de cet organe d'éducation.